Les noms compagnonniques 1/5

L’ORIGINE DES NOMS DE FAMILLE, SURNOMS ET SOBRIQUETS

Du sobriquet au nom de famille

Selon le dictionnaire Larousse de la généalogie, les patronymes ont fait leur apparition en Europe de l’Ouest au Xe siècle pour se généraliser au XIIe. Auparavant, à l’époque gallo-romaine, chaque individu portait trois noms, tandis que chez les envahisseurs germaniques on n’avait qu’un seul nom, souvent guerrier et élogieux.

Avec l’implantation du christianisme à partir du IIIe siècle, on donne aux nouveaux convertis un nom de baptême unique. Celui-ci peut être d’inspiration chrétienne, germanique, latine ou même grecque, peu importe. Il doit surtout être nouveau afin de souligner la rupture avec son passé païen.

Au Xe siècle, on commence à ajouter des surnoms à ces noms uniques. En effet, comme les familles sont souvent très nombreuses, il faut pouvoir différencier les enfants quand ils habitent dans un même village. C’est pourquoi on leur donne des surnoms qui progressivement vont se fixer au XIIe siècle et deviendront nos noms de famille.

Ces surnoms se divisent en six catégories :

Première catégorie, la plus fréquente, le nom de baptême unique dont nous avons déjà parlé : Marie, Joseph, Thomas ou autres.

Deuxième catégorie, les noms liés à l’origine géographique de la famille : Picard, Bourguignon ou Lebreton.

Troisième catégorie, les noms liés à l’environnement : Dupont (habitant près du pont ou sur le pont, comme cela se faisait au Moyen Âge), Deschamps (habitant au milieu ou à proximité des champs), Dufour (habitant à proximité du four communal), Dumoulin (peut- être le meunier ou habitant à proximité du moulin), et autres Desbois… Dénomination que nous trouvons aussi dans la culture nipponne (grande rizière, chemin de la rizière, la montagne, grande rivière, etc.).

Quatrième catégorie, les noms représentant un métier : Boulanger, Meunier, Berger, Charpentier, Maçon.

Cinquième catégorie, les noms correspondant à un lien de parenté : Cousin, Legendre, Beaufrères.

Sixième catégorie, les sobriquets traduisant soit une caractéristique physique : Leroux, Legros, Legras, Lefort, Lebeau, Leblanc, Lenain, Legrand, Lesourd, Leborgne ; soit un trait de caractère : Courtois, Gaillard ou Gentil.

Nous portons donc tous, les sobriquets que portaient nos ancêtres vers le XIIe siècle.

Quand on étudie les patronymes, quelque chose de médiéval nous parvient d’ailleurs, dans la simplicité et l’esprit moqueur, railleur, qui peut paraître injurieux de nos jours, je pense à des noms comme Putain, Bastard.

Il y a aussi les noms qui semblent flatteurs comme Lepape, Lecomte, Leduc, mais qui sont en fait des plaisanteries sur la fausse importance que se donnaient les porteurs à l’origine.

En 1539, François Ier, par l’ordonnance de Villers-Cotterêts, met en place l’état-civil, comprenez les registres de baptêmes, car ce sont les prêtres qui en sont chargé en rendant obligatoire la transmission du nom du père à tous ses enfants.

En 1563, Le Concile de Trente oblige les curés négligents à tenir ces registres, d’autant qu’il convient de traquer la consanguinité. À partir de ce moment-là, les surnoms deviennent héréditaires et le surnom devient patronyme.

Rois des Francs, de France et d’ailleurs

Les surnoms sont également utilisés pour les « grands » de ce monde, généralement attribués par le peuple, majoritairement élogieux, et quelques fois moqueurs.

Voici quelques exemples : Clodion le Chevelu, Clovis II le Fainéant, Charles dit le Simple, Charles dit le Téméraire, Charles II dit le Chauve, Charles III dit le Gros, Charles V dit le Sage, Charles VI dit le Fou, Charles VII dit le Victorieux, Charles VIII dit l’Affable, Jean II dit le Bon, Jean dit le Posthume, Louis Ier dit le Pieux, Louis II dit le Jeune, Louis III dit l’Aveugle, Louis VII dit le Pieux, Louis X dit le Hutin, Louis XI dit le Prudent, Louis XIII dit le Juste, Louis XV dit le Bien-Aimé, Philippe III dit le Hardi, Philippe V dit le Long, Philippe VI dit le Bien Fortuné, Pierre le Vénérable, Robert II le Pieux, Ivan le Terrible….

