Ligue Nationale des Patrons Boulangers

Belgique – Ligue Nationale des Patrons Boulangers 1936

Belgique 18 – Jean-Claude THIERRY. Collection privée. Taille réelle.

Verzilverde prijspenning van 1927 (type 1),60 mm, vermoedelijk vervaardigd in het atelier van Fisch.

60mm. Bronze.

Avers : LANDSBOND DER BELGISCHE BAKKERSBAZEN  * / LIGUE NATIONALE DES PATRONS BOULANGERS. Sous une arcade et retombée de feuilles, personnage tenant une corne de la main droite, sur plan est posé …..

Revers : ARBEID * ORDE * TUCHT * TRAVAIL * ORDRE * DISCIPLINE. Sur le bas ; rameaux de laurier et de chêne, sur lequel est posé un médaillon inscription ; 1936, plein champ…..

De prijspenningen van  de Landsbond der Belgische Bakkersbazen* .

De Landsbond der Belgische Bakkersbazen, opgericht in 1923, had provinciale afdelingen en een nationaal bestuur. De sturende kracht achter de vereniging was het “Huis der Bakkersbazen van Brussel” en zij brachten een eigen tijdschrift “De Bakkersbaas” uit. Zij organiseerden vanaf 1923 vakwedstrijden in verschillende categorieën (gewoon brood, pistolets en Frans brood, beschuiten en klein gebak)

De examinering van de broden op een vakwedstrijd van de Landsbond van Bakkersbazen.

Naast verschillende wisselbekers die de deelnemers konden winnen, kregen alle winnaars een diploma en een medaille (op inschrijving).

In “De Bakkersbaas” van 18 mei 1924, blz 5, lezen we:

“Het Huis der Bakkersbazen van België heeft eene bijzondere medailie laten slagen voor den wedstrijd der Jaarbeurs.

Deze verbeeldt langs de ene zijde den bakker die den hoorn blaast om, naar een oude gewoonte die in zekere streken der Vlaanderen nog voort leeft, de klanten te verwittigen dat het brood heet is en ze het moeten afhalen. Dit gebeurt den morgend rond 7 uur met vastenavond.

Het is ’t gebruik in de streek dat de vrouw van den huize door de kinderen of door ’t personeel in de ene of andere plaats opgesloten wordt en er niet uit mag alvorens ze beloofd heeft het hete brood te betalen. De bakker zorgt dan dat hij rond 7 uur kleine hete broodjes heeft en blaast op den hoorn zodra ze gereed zijn.

De keerzijde der medaille verbeeldt den praalboog van het Jubelpark.”

verzilverde prijspenning van 1927 (type 1),60 mm, vermoedelijk vervaardigd in het atelier van Fisch.

Vestknopen (atelier Fisch): L: zilverkleurig en blauw geëmailleerd, R: bronskleurig

 

verzilverde prijspenning van 1951 (type 4),70 mm, door C. Van Dionant.

Het tentoonstellingspaleis werd op de keerzijde afgebeeld in de periode 1936 – 54.

Vergulde prijspenning van 1959 (type 5),70 mm, door Darville.

Ondergetekende onderscheidt voorlopig 5 types:

(alle types zijn uitgevoerd in brons, verzilverd en verguld brons)

ontwerp diameter beschrijving vz/kz jaartallen in verz.
Type 1 ? 60 mm bakker / triomfboog Jubelpark

 

1925-27-29
Type 2 ? 60 mm bakker / tentoonstellingspaleis

 

1936-38-48
Type 3 Rau 70 mm Leopold III / tentoonstellingspaleis

 

1948
Type 4 Van Dionant 70 mm Boudewijn / tentoonstellingspaleis

 

1951-54
Type 5 Darville 70 mm Boudewijn met bril / deegrol enz. 1959 (R!)

 

 

Source Belgique : Patrick Pasmans

* Zie ook: De Muntmeester, tijdschrift van de Diestse studiekring voor Numismatiek, Jaargang 10, nr 2, juni 2015, blz. 12-13 (www.muntmeester.be)

Relation ???

http://www.matierevolution.fr/spip.php?article525

MAI-JUIN 1936

La grève générale de mai-juin 1936 en France est non seulement un événement historique important du mouvement ouvrier mais une action collective qui a marqué durablement la conscience ouvrière. Juin 36 n’est pas seulement une date mais un symbole et, pour les participants, une fierté. Il y a un avant et un après 1936. Avant, c’est le patronat de droit divin et l’usine où l’on rentre comme dans une prison. En 1936, les travailleurs occupent les usines et c’est les patrons qui doivent plaider pour négocier, pour demander quelles sont les revendications ouvrières et même pour se voir autoriser l’entrée dans leurs entreprises. Avant, c’est les attaques anti-ouvrières qui suivent la crise de 1929. Le militantisme ouvrier est fortement combattu. Les droits sociaux sont remis en question. Après, c’est le développement des conquêtes sociales. Avant, c’est la montée fasciste de 1930-33 en Allemagne qui culmine avec la nomination de Hitler comme chancelier et la destruction des organisations ouvrières. En 1934, les ligues fascistes manifestent à Paris. Avec la montée ouvrière, les fascistes sont balayés au moment où, en Espagne les travailleurs se mobilisent pour faire échec au coup d’Etat fasciste de Franco. La bourgeoisie « républicaine » espagnole est une fiction. La bourgeoisie « de gauche « de Léon Blum ne lève pas le petit doigt. On pourrait espérer que les travailleurs de France et d’Espagne s’unissent pour faire face à la bourgeoisie qui va vers le fascisme dans toute l’Europe, en France comme en Espagne ou en Allemagne. L’Allemagne n’a encore aucune armée et le régime n’a pas encore éradiqué tout mouvement ouvrier en Allemagne. La destruction massive des Juifs n’est pas encore réalisée. C’est la classe ouvrière qui serait capable de se dresser contre le fascisme, mais cet espoir sera déçu : c’est du côté de la bourgeoisie que se tournent les organisations ouvrières, stalinienne comme social-démocrate. Elles ne misent pas sur la force des travailleurs pour renverser la bourgeoisie, même si celle-ci marche au fascisme et à la guerre mondiale.

1936, c’est d’abord une réaction des travailleurs face aux sacrifices, à la misère, aux licenciements, à l’aggravation des conditions d’exploitation. La vague de grève qui s’étend comme une traînée de poudre est une vague d’espoir du monde ouvrier. Les récits de ce grand maelström social sont nombreux. Simone Weil rapporte : « Joie de parcourir librement ces ateliers où on était rivés sur sa machine, de former des groupes, de causer, de casser la croûte. Joie d’entendre au lieu du fracas impitoyable des machines de la musique, des chants et des rires. Joie de passer devant les chefs la tête haute. On cesse enfin d’avoir besoin de lutter à tout instant pour conserver sa dignité. » écrit-elle dans « La condition ouvrière ». Mais les témoignages les plus nombreux viennent des travailleurs eux-mêmes : « A Moutiers, petite cité ouvrière, le maître de l’usine est maintenant un jeune ouvrier italien de 20 ans » écrit l’un d’eux. « ça s’est déclenché d’un seul coup. C’est la grève, on arrête le boulot. Tout le monde en avait marre. Tout le monde a marché. » rapporte un ouvrier inorganisé de l’Usine O de Renault Billancourt dans « Chronique de Juin 36 ». Au magasin « Trois Quartiers », un membre du comité de grève raconte : « Quelques employés résolus ont couvert les comptoirs, se sont répandus dans les rayons des magasins en disant : on fait grève. C’était une explosion, un déchaînement de passion extraordinaire. Les magasins sans militant au départ ont été ceux où la fermeture fut totale : Galeries Lafayette, Printemps, Trois Quartiers. Les femmes jouaient un rôle très actif. Elles faisaient la garde du jour et de nuit. »

