En 1892 fut signé le traité d’alliance franco-russe entre la France républicaine et la Russie tsariste. Cette alliance militaire fut ratifiée le 4 janvier 1894 et en octobre 1896 le tsar Nicolas II fut reçu à Paris par le président Félix Faure.
L’alliance franco-russe fut largement médiatisée. Les publicitaires emboîtèrent le pas à la presse pour illustrer des images pour enfants, des emballages d’aliments, des affiches.
La célèbre faïencerie de Choisy-le-Roi, la maison Hautin-Boulanger et Cie (marque HB et Cie) célébra l’évènement en fabriquant vers 1894 des assiettes sur le thème « FRANCE ET RUSSIE ».
Celle que nous présentons ici nous montre deux marins sur un quai et elle est légendée « Les petits cadeaux entretiennent l’amitié ». A l’arrière-plan des navires se croisent. Chaque matelot (nous supposons que celui de gauche est le russe et celui de droite le français) porte les cadeaux qu’il va offrir à son camarade, ou qu’il a déjà reçus de lui. L’un tend un samovar, tient un baril (de vin français ?) sous le bras, et porte une boîte de thé.
L’autre a placé sur son épaule une caisse de pain d’épice d’où est suspendue une boîte de caviar ; une bouteille (de vodka ?) émerge de sa poche.
Si le samovar, le thé, le caviar et la supposée vodka sont à l’évidence des cadeaux russes, si le baril de vin est français, qu’en est-il du pain d’épice ? Etait-ce à cette époque une spécialité plutôt française que russe ?
Picard la Fidélité va sans doute nous donner la réponse…
Cher M. Bastard,
Si le pain d’épice français serait d’origine arabe, ce n’est pas le cas du pain d’épice russe nommé Prianik ; en effet il semblerait que le pain d’épice russe soit d’origine mongole, les cavaliers de la Horde d’or les confectionnant pour se nourrir lors de leurs grandes et longues chevauchées. De nos jours, les prianiks sont fabriques industriellement, mais l’on peut encore trouver quelques monastères les confectionnant artisanalement, le prianik devient le souvenir à offrir lors d’un retour du voyage. Le prianik russe étant de très longue conservation, j’opte donc sur cette très belle assiette pour du pain d’épice russe apporte par les marins du tsar.
Il me semble intéressant aussi de signaler que si aujourd’hui le samovar est russe, son origine est elle également mongole, en effet le système de chauffage du samovar est très économique en combustible, quelques brindilles, pommes de pin et autres petits morceaux de bois sont suffisants pour faire bouillir une quantité importante d’eau, ce qui est loin d’être négligeable là encore lors des longues chevauchées sur les déserts mongols et les steppes dépourvu de bois de chauffage nécessaire à un feu de camp traditionnel -chauffe de l’eau à l’aide d’un chaudron-. Il est à noter également que le temps de chauffe de l’eau au samovar est diminué au moins par 10 par rapport à un chauffage au chaudron.
En espérant M. Bastard avoir répondu à votre question.
Amicalement votre.
Picard la Fidelite