Ne jetons pas le pain

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Cette chanson à caractère moral reprend un thème très en vogue dans les chansons socialisantes du XIXe et du début du XXe siècle : les riches (ici les « enfants d’un marquis » et le « seigneur d’un village ») gaspillent leurs biens alors que les pauvres en auraient besoin pour survivre.

L’indignation du parolier est encore plus grande lorsqu’il s’agit du pain, considéré comme un don de Dieu et le fruit du travail de l’homme.

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Jeter le pain est alors un véritable sacrilège.

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Les derniers vers de la chanson semblent un peu maladroits mais l’on comprend que désormais les enfants gaspilleurs, émus par le vieillard (le lutin ?) ne jetteront plus le pain.

1

Les enfants d’un marquis, le seigneur d’un village

En s’amusant, jetaient du pain dans un ruisseau

Quand passe un bon vieillard raidi par l’âge

Courbé par le travail, cet écrasant fardeau,

Il ne put retenir au bord de sa paupière,

La larme qui tomba lentement sur son sein,

En voyant prodiguer ce bon fruit de la terre,

Il dit à ces enfants : ne jetons pas le pain (bis)

2

Pourquoi le jetez-vous ce pain que Dieu vous donne

Qui vous ôte la faim, cette grande douleur,

Ne vaudrait-il pas mieux que votre main mignonne

Le donne à l’indigent, que poursuit le malheur ?

A l’abri du besoin, vous ignorez sans doute,

Que pour se procurer ce descendant du grain,

Combien d’honnêtes gens du mal ont pris la route,

Devant de tels malheurs, ne jetez pas le pain.

3

Le soldat qui défend le drapeau de la France,

Hélas n’a pas toujours ce pain que vous jetez

Car au jour du combat pour prix de sa vaillance

Il souffre de la faim que vous ne connaissez

Quand manque le travail en sa froide mansarde

L’ouvrier malheureux craignant le lendemain,

Veut se donner la mort ; enfants, Dieu vous regarde

Chers petits, croyez-moi, ne jetez pas le pain.

4

Elle chante toujours, la gentille ouvrière,

Quand ses doigts effilés commencent leur travail,

A la paix de son cœur, la joie est familière,

L’on dirait la brebis heureuse en son bercail

Mais soudain plus de chants, la douleur est venue,

Le pain manque au logis, n’osant tendre la main,

Cherche-t-elle la mort ? Non, elle s’est vendue.

Chers petits ! croyez-moi, ne jetez pas le pain.

Morale

Voyez mon dos voûté par un dur labourage

Si Dieu donne le grain, l’homme par sa sueur,

En fait un pain béni qui donne le courage

Et la force des bras que brise le labeur,

Quoi ! le manque de pain cause tant d’alarme ?

Enfants le prodiguons, reprit le petit lutin,

Et ces enfants, suffoqués par les larmes,

Se dirent, croyons-le, ne jetons pas le pain (bis)

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Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

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