GREVE GENERALE DE 1936

Et la grève s’étend : Le 11 mai, chez Bréguet, au Havre Le 13 mai, chez Latécoère, à Toulouse Le 14 mai, chez Bloch, à Courbevoie Le 24 mai, chez Lavalette à Saint Ouen, Crété à Corbeil, Sautier-Harlé à Paris, Hotchkiss à Levallois. Le 28 mai, chez Renault à Billancourt. Le 2 juin, c’est une nouvelle étape vers la généralisation des grèves des chaussures Pillot aux raffineries Say et des pneus Dunlop aux studios Gaumont. Le 5 juin, la grève est totale : des garçons de café aux ouvriers agricoles. Les secteurs les plus syndiqués sont restés en dehors du mouvement : la presse, les cheminots, l’électricité, le gaz et les mines de charbon. L’ambiance est extraordinaire. Raymond Bussière témoigne : « 36, c’est la plus grande kermesse ouvrière que j’ai vu de ma vie, c’était insensé, incroyable… Tout était d’une gaieté ! C’était la force calme, tranquille, l’évidence… Le Front Populaire, je pensais que cela devait durer éternellement. Si on m’avait dit que, trois ans après, il y aurait la guerre, j’aurai été sidéré. » Et c’est le deuxième volet de l’année 1936 : le front populaire. Au départ, les deux plus grandes organisations ouvrières, stalinienne et social-démocrate, (PCF et SFIO) jouent la division comme elles l’ont joué en Allemagne pour le plus grand profit des nazis. Mais la montée fasciste de 1934 (notamment le rassemblement du 6 février à Paris se soldant par 20 morts et 2500 blessés) a créé une énorme émotion dans la classe ouvrière de France, marquée par la victoire des fascistes en Allemagne qui ne date que d’un an. La mobilisation ouvrière contre le fascisme impose l’unité aux organisations ouvrières, politiques et syndicales. Celles-ci vont prendre le tournant mais leur réponse à la situation, loin de se donner comme perspective la lutte contre la bourgeoisie, va permettre la mise en place d’un pare-feu pour protéger la bourgeoisie de la montée ouvrière : le front populaire. L’unité y est proclamée mais avec le parti bourgeois dit « radical ». L’objectif affirmé est celui de la venue de la gauche au gouvernement bourgeois et pas du tout la mise en place à la base de formes d’organisation ouvrières et populaires susceptibles de contester cet Etat bourgeois. Le slogan de l’unité devient un moyen de faire reculer les plus radicaux au nom de l’intérêt général. L’unité apparaît à la classe ouvrière comme le plus sûr moyen de la victoire et pourtant il s’agit de l’unité avec les forces bourgeoises. Elle contribue dans un premier temps à la confiance des travailleurs et la montée de la combativité. Le 12 février 1934, PCF, SFIO, CGT et CGTU se retrouvent à la tête d’une immense manifestation qui apparaît comme le signal de la contre-offensive ouvrière et populaire. En septembre 1935, les centrales syndicales CGT et CGTU fusionnent. La gauche est unie aux législatives d’avril-mai 1936. Le PCF passe de 11 à 72 sièges. Le Parti socialiste (SFIO) passe de 132 à 147 sièges. Les radicaux, par contre, perdent 50 sièges, montrant que la force politique bourgeoise à laquelle les partis dits « de gauche » ont voulu s’allier perd de plus en plus de crédit. La poussée va nettement à gauche et elle est le reflet d’une montée sociale. Monatte, vieux militant anarcho-syndicaliste puis communiste-révolutionnaire, qui n’est pas suspect d’illusions dans les victoires électorales, écrit : « Quand on a vu devant le Mur des Combattants de la Commune, le Président du Conseil de demain (Léon Blum) lever le poing comme les camarades, comment ne pas croire que, cette fois, le gouvernement n’est plus du côté des capitalistes. » Cependant, au programme de ces partis politiques de gauche, il n’est nullement question de s’attaquer si peu que ce soit à l’ordre bourgeois : armée, police, justice, propriété privée, banques, forces spéciales de répression, et encore moins de proposer la mise en place de formes d’organisation des travailleurs qui pourraient menacer cet ordre des possédants. La venue de la gauche au gouvernement a l’avantage pour la classe dirigeante de masquer le maintien du caractère bourgeois de l’Etat et ce n’est pas la gauche qui va se charger de le révéler aux travailleurs ! Le 5 juin 1936, Léon Blum forme son gouvernement. Il sait qu’il va falloir éteindre rapidement l’incendie social. La grève est déjà générale. Loin de s’appuyer dessus, il aide ouvertement les patrons à ramener le calme et à arrêter les grèves. Le président du conseil dans son rôle de pompier s’appuie sur les dirigeants syndicaux qu’il appelle à Matignon. Ils vont très vite se mettre d’accord sur une série de mesures visant à obtenir la fin de la grève générale. Il est très significatif que la droite française se garde de protester ocntre les mesures qui sont proposées : des augmentations de salaires de 7 à 15%, l’institution de délégués ouvriers élus, des contrats collectifs, la reconnaissance du droit syndical. Elle ne s’oppose même pas aux congés payés. La bourgeoisie a peur de cette mobilisation de la classe ouvrière et elle a conscience qu’elle a absolument besoin des organisations de gauche pour la canaliser, la calmer. Elle ne souhaite surtout pas prendre le risque d’une répression et de la radicalisation que celle-ci pourrait entraîner dans la classe ouvrière. Elle peut faire confiance pour cela aux dirigeants de gauche qui ont parfaitement conscience de leurs responsabilités et n’ont nullement n’intention de jouer avec le feu. Un responsable d’Etat, Albert Sarrault, commente : « Surtout pas d’intervention policière. Nous risquons des conflits sanglants. Cela nous interdira de reprendre la direction de nos usines. » La gauche gouvernementale n’est bien entendu pas du côté des travailleurs, même si ceux-ci n’en sont pas conscients. Léon Blum, grand bourgeois « de gauche », dira plus tard : « J’ai considéré la vague de grèves comme une gifle personnelle. » Le PCF, qui n’est pourtant pas au gouvernement, est tout aussi responsable vis-à-vis de la bourgeoisie. Son maître, Staline, a signé en 1935 un accord avec la bourgeoisie française alors que la droite (Laval) gouvernait. Loin de chercher à appuyer le mouvement de la classe ouvrière pour s’attaquer à la bourgeoisie, la bureaucratie stalinienne craint cette montée ouvrière de 1936 qui se développe un peu partout dans le monde et pourrait déstabiliser le statu quo avec l’impérialisme sur lequel repose son pouvoir en Russie. C’est le patronat français, et non la gauche gouvernementale, qui a été le véritable artisan des accords de Matignon. C’est lui qui a proposé des mesures suffisamment importantes pour permettre aux organisations ouvrières de faire reprendre le travail. Car la peur a changé de camp : elle est dans celui des exploiteurs. Et, cependant, cela ne suffit pas à arrêter la grève. Si, par ci par là, le travail reprend, la grève repart parfois peu après. C’est une seconde vague de grève et qui peut tout faire basculer, dévoiler le contrat pourri qui unit la gauche gouvernementale et la bourgeoisie. Le PCF met tout son poids dans la balance : « Il faut savoir terminer une grève » décrète son leader Maurice Thorez. Ministres et dirigeants syndicaux épaulent les responsables régionaux pour donner un coup d’arrêt à la grève générale. Le PCF explique qu’il est lié au Front Populaire, que ce dernier a pris des engagements et doit les tenir, qu’il faut être responsable, que l’on a obtenu de grandes satisfactions, que la lutte n’a que des visées économiques, que ce n’est pas encore le temps de la révolution sociale, qu’il est seulement question d’un peu plus de bien-être et de démocratie. Le PCF stigmatise les jusqu’auboutismes, comme Marceau Pivert qui a déclaré que « tout est possible » ou comme les trotskystes pour lesquels « la révolution française a commencé ». Le parti stalinien, peu avant adepte de slogans apparemment radicaux, dans sa période sectaire « classe contre classe », des slogans comme « des soviets partout » quand la situation des travailleurs était à la défensive, se garde bien de tout radicalisme maintenant que la classe ouvrière est à l’offensive.

ORIGINE : CCI

Dans le « grand manuel d’Histoire » de la bourgeoisie, le mois de juin 1936 est figé comme un mythe.

A l’entendre, ce fût le mois « des acquis mémorables », « des accords de légende » négociés par le non moins légendaire Front Populaire ([1]) au pouvoir depuis le 5 juin.

Alors que la crise économique ravage le monde depuis 1929, jetant des millions d’ouvriers sur le pavé, et que les puissances impérialistes préparent leurs armes en vue de la Seconde Guerre mondiale qui s’annonce, la France aurait goûté, pendant ce temps, au « Jardin des Délices » avec la semaine de 40 heures, le temps libre, les congés payés et de meilleurs salaires. Et tout ça grâce à la volonté du Front Populaire « de donner du pain aux travailleurs, du travail à la jeunesse et la paix au monde ».

Bien souvent, les leçons d’histoire de la classe dominante se révèlent être de grossiers mensonges… Juin 1936 n’échappe pas à la règle.

Derrière le slogan « Du pain, la paix, la liberté », la classe ouvrière en France apprendra dans sa chair que le seul et unique programme du Front Populaire sera « de la sueur, du sang et des larmes ».

Les grèves du Juin 1936 Après l’échec de la vague révolutionnaire de 1917-1923 (premier assaut d’ampleur international qui avait précipité la fin de la Grande Guerre), le prolétariat se retrouve mondialement défait et affaibli au point de laisser les mains libres à la bourgeoisie pour la préparation d’une seconde boucherie internationale, décidément seul avenir que le capitalisme en faillite soit capable de réserver à l’humanité.

Néanmoins, l’aggravation de l’exploitation, provoquée par la crise et le développement de l’économie de guerre des années 1930, ne laisse pas la classe ouvrière sans réaction. En effet, au printemps 1936, une vague de grèves massives et spontanées explose en France. Pour la bourgeoisie, c’est un caillou au fond de sa botte qui gêne sa marche à la guerre. Il faut le pulvériser et c’est au Front Populaire que la classe dominante fera appel pour accomplir cette tâche.

C’est à partir du 7 mai 1936 qu’une série de grèves déferle sur la France, en commençant par le secteur aéronautique au Havre, à Toulouse et Courbevoie. Comme le fait remarquer Bilan (revue de la Fraction italienne de la Gauche communiste dans les années 1930) : « Ce n’est pas par hasard si ces grandes grèves se déclenchent dans l’industrie métallurgique en débutant par les usines d’avions […] c’est qu’il s’agit de secteurs qui travaillent aujourd’hui à plein rendement, du fait de la politique de réarmement suivie dans tous les pays. Ce fait ressenti par les ouvriers fait qu’ils ont dû déclencher leur mouvement pour diminuer le rythme abrutissant de la chaîne (…) »

Au fils des semaines, ces grèves que l’on dit « sur le tas », sous forme d’occupations d’usine, prennent un caractère de plus en plus massif. Le 28 mai, 35 000 ouvriers des usines Renault Billancourt cessent le travail et 100 000 métallos réclament l’augmentation des salaires et l’amélioration des conditions de travail.

