Gagner son pain en montant sur les planches
Bien plus tard, entre les deux guerres mondiales, le chômage se fera durement sentir. Deux compagnons, pleins de courage et d’imagination, trouvèrent un moyen original d’y remédier.
Il s’agit d’Albert Lafaurie, Landais le Fier Courageux, et Robert Cabannes, Landais le Bien Aimé, reçus compagnons boulangers tous les deux à Bordeaux, le jour de L’Assomption 1936. Landais le Fier Courageux, inscrit à la cayenne depuis 1931, quitte Bordeaux le 3 octobre 1936, pour partir sur les routes du Tour de France.
Son « frère de réception » décide de l’accompagner. Ils passent à Nîmes ou ils sont accueillis par les compagnons boulangers Jean-Baptiste Bro, Quercy le Franc Cœur, Premier en ville, Gaston Duhameau, Blois l’Ami des Compagnons, Second en ville, et Paul Fayard, Champagne l’Ami de la Gaîté. Ils quittent cette ville le 22 décembre 1936, passent à Lyon et se dirigent ensuite sur Troyes.
Dans cette ville, ils ne trouvèrent point de travail. Lafaurie, qui avait la lutte pour principale activité sportive, eut l’idée de s’inscrire à des combats organisés sur une fête foraine qui passait par là…
Au début, l’organisateur dut rigoler un peu de ce boulanger qui prétendait battre le Vengeur masqué, mais quelle ne fut pas sa surprise quand il vit son champion à terre, le cou entouré d’un avant-bras entraîné à pétrir 200 à 400 kg de pâte par nuit, sous les hurlements de la foule présente et déchaînée ! Suivirent les applaudissements destinés au vainqueur, Landais le Fier Courageux !
Pendant ce temps, son compère et collaborateur, Landais le Bien Aimé, passait dans la foule, chapeau en main, pour récolter les espèces sonnantes et trébuchantes, qui seront bien utiles pour régler les repas et les nuitées pris chez la Mère.
Suite à cette superbe prestation, l’organisateur pria nos Landais de bien vouloir rester quelque temps afin de mettre en place d’autres combats. Ils acceptèrent jusqu’à avoir suffisamment d’écus pour pouvoir changer de ville en juin 1937.
Ils se séparèrent alors, Landais le Bien Aimé se dirigeant vers Paris et y demeurant jusqu’en 1939, tandis que le champion Landais le Fier Courageux décidait de retourner à Bordeaux.
Sur le tour, il n’était pas question de rester à ne rien faire. Tout, plutôt que le chômage ! C’est ainsi que Pierre Belloc, Bordelais l’Inviolable, de passage à Lyon vers 1948, ne trouvant pas de travail dans sa profession, sera embauché par une entreprise de grosse menuiserie pour confectionner des palettes.
Quant au compagnon boulanger René Edeline, Tourangeau la Franchise, de passage à Lyon en décembre 1933 et en 1934, il sera obligé de restaurer les fonds de péniches pour quelque temps, par manque de travail dans sa profession. Il fut aussi terrassier à Poligny dans le Jura.
Tout faire pour gagner sa vie, soit, mais en restant honnête : à Troyes, entre les deux guerres mondiales, deux aspirants boulangers se sont fait radier de leur société pour avoir voulu se remplir les poches d’une façon particulière, sans toutefois devenir des cambrioleurs… Tout simplement, en quêtant dans toutes les boulangeries de la ville, au nom des ouvriers boulangers au chômage !
Et pour devenir patron ? Le retour par l’Empereur du corporatisme
À travers trois documents des années 1832 à 1834, nous allons découvrir qu’ouvrir une boulangerie, lors de la première moitié du XIXe siècle n’est pas une affaire des plus simples. Voici deux extraits du journal L’Écho de la Fabrique, datés du 24 novembre 1833 et du 5 janvier 1834, très explicites à ce sujet :
Des boulangers.
Depuis plus de quarante ans, le peuple français s’est imposé les sacrifices les plus rigoureux pour être libre de tout privilège, et cependant, après plusieurs révolutions arrosées du sang le plus généreux, après 1830, il est encore à demander qu’on brise les entraves apportées à son industrie.
