Pierre Louis Journolleau est né le 28 novembre 1813 à Marans (Charente-Maritime), fils et petits-fils de boulangers de Marans, est reçu compagnon boulanger du Devoir à Angers à Pâques 1835 sous le nom de Rochelais l’Enfant Chéri.
Une fois son tour de France effectué, il est de retour au pays et épouse le 22 octobre 1845 à Marans, Rose Marie Lacour
(1812-1853). Suite au décès de son épouse, il épouse en secondes noces le 22 novembre 1854 à Marans, Honorine Marie Olivier (1829-…).
De cette union, né à Rochefort vers 1857, un fils nommé Louis Maxime qui décède le 8 août 1859 à Marans à l’âge d’environ 2 ans. C’est la seule descendance connue à ce jour. C’est l’un de ces compagnons qui, dès avant 1850, à l’instar de Perdiguier et d’Arnaud, Libourne le Décidé, qui était de deux ans son aîné, chanta la réconciliation, la fraternité et la paix sur le Tour de France.
Signature de Rochelais l’Enfant Chéri sur une Marque Secrète datant de 1836.
Ses poésies et chansons (plus d’une cinquantaine) furent publiées dans une brochure parue en 1859 et intitulée L’innovateur, recueil de chansons dédiées à tous les compagnons du tour de France indistinctement, qui dut avoir un réel succès puisque, de la vingtaine de chansonniers imprimés que nous connaissons à ce jour, c’est le seul qui connut quatre éditions : la deuxième chez J. Tessier, aux Imprimeries de Surgères, en 1870, la troisième, en 1907, aux Imprimeries Nouvelles Noël Texier, 29, rue Sainte-Claire à La Rochelle et la quatrième pour le séminaire des compagnons boulangers pâtissiers du Devoir qui se déroula à La Rochelle les 11 et 12 avril 1999.
Quelques-unes de ses chansons sont toujours vivantes sur le Tour de France, dont Les Enfants du savoir, Adieu à la Touraine et Le 16 mai, cette dernière étant la plus célèbre parmi les compagnons boulangers du Devoir, puisqu’elle ouvre, chaque année, chaque banquet de la Saint-Honoré de toutes les Cayennes de France !
Rochelais l’Enfant Chéri publia également la biographie de la bonne Mère Jacob de Tours, en 1865, aux imprimeries Ch. Thèze, place Colbert, à Rochefort, qui relate non seulement la vie de la Mère Jacob, mais aussi la pose du monument funéraire, un an après son décès. Ce dernier ouvrage fut très utile pour célébrer le centenaire du monument en 1964. Il fut mis à disposition du corps d’état par le compagnon boulanger Desgroppes, Périgord la Clef des Cœurs, qui en conservait un précieux exemplaire.
En 1881, Rochelais était très actif au sein de la Fédération des Devoirs Réunis, dont il était le secrétaire de la section de La Rochelle.
À l’âge de 68 ans, le 14 novembre 1882, à son domicile, rue du Bateau à Marans, près de La Rochelle, décédait ce grand chansonnier et ce fraternel compagnon. Il ne verra pas la naissance de l’Union Compagnonnique, que la Fédération enfantera en 1889, et qui était son rêve, son espoir !