Contrairement à ce que pense Trotsky, à l’époque, ce n’est pas la révolution qui commence en France. Le prolétariat étant brisé mondialement, la perspective qui domine est bien celle de son embrigadement vers la guerre. Comme l’écrit Bilan dans son article « Sous le signe du 14 juillet » en 1935 : « (…) on peut affirmer que pas plus en France qu’en Allemagne ne subsiste une classe prolétarienne luttant pour ses objectifs historiques propres. A ce sujet le 14 juillet [1935] marque un moment décisif dans le processus de désagrégation du prolétariat et dans la reconstitution de l’unité sacro-sainte de la Nation capitaliste…ce fut le triomphe du républicanisme intégral… ». Les grèves de 1936 sont par conséquent les ultimes soubresauts d’une des dernières poche de résistance de la classe ouvrière avant l’embrigadement total vers la guerre.

Cela étant dit, la situation reste évidemment préoccupante pour la bourgeoisie française qui, au même titre que les autres nations, a besoin du maximum d’ordre et de discipline pour conduire l’ensemble de la société (et en premier lieu la classe chargée de produire) à tendre toutes ses forces et à consentir tous les sacrifices pour l’effort de guerre.

La classe dominante n’aura donc d’autre recours que de confier, le 5 juin, les rênes du pouvoir à l’union des partis de gauche, qui formera un gouvernement de Front Populaire dirigé par Léon Blum, afin d’en finir avec le mouvement de grèves qui paralyse le pays et ses préparatifs guerriers. L’inquiétude est telle que le président Lebrun supplie Blum de lancer un appel aux ouvriers par radio : « Dites leur que le Parlement va se réunir, que, dès qu’il sera réuni, vous allez lui demander le vote rapide et sans délai des lois (sociales)… ils vous croiront …et alors, peut-être le mouvement s’arrêtera-t-il ? ».

C’est dans cette perspective que sont signés le 7 juin les « mémorables » accords de Matignon entre la Confédération Générale du patronat français (CGPF), la CGT et le gouvernement Blum. Il va sans dire que ces accords seront entérinés sans broncher et sans délai par le patronat, l’Assemblée Nationale et le Sénat.

Parmi les mesures adoptées, on retient l’augmentation des salaires de « 15% pour les salaires les moins élevés pour arriver à 7% pour les plus élevés », sous condition bien entendu (puisque c’est là l’objectif des accords) « de la reprise du travail ».

Mais cela ne suffit pas. Les ouvriers, moins impressionnés par ces accords que les journaux « de gauche » criant à la victoire et au triomphe, tardent à reprendre le travail. Mieux, le mouvement prend de l’ampleur comme dans la région lyonnaise où le nombre de grévistes passe de 7000 à 20 000. Malgré le célèbre « Il faut savoir terminer une grève dès que satisfaction a été obtenue. Il faut même savoir consentir au compromis si toutes les revendications n’ont pas encore été acceptées… » lancé le 11 juin par le dirigeant stalinien Maurice Thorez, et qui sera repris dès lors dans tous les discours des staliniens et des syndicats, la France compte 2 millions d’ouvriers en grève.

Pour parvenir enfin à la reprise du travail, le Front Populaire décide donc d’en remettre un couche par l’adoption complémentaire des fameuses lois sociales des 20 et 21 juin, à savoir : les 40 heures (« …la durée du travail effectif des ouvriers et employés de l’un et l’autre sexe et de tout âge ne peut excéder 40 heures par semaine. ») sans réduction de salaire et 15 jours de congés payés « pour tous les travailleurs ».

Devant ce qui apparaît comme une avancée sociale considérable, la lutte s’effrite puis s’arrête.

Le « Front populaire » et les syndicats parachèvent les préparatifs de la guerre mondiale Les lois sociales de 1936 auront bel et bien permis de briser les grèves de mai-juin et de remettre les ouvriers sous la pression des impératifs de production pour la défense nationale. Mais elles avaient une autre vertu, tout aussi importante dans la perspective bourgeoise de 1939. Sous l’apparence de « concessions » à la classe ouvrière, la bourgeoisie faisait passer des mesures essentielles pour conditionner les travailleurs et leur faire accepter une intensification sans précédent des cadences de production via l’introduction de nouvelles méthodes d’organisation du travail destinées à décupler les rendements horaires si nécessaire pour faire tourner à plein régime l’industrie d’armement. Ce sera la généralisation du taylorisme, du travail à la chaîne et de la dictature du chronomètre à l’usine.

De l’aveu même de l’historien bourgeois Antoine Prost : « Ce qui frappe le plus dans l’épisode du Front Populaire, c’est l’adéquation des conquêtes ouvrières à la situation économique et sociale (…) Les 40 heures et les congés payés répondent à la surexploitation entraînée par la crise économique dans des entreprises en voie de rationalisation… ».

Un aveu encore plus retentissant sera celui de Léon Blum en personne, qui déchirera le voile « social » posé sur les lois de 1936 à l’occasion du procès organisé par le régime de Vichy à Riom en 1942 cherchant à faire du Front Populaire et des 40 heures, les responsables de la lourde défaite de 1940 suite à l’assaut de l’armée nazi.

Blum défendra magistralement son honneur bafoué de patriote lors de l’audience du 10 mars : « Le rendement horaire, de quoi est-il fonction ? (…) il dépend de la bonne coordination et de la bonne adaptation des mouvements de l’ouvrier à sa machine ; il dépend aussi de la condition morale et physique de l’ouvrier. »

Il y a toute une école en Amérique, l’école Taylor, l’école des ingénieurs Bedeau, que vous voyez se promener dans des inspections, qui ont poussé très loin l’étude des méthodes d’organisation matérielle conduisant au maximum de rendement horaire de la machine, ce qui est précisément leur objectif. Mais il y a aussi l’école Gilbreth qui a étudié et recherché les données les plus favorables dans les conditions physiques de l’ouvrier pour que ce rendement soit obtenu. La donnée essentielle c’est que la fatigue de l’ouvrier soit limitée…

Ne croyez-vous pas que cette condition morale et physique de l’ouvrier, toute notre législation sociale était de nature à l’améliorer : la journée plus courte, les loisirs, les congés payés, le sentiment d’une dignité, d’une égalité conquise, tout cela était, devait être, un des éléments qui peuvent porter au maximum le rendement horaire tiré de la machine par l’ouvrier. »

Voilà « l’homme de 36 » qui nous explique par A+B comment et pourquoi les mesures « sociales » de son gouvernement furent un passage obligé pour adapter et façonner les prolétaires aux nouvelles méthodes infernales de production visant l’armement rapide de la nation avant que ne tombent les premières déclarations de guerre officielles. D’ailleurs, il est à noter que les fameux congés payés, sous une forme ou sous une autre, ont été accordés à la même époque dans la plupart des pays développés s’acheminant vers la guerre et imposant de ce fait à leurs ouvriers les mêmes cadences de production.

L’acte d’accusation du Maréchal Pétain dénonçant « l’esprit de jouissance » qui l’aurait « emporté sur l’esprit de sacrifice » tombe en miette avec le verdict de la Cour de Riom obligée de reconnaître que le cabinet Blum avait plus fait que ses prédécesseurs pour la défense nationale en créant les conditions économiques et sociales adéquates. Et le résultat parle de lui-même puisque de 1936 à 1937, on note un accroissement de 30% du potentiel militaire français dans l’armée de l’air, la flotte et la production de blindés.

On peut dire que si la Seconde Guerre mondiale se prépare dans les meilleurs conditions, à savoir la mise au pas des prolétaires, c’est grâce à la gauche flanquée de ses gardes-chiourme syndicaux. En effet, c’est la CGT qui aura prêché sans cesse l’ordre, la sagesse et l’esprit de conciliation aux ouvriers en lutte en 1936, non seulement pour qu’ils se remettent à produire des blindés mais aussi pour leur faire accepter la nouvelle organisation du travail permettant une exploitation totale et forcenée de leurs muscles ainsi dévorés par la production militaire.

Léon Jouhaux, socialiste et dirigeant syndical, nous explique cela en ces termes : « …les organisations ouvrières [syndicats] veulent la paix sociale. Tout d’abord pour ne pas gêner le gouvernement de Front Populaire et pour, par la suite, ne pas freiner le réarmement. » Il est donc tout à fait naturel que les accords de Matignon aient aussi cherché à renforcer l’emprise des syndicats sur les ouvriers via leur plus large implantation dans les usines. Ainsi l’article 3 précise que « les employeurs reconnaissent la liberté ainsi que les droits des travailleurs d’adhérer librement et d’appartenir à un syndicat professionnel… ». En fait, quand la bourgeoisie prépare la guerre, l’Etat se voit contraint de contrôler l’ensemble de la société pour orienter toutes ses énergies vers la macabre perspective. Et, dans l’usine, il se trouve que c’est le syndicat qui est le mieux à même de permettre à l’Etat de développer sa présence policière. Voilà encore un autre des merveilleux acquis de 1936 !

Le mythe des « acquis de 1936 » Une fois la fin des grèves obtenue et l’installation durable d’un rendement horaire maximum de l’exploitation de la force de travail, il ne restait plus au gouvernement de Front Populaire qu’à passer à la reconquête du « terrain concédé » en augmentant le nombre d’heure de travail en priorité, cela va de soi, dans tous les secteurs clés de l’économie de guerre. C’est comme cela que la boucle est bouclée !

Alors que la hausse des salaires est très rapidement annulée par la hausse encore plus importante des prix (augmentation de 54% des prix des produits alimentaires entre 1936 et 1938), les dérogations à la loi des 40 heures tombent en cascade, un an après les accords de Matignon.

Ainsi, l’arrêté du 29 juillet 1937 autorise les heures supplémentaires « dans les secteurs essentiels de la vie économique » comme les mines de fer et de charbon. Dans la même veine, le comité d’enquête sur la production, composé de la CGT et de la CGPF (ancêtre de l’actuel Medef), obtient le 24 août 1937 des assouplissements et dérogations supplémentaires « pour les industries intéressant la défense nationale ».

