Les scissions 1/7 – Au XIXe siècle

Au cours des XIXe et XXe siècles de nombreux compagnonnages essaiment, se divisent. Celui des boulangers ne fait pas exception, Découvrons ces scissions, celles du XIXe siècles que j’ai répertoriées à ce jour .

Contrairement à d’autres corps d’état, la cause ne provient pas de révoltes d’aspirants estimant être mal traités :

Dans la première édition de son Livre du Compagnonnage, 1839, p. 85. Agricol Perdiguier écrit :

« On se demande quelquefois, pourquoi les compagnons du Devoir et leurs aspirants ont si souvent des scissions entre eux ? Je crois pouvoir résoudre la question. Pourquoi ?

Parce que les lois qui les régissent n’ont jamais été réformées, améliorées, parce que de nos jours, comme dans les temps féodaux, les Compagnons veulent faire de leurs aspirants ce que les anciens seigneurs faisaient de leurs serfs. Les serfs se sont révoltés, se sont affranchis, les aspirants se révoltent et s’affranchissent eux-mêmes.»

Les compagnons et aspirants boulangers sont eux solidaires, le but de tous étant la défense des intérêts de l’ouvrier boulanger face aux maîtres et aux placeurs, la devise « L’union fait la force » est maîtresse chez eux.

Ce sont d’autres causes qui provoquent ces scissions chez les compagnons boulangers, la principale étant la conception individuelle, puis collective, de la « fidélité au Devoir » et du « chemin du progrès », lors de changements de fonctionnement ou de raison d’être (placement, mutualité, formation, rite, etc.), tradition s’opposant au progrès et allant jusqu’à la rupture.

Nous rencontrons également des micro-scissions pouvant être provoquées lors d’un changement de Mère, une partie voulant rester chez chez l’ancienne Mère, l’autre rejoindre la nouvelle (Père et Mère étant souvent les agitateurs de ces scissions, le départ des compagnons entraînant une chute des revenus).

Ce travail de recherche laborieux donne un résultat d’une grande richesse nous rapprochant au plus près du fonctionnement de la société compagnonnique des boulangers mais aussi du rôle et des travaux des Premiers en ville et présidents nationaux.

 

LA RÉSURRECTION DES RENDURCIS, 1834

La première scission connue à ce jour est la renaissance à Bordeaux en 1834 des Sociétaires Boulangers de Bienfaisance à l’initiative d’un nommé Despas, Toulousain Va Sans Crainte, qui sera exclu à vie pour avoir recréé les « rendurcis » dans cette ville. (voir chapitre Les Compagnons boulangers du Devoir de Liberté).

En 1845, dans une ville non identifiée, un événement similaire eut lieu, ce qui, le 13 novembre, entraîna l’exclusion à vie par la Cayenne Blois-Fondation des compagnons boulangers Percheron la Couronne, Manceau l’Ami des Couleurs, Manceau Sans Chagrin, pour avoir « conspiré contre la société ».

 

L’UNION FRATERNELLE, BORDEAUX, 1851-1856

Fin 1851, à Bordeaux, une scission de cayenne eut lieu. Les scissionnaires formèrent une nouvelle société nommée « Compagnons Boulangers du Devoir, L’Union Fraternelle. »

La particularité de cette scission réside dans le fait que les compagnons boulangers itinérants, venant de différentes villes, étaient acceptés par les deux Cayennes de la ville de Bordeaux, puis continuaient leur Tour de France normalement, sans qu’il y ait de sanction envers ceux qui avaient fait halte chez les scissionnaires de L’Union Fraternelle.

Une décision du congrès de 1852 est-elle à l’origine de cette scission ? Un changement dans les rites de réception ? Ce qui expliquerait la couronne d’épines sur le cachet des scissionnaires et sur un catéchisme manuscrit de Tarbouriech, dit Languedoc la Clef du Devoir.

Les scissionnaires voulaient peut-être ainsi affirmer un attachement aux rites d’inspiration chrétienne à une période où les rites se « maçonnisaient » ? Peut-être…

Les seuls éléments que nous connaissons sont les efforts du compagnon boulanger Jean-Baptiste Entraygues, Limousin Bon Courage, pour obtenir une fusion des deux Cayennes, un retour à la normale.