Les laquais

Laurent Bastard me faisait remarquer, lors d’un échange à ce sujet, que nous observons sous l’Ancien Régime différentes pratiques communes aux laquais et aux compagnons, dont l’une est le port d’un surnom.

Molière, dans ses œuvres, baptise ses laquais de Brindavoine, Merluche, La Ramée, La Violette, Ragotin…

Nous trouvons aussi, comme dans l’infanterie à cette époque, la Fleur, l’Éveillé, et bien d’autres noms que nous trouvons également dans les compagnonnages du XVIIIe siècle.

Voici quelques exemples pris chez les Gavots : Le Penchant, la Trompette, l’Altère, la Fourchette, la Vérole, le Prend Tout, le Vieux et autres le Baudet.

Y a-t-il une différence entre ces noms de Gavots au XVIIIe siècle et ceux des laquais de Molière ?

Dans la marine

Nous trouvons dans l’ouvrage d’Arnold Van Gennep, Manuel de folklore français contemporain (VAN GENNEP (Arnold), Manuel de folklore français contemporain, édité vers 1930, réédité en 1998 par les Ed. Robert Laffont, p. 181 -182 : Le Carguet : « Le mousse d’Audierne »), un intéressant extrait sur le baptême des jeunes mousses qui nous instruit sur la pratique des surnoms dans la marine à la suite d’un passage que j’ose qualifier d’initiatique :

Un soir, le père dit à son fils : « Demain, tu vas boetter (Appâter un hameçon ou amorcer le poisson en mer.), je t’ai mis au rôle, puis tu seras baptisé ». À ces mots, l’enfant manifeste sa joie, mais la mère le regarde tristement, parfois elle pleure. Le lendemain, armé d’une pioche et muni d’un vieux sabot, il rejoint à marée basse la bande des mousses en amont du port, dans le lit de la rivière, pour déterrer les vers de vase qui servent d’appâts aux pêcheurs.

A sa vue, tous lui font chère bonne figure, c’est à qui lui offrira son tabac, ses feuilles de papier à cigarettes. Bientôt, l’enfant, à force de répondre à toutes les politesses, se grise. Aussitôt, on lui chante Les plaisirs de l’homme saoul. C’est une parodie d’un ancien cantique Breton qui énumère les joies du paradis.

La chanson terminée, l’on procède au baptême. Le néophyte est entouré. Les grands, de force – il ne se déshabille pas par lui-même – le mettent nu. Puis la cérémonie commence. Les uns avec du gravier lui frottent tout le corps, le briquent selon le terme consacré, les autres le salent. Avec de grosses poignées de vers de vase, ils lui pétrissent les parties génitales, souvent jusqu’à ce qu’il s’évanouisse ou se pâme.

Cela fait, on lui donne un surnom qu’il gardera toute son existence. En 1894, nous avons recueilli les surnoms des mousses (d’Audierne) au nombre de 109. […] La plupart de ces surnoms indiquent une attitude, un travers particulier au mousse qu’on baptise. Au retour, ce sont des chants faisant toujours allusion à l’acte qui vient de se commettre. Le père s’empresse de demander à l’enfant son nouveau nom et le déclare sacré marin.

« Rôle général de tous les officiers mariniers et matelots de la province de Bretagne, contenant leurs âges, qualités, signaux et demeures, ensemble leur rang de service sur les vaisseaux du roi, divisés en cinq classes (*) publié à Brest le 6 mars 1671 mentionne près de 13 400 marins bretons. »

(* Publié dans http://cduic.chez.com/index.htm, reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.)

Au palmarès des surnoms les plus fréquents, apparaissent : Gauche, Dauphin, Broc. Le surnom était souvent attribué dès le plus jeune âge : 4,8 % des moins de 20 ans en ont déjà un, ce qui pourrait nous conforter dans l’idée que la pratique du baptême du mousse en est à l’origine.