Dans la continuité du Front Populaire, le gouvernement Radical de Daladier, en 1938, poursuivra la série de décrets-lois anti-ouvriers avec la suppression des majorations pour les 250 premières heures de travail supplémentaire, l’annulation des dispositions des conventions collectives interdisant le travail aux pièces et l’application de sanctions pour tout refus d’effectuer des heures supplémentaires pour la défense nationale. Quant aux congés payés, ils seront dévorés en une bouchée puisque sur proposition du patronat, appuyé par le gouvernement Blum et relayé par les syndicats, les fêtes de Noël et du Premier de l’An seront à récupérer. Une mesure qui s’appliquera ensuite à toutes les fêtes légales soit 80 heures de travail supplémentaire ce qui correspond exactement aux 2 semaines de congés payés.

Les ouvriers, notamment ceux du nord de la région parisienne déclencheront des grèves de protestations contre des conditions de travail devenues plus abominables qu’elles ne l’étaient déjà avant les « lois sociales ». Mais l’encadrement syndical et les mystifications drainées par la gauche font que la mobilisation n’est plus la même qu’au printemps 1936. La classe dominante peut lâcher ses chiens : 1500 policiers attaquent l’usine Renault le 23 novembre 1938. Des centaines d’ouvriers seront blessés et 300 en état d’arrestation. La classe ouvrière est alors sous le talon de fer de la bourgeoisie.

Finalement, le seul est unique bénéficiaire des accords de Matignon et des lois sociales n’est autre que le capital national et ses préparatifs guerriers.

C’est pourquoi, le 70e anniversaire du Front Populaire, fêté en ces mois de mai-juin 2006, comme les précédents, est avant tout l’anniversaire de la guerre, de la victoire de la bourgeoisie sur le prolétariat international, de son intégration à l’économie de guerre et de l’hégémonie de l’idéologie nationaliste.

En 1968, la reprise des luttes de la classe ouvrière marquera le réveil de cette longue nuit contre-révolutionnaire entamée à la fin des années 1920. Certes, nous ne sommes plus aujourd’hui dans le brouillard des années 1930. Cela étant, les nouvelles générations de prolétaires doivent se réapproprier de telles leçons, si chèrement payées par le passé. C’est la condition sine qua non pour comprendre la véritable nature de la gauche du capital, des syndicats et tous leurs pièges et ainsi mener jusqu’à son terme la future révolution prolétarienne.

Azel (14 mai 2006)

Maurice Thorez :

Alors que dans certaines usines, militants de la Gauche prolétarienne ou trotskystes s’efforcent de durcir le mouvement de grèves, le parti communiste se montre soucieux de ne pas se laisser déborder et appelle à la reprise du travail.

Si le but est d’obtenir satisfaction pour les revendications de caractère économique, tout en élevant progressivement le mouvement des masses dans sa conscience et son organisation, alors il faut savoir terminer une grève dès que satisfaction a été obtenue. Il faut même savoir consentir au compromis si toutes les revendications n’ont pas encore été acceptées, mais si l’on a obtenu la victoire sur les plus essentielles et les plus importantes des revendications.

Appel lancé par Maurice Thorez à l’assemblée d’information des communistes de la région parisienne. 11 juin 1936.

La classe ouvrière ne doit pas progresser à un rythme accéléré qui puisse risquer de la conduire à l’isolement. Elle ne doit pas se laisser provoquer à une action inconsidérée.

Maurice Thorez, exposé devant la presse. 8 juillet 1936.

« Les grèves de Mai-juin 1936 revisitées »

Antoine Prost

Dans la mémoire collective, les grèves du Front populaire occupent la place exceptionnelle d’un événement fondateur ; elles marquent à la fois l’accès à la dignité de ce que l’on peut nommer, alors, la classe ouvrière, l’affirmation de sa force et l’entrée dans une forme de modernité sociale qu’instaurent les « conquêtes » des accords Matignon. Pourtant ce qui s’est joué en mai-juin 1936 nous échappe encore en partie. L’abondante historiographie des grèves a évolué au gré des préoccupations, soucieuse d’abord d’analyser le déroulement et la chronologie du mouvement, puis d’identifier les responsabilités politiques ou syndicales, sans en dégager toute la signification. C’est à cette question que l’on voudrait s’attacher ici après un bref rappel des événements eux-mêmes. Trois vagues de grèves et un accord Les débutsLa chronologie des grèves est bien connue. Les deux premières éclatent au Havre chez Breguet le 11 mai, et le 13 chez Latécoère à Toulouse, pour protester contre le licenciement d’ouvriers grévistes le 1er mai [1]. Elles sont victorieuses après une nuit d’occupation. Les jours suivants, deux usines d’aviation à Courbevoie et Villacoublay connaissent des mouvements identiques. La presse ouvrière est très discrète sur ces grèves pendant cette semaine. Elle l’est un peu moins la semaine suivante et, le dimanche 24 mai, L’Humanité diffusée pendant l’immense manifestation au mur des fédérés (600 000 manifestants) évoque en cinquième page « une belle série de victoires dans les usines d’aviation ». Cet article a-t-il eu beaucoup d’influence ? La manifestation elle-même a-t-elle joué un rôle de détonateur ? Toujours est-il que la semaine qui suit enregistre une première vague de grèves dans les usines d’aviation et d’automobile de la banlieue parisienne : Nieuport, Lavalette, Hotchkiss, Sautter-Harlé, Lioré-Ollivier, Farman, et, le 28 mai, Renault, Fiat, Chausson, Gnome et Rhône, Talbot, Citroën, Brandt, Salmon, ainsi que Le Matériel Téléphonique et l’imprimerie Crété. Mais le mouvement semble aussitôt tourner court : le ministre du Travail, Frossard, organise une rencontre entre l’Union des industries métallurgiques et mécaniques de la région parisienne (le G.I.M.) et les syndicats. La reprise semble acquise le 30, tandis que les discussions se poursuivent, et le lundi de Pentecôte, 1er juin, il n’y a plus que 10 usines occupées en région parisienne. Pourtant la grève repart vigoureusement. Le mardi 2 juin, 66 usines sont occupées à midi, 150 le soir. La province est gagnée : Fives-Lille dans le Nord le jour même, le lendemain, l’usine des Batignolles à Nantes. Renault et Citroën reprennent la grève le 4 juin. Le 6, c’est le vote de la confiance à la Chambre, et le dimanche 7, à 15 heures, le début des négociations à l’hôtel Matignon où s’est installé Léon Blum, premier Président du Conseil de l’histoire à n’avoir pas pris simultanément la responsabilité d’un portefeuille. L’histoire de ces accords a été récemment renouvelée. Contrairement à la version donnée par Blum lui-même, une première rencontre entre lui et les négociateurs choisis par la C.G.P.F., MM. Duchemin, Dalbouze, Lambert-Ribot et Richemond, a eu lieu dans la nuit du 4 au 5 juin, tant la gravité de la situation était ressentie par tous [2]. Cet entretien a permis à L. Blum de constater que le patronat ne faisait pas de l’évacuation des usines un préalable. Il a fixé en outre les enjeux d’une éventuelle négociation : elle portera sur les salaires et les conventions collectives, mais pas sur les 40 heures et les congés payés qui relèvent de la loi à laquelle les patrons se plieront. Fort de ces assurances, L. Blum peut proposer à la C.G.T. de négocier, sans risquer un refus patronal qui aurait conduit à l’impasse. Avant même le Conseil des ministres qui approuve sa déclaration ministérielle, il demande par radio aux travailleurs le 5 juin à midi « de s’en remettre à la loi pour celles de leurs revendications qui doivent être réglées par la loi, de poursuivre les autres dans le calme, la dignité et la discipline ». C’est le cadre même dans lequel il inscrit son action. Les accords Matignon, connus le lundi 8 juin au matin, n’arrêtent pas cette seconde vague de grèves. Au contraire, elle s’étend à de nouvelles professions. Les grands magasins sont entrés en grève le 6 ; le 8, ce sont le bâtiment parisien et les assurances, tandis que des négociations immédiates évitent que les banques ne débrayent. Au milieu de la semaine on compte un million et demi de grévistes [3]. Le reflux commence lentement à la fin de la semaine, alors que la C.G.T., le parti communiste et le parti socialiste se mobilisent pour la reprise. C’est le jeudi 11 juin au soir que Thorez prononce devant des responsables communistes réunis au gymnase Jean Jaurès – et non dans une usine occupée – la phrase célèbre : « Il faut savoir terminer une grève dès que satisfaction a été obtenue ». Mais, pour que la grève cesse, il faut encore que les négociations locales aboutissent et elles sont parfois longues. La métallurgie parisienne reprend le 15 juin. A la fin du mois, les vacances et les premiers congés payés approchant, le calme semble revenir. Une troisième vague de grèves se produit pourtant fin juin-début juillet. Elle concerne d’une part des secteurs paisibles ou fortement syndiqués, où les ouvriers avaient fait initialement le choix de la négociation, d’autre part de petites entreprises artisanales dont les patrons ne peuvent payer les augmentations de salaires. En Haute-Vienne, par exemple, la porcelaine et la chaussure, relativement syndiquées, n’avaient pas fait grève en juin ; les premières grèves apparaissent dans le bâtiment, début juillet [4]. Dans le Loiret, on note de même une vague de grèves dans les petites entreprises fin juin [5]. Dans le Finistère, les premières grèves, essentiellement brestoises, étaient survenues immédiatement après les accords Matignon. De nouvelles éclatent dans le reste du département à la fin juin et à la mi-juillet, et notamment dans le bâtiment [6]. Près du Havre, les Filatures et tissages de Graville repartent en grève le 25 juin et l’occupation se terminera le 14 août seulement [7]. Cette dernière vague de grèves n’a pas l’importance des deux précédentes, mais elle a beaucoup contribué à donner le sentiment que toute la France avait été touchée. De fait, on compte seulement trois départements exempts de grèves en mai-juillet 1936. Au total, les grèves ont concerné plus de 12 000 entreprises dont près de 9 000 ont été occupées [8]. Certes, elles n’ont affecté ni les chemins de fer ni les postes ni les services publics de l’État et des collectivités, mais, pour le secteur privé, leur ampleur est sans précédent. Comparées aux grandes grèves de 1906-1910 et de 1919-1920, elles ne frappent pas seulement par leur puissance, mais aussi par leur simultanéité dans le temps et plus encore par la forme nouvelle qu’elles ont prise, l’occupation des lieux de travail. C’est une véritable « explosion sociale qui est venue frapper le ministère Blum au moment même de sa formation » [9]. Des grèves venues d’en basPour rendre compte à la fois des modalités du mouvement – les occupations d’usine – et de sa concentration sur les semaines de formation du gouvernement Blum, une explication a été avancée dès juin 1936 : celle d’un complot communiste. Cette thèse ne mérite pas longue discussion [10]. D’une part, elle ne repose sur aucun élément de preuve, alors que nombre d’indications attestent la volonté précoce du P.C.F. de limiter le mouvement, puis de le faire cesser dans l’ordre. Chez Renault, où la grève a éclaté le 28 mai, la section communiste appelle à la reprise le 29 au prix d’un accord avec la direction jugé dérisoire par F. Lehideux, administrateur délégué de la Société, tandis que L’Humanité parle d’une « sortie dans l’enthousiasme » [11]. On a vu l’engagement de Thorez le 11 juin ; L’Humanité des jours suivants est sans équivoque. D’autre part, la thèse du complot communiste se heurte à deux invraisemblances majeures. La première est d’ordre stratégique : le P.C.F. était beaucoup trop docile aux injonctions du Komintern pour entreprendre de déstabiliser un pays dont la force, face à l’Allemagne hitlérienne, importait à la diplomatie stalinienne. La seconde est d’ordre tactique : s’il avait lancé les grèves, pourquoi le P.C.F. l’aurait-il fait dans l’industrie où il était relativement faible, et non dans les services publics où il était plus fort ? [12]. Il faut chercher ailleurs l’origine du mouvement. La responsabilité ne peut être imputée à l’extrême gauche : la C.G.T. syndicaliste révolutionnaire comme les trotskystes étaient beaucoup trop faibles pour avoir pu peser. Reste la C.G.T., à laquelle la réunification syndicale donne alors un dynamisme nouveau. Mais tous les témoignages la décrivent prise de court par le mouvement, comme le reconnaît lui-même son secrétaire général, Léon Jouhaux, le 15 juin : « le mouvement s’est déclenché sans qu’on sût exactement comment et où » [13]. En outre, les grèves correspondent ici moins encore que dans le cas du P.C.F. à des secteurs de forte implantation : les taux de syndicalisation sont particulièrement faibles dans les secteurs à fortes grèves, comme la métallurgie (4 %), le textile (5 %), les industries alimentaires (3 %), alors qu’ils sont de 22,44,36 et 35 % dans les chemins de fer, la poste, les services publics et l’enseignement où il n’y a pas de grève [14]. Le cas limite est les grands magasins, qui connaissent une grève particulièrement spectaculaire, alors qu’ils ne comptent pas de section syndicale, ni d’ailleurs de cellule communiste. Il est donc clair qu’aucune force politique ou syndicale nationale n’a voulu ces grèves. Elles sont venues d’en bas, de la base, et non du sommet, des états-majors. C’est pourquoi on peut les dire spontanées. Ce qu’il ne faudrait pas caricaturer en imaginant que les ouvriers auraient obéi à une sorte d’impulsion soudaine et irrationnelle. Dire que les grèves ont été spontanées, c’est souligner qu’elles ont répondu à des initiatives locales, mais ces initiatives ont été souvent prises par des militants, notamment des unitaires [15] qui, depuis parfois plusieurs années, se consacraient à créer les conditions d’un nouveau rapport de force dans l’entreprise [16]. C’est au cours de cette « préhistoire » des grèves (J. Jackson) que se sont noués les réseaux militants sur lesquels repose dans certaines grandes usines le succès de 1936. Chez Renault, la grève est partie, le 28 mai, des ateliers les mieux contrôlés par l’organisation communiste ; des responsables nationaux – Costes, Frachon, Hénaff – sont venus aussitôt la soutenir [17]. Et la toute première grève avec occupation, celle de Breguet au Havre, avait été soigneusement préparée par un militant communiste connu, Louis Eudier [18]. Comment des militants auraient-ils pu agir autrement ? La grève ne les a pas surpris : ils y travaillaient depuis longtemps et ils l’espéraient ; ils ont saisi l’occasion favorable créée par la victoire du Front populaire et l’espoir qu’elle a fait naître parmi les travailleurs. Mais le succès dépasse leur attente et atteste un climat nouveau. Conclure de telles initiatives militantes que le parti ou la C.G.T., à leur niveau central, auraient lancé la grève serait excessif : ces cas sont limités à quelques entreprises, bien moins nombreuses que celles qui se sont mises en grève par contagion, sans avoir même rédigé un cahier de revendications et où l’on aurait cherché en vain un syndiqué. Au vrai, il n’était au pouvoir d’aucune organisation de créer un climat aussi exceptionnel, où la grève et l’occupation semblaient s’imposer comme l’évidence de ce qu’il fallait faire. Le mouvement collectif qui emporte les entreprises dépasse les capacités des organisations. En témoignent les difficultés que celles-ci rencontrent pour le canaliser, l’apaiser et lui donner une issue satisfaisante.