Après plusieurs déplacements à Bordeaux et des rencontres avec les deux parties concernées, Limousin Bon Courage obtint la fusion en 1856.

Réceptions par les deux différentes cayennes

Voici une liste non exhaustive des compagnons boulangers reçus par les deux Cayennes de Bordeaux, liste constituée à partir d’informations extraites des différents registres de réceptions et de Marques secrètes (M.S.).

Union Fraternelle :
Noël 1851 :
Saint Blanca Paul, Toulousain l’Idole du Devoir. Lamarque, Landais la Clef des Cœurs 1.
Hommes en place pour cette réception :
P.E.V. : Berrué Antoine, Tourangeau la Fidélité, reçu à La Rochelle à la Toussaint 1841,
S.E.V. : Chenet François, Rennois Cœur Fidèle, reçu à La Rochelle à la Saint-Honoré 1848,
Rouleur : Carré Alexis, Manceau le Courageux, reçu à Rochefort à la Toussaint 1849.

Saint-Honoré 1852
Roquebert Denis, Toulousain le Courageux,
Delage Jean, Comtois la Tranquillité,
Lagrolet Jean, Agenais l’Enfant de la Victoire,
Sémartin Jean Marie, Bigourdan la Belle Prestance 2,
Laydet Baptiste, Bordelais la Tendresse.

Pâques 1853
Burgaut Auguste, Gascon le Discret,
Dulon Jean, Toulousain la Colonne du Devoir.

Assomption 1853 (Chez Auguste 3)
Rigodi, Périgord Bon Courage,
Gaillac Antoine, Agenais la Plaisance 4,
Dugues Jean, Bigourdan la Gaîté,
Roi Eugène, Tourangeau l’Ami du Devoir,
Espiau François, Gascon la Vivacité,
Masabiau Jean, Toulousain l’Ami des Cœurs,
Ponchon Jean Marie, Forézien l’Alliance.

Noël 1853
Soules Théodore, Bigourdan l’Appui du Devoir,
Duplante Étienne, Gascon la Bonne Conduite,
Ballaud Charles, Périgord l’Ami des Compagnons,
Gimont Jean, Bigourdan la Fermeté (M.S.).
(Pimaud Pierre selon le registre de réception de la cayenne de Saumur).
Hommes en place pour cette réception :
P.E.V. : Bigourdan le Bien Aimé, 14 ans de Lumière,
S.E.V. : Angoumois l’Amitié.

Pâques 1854.
Dussouchet Jean, Angoumois la Franchise (M.S.).
Hommes en place pour cette réception :
P.E.V. : Tourangeau la Fidélité,
S.E.V. : Rennois Cœur Fidèle,
Rouleur : Manceau le Courageux.

Assomption 1854
Laporte Jean, Gascon l’Inviolable,
Perri Bertrand, Gascon la Fermeté,
Thory Aubin, Montauban Cœur Sensible,
Nadeau Paul, Libourne la Fraternité,
Lecomte Louis, Vendôme l’Aimable.

Toussaint 1854 (Chez Auguste 5)
Desbarats Jacques, Gascon la Probité,
Laseigne Joseph, Périgord Bien Estimé.

Noël 1854
Clamain Jean Marie, Gascon la Fidélité,
Pérard Auguste, Bourguignon la Réjouissance,
Rouard Jean, Bourguignon la Fraternité,
Gourjeau Auguste, Béarnais la Fierté du Devoir,
Dubourg Severin, Agenais la Clef d’Or,
Labast Joseph, Gascon Bien Aimé,
Cosset Eugène, Vendéen l’Ami des Frères,
Baran Joseph, Toulousain Noble Cœur,
Brunet Louis, Toulousain la Soumission.

Pâques 1856
Liausu Achille, Bordelais la Fraternité (M.S.).
Hommes en place pour cette réception :
P.E.V. : Foulon Pierre Gabriel, Gâtinais le Bien Aimé, reçu à Rochefort à la Toussaint 1849.
S.E.V. : Escoffier Dominique, Avignonnais le Fier Décidé, exclu à vie le 15 septembre 1856 par la chambre de Blois pour vol de confiance et inconduite dans la ville, remis en activité.
Rouleur : Lamberc Joseph, Dauphiné Cœur Sincère, reçu à Marseille à l’Assomption 1842.