Tous les gouvernants, qui depuis quarante ans se sont succédé, directeurs, consuls, empereurs, rois légitimes, rois quasi-légitimes, tous ont fait les plus belles promesses, et l’on est encore à demander la liberté.
Pauvre liberté ! Combien l’on te craint, puisque lorsqu’on te dégage un bras on enchaîne l’autre ; mais il faut que toutes tes chaînes tombent. Ne désespérons pas, peut-être devrons-nous à la ténacité ce que nos pères n’ont pu obtenir, ni des monceaux d’or, ni des torrents de sang qu’ils ont versés.
Vingt fois on a proclamé la liberté industrielle, et, en 1833, des corporations, des maîtrises pèsent encore sur le pays ; elles avaient été abolies par une loi, on les fait revivre par des décrets, des ordonnances.
Les boulangers avaient subi la loi commune, et voilà qu’il plaît à Bonaparte, dont le vaste génie voulait tout embrasser, de faire revivre une corporation dont le peuple avait salué la mort avec bonheur.
Le 6 novembre 1813, de son quartier impérial de Mayence, il rend un décret qui reconstitue la corporation des boulangers ; il les divise en classes, leur donne un syndic et des adjoints, décide que nul ne sera boulanger s’il ne produit un certificat de bonnes vie et mœurs, s’il ne justifie avoir fait son apprentissage et connaître les bons procédés de l’art ; enfin il défère au syndicat le pouvoir exorbitant de prononcer l’admission ou le rejet du candidat.
Ce décret est encore exécuté aujourd’hui, et la manière dont on l’exécute ajoute à tout ce qu’il a d’odieux et de contraire à la liberté industrielle. Qui croirait que des syndics n’admettent un candidat qu’autant qu’il est acquéreur et non créateur d’un fonds, qu’ils le soumettent à l’impôt d’une somme une fois donnée, et à l’exécution d’un chef-d’œuvre qui a le privilège de fournir à la table de MM. du syndicat, et leur fournit ainsi l’occasion d’un excellent dîner aux frais du candidat ?
Voilà des faits qui sont de notoriété publique et dont 1832 a encore été témoin. Un semblable décret, ainsi exécuté, n’existe qu’en violation de la loi. L’art. 2 de la loi du 2 mars 1791, déclare que tous privilèges de profession, sous quelque dénomination que ce soit, sont supprimés.
L’art. 7 de la même loi porte que : Il sera libre à toute personne de faire tel négoce, et d’exercer telle profession, art ou métier qu’elle trouve convenable.
La loi ne faisait aucune distinction, elle était générale, elle donnait une entière liberté aussi bien aux boulangers qu’aux épiciers, cabaretiers, etc. Cette loi est encore en vigueur, elle ne peut être abrogée que par une loi, et nous ne sachons pas qu’aucune loi y relative ait été promulguée. Napoléon a bien pu rendre des décrets explicatifs de cette loi réglementaire, mais il ne pouvait l’abroger, son bon plaisir ne pouvait aller jusque-là.
Or, son décret n’est pas seulement réglementaire, il n’est pas seulement explicatif des dispositions obscures de la loi, il l’abroge franchement. Tout Français, suivant la loi de 1791, pouvait, si bon lui semblait, se faire boulanger, suivant le décret impérial de 1813, il ne le peut qu’en achetant un fonds, en obtenant l’agrément du syndicat et en justifiant qu’il connaît les bons procédés de l’art.
Ce décret, on le voit, est une violation flagrante de la loi de 1791. Il n’avait d’autre base que le bon plaisir du grand homme. On s’y soumit, il le fallait, mais la Charte de 1814, celle surtout de 1830, cette Charte qui, disait-on, serait une vérité, devaient, comme renfermant dans leur sein, la proscription des privilèges, faire tomber le décret de 1813, et cependant il est encore plein de vie aujourd’hui…
Voici le second extrait du 5 janvier 1834 :
[… Les boulangers tenaient du décret du 6 novembre 1813 la faculté de n’admettre dans leur corporation que ceux qui justifiaient connaître les bons procédés de l’art, et cette justification se faisait par un chef-d’œuvre.