éon Trotsky L’étape décisive

5 juin 1936

Le rythme des événements en France s’est brusquement accéléré. Auparavant, il fallait apprécier le caractère pré-révolutionnaire de la situation sur la base de l’analyse théorique et de divers symptômes politiques. Maintenant, les faits parlent d’eux-mêmes. On peut dire sans exagération qu’il n’y a dans toute la France que deux partis dont les chefs ne voient, ne comprennent ou ne veulent pas voir toute la profondeur de la crise révolutionnaire : les partis « socialiste » et « communiste », auxquels on peut ajouter, assurément les chefs syndicaux « indépendants ». Les masses ouvrières sont en train de créer, par leur action directe, une situation révolutionnaire. La bourgeoisie craint mortellement le développement des événements. Elle prend dans les coulisses, sous le nez du nouveau gouvernement, toutes les mesures nécessaires pour résister et se sauver, tromper de nouveau, écraser la classe ouvrière et préparer une sanglante revanche. Seuls les chefs « socialistes » et « communistes » continuent à bavarder sur le Front populaire comme si la lutte des classes n’avait pas déjà renversé leur méprisable château de cartes.

Blum déclare : « Le pays a donné un mandat au Front populaire, et nous ne pouvons sortir des cadres de ce mandat. » Blum, en réalité, trompe son propre parti et tente de tromper le prolétariat. Les staliniens qui se nomment toujours « communistes », l’aident dans cette tâche. En fait, socialistes et communistes utilisent tous les trucs, toutes les ficelles et les nœuds coulants de la mécanique électorale pour venir à bout des masses laborieuses dans l’intérêt de l’alliance avec le radicalisme bourgeois. L’essence politique de la crise s’exprime dans le fait que le peuple a la nausée des radicaux et de leur III° République. C’est ce fait que les fascistes tentent d’utiliser. Qu’ont fait socialistes et communistes ?

Ils se sont portés garants des radicaux devant le peuple, ils les ont présentés comme injustement calomniés, ils ont fait croire aux ouvriers et aux paysans que leur salut était dans un ministère Daladier. C’est à ce diapason que fut orchestrée toute leur campagne électorale. Comment les masses ont-elles répondu ? Elles ont donné aux communistes une énorme augmentation de voix et de mandats parce qu’ils figurent à l’extrême gauche. Les masses ne comprennent pas en effet tous les tournants des mercenaires de la diplomatie soviétique, car elles ne peuvent les vérifier dans leur propre expérience. Elles n’apprennent que dans l’action. Elles n’ont pas le temps d’acquérir des connaissances théoriques. Quand un million et demi d’électeurs donnent leurs voix aux communistes, la majorité dit à ces derniers : « Nous voulons que vous fassiez en France ce que les bolcheviks ont fait chez eux en octobre 1917. » Telle est la volonté réelle de la partie la plus active de la population, de celle qui est capable de lutter et d’assurer l’avenir de la France. Telle est la première leçon des élections.