Saint-Honoré 1856
Chabrie Antoine, Agenais la Vertu (M.S.),
Hommes en place pour cette réception :
P.E.V. : Bigourdan Bien Aimé,
S.E.V. : Angoumois l’Amitié,
Rouleur : Gimont Jean, Bigourdan la Fermeté, reçu à L’Union Fraternelle à la Noël 1853.

  1. Condamné le 26 octobre 1873 à 5 ans d’exclusion et 15 francs d’amende « … pour avoir assisté à un banquet donné en l’honneur de la réception illégale, avoir applaudi et encouragé le désordre ».
  2. Père et Mère des compagnons boulangers de la cayenne de Paris d’octobre 1864 au 8 septembre 1873, au 13, rue Geoffroy l’Angevin, Quartier du Marais ; en juillet 1875, exclu à vie par la cayenne de Paris pour insultes envers la société.
  3. Nom de l’établissement, Mère des compagnons boulangers de l’Union Fraternelle.
  4. Autorise, le 2 avril 1895, l’Union Compagnonnique à recevoir des compagnons boulangers du Devoir ; membre de la cayenne d’Agen, son épouse devient Mère des compagnons des Devoirs Unis. Il reçoit l’Écharpe blanche d’honneur de l’U.C. en 1903.
  5. Nom de l’établissement, Mère des compagnons boulangers de l’Union Fraternelle.

Cayenne « légale »
Toussaint 1852
Boisseau Pierre, Angoumois la Clef des Cœurs (M.S.),
Toujois Pierre, Bigourdan l’Espérance.
Hommes en place pour cette réception :
P.E.V. : Défait Henri, Manceau Plein d’Honneur, reçu à Tours à l’Assomption 1846,
S.E.V. : Geoffroy François, Vannois le Bienfaisant, reçu à Rochefort en 1846,
Rouleur à Saumur à la Noël 1852, P.E.V. à Nantes en 1860-1861.
Rouleur : Bezombes Édouard, Montauban l’Inviolable, reçu à Agen à la Toussaint 1846, condamné le 10 octobre 1851 par la cayenne de Blois à 6 mois d’exclusion et 20 francs d’amende et à passer 6 tours d’épreuves pour avoir refusé de partir après 3 années de résidence et pour avoir tenu des propos injurieux envers la société.

Pâques 1853
Sarrat François, Bigourdan l’Enfant Réjoui,
Jemeau Baptiste, Bigourdan la Tranquillité,
Roudière Chéri, Bordelais la Fermeté,
Latapio Jean Marie, Bigourdan l’Union des Cœurs, Saint Martin Bernard,
Bigourdan Bien Décidé
, Lemory Édouard, Quercy Noble Cœur (Autorise, le 9 mai 1895, l’Union Compagnonnique à recevoir des CC.B.D.D.)

Saint-Honoré 1853
Grammont Auguste, Gascon Cœur Zélé,
Pradier François, Périgord Cœur Joyeux,
Lacroix Jacques, Albigeois l’Ami du Tour de France,
Jeandrau Joseph, Bordelais Noble Cœur,
Piat Henry, Berry Laurier d’Amour,
Boucheron Prosper, Bourguignon la Belle Conduite,
Lote Baptiste, Toulousain Belle Union,
Gagny (Gayne) Bernard, Montauban Bon Accord,
Prat Jules, Albigeois Bon Soutien,
Galianne Jean-Pierre, Bigourdan Bon Espoir,
Gaudichaut François, Angoumois la Branche d’Or.
Hommes en place pour cette réception :
P.E.V. : Dupont Jacques, Languedoc la Constance, reçu à Nîmes à la Noël 1850,
S.E.V. : Lebon François Michel Joseph, Rennois la Sagesse, reçu à La Rochelle à l’Assomption 1850,
Rouleur : Ribergene Célestin, Périgord Laurier d’Amour, reçu à Angers à Pâques 1849.