Mais il apparaît surtout après une longue carrière : 17 % des 40-49 ans en ont un. Il semble aussi parfois attribué à plusieurs membres de la même famille.

Nous rencontrons parmi tous les surnoms, Basque, Latin, Martinique, Roi du Maroc, Bourgneuf, Soubise, Campagne, La Forêt, La Motte, Patron, Maître, Roi, Baron, Curé, Pape, Moine, Cadet, Carabin, Tropfort, Boutade, Gauche, Favori, Ménage, Mil affaires, La Liberté, Rouge, Roux, Roquin, Tout blanc, Belle Barbe, Rose, Muguet, Coq, Dauphin, Baudet, Gros Jean, Dauphin…

Dans l’armée

Les aventuriers et mercenaires seraient à l’origine du surnom chez les soldats, ne se mettant au service d’un chef que sous des noms d’emprunt, parce que bon nombre d’entre eux n’auraient pas voulu que la justice les retrouvât sous leur vrai nom, et que, dans l’intérêt de leur avenir, c’était un moyen commode de changer de parti et de capitaine.

Cette pratique est encore, de nos jours, en usage dans la Légion étrangère, le nouveau légionnaire ayant la possibilité de servir le drapeau français sous un nom d’emprunt. Ces mercenaires, qui alliaient l’esprit de trahison à la superstition se faisaient connaître, pour la plupart, sous une invocation sacrée. Au XVe siècle, certains d’entre eux avaient adopté les premiers mots d’un psaume, tels que Laus Deo, Laudate pueri, Da nobis, etc.

En 1716, les règlements militaires français exigent la présence d’un nom de guerre pour tous les simples soldats. Ce règlement aurait vu le jour afin que l’ennemi, en espionnant, ne puisse connaître le vrai nom des soldats et faire ainsi pression sur leurs familles, mais cela est certainement l’argument donné aux soldats, il s’agit sûrement en fait d’une simple manipulation pour mieux les contrôler et moins s’y attacher quand on les envoyait se faire tuer.

L’attribution du surnom se fait de façon souple. Il peut s’agir du choix du soldat ou de celui du capitaine de la compagnie. Ce surnom prend un caractère officiel. Il devient l’équivalent du numéro matricule. L’ordonnance de 1749 réserve sur les rôles militaires une colonne pour les noms de guerre. Dans le quotidien, le nom de guerre remplace le véritable patronyme, il est une propriété individuelle.

Le soldat ne le change pas facilement. Cela peut arriver quand le soldat est transféré dans une autre compagnie et que le surnom y est déjà en usage. En l’absence de nom de guerre, on lui attribue le même que son nom. Ainsi le soldat Philippe Depape est dit Depape.

L’absence de surnom véritable est un signe de considération. Les officiers, les cadets, les volontaires et les gentilshommes n’en ont pas, et on note, d’ailleurs, que lorsqu’un soldat ou un caporal accède au grade de sergent, le surnom est abandonné définitivement.

Lors de la Révolution américaine (1775-1783) la France envoya le régiment de Touraine pour aider les rebelles américains. Une liste de ces soldats a été publiée. Dans chaque compagnie, les surnoms commencent par la même lettre. Ainsi dans la compagnie Dugré, tous les soldats portent un surnom commençant par D, dans une autre compagnie, ils commencent par B. Il est ainsi facile d’identifier la compagnie à laquelle appartient un soldat.

De 1764 à 1768, la compagnie de Casaux du Régiment de Boulonnois-infanterie utilise des noms de légumes. Nous trouvons ainsi les surnoms : Lartichaud, Lalétue, Lachicorée, Lecresson et Lecerfeuil. La révolution de 1789 voit ses volontaires incorporés dans les corps de ligne, et une véritable administration militaire se met en place, le nom de guerre passe de mode, il est remplacé par un numéro de matricule et n’est plus utilisé qu’exceptionnellement.

Par exemple si un enrôlé est porteur d’un nom propre identique à celui d’un immatriculé déjà en service dans le même corps, le surnom que reçoit le nouveau venu prend un caractère légal, et est inscrit dans le registre de la compagnie.