Les socialistes ont sensiblement maintenu le nombre de leurs voix, malgré la scission de l’important groupe néo. Dans cette question aussi, les masses ont donné à leurs « chefs » une grande leçon. Les néos voulaient à tout prix le Cartel, c’est-à-dire la collaboration avec la bourgeoisie républicaine au nom du salut et de l’épanouissement de la « République ». C’est précisément sur cette ligne qu’ils se sont séparés des socialistes et se sont présentés contre eux aux élections. Or les électeurs leur ont tourné le dos, les néos se sont effondrés. Il y a deux ans, nous avions prédit que le développement politique futur tuerait d’abord les petits groupes qui gravitaient autour des radicaux. Dans le conflit entre les socialistes et les néos, les masses ont jugé et elles ont rejeté le groupe qui proposait le plus systématiquement et le plus résolument l’alliance avec la bourgeoisie. Telle est la seconde leçon des élections. Le parti socialiste n’est un parti ouvrier ni par sa politique, ni par sa composition sociale. C’est le parti des nouvelles classes moyennes, fonctionnaires, employés, etc., partiellement celui de la petite bourgeoisie et de l’aristocratie ouvrière. Une analyse sérieuse des statistiques électorales démontrerait sans aucun doute que les socialistes ont cédé aux communistes une fraction importante des voix des ouvriers et des paysans pauvres et qu’ils ont en échange reçu des radicaux celles de groupes importants des classes moyennes. Cela signifie que la petite bourgeoisie se déplace des radicaux vers la gauche- vers les socialistes et les communistes-tandis que des groupes de la grande et moyenne bourgeoisie se séparent des radicaux pour aller plus à droite. Le regroupement est en train de s’opérer selon les axes des classes, et non suivant la ligne artificielle du « Front populaire ». La rapidité de la polarisation des rapports politiques souligne, le caractère révolutionnaire de la crise. Telle est la troisième leçon, la leçon fondamentale.

L’électeur a par conséquent manifesté sa volonté-autant qu’il a eu la possibilité de la manifester dans la camisole de force du parlementarisme-non pas pour la politique du Front populaire, mais contre elle. Au second tour, certes, en retirant leurs candidatures en faveur de bourgeois radicaux, socialistes et communistes ont plus profondément encore altéré la volonté politique des travailleurs de France. Malgré cela, les radicaux sortent des élections les côtes rompues, ayant perdu un bon tiers de leurs sièges. Le Temps dit : « C’est parce qu’ils sont entrés dans un bloc avec les révolutionnaires. » Daladier réplique : « Sans le Front populaire, nous aurions perdu plus. » Daladier a incontestablement raison. Si socialistes et communistes avaient mené une politique de classe, c’est-à-dire s’ils avaient lutté pour l’alliance des ouvriers et des éléments semi-prolétariens de la ville et du village contre la bourgeoisie dans son ensemble, y compris son aile radicale pourrie, ils auraient eu infiniment plus de voix, et les radicaux ne seraient revenus à la Chambre qu’en nombre insignifiant.

Tous les faits politiques démontrent que, ni dans les rapports sociaux en France, ni dans l’état d’esprit des masses, il n’y a d’appui pour le Front populaire. Cette politique est imposée par en haut : par la bourgeoisie radicale, par les maquignons et les affairistes socialistes, par les diplomates soviétiques et leurs laquais « communistes ». De toutes leurs forces réunies, ils font tout ce que l’on peut faire, à l’aide du plus malhonnête des systèmes électoraux, pour tromper et pour abuser politiquement les masses populaires, pour altérer leur volonté réelle. Même dans ces conditions, les masses ont su montrer qu’elles veulent, non une coalition avec les radicaux, mais rassemblement des travailleurs contre toute la bourgeoisie.

Si des candidatures ouvrières révolutionnaires avaient été présentées au second tour dans toutes les circonscriptions où socialistes et communistes se sont désistés pour des radicaux, elles auraient recueilli un grand nombre de voix. Malheureusement, il ne s’est pas trouvé d’organisation capable d’une telle initiative. Cela montre que les groupes révolutionnaires centraux demeurent en dehors de la dynamique des événements et préfèrent s’abstenir et s’esquiver là où il faudrait agir. C’est triste ! Mais l’orientation générale des masses est malgré tout parfaitement claire.

Socialistes et communistes avaient travaillé de toutes leurs forces à préparer un gouvernement Herriot ; à la rigueur, un gouvernement Blum. N’est-ce pas un vote direct contre la politique du Front populaire ?

Peut-être faut-il encore des preuves supplémentaires ? La manifestation à la mémoire des Communards a, semble-t-il, dépassé cette année toutes les manifestations populaires qu’avait jamais vues Paris auparavant. Les radicaux n’avaient et ne pouvaient avoir le moindre rapport avec cette manifestation. Les masses laborieuses de Paris, avec un sûr instinct politique, ont montré qu’elles sont prêtes à être deux fois plus nombreuses 1à où elles ne sont pas obligées de subir la fraternisation qui leur répugne entre leurs chefs et les exploiteurs bourgeois. La puissance de la manifestation du 24 mai est le désaveu le plus convaincant et le plus indiscutable du Paris ouvrier à la politique du Front populaire.

Mais, dira-t-on, sans le Front populaire, la Chambre dans laquelle socialistes et communistes n’ont malgré tout pas la majorité, ne serait pas gouvernable, et les radicaux-catastrophe !-seraient rejetés « dans les bras de la réaction ». Raisonnement bien digne des philistins poltrons qui se trouvent à la tête des partis socialiste et communiste. Le fait que la Chambre ne soit pas gouvernable est précisément la conséquence inévitable du caractère révolutionnaire de la crise. On a réussi à le dissimuler par toute une série de fourberies politiques, mais demain le révélera avec éclat. Afin de ne pas pousser les radicaux, réactionnaires jusqu’à la moelle de leurs os, il faut s’unir avec eux pour défendre le capital : c’est en cela et en cela seulement que réside la mission du Front populaire. Mais les ouvriers sauront l’empêcher.

La Chambre n’est pas gouvernable parce que la crise actuelle n’ouvre aucune issue parlementaire. Là aussi, les masses travailleuses françaises, avec le sûr instinct révolutionnaire qui les caractérise, ont, sans se tromper, saisi ce trait important de la situation. A Toulon et à Brest, elles ont, tiré les premiers signaux d’alarme. Les protestations des soldats contre le « rabiot »-la prolongation du service militaire- représentaient la forme d’action directe des masses la plus dangereuse pour l’ordre bourgeois. Dans les journées enfin où le congrès socialiste acceptait à l’unanimité-y compris le phraseur Marceau Pivert-le mandat du Front populaire, et le remettait à Léon Blum, dans les Journées où Blum se regardait de tous cotés dans la glace, faisait des gestes prégouvernementaux, poussait des exclamations prégouvernementales et les commentait dans des articles où il s’agissait toujours de Blum et jamais du prolétariat, précisément dans ces journées, une vague magnifique, véritablement printanière, de grèves a déferlé sur la France. Ne trouvant pas de direction, marchant de l’avant sans direction, les ouvriers, avec hardiesse et assurance, ont occupé les usines après avoir arrêté le travail.

Le nouveau gendarme du capital, Salengro [1] , a déclaré, avant même d’avoir pris le pouvoir, absolument comme l’aurait fait Herriot, ou Laval, Tardieu ou La Rocque, qu’il défendrait « l’ordre contre l’anarchie ». Cet individu appelle ordre l’anarchie capitaliste et anarchie la lutte pour l’ordre socialiste. L’occupation, bien qu’encore pacifique, des fabriques et des usines par les ouvriers a, en tant que symptôme, une énorme importance. Les travailleurs disent : « Nous voulons être les maîtres dans les établissements où nous n’avons jusqu’à maintenant été que des esclaves. »

Lui-même mortellement effrayé, Léon Blum veut faire peur aux ouvriers et leur dit : « Je ne suis pas Kerensky ; et, en France, après Kerensky, ce n’est pas Lénine qui viendrait, mais quelqu’un d’autre. » On peut supposer, bien sûr, que le Kerensky de Russie avait compris la politique de Lénine ou qu’il avait prévu sa venue au pouvoir. En fait, exactement comme Blum, Kerensky essayait de faire croire aux ouvriers qu’au cas où il serait renversé, ce ne serait pas le bolchevisme qui viendrait au pouvoir, mais « quelqu’un d’autre ». Et précisément, là où Blum cherche à se distinguer de Kerensky, il l’imite servilement. Il est impossible, pourtant, de ne pas reconnaître que dans la mesure où l’affaire dépend de Blum, c’est au fascisme qu’il fraye en réalité la voie, non au prolétariat.

Plus criminelle et plus infâme que tout est, dans cette situation, la conduite des communistes : ils ont promis de soutenir à fond le gouvernement Blum sans y entrer. « Nous sommes de trop terribles révolutionnaires, disent Cachin et Thorez ; nos collègues radicaux pourraient en mourir d’effroi, il vaut mieux que nous nous tenions à l’écart. » Le ministérialisme dans les coulisses est dix fois pire que le ministérialisme ouvert et déclaré. En fait, les communistes veulent conserver leur indépendance extérieure pour pouvoir d’autant mieux assujettir les masses ouvrières au Front populaire, c’est-à-dire à la discipline du capital . Mais, là aussi, la lutte des classes fait obstacle. La simple et honnête grève de masse détruit impitoyablement la mystique et la mystification du front populaire. Le coup qu’il a reçu est mortel, il est dès maintenant condamné.

Il n’existe aucune issue sur la voie parlementaire. Blum ne peut inventer la poudre car il la craint trop. Les machinations à venir du Front populaire ne peuvent que prolonger l’agonie du parlementarisme et donner à La Rocque un délai pour se préparer à un nouveau coup, plus sérieux… si les révolutionnaires ne le devancent pas.

Après le 6 février 1934, quelques camarades impatients pensaient que le dénouement allait venir « demain », et que pour cette raison il fallait immédiatement faire quelque miracle. Une telle « politique » ne pouvait rien donner, sinon des aventures et des zigzags qui ont extraordinairement entravé le développement du parti révolutionnaire. On ne peut pas rattraper le temps perdu. Mais il ne faut plus désormais perdre de temps, car il en reste peu. Même aujourd’hui, nous ne fixerons pas de délai. Mais, après la grande vague de grèves, les événements ne peuvent se développer que vers la révolution ou vers le fascisme. L’organisation qui ne trouvera pas appui dans le mouvement gréviste actuel, qui ne saura pas se lier étroitement aux ouvriers en lutte, est indigne du nom d’organisation révolutionnaire. Ses membres feraient mieux de se chercher une place dans les hospices ou dans les loges maçonniques-avec la protection de M. Pivert !