Assomption 1853
Pivauteau Germain, Gâtinais la Couronne,
Dugas Jules, Nantais Va Sans Crainte,
Corme Germain, Périgord la Fidélité,
Carreau Julien, Vannois la Belle Conduite,
Flouret Jean, Bordelais la Pensée,
Semarin Alide, Bordelais Bienfaisant,
Gourdon Victor, Angevin Bon Courage (M.S.).
Hommes en place pour cette réception :
P.E.V. : Foulon Pierre Gabriel, Gâtinais le Bien Aimé, reçu à Rochefort à la Toussaint 1849.
S.E.V. : Escoffier Dominique, Avignonnais le Fier Décidé, qui est
S.E.V. de l’Union Fraternelle à Pâques 1856.
Rouleur : Boulot Jacques, Blois la Sagesse, reçu à Lyon à l’Assomption 1844.

Noël 1853
Dedieu François, Toulousain la Justice (M.S.).
Hommes en place pour cette réception :
P.E.V. : Fagan André, Comtois l’Assurance du Devoir, reçu à Toulouse à la Saint-Honoré 1850,
S.E.V. : Lebon François Michel Joseph, Rennois la Sagesse, reçu à La Rochelle à l’Assomption 1850.
Rouleur : Boris Jean, Gascon Cœur Sensible, reçu à Bordeaux à l’Assomption 1841.

Toussaint 1854 « Saint-Aignan »
Garrand Léon, Marmande le Soutien de l’Honneur,
Tenet Jean, Bigourdan Franc-Cœur.
Dangas Jean, Montauban Franc-Cœur,
Abadi Fabien, Béarnais la Fidélité,
Vedel Jean, Bigourdan Bon Exemple,
Cedel Thomas, Bigourdan le Bienfaisant,
Gérard André, Berry Bon Cœur.

Réception, appartenance non définie.
Toussaint 1853
Laborie Henry, Béarnais la Gaîté,
Luzie Charles, Agenais l’Enfant Chéri,
Normand Henri, Angoumois le Secret du Devoir,
Vidal Joseph, Agenais la Clef du Devoir,
Clamens Victor, Gascon Franc-Cœur,
Estugavie Jean, Bigourdan le Rapide,
Duc Mimo Jean, Périgord Cœur Sensible,
Oustain Jacques, Montauban Fidèle Courageux,
Triplon Pierre, Angoumois la Pensée,
Maneville Antoine, Libourne l’Aimable Conduite,
Mesplier Bernard, Agenais la Douceur,,
Sire Alexandre, Gâtinais la Vivacité,
Frères Baptiste, Landais l’Assurance du Devoir.

Pâques 1855
Réole Louis, Limousin l’Espérance,
Paucelot Laurent, Angevin l’Humanité,
Bivalan Mathieu, Vannois le Fidèle au Devoir.

Toussaint 1855
Bardou Auguste, Albigeois la Franchise,
Dupuis Laurent, Bordelais l’Humanité.

À l’analyse de ces dates, nous constatons l’absence d’enregistrement de plusieurs dates de réception à l’Union Fraternelle :
Pâques 1852, Assomption 1852, Toussaint 1852, Noël 1852, Saint-Honoré 1853, Toussaint 1853, Saint-Honoré 1854, et toutes les fêtes de l’année 1855.

Par la présence de Marques secrètes dans les archives des compagnons boulangers pâtissiers du Devoir de la ville de Bordeaux, où est apposé le cachet de l’Union Fraternelle, nous savons que des réceptions de cette période ne furent pas enregistrées. C’est le cas pour celles de Noël 1851, de Pâques 1854, de Pâques 1856 et de la Saint-Honoré 1856. Cette société fut donc très active et probablement aussi importante que la cayenne opposée.