Le journal La Fédération compagnonnique daté du 17 décembre 1882, relate les obsèques de ce noble compagnon. Voici quelques extraits du discours prononcé par le président des compagnons de Marans :
Frères et amis, qui vous pressez autour de cette fosse encore entrouverte et qui bientôt va se refermer sur les restes de notre regretté frère Journolleau que nous vénérions tous et que nous appelions L’Enfant Chéri. Ce nom, mes amis, lui appartenait à plus d’un titre, c’est qu’il était estimé de tous les compagnons et de tous ceux qui ont eu l’avantage de le connaître, aussi a-t-il laissé les meilleurs souvenirs dans toutes les villes où il a travaillé, lorsqu’il faisait son Tour de France. Toute sa vie a été consacrée à la propagation de nos institutions compagnonniques, travaillant toujours et sans relâche pour les améliorations nécessaires et pour l’honneur du compagnonnage. Il a succombé à la peine, et avec cela, épuisé par une maladie qui depuis toujours déjà ruinait sa santé et qui vient de nous le ravir pour toujours… Des hommes comme le Compagnon Journolleau ne vivent pas assez longtemps parmi nous pour la gloire de nos sociétés. Ah, Messieurs et vous mes frères, quel est celui d’entre vous qui ne se rappelle ses belles poésies si bien inspirées où toute son âme parlait à sa muse enchanteresse, dont nous garderons toujours un heureux souvenir. Nous garderons de toi un immortel souvenir et ton nom passera à la postérité pour ton dévouement.
Ensuite s’exprima Mathurin Gaboriau, compagnon cloutier du Devoir :
La mort l’a ravi à notre fraternelle affection et malgré qu’une partie de sa vie n’ait été que de souffrances, elle a été consacrée au travail : ses écrits en font foi et nous rendent sa mémoire immortelle. Il était la foi compagnonnique, non pas cette foi qui fait mystère de tout, mais cette foi qui veut le progrès pour le bien de la classe ouvrière… Si son existence a été modeste, elle n’a jamais cessé d’être bienfaisante, une suite non interrompue de bons conseils et de bonnes actions, voilà sa vie ! Et combien parmi cette foule venue pour l’accompagner à sa dernière demeure, combien pleure en lui un ami, un bienfaiteur…
La tombe de Rochelais l’Enfant Chéri existe toujours au cimetière de Marans. Une cérémonie du souvenir fut organisée le 19 avril 1999, lors du séminaire des compagnons boulangers et pâtissiers, à La Rochelle. En souvenir de ce rassemblement fut réalisée une réédition du chansonnier L’Innovateur, à partir de celle de 1907. Il est amusant de constater que les compagnons boulangers contemporains du Devoir, qui sont les descendants des compagnons boulangers Restés Fidèles au Devoir, hostiles à l’Union Compagnonnique, furent ceux qui organisèrent cette cérémonie du souvenir.
Rochelais l’Enfant Chéri était, je l’ai dit plus haut, un membre très actif et engagé de la Fédération de tous les Devoirs Réunis, prônant l’union de tous les rites, c’est-à-dire de la future Union Compagnonnique. Les sociétés compagnonniques, quel que soit leur nom, s’affirment comme des groupements où la retransmission et la tradition sont les maîtres mots… mais elles ont bien souvent la mémoire courte ! Ou bien savent, avec sagesse, dépasser les querelles du passé…
Hommage à la mémoire du F∴ Journolleau C∴B∴D∴D∴ dit Rochelais l’Enfant Chéri :
Amis, l’enfant chéri a cessé d’exister…
Notre douleur est grande, et nos fronts sont courbés.
Ô muse qui jadis inspirait ce bon frère
Tu voudras bien, sans doute, te rendre à nos prières.
Recueillons-nous, mes frères, ensemble allons prier ;
Encore un noble cœur par la Parque enlevé.
Frère que le trépas a courbé comme un lys
Repose en paix, poète, prends place au paradis.
Égal à nos poètes Vendôme et Perdiguier
Reçois comme eux aussi la palme méritée.
Esclave du Devoir, réformateur ardent,
Jamais l’enfant chéri n’oublia son serment.
On verra au printemps, mêlé aux brins de buis,
Un lit de blanches roses et de myosotis,
Rehausser de la tombe l’aspect triste et sévère.
Nos cœurs toujours empreints d’une douleur amère.
Ô pieux souvenir ! toi qui fus notre ami,
Le jour des morts, dirons-nous une prière… puis un profundis…
L’union des Devoirs, la concorde et la paix
Être tous réunis, voilà ce qu’il prêchait.