Voici un extrait d’un chant traditionnel breton intitulé « Pelot d’Hennebont » (variante probablement antérieure : Pelot de Betton), datant de la fin du XVIIIe siècle, repris par le groupe musical Tri Yann :

…Le roi Louis m’a appelé,
C’est « sans quartier » qu’il m’a nommé
Mais « sans quartier », c’est point mon nom.
J’lui dit : je m’appelle Pelot d’Hennebont…

Nous reconnaissons dans ces couplets le baptême du soldat, malgré lui.

Joli cœur de ces Dames

Bien peu de soldats nous ont laissé la signification des surnoms qui leur furent octroyés.

Un dénommé Jolicœur nous indique comment il s’est vu octroyer son surnom de guerre vers 1750. (BONNEFOY (J.C.), Voyage au Canada depuis l’an 1751 à 1761, Aubier Montaigne, Paris, 1978, p. 33-34.)

Ayant visité, pendant cinq jours, ce qu’il y avait de plus remarquable, je me vis alors forcé de me soustraire tout à la fois au besoin et à l’oisiveté et je me déterminai en conséquence à prendre le parti des armes, lequel, tout en me paraissant rigoureux, me mettait néanmoins tout à coup hors d’embarras. (…)

Ayant instruit cet officier de ma résolution volontaire, il me trouva faible pour entrer dans le service d’artillerie, heureusement pour moi qu’il y avait en ce moment chez lui trois dames qui, peut-être sur mon air de douceur, voulurent bien s’intéresser en ma faveur. L’officier, après m’avoir fait différentes questions auxquelles je répondis de mon mieux et avec ma franchise naturelle, se décida, à la sollicitation de ces dames, de me recevoir canonnier.

Elles le remercièrent et pour me témoigner leur consentement, elles jugèrent à propos de me donner un nom de guerre que je reçus à l’instant et qui fut celui de Jolicœur.

Raoul Vié (*), Le Tombeau des Cœurs D∴E∴J∴S∴L∴T∴D∴F∴3∴5∴7∴

(* Raoul Faust Vié né le 10 juin 1896 à Fournaudin, fils de Clémence Henidza Vié, couturière âgée de 32 ans et de père inconnu. Recensement de 1911 à Sormery : fils de Regnault Gerasine (musicien) né à Sormery en 1855 et de Regnault Henidza née à Fournaudin en 1864, unis par le mariage le 5 décembre 1904 à Fournaudin. Carte : souvenir de Piney (10) décembre 1916. Raoul Faust Vié se marie avec Melle Donge, Madeleine Valentine Eugénie le 21 août 1917 à Neuville-sur-Seine (la demoiselle à qui la carte postale a été adressée : Souvenir de Piney, décembre 1916 ; la voilà cette surprise, c’est tout en attendant l’autre. Bons baisers de votre chéri. Raoul, Raoul Faust Vié décède le 17 juillet 1977 à Sens.)

 

Cette carte humoristique (le Tombeau des Cœurs ne faisant pas partie, à ma connaissance, des surnoms utilisés par les compagnons boulangers) est postée de Piney (10) en décembre 1916 et adressée à la fiancée de Raoul Vié. Par contre, Raoul Vié, étrangement, n’est pas compagnon et encore moins boulanger. Sa fiche matricule militaire nous indique qu’il est tourneur sur bois et qu’il intègre le service armé en 1917. Cet écriteau avec sa cryptographie compagnonnique que Raoul Vié semble bien connaitre risque de rester un mystère pour de nombreuses années encore.

 

 

Noms de soldats admis aux Invalides de 1673 à 1796 et des combattants français de la guerre américaine (1778-1783)

L’analyse des registres des soldats admis à l’hôpital des Invalides entre 1673 et 1796 (http://www.hoteldesinvalides.org/), comprenant 111 394 militaires français et étrangers servant sous le drapeau français et celle de la liste des combattants français lors de la guerre d’Indépendance américaine entre 1778 et 1783 (*) nous donne une vision des plus intéressantes et toute nouvelle du sujet.