Des sanctions sont prises en 1854 par la Cayenne Blois-Fondation à l’égard de certains compagnons.
Sont exclus à vie « pour avoir soutenu la désunion dans la ville de Bordeaux et ne pas s’être rendus chez la nouvelle Mère » :
Bergoun Numa, Bordelais la Réjouissance, reçu à Paris à l’Assomption 1838,
Drets Jean, Gascon l’Aimable Courageux, reçu à Bordeaux à la Saint-Honoré 1849, P.E.V. de Bordeaux en octobre 1856.
Jean Pierre Jean-Baptiste, Gascon l’Aimable, reçu à Bordeaux à la Toussaint 1841, rouleur, a participé à la réception de Bordeaux à la Saint-Honoré et à Pâques 1853 des « restés fidèles ». Ce compagnon a peut-être adhéré à l’Union Fraternelle après 1853, étant donné que, malgré son activité en 1853 au sein de la section « restée fidèle », il a été sanctionné,
Rouquette Louis, Bigourdan le Bien Aimé, reçu à l’Assomption 1844, S.E.V. pour la réception de Bordeaux à Pâques 1853 de la cayenne légale, P.E.V. pour celle de Saint-Honoré 1853 de la cayenne légale, ou Bigourdan le Bien Aimé, reçu en 1839, S.E.V. à Pâques 1853, P.E.V. à Noël 1853 et à la Saint-Honoré 1856 à l’Union Fraternelle,
Bagnères Dominique, Bigourdan la Fierté du Devoir, reçu à Bordeaux à l’Assomption 1844,
Samazeuil, Marmande le Décidé.

Sont exclus « à 10 ans et 20 francs d’amende pour ne pas s’être rendus chez la nouvelle Mère reconnue, après avoir été commandés par le délégué de la Fondation » :
Montauban la Belle Conduite (nous connaissons un Montauban la Belle Conduite reçu à Rochefort à Noël 1825),
Mail Dominique, Bigourdan la Réjouissance, reçu à Bordeaux à l’Assomption 1846,
Thory Aubin, Montauban Cœur Sensible, reçu à Bordeaux (U.F.) à l’Assomption 1854,
Périgord la Plaisance.
Desbarats Jacques, Gascon la Probité, reçu à Bordeaux (U.F.) à la Toussaint 1854,
Labast Joseph, Gascon le Bien Aimé, reçu à Bordeaux (U.F.) à la Toussaint 1854,
Gourjeau Auguste, Béarnais la Fierté du Devoir, reçu à Bordeaux (U.F.) à la Noël 1854,
Lecomte Louis, Vendôme l’Aimable, reçu à Bordeaux (U.F.) à l’Assomption 1854,
Bouju Auguste, Vendéen la Réunion des Cœurs, reçu à La Rochelle à Pâques 1853,
Jeandrau Joseph, Bordelais Noble Cœur, reçu à Bordeaux à la Saint-Honoré 1853,
Gimont Jean, Bigourdan la Fermeté, reçu à Bordeaux (U.F.) à la Noël 1853.

Nous retrouverons les compagnons de l’Union Fraternelle, vingt ans plus tard dans l’affaire Campagne, micro-scission de Bordeaux en 1872 :
Lamargue, Landais la Clef des Cœurs,
Drets Jean, Gascon l’Aimable Courageux,
Numa Bergoun, Bordelais la Réjouissance,
Samazeuil, Marmande le Décidé,
Liausu Achille, Bordelais la Fraternité, reçu à l’Union Fraternelle à Pâques 1856, P.E.V. de Bordeaux en 1871/1874. Exclu à vie par la Cayenne de Bordeaux le 30 juillet 1886 pour avoir fondé une société du Devoir de Liberté.

 

SOCIÉTÉ DES BRAS NEUFS, 1866 À ANGOULÊME

Nous possédons à ce jour un seul élément au sujet de cette société, une exclusion à vie relevée dans les registres des punitions de Cayenne. Il s’agit d’Edmond Rinvendeau, dit Vendéen Plein d’Honneur, exclu à vie en 1866 par la Cayenne d’Angoulême pour avoir fondé une société dite des Bras Neufs.
Edmond Rinvendeau né en 1842 à Fontenay-le-Comte, a été reçu compagnon boulanger du Devoir à Tours à la Toussaint 1861.
Nous ne pouvons pas appeler ce fait véritablement une scission, puisque cela ne concerne apparemment qu’un seul et unique compagnon du Devoir, mais il mérite d’être cité.