En France, il existe d’assez nombreux messieurs des deux sexes, ex-communistes, ex-socialistes, ex-syndicalistes, qui vivent en groupes et en cliques, échangent entre quatre murs leurs impressions sur les événements et pensent que le moment n’est pas venu de leur participation éclairée « Il est encore trop tôt. » Quand viendra La Rocque, ils diront : « Il est maintenant trop tard. » Des raisonneurs stériles de ce genre sont nombreux en particulier dans l’aile gauche du syndicat des instituteurs [2] . Ce serait le plus grand crime de perdre pour ce public ne fût-ce qu’une minute. Que les morts enterrent les morts !

Le sort de la France ne se décide maintenant ni au Parlement, ni dans les salles de rédaction des journaux conciliateurs, réformistes et staliniens, ni dans les cercles de sceptiques, de geignards et de phraseurs. Le sort de la France se décide dans les usines qui ont su, par l’action, montrer la voie, l’issue de l’anarchie capitaliste vers l’ordre socialiste. La place des révolutionnaires est dans les usines !

Le dernier congrès de l’Internationale communiste, dans sa cuisine éclectique, a juxtaposé la coalition avec les radicaux et la création de comités d’action de masse, c’est-à-dire de soviets embryonnaires. Dimitrov et ses inspirateurs s’imaginent qu’on peut combiner collaboration et lutte des classes, bloc avec la bourgeoisie et lutte pour le pouvoir du prolétariat, amitié avec Daladier et construction des soviets. Les staliniens français ont baptisé les comités d’action « comités de Front populaire », s’imaginant qu’ils conciliaient ainsi la lutte révolutionnaire avec la défense de la démocratie bourgeoise. Les grèves actuelles sont en train de mettre en pièces cette pitoyable illusion. Les radicaux ont peur des comités. Les socialistes ont peur de la peur des radicaux. Les communistes ont peur de la peur des uns et des autres. Le mot d’ordre des comités ne peut être abordé que par une véritable organisation révolutionnaire, absolument dévouée aux masses, à leur cause, à leur lutte. Les ouvriers français viennent de montrer de nouveau qu’ils sont dignes de leur réputation historique. Il faut leur faire confiance. Les soviets sont toujours nés des grèves. La grève de masse est l’élément naturel de la révolution prolétarienne. Les comités d’action ne peuvent actuellement rien faire d’autre que les comités de grévistes qui occupent les entreprises. D’atelier en atelier, d’usine en usine, de quartier en quartier, de ville en ville, les comités d’action doivent établir entre eux une liaison étroite, se réunir en conférences par villes, par branches de production, par arrondissements, afin de couronner le tout par un congrès de tous les comités d’action de France [3]. C’est cela qui sera le nouvel ordre, celui qui doit remplacer l’anarchie actuelle.

 

Notes [1] Roger Salengro, député-maire de Lille, était ministre de l’Intérieur désigné.

[2] La Fédération unitaire de l’enseignement était devenue minorité révolutionnaire du SNI dans la CGT.

[3] Le 8 juin, à l’usine Hotchkiss de Levallois, se tint une assemblée, convoquée par le comité de grève de l’usine, à laquelle participèrent les délégués de trente-trois usines des environs. L’assemblée vota une résolution demandant l’élection sur les mêmes bases d’un comité central de grève. Danos et Gibelin voient à juste titre dans cette initiative une « tentative de type soviétique ». Au même moment, dans Que faire ? organe de l’opposition dans le PC, Pierre Lenoir (Kagan) écrivait : « Les comités de grève et les délégués d’usine, ce sont les germes des organisations soviétiques ».

Léon Trotsky La révolution française a commencé

9 juin 1936

Jamais la radio n’a été aussi précieuse que ces derniers jours. Elle donne la possibilité de suivre d’un lointain village de Norvège les battements du pouls de la révolution française. Il serait d’ailleurs plus exact de dire le reflet de ces battements dans la conscience et dans la voix de messieurs les ministres, les secrétaires syndicaux et autres chefs mortellement effrayés.

Les mots de « révolution française » peuvent paraître exagérés. Mais non ! Ce n’est pas une exagération. C’est précisément ainsi que naît la révolution. En général, même, elle ne peut pas naître autrement. La révolution française a commencé.

Léon Jouhaux, à la suite de Léon Blum, assure à la bourgeoisie qu’il s’agit d’un mouvement purement économique, dans les cadres stricts de la loi. Sans doute les ouvriers sont-ils pendant la grève les maîtres des usines et établissent-ils leur contrôle sur la propriété et son administration. Mais on peut fermer les yeux sur ce regrettable « détail ». Dans l’ensemble, ce sont « des grèves économiques, et non politiques », affirment messieurs les chefs. C’est pourtant sous l’effet de ces grèves « non politiques » que toute la situation du pays est en train de changer radicalement. Le gouvernement décide d’agir avec une promptitude à laquelle il ne songeait pas la veille, puisque, selon Léon Blum, la force véritable sait être patiente ! Les capitalistes font preuve d’un esprit d’accommodement parfaitement inattendu. Toute la contre-révolution en attente se cache dans le dos de Blum et de Jouhaux [1] . Et ce miracle serait produit par… de simples grèves « corporatives » ? Que serait-ce si les grèves avaient eu un caractère politique ?

Mais non, les chefs énoncent une contre-vérité. La corporation embrasse les ouvriers d’une même profession, les distinguant et les séparant des autres. Le trade-unionisme et le syndicalisme réactionnaire font tous leurs efforts pour maintenir le mouvement ouvrier dans des cadres corporatifs. C’est là la base de la dictature de fait que la bureaucratie syndicale exerce sur la classe ouvrière-la pire de toutes !-avec la dépendance servile de la clique Jouhaux-Racamond à l’égard de l’Etat capitaliste. L’essence du mouvement actuel réside précisément dans le fait qu’il brise les cadres corporatifs, professionnels ou locaux, en élevant au-dessus d’eux les revendications, les espoirs, la volonté de tout le prolétariat. Le mouvement prend le caractère d’une épidémie. La contagion s’étend d’usine en usine, de corporation en corporation, de quartier en quartier. Toutes les couches de la classe ouvrière se répondent, pour ainsi dire, l’une à l’autre. Les métallurgistes ont commencé : ils sont l’avant-garde. Mais la force du mouvement réside dans le fait qu’à peu de distance de l’avant-garde suivent les lourdes réserves de la classe, y compris les professions les plus diverses, puis son arrière-garde, que d’ordinaire messieurs les chefs parlementaires et syndicaux oublient complètement. Ce n’est pas pour rien si le Peuple reconnaissait ouvertement que l’existence de plusieurs catégories particulièrement mal payées de la population parisienne avait été pour lui une révélation « inattendue »… Or, c’est précisément dans les profondeurs de ces couches les plus exploitées que se cachent d’intarissables sources d’enthousiasme, de dévouement, de courage. Le fait même qu’elles soient en train de s’éveiller est le signe infaillible d’un grand combat. Il faut à tout prix trouver accès à ces couches !

S’arrachant aux cadres corporatifs et locaux, le mouvement gréviste est devenu redoutable non seulement pour la société bourgeoise, mais aussi pour ses propres représentants parlementaires ou syndicaux, qui sont actuellement avant tout préoccupés de ne pas voir la réalité. Selon la légende, à la question de Louis XVI : « Mais c’est une révolte ? », un de ses courtisans répondit : « Non, sire, c’est une révolution. » Actuellement, à la question de la bourgeoisie, « C’est une révolte ? », ses courtisans répondent : « Non, ce ne sont que des grèves corporatives. » En rassurant les capitalistes, Blum et Jouhaux se rassurent eux-mêmes. Mais les paroles ne peuvent rien. Certes, au moment où ces lignes paraîtront, la première vague peut s’être apaisée. La vie rentrera apparemment dans son ancien lit. Mais cela ne change rien au fond. Ce qui s’est passé, ce ne sont pas des grèves corporatives, ce ne sont même pas des grèves. C’est la grève. C’est le rassemblement au grand jour des opprimés contre les oppresseurs, c’est le début classique de la révolution.

Toute l’expérience passée de la classe ouvrière, son histoire d’exploitation, de malheurs, de luttes, de défaites, revit sous le choc des événements et s’élève dans la conscience de chaque prolétaire, même du plus arriéré, le poussant dans les rangs communs. Toute la classe est entrée en mouvement. Il est impossible d’arrêter par des paroles cette masse gigantesque. La lutte doit aboutir, soit à la plus grande des victoires, soit au plus terrible des écrasements.

Le Temps a appelé la grève les « grandes manoeuvres de la révolution ». C’est infiniment plus sérieux que ce que disent Blum et Jouhaux. Mais la définition du Temps est aussi inexacte, car elle est, en un sens, exagérée. Des manoeuvres supposent l’existence d’un commandement, d’un état-major, d’un plan. Il n’y a rien eu de tel dans la grève. Les centres des organisations ouvrières, le parti communiste compris, ont été pris à l’improviste. Tous craignent avant tout que la grève ne dérange leurs plans. La radio transmet de Cachin cette phrase remarquable : « Nous sommes, les uns et les autres, devant le fait de la grève. » En d’autres termes, la grève est notre malheur commun. Par ces paroles le sénateur cherche à convaincre les capitalistes, en les inquiétant, qu’il leur faut faire des concessions s’ils ne veulent pas aggraver la situation. Les secrétaires parlementaires et syndicaux, qui s’adaptent à la grève avec l’intention de l’étouffer le plus tôt possible, sont en réalité en dehors de la grève, s’agitent en l’air, et ne savent pas eux-mêmes s’ils retomberont sur leurs pieds ou sur la tête. La masse qui vient de s’éveiller n’a pas encore d’état-major révolutionnaire.