Ce décret de 1813 ouvrait une large voie à l’arbitraire, les boulangers s’y jetèrent avec d’autant plus d’empressement que leurs intérêts leur en faisaient une loi. Ainsi ils limitèrent leur nombre pour notre cité.
Si un jeune homme sans fortune, cependant désireux de marcher seul et d’arriver à l’aisance par un travail assidu et de sages économies, voulait créer et non acheter un fonds, les boulangers, qui craignaient de voir leur nombre s’accroître, pouvaient l’arrêter en déclarant tout simplement qu’il ne connaissait pas les bons procédés de l’art…]
Dernier élément, la lettre manuscrite d’un farinier qui souhaite ouvrir une boulangerie:
Nous, Maire de la ville de Lyon.
Vu la pétition de M. Louis Detroyat, marchand de farine, à Lyon, rue […], n°10, en date du 4 septembre présent mois, tendante à obtenir notre permission spéciale près cité pour exercer la profession de boulanger dans cette ville, par le décret du 6 novembre 1813.
Vu un certificat annexe à cette pétition et souscrit de six particuliers prenant seulement les qualités de domiciliés sans désignation de profession et demeure par lequel ils disent savoir que ledit sieur Detroyat a acquis la capacité nécessaire pour la fabrication de pain de toutes sortes de qualité.
Vu l’avis des syndics et adjoints de la boulangerie de Lyon, portant qu’il n’y a lieu à accorder au dit Sieur Detroyat la permission sollicitée, attendra :
- – Qu’il ne justifie aucunement de son apprentissage et même ne représente aucun livre constatant qu’il ait travaillé comme boulanger à Lyon ou ailleurs ;
- – Qu’il ne connaît point les bons procédés de l’art. Considérant que l’article 1 du décret du 6 novembre 1813, nous défend d’accorder la permission d’exercer la boulangerie en cette ville, à tous autres qu’à ceux qui justifient avoir fait leur apprentissage et connaître les bons procédés de l’art, qu’ainsi ce serait violer le texte et l’esprit de cet article que d’admettre en qualité de boulanger quiconque personnellement étranger à la connaissance de cette profession ne pourrait l’exercer qu’avec le service d’un garçon.
Avons arrêté :
Article 1
Pour s’assurer de la capacité personnelle du sieur Detroyat, il choisira dans les huit jours de la signification qui lui sera faite du présent, tel maître boulanger patenté qu’il jugera convenable pour, en qualité d’expert constater sa capacité contradictoirement avec un autre boulanger aussi patenté et désigné de même en qualité d’expert, par les syndics et adjoints de la boulangerie.
Les deux experts détermineront l’opération à exécuter pour ledit Sieur Detroyat, pour juger ses connaissances. En cas de partage d’avis des deux experts, nous nous réserverons de désigner un tiers expert parmi les maîtres boulangers.
Article 2
Il est tardé à statuer sur la demande du Sieur Detroyat, jusqu’à ce que le rapport desdits experts nous ait été remis.
Article 3
Expédition du présent sera adressé au syndic et adjoints de la boulangerie, et une autre expédition de celui-ci sera notifié par M. Bardoz, commissaire de police, audit Sieur Detroyat, pour que ce dernier ait à s’y conformer, s’il persiste dans sa demande. Fait à l’Hôtel de Ville de Lyon, le treize septembre 1832.
Le maire de la ville de Lyon (Signature)
Ces trois documents lyonnais, témoins en 1832 et 1834, concernent en particulier des conflits entre les marchands de farine (fariniers) et les boulangers, les premiers voulant fabriquer du pain et faire concurrence aux seconds et dégager une marge bénéficiaire plus importante en transformant eux-mêmes la farine en pain.
Les nombreux passages que nous avons fait ressortir définissent très bien la situation des ouvriers qui souhaiteraient s’installer.
Vu le décret de 1813, nous avons du mal à imaginer des maîtres boulangers ayant boutique en ville parrainer de jeunes compagnons qui n’ont été que source de conflits, d’oppositions et de collisions depuis de nombreuses décennies.