Ah ! que n’a-t-il pu vivre bien longtemps pour combattre
Un fanatique orgueil, des esprits opiniâtres,
Car la mort l’a surpris la tâche inachevée.
Boulangers, ses frères, méditez ses pensées.
Soubiac, C∴P∴ plâtrier, dit Bien Aimé de Condom.
Sarremejean, C∴ boulanger, dit Gascon la Prudence.
(Photographie de Jean Louis Calbe, avec nos aimables remerciements.)
Laurent Bourcier, Picard la fidélité C.P.R.F.A.D.
Un grand merci, accompagné de mes plus vives félicitations à mon Pays Picard La Fidélité, mon ami, pour la hauteur des articles qu’il amène et continue à amener.
Je ne désespère pas aller faire un tour à Moscou pour lui rendre visite.
La niche de Picard la fidelite est toujours ouverte aux Gavots, qu’ils soient jeunes ou qu’ils soient « vieux »!! 😉 et qu’ils soient heureux ou malheureux sur le tour de France! Je t’embrasse par trois fois Pays Malthete et merci pour ce petit mot encourageant ! FR PLFCPRFAD
Cela n’était pas mes projets! Mais pourquoi pas…
Je vais faire graver ma cassette vidéo sur un CD, et je l’enverrai à notre prestigieux magicien en informatique!
Après tout cela est un partage….
Merci Picard le Fidélité de nous avoir fait re découvrir notre célèbre compositeur/chanteur. C’est vrai, il a écrit beaucoup de chanson, et nombreuses encore chantées de nos jours! Certaines comme Les Enfants du savoir, ou Les adieux à la Touraine, pour ne citer que ces deux, n’ont pas prit une seule ride.
Dommage que tu ne parles pas des écris qui nous sont parvenus, et dans lesquels il exprime l’amour et le respect infini à Notre Mère Jacob.
Autre point dont je ne connais pas tous les détail: c’est Monsieur Roger Lecotté, qui un jour passant dans la région de Marans à cherché au grès du hasard la tombe de notre cher Rochelais l’Enfant Chéri et l’a trouvée! Il ne manqua pas de la signaler à un CBDD avec qui il entrenait de bonnes relations (à l’époque).
Puis, un jour Vendéen Coeur Fidèle se trouvant de passer dans sa région natale se rendit sur sa tombe, et là comble de stupéfaction il prit connaissance qu’elle était classée abandonnée et donc promise à sa destruction… Le nécessaire fut rapidement fait auprès de la Mairie, et la concession a été renouvelée! Il était temps…
C’est son beau frère Angevin la Fermeté, qui entreprit de la faire nettoyer et légèrement restaurée, bénévolement, avec l’aide d’un tailleur de pierre (je ne me rappelle pas s’il était Compagnon où pas).
En 1999, une cérémonie de souvenir fut réservée à notre célèbre poète chansonnier. Elle fut légèrement menée, à cause du Gardien des rites de l’époque, mais elle a le mérite d’avoir été réalisée. De nombreux Compagnons Boulangers-Pâtissiers étaient présents.
Un film a été réalisé par mon fils. Il n’a été fait que 2 cassettes, dont l’une a été remise à Laurent Bastard Conservateur du Musée compagnonnique de Tours pour archive et l’autre qui est en ma possession.
Très cher Agenais la Tolérance,
C’est avec joie que je lis ces précieuses et nouvelles informations!!
Nous les rajouterons à l’article dans un mois, comme nous l’avons fait avec les nouvelles informations communiquées par Monsieur Kichkine au sujet de son ancêtre Parisien la Bonté.
Pour ce qui est de cette vidéo de 1999, peut être y aurait il moyen de la faire parvenir à notre responsable et « magicien » du site Normand la Fidélité, afin qu’il puisse l’ajouter à cet article. cela serait extraordinaire! 🙂
Par trois fois merci!
Laurent Bourcier
Picard la Fidélité
Merci Picard, je ne connaissais pas « Mes insignes compagnonniques » superbes paroles.