Le véritable état-major est chez l’ennemi de classe, et il ne coïncide nullement avec le gouvernement Blum quoiqu’il s’en serve fort habilement. La réaction capitaliste joue actuellement un gros jeu, extrêmement risqué, mais elle le joue savamment. Elle joue en ce moment à qui perd gagne : « Cédons aujourd’hui à toutes ces désagréables revendications qui ont été approuvées en commun par Blum, Jouhaux et Daladier. De la reconnaissance du principe à la réalisation du fait, il y a encore beaucoup de chemin. Il y a la Chambre des députés, il y a le Sénat, il y a l’administration : ce sont d’excellentes machines d’obstruction. Les masses manifesteront de l’impatience et tenteront de serrer plus fort. Daladier se séparera de Blum. Thorez tentera de se détacher à gauche. Blum et Jouhaux se sépareront des masses. Alors, nous nous rattraperons, et avec usure, des concessions actuelles ». Ainsi raisonne le véritable état-major de la contre-révolution, les fameuses « deux cents familles » et leurs stratèges mercenaires. Elles agissent selon un plan, et ce serait une légèreté que de dire que leur plan n’a aucune base solide. Non, avec l’aide de Blum, de Jouhaux et de Cachin, la contre-révolution peut arriver au but.

Le fait que le mouvement des masses atteint, sous cette forme improvisée, des dimensions si grandioses et des conséquences politiques aussi gigantesques souligne on ne peut mieux le caractère profond, organique, véritablement révolutionnaire de la vague de grèves. C’est en cela que réside le gage de la durée du mouvement, de sa ténacité, de l’inéluctabilité d’une série de vagues nouvelles, toujours plus amples. Sans cela, la victoire ne serait pas possible. Mais rien de cela ne suffit pour vaincre. Contre l’état-major et le plan des « deux cents familles », il faut un état-major et un plan de la révolution prolétarienne. Ni l’un ni l’autre n’existent encore, mais ils peuvent être créés, car toutes les prémisses et tous les éléments d’une nouvelle cristallisation des masses sont là, sous nos yeux.

Le déclenchement de la grève est provoqué, dit-on, par les « espoirs » que suscite le gouvernement de Front populaire. Ce n’est là qu’un quart de la vérité, et même moins. S’il ne s’était agi que de pieux espoirs, les ouvriers n’auraient pas couru le risque de la lutte. Ce qui s’exprime avant tout dans la grève, c’est la méfiance ou tout au moins le manque de confiance des ouvriers, sinon dans la bonne volonté du gouvernement, du moins dans sa capacité à briser les obstacles et à venir à bout des tâches qui l’attendent. Les prolétaires veulent « aider » le gouvernement, mais à leur façon, à la façon prolétarienne. Assurément, ils n’ont pas encore pris conscience de leur force. Mais ce serait les caricaturer grossièrement que de présenter les choses comme si la masse n’était inspirée que par des « espoirs » en Blum. Il ne lui est certes pas facile de rassembler ses idées sous la tutelle des vieux chefs qui s’efforcent de la faire rentrer, le plus vite possible, dans la vieille ornière de l’esclavage et de la routine. Malgré tout, le prolétariat ne reprend pas l’histoire au commencement. La grève a toujours et partout fait apparaître à la surface les ouvriers les plus conscients et les plus hardis. C’est à eux qu’appartient l’initiative. Ils agissent encore prudemment, tâtant le terrain. Les détachements les plus avancés s’efforcent de ne pas se couper en avançant trop vite, de ne pas s’isoler. L’écho amical qui leur vient de l’arrière leur donne courage. L’écho que se font les unes aux autres les différentes fractions de la classe constitue comme un essai d’automobilisation. Le prolétariat lui-même a le plus grand besoin de cette manifestation de sa propre force. Les succès pratiques qu’il a obtenus, quelque incertains qu’ils soient en eux-mêmes, doivent élever de façon extraordinaire la confiance des masses en elles-mêmes, surtout dans leurs couches les plus arriérées et les plus opprimées.

La principale conquête de la première vague réside dans le fait que des chefs sont apparus dans les ateliers et les usines. Les éléments d’états-majors locaux et de quartier sont apparus. La masse les connaît. Ils se connaissent. Les véritables révolutionnaires chercheront la liaison avec eux. Ainsi la première automobilisation de la masse a marqué et en partie désigné les premiers éléments d’une direction révolutionnaire. La grève a secoué, ranimé, renouvelé dans son ensemble le gigantesque organisme de la classe. La vieille écaille organisationnelle est encore loin d’avoir disparu, et elle se maintient, au contraire, avec pas mal d’obstination. Mais, dessous, apparaît déjà une nouvelle peau.

Sur le rythme des événements qui vont sans doute s’accélérer, nous ne dirons rien maintenant. Seules sont possibles encore des suppositions et des conjectures. La seconde vague, son déclenchement, sa tension permettront sans aucun doute d’établir un pronostic plus concret qu’il n’est actuellement possible de le faire. Mais une chose est claire d’avance ; la seconde vague sera loin d’avoir le même caractère pacifique, presque débonnaire, printanier, que la première. Elle sera plus mûre, plus tenace et plus âpre, car elle sera provoquée par la déception des masses devant les résultats pratiques de la politique du Front populaire et de leur première offensive. Des fissures se produiront dans le gouvernement, comme au sein de la majorité à la Chambre. La contre-révolution prendra du coup de l’assurance et deviendra plus insolente. Il ne faut pas s’attendre à de nouveaux succès fragiles. Placée en face du danger de perdre ce qu’elle croyait avoir conquis, devant la résistance croissante de l’ennemi, devant la confusion et la débandade de la direction officielle, la masse sentira de façon brûlante la nécessité d’avoir un programme, une organisation, un plan, un état-major. C’est à cette situation qu’il faut se préparer et qu’il faut préparer les ouvriers avancés. Dans l’atmosphère de la révolution, la rééducation de la masse, la sélection et la trempe des cadres s’effectueront rapidement.

Un état-major révolutionnaire ne peut naître de combinaisons de sommets. L’organisation de combat ne coïnciderait pas avec le parti, même s’il existait en France un parti révolutionnaire de masse, car le mouvement est incomparablement plus large qu’un parti. L’organisation de combat ne peut pas non plus coïncider avec les syndicats, qui n’embrassent qu’une partie insignifiante de la classe et sont soumis à une bureaucratie archi-réactionnaire. La nouvelle organisation doit répondre à la nature du mouvement lui-même, refléter la masse en lutte, exprimer sa volonté la plus arrêtée. Il s’agit d’un gouvernement direct de la classe révolutionnaire. Il n’est pas besoin ici d’inventer des formes nouvelles : il y a des précédents historiques. Les ateliers et les usines élisent leurs députés, qui se réunissent pour élaborer en commun les plans de la lutte et pour la diriger. Il n’y a même pas à inventer de nom pour une telle organisation : ce sont les soviets de députés ouvriers.

Le gros des ouvriers révolutionnaires marche aujourd’hui derrière le Parti communiste. Plus d’une fois dans le passé, ils ont crié : « Les soviets partout ! », et la majorité a sans doute pris ce mot d’ordre au sérieux. Il fut un temps où nous pensions qu’il n’était pas opportun, mais, aujourd’hui, la situation ,a changé du tout au tout. Le puissant conflit des classes va vers son redoutable dénouement. Celui qui hésite et qui perd du temps est un traître. Il faut choisir entre la plus grande des victoires historiques et la plus terrible des défaites. Il faut préparer la victoire. « Les soviets partout ? » D’accord. Mais il est temps de passer des paroles aux actes [2].

Notes [1] Les dirigeants communistes ont eu la même attitude que Léon Blum et Léon Jouhaux. Monmousseaux dans les Cahiers du bolchevisme affirme : « Il ne s’agit pas pour les travailleurs de contester en fait le droit de propriété des entrepreneurs ».

[2] C’est en fait à cette époque que le mot d’ordre : « Les soviets partout ! » disparut à peu près totalement des réunions et manifestations communistes. Dans son rapport à la conférence mondiale de juillet 1936, Maurice Thorez, parlant des nouveaux adhérents, s’était écrié : « Ils pensent que notre mot d’ordre de propagande : « Les soviets partout ! » peut et doit être réalisé tout de suite. Ce n’est pas notre avis. » Quoique disparu des mots d’ordre officiels, le cri « Des Soviets partout ! » retentit cependant en certaines occasions : ainsi, s’il faut en croire la Lutte ouvrière, il jaillit fréquemment de la foule le 26 mars 1937, lors de la grandiose manifestation pour l’enterrement des victimes de la fusillade de Clichy.

Commentaires concernant : "Ligue Nationale des Patrons Boulangers" (2)

  1. Forthomme Alex a écrit:

    Bonjour, j’aurais une médaille à vous soumettre de la ligue Nationale mais n’apparaissant pas ci-dessus. Si ça vous intéresse contactez moi et je vous enverrai une photo Il me serait agréable d’obtenir également des informations J’aurais pu la joindre mais le site ne le permet pas
    Bien à vous Alex

    • Jean-Claude Thierry a écrit:

      Bonsoir,
      Merci de l’intérêt que vous portez à nos travaux,
      Pour votre message, je viens de vous répondre directement,
      Bien à vous
      Jean-Claude THIERRY

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