Sachant que la très grande majorité des compagnons, en fin de Tour de France rentre au pays, une des solutions est de se tourner vers son maître d’apprentissage comme Jean- Louis Jouin, qui après avoir fait son apprentissage en 1818, et avoir travaillé six ans chez Michel Hervé, rue Saint-Nicolas à Angers, part faire pendant quatre ans son Tour de France, et revient au pays natal.
Le 4 janvier 1828, son ancien patron lui fait une attestation de bonne conduite qui est présentée au maire :
« se félicite de sa bonne conduite, de son intelligence et aptitude… (Arch Mun. Angers F14.)»
Il y a de fortes probabilités également pour que les compagnons issus du milieu rural, en rentrant au pays, s’installent assez facilement (malgré le décret de 1813) dans des communes de petite dimension.
Cela contrairement aux compagnons qui choisissent la ville pour ouvrir boutique et qui doivent franchir la muraille dressée à leur encontre par le patronat organisé, structuré et représenté par leurs syndics.
La veuve ou la fille du patron ?
Si l’ouvrier a les poches vides ou pour contourner ce décret, le compagnon a grand intérêt à se marier, il y a trois solutions qui s’offrent à lui :
- Se marier avec une fille de famille riche.
Libourne le Décidé nous dit : « […] son heureuse étoile avait conduit Vivarais Va Sans Crainte dans ce pays enchanté (Sauveterre, près de Bordeaux) où il trouva de l’ouvrage et où, avec le temps, il parvint à captiver le cœur d’une jeune personne de la localité, qu’il épousa et qui lui apporta en mariage une dot assez ronde pour le mettre en mesure de créer un établissement de boulangerie ».
Arnaud, à Tours, se lie avec une veuve, aimable, enjouée, une amie de sa patronne, qui lui manifeste un « tendre attachement », et qui lui présente à plusieurs reprises une jeune fille bien dotée, espérant sans doute retenir son compagnon boulanger. Mais Arnaud refuse l’idée du mariage :
« La femme, explique-t-il, fit toujours pour moi l’objet d’une grande admiration, mais à l’âge que j’avais alors, il n’y en avait alors ni d’assez riche, ni d’assez aimable, ni d’assez belle sur le tour de France pour captiver mon cœur et mon esprit d’une indépendance exceptionnelle ».
- Se marier avec la fille du patron.
Libourne nous dit qu’à son deuxième passage à Tours, son patron, Monsieur Barat, lui parle de la fille d’un gros boulanger de la ville. Il commence par refuser, puis, travaillant ensuite à l’hôpital où il est mal payé, il change d’avis et accepte les présentations. De sa future belle-mère, il dit aimablement :
« Quoiqu’elle ait quarante ans bien sonnés, elle était encore très fraîche et très appétissante. » Le voilà présenté. Il baise la main de la demoiselle mais, on ne sait pour quelles raisons, il précipite les adieux et repart pour Libourne « pour une raison que je tairai ici » nous dit-il. Son ami Manceau le Triomphant s’arrêtera à Argenteuil, où il trouvera l’amour avec la fille d’un patron boulanger et prend la succession.
- Se marier avec la veuve qui tient la boulangerie !
À cette époque l’on meurt très jeune dans ce métier, ce qui laisse beaucoup de boulangeries dirigées seulement par la pauvre veuve… qui va très souvent chercher à se remarier afin de pouvoir continuer à vivre à l’aide du commerce, et c’est un bon parti pour le compagnon itinérant, passant ainsi du jour au lendemain, d’ouvrier à patron !
Voici l’exemple très démonstratif d’une boulangerie du Lude (72) qui illustre au mieux cette situation.
L’histoire commence avec Madeleine Louise Hervé, née en 1817. Elle se marie en 1842 avec un boulanger, nommé Pierre Landais, qui décède trois ans plus tard. Sa femme, la boulangère, se retrouve veuve à 28 ans…
Elle ne reste pas veuve bien longtemps : il faut un homme à la boulangerie… Ce sera Pascal Razillard, Poitevin le Soutien du Devoir, âgé de 27 ans qu’elle va épouser en 1847.