(* Les combattants français de la guerre américaine, 1778-1783. Listes établies d’après les documents authentiques déposés aux Archives nationales et aux Archives du ministère de la Guerre, publiées par les soins du ministère des Affaires étrangères, éd. Motteroz-Martinet, Paris, 1903. Consultable sur Gallica.bnf.fr.)

Nous avons pour cela comparé tous les surnoms de ces soldats du XVIIIe siècle et les surnoms des compagnons boulangers entre 1811 et 1836. Nous découvrons à notre grande surprise 85 noms communs aux deux catégories.

La Rose, 1 348 soldats ; la Violette, 1 062 ; l’Espérance, 761 ; Francoeur, 659 ; la Douceur, 642 ; Belle Humeur, 570 ; Sans Chagrin, 558 ; la Bonté, 525 ; Belle Rose, 486 ; Va de Bon Cœur, 416 ; Brin d’Amour, 359 ; Sans Regret, 361 ; Sans Façon, 290 ; Beau Séjour, 247 ; autres : la Victoire ; Sans Rémission ; Frappe d’Abord ; Sans Peur ; le Victorieux ; l’Invincible ; le Vainqueur ; la Terreur ; Sans Pitié ; la Tourmente ; Fleur d’Épine ; Branche d’Or ; Rosier ; la Fidélité ; la Constance ; la Prudence ; la Tendresse ; la Vertu ; Tranquille ; le Sincère ; la Franchise ; la Sagesse ; la Vigilance ; la Conduite ; Bien Aimé ; Sans Crainte ; le Courageux ; l’Amitié ; la Liberté ; Bon Courage ; Beau Désir ; Sans Gêne ; la Pensée ; la Prestance ; le Difficile ; la Volonté ; Sans Pareil ; le Courageux ; l’Assurance ; la Plaisance ; la Rigueur ; Cœur Joyeux ; Joli Cœur ; Cœur de Roi ; la Vigueur ; le Vigoureux ; Bel Amour ; l’Amoureux ; la Réjouissance ; Divertissant ; l’Océan ; le Triomphant ; le Glorieux ; la Tempête ; Fleur d’Amour ; Fleur d’Orange ; la Bonne Rencontre ; l’Aimable ; le Résolu ; l’Intrépide ; Sans Chagrin ; la Clef des Cœurs ; Noble Cœur ; l’Ile d’Amour ; la Gaîté ; le Réjoui ; la Joie ; la Couronne ; le Rustique.

50 % de ces soldats des armées françaises portent des noms utilisés dans le compagnonnage des boulangers de 1811 à 1836.

Une étude approfondie des archives militaires entreposées au Château de Vincennes nous donnerait certainement un taux de plus de 75 %.

 

Qu’en conclure ?

Le monde militaire est une importante source d’inspiration pour les compagnons de l’Ancien Régime, dont les groupes s’apparentent à de vrais bataillons, comme nous l’explique Laurent Bastard :

L’ancien vocabulaire des compagnonnages est souvent d’inspiration militaire : battre la générale (convoquer l’assemblée chez les tailleurs de pierre) est militaire, batterie de tambours pour rassembler tout le monde, et, en particulier, pour donner l’alarme, les anciennes fonctions de capitaine, sergent, lieutenant, attestées au XVIIe siècle, le mot drille (soldat démobilisé), le mot bandoulier, chez les maréchaux-ferrants (soldat vagabond).

Le mot esponton (pique de garde armé), l’importance du Devoir et des couleurs (comme le drapeau), les leçons qu’ils prenaient chez les maîtres de bâton et de canne, lesquels enseignaient aussi les militaires. Et bien sûr la référence à la chevalerie, très ancienne dans certains métiers (les teinturiers de Bourges, au XVe siècle, passant d’apprenti à compagnon, prenaient le titre de chevalier).

Cela ne veut pas dire que les compagnonnages ont emprunté cette pratique du surnom aux usages militaires, il est nécessaire de nuancer la chose.

Par contre, affirmer que les compagnonnages ont particulièrement puisé dans le registre des surnoms en usage dans l’armée de l’Ancien Régime n’est pas une hérésie.

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D. Extrait du livre  LE PAIN DES COMPAGNONS

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