 

SCISSIONS DEVANT LES TRIBUNAUX, BORDEAUX, 1872

Pour un motif à ce jour inconnu, une poignée de compagnons de la Cayenne de Bordeaux est exclue de la société. À la suite de ces sanctions qu’ils trouvent injustes, ces compagnons décident avec l’aide de quelques autres et des époux Campagne, Père et Mère de la société, de retirer de la Cayenne toutes les archives, documents et autres objets appartenant à la société qui les a sanctionnés. Ils décident de former une autre société qu’ils estiment tout à fait légale, estimant que les sanctions prises contre eux par les autres compagnons sont illégales.

Afin de légitimer leur société, ils organisent une réception reconnue comme illicite par le premier groupement.
Mais nos nouveaux compagnons boulangers ne s’attendaient pas à un recours en justice. Et les sanctions tombent.
Cette micro-scission a peut-être été influencée par des compagnons boulangers des Anciens Devoirs Réunis.

PRISE DES ARCHIVES DE BLOIS-FONDATION, BLOIS, 1880

Trois compagnons boulangers, Joseph Batesse, Dauphiné l’Amour du Devoir, Goirard André, Manceau le Soutien des Couleurs, et Henri Noé, Blois la Clef des Cœurs, sont exclus à vie le 4 juin 1881 par la Cayenne Blois-Fondation « pour déficit à la caisse et pour avoir emporté des Pièces compagnonniques ».

Après ces événements, ces trois compagnons pénètrent dans la Cayenne de Blois-Fondation et y retirent toutes les archives compagnonniques, puis « se présentent à la Chambre de Tours, porteurs de la malle de réception de la ville de Blois, de la constitution de la Chambre, des cartes de remerciements, de voyages, des levés d’acquit, et autres attributs compagnonniques ».

Là encore je n’ai pu découvrir davantage sur cet événement, mais nous pouvons remarquer que ces compagnons ne manquaient pas d’initiative.

 

RENAISSANCE DU DEVOIR DE LIBERTÉ, BORDEAUX, 1886

Marque Secrète d’Achille Liausu, Bordelais la Fraternité, exclu à vie à Bordeaux le 30 juillet 1886 pour avoir fondé une société du Devoir de Liberté avec l’aide de Bordelais Prêt à Bien Faire et de Bigourdan Prêt à Bien Faire.

Le 30 juillet 1886 à Bordeaux, Achille Liausu, Bordelais la Fraternité, est exclu à vie pour avoir fondé une Société du Devoir de Liberté avec l’aide de Raymond Roques, Bordelais Prêt à Bien Faire et de Bigourdan Prêt à Bien Faire.

Trois autres compères, Jean Roques, Bordelais l’Appui du Devoir, Jean Benguet, Gascon le Triomphant et Bernard Lafourcade, Bordelais la Fermeté, seront condamnés à la même sanction.

Le siège de cette société de boulangers du Devoir de Liberté est un restaurant dont Liausu est propriétaire.

Cette fondation du Devoir de Liberté est certainement en rapport avec le départ des compagnons boulangers du Devoir de son établissement, qui rejoignent, eux, le 7, rue des Facultés.

 

COMPAGNONS PASSANTS DU DEVOIR BOULANGER, ROCHEFORT, 1889

En septembre 1889, Jean Asmir Depenne, Agenais la Résistance (reçu à Orléans à la Toussaint 1880), organise une nouvelle société avec une nouvelle Mère.

Cette société devait prendre le nom de Compagnons Passants du Devoir boulanger, elle avorta, et aucune réception n’eut lieu. Cela coûta à son fondateur son exclusion à vie prononcée par la cayenne de Rochefort le 20 octobre 1899.

 

L’UNION COMPAGNONNIQUE DES DEVOIRS UNIS, 1895

En 1895, les cayennes de Toulon, de Toulouse, de Marseille, d’une partie de Nantes, et d’autres villes adhèrent à l’Union Compagnonnique des Devoirs Unis, elles quittaient ainsi la « souche » du Devoir.

Ce thème étant très important par son contenu, il fait l’objet d’un chapitre qui lui est consacré tout particulièrement : L’Union Compagnonnique.

 

Extrait du livre « Le pain des Compagnons » L’histoires des compagnons boulangers et pâtissiers

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

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