Il devient le patron boulanger. Neuf ans plus tard, en 1856, son épouse décède, mais il faut une femme à la boulangerie… Poitevin le Soutien du Devoir épouse deux ans plus tard, en 1858, Anne Désirée Poirrier âgée de 24 ans.
Poitevin le Soutien du Devoir décède quatre ans plus tard, en 1862, à 42 ans. Mais Anne Poirrier, qui n’a que 28 ans, ne reste pas veuve bien longtemps : il faut un homme à la boulangerie…
L’histoire continue donc avec Jean François Loriot, Manceau Franc Cœur.
Il est ouvrier boulanger chez la jeune veuve, patronne boulangère de 30 ans. Lui en a 33. Ils se marient au Lude le 4 juillet 1864. Et il devient patron boulanger. Manceau Franc Cœur décède le
13 février 1889, dans sa 58e année, son épouse ne se remarie pas et décédera âgée de 64 ans (Recherches généalogiques de Laurent Bastard.)
Mais ouvrir boutique était-il vraiment un aboutissement pour le compagnon boulanger en fin de Tour de France, comme cela l’est encore pour de nombreux ouvriers de la profession aujourd’hui ?
Pas certain, car nous savons en effet qu’à cette époque, le métier dans le compagnonnage de la boulangerie n’était pas une fin en soi, et que si le compagnon avait un peu d’argent, il devait bien souvent préférer s’installer épicier-marchand de vin, secteur tout à fait libre d’installation, dans l’espoir d’une vie plus saine et plus longue…
Ce n’est que le 22 juin 1863 que le gouvernement lâche du lest sur l’oppressante réglementation concernant la boulangerie :
Sont abrogées, à dater du 1er septembre 1863, les dispositions des décrets, ordonnances ou règlements généraux ayant pour objet de limiter le nombre des boulangers, de les placer sous l’autorité des syndicats, de les soumettre aux formalités des autorisations préalables pour la fondation ou la fermeture de leurs établissements, de leur
imposer des réserves de farines ou de grains, des dépôts de garantie ou de cautionnement en argent, de réglementer la fabrication, le transport ou la vente du pain, autres les dispositions relatives à la salubrité et à la fidélité du débit de pain mis en vente.
L’installation
Vers les années 1850 apparaît une cérémonie de nos jours disparue, nommée l’installation, afin d’honorer le compagnon et son épouse qui s’installent à leur compte :
[… Lorsqu’un compagnon se retire, ayant rempli toutes ses obligations, les compagnons doivent procéder à son installation de la manière suivante : la veille les compagnons se réunissent, le rouleur propose l’installation, et si les hommes en place ne peuvent y procéder, on en nomme d’autres, et cela se fait de la manière suivante ; un compagnon ayant sa canne et ses couleurs, marche une vingtaine de pas en avant, il se présente chez le nouveau maître ; après les compliments d’usage, il lui dit le motif de sa visite, et s’il veut procéder lui-même à son installation, il lui remet sa canne et ses couleurs, il ferme la porte.
Un des compagnons portant la corbeille, frappe trois fois, puis deux, puis une, il pousse quatre plaints, puis trois après la première demande, puis trois après la deuxième demande, puis deux pour fournir.
Pendant ce temps, l’autre compagnon qui a porté la corbeille a mis un bouquet au-dessus de la porte, et entrant dans la maison, va présenter à la jeune épouse un bouquet d’immortelles, et lui offre les souhaits des compagnons pour son bonheur et celui de son époux.
Il n’y a que douze plaints dans la cérémonie d’installation, parce qu’un nom de compagnon reste vacant …]
Cette cérémonie est un fleurissage de boutique, à la différence que ce dernier était destiné aux jeunes compagnons installés.
< – C’est le seul avantage du métier… Au moins celui-là est sans talc ni plâtre. L’Assiette au Beurre, n° 477, 21 Mai 1910.
Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D. Extrait du livre LE PAIN DES COMPAGNONS