Le levé d’acquit

Ce document apparaît entre 1867 et 1868. Son en-tête est dessiné par J.B. Entraygues, Limousin Bon Courage.

 

Le levé d’acquit imprimé apparaît entre 1867 et 1868. Son entête est dessiné par J.B. Entraygues, Limousin Bon Courage

Ce document administratif comporte nom, prénom(s), date et lieu de naissance, nom de compagnon, date et lieu de réception, puis une nouveauté, les postes tenus au sein de la Cayenne, mais aussi au sein de l’entreprise.

Il est inspiré dans son fonctionnement du livret d’ouvrier qui va disparaitre vingt ans plus tard… Il est issu de la structuration imposée par les différents corps d’état ayant reconnu les compagnons boulangers antérieurement à cette date.

Levé d’acquit manuscrit délivré vers 1865 par la Cayenne de Chalon-sur-Saône à Rennois la Tendresse

Levé d’acquit manuscrit délivré vers 1905 par la Cayenne de Nîmes à Eugène Valette, aspirant boulanger du Devoir dit Gévaudan.

Nous constatons une influence de la symbolique maçonnique dans sa présentation – triangle accompagné d’un œil en son milieu, corde à nœuds dite lacs d’amour, poignée de main dite bonne foi – en raison de l’appartenance de son auteur à la loge Union des peuples. La pelle, le rouable et la balance sont conservés. Nous voyons apparaître pour la première fois la devise contemporaine des compagnons boulangers : « Respect au Devoir, Honneur et Gloire au Travail ».

La première édition de ce document semble avoir été réalisée sous la direction personnelle de Limousin Bon Courage. En effet, une série est signée de son auteur, Limousin Bon Courage et de son lithographe, F∴Melotte, 13 rue Nazareth. Ce lithographe est un Frère, mais pas en compagnonnage, parce qu’il n’y a pas cette profession au sein des différents Devoirs, c’est donc tout simplement un Frère en Franc-maçonnerie.

Il s’agit de Jules Michel Isidore Melotte, né le 17 avril 1826, dessinateur lithographe de formation, breveté pour Paris en 1866. Cité (comme F∴ revendeur de l’ouvrage) dans l’Annuaire Universel de tous les rites de la Maçonnerie française et étrangère, par le F∴Pinon, chevalier de l’ordre des défenseurs de la Franc-maçonnerie universelle, 4ᵉ édition, 5868-5869. À Paris, chez le F∴Pinon, auteur et éditeur, 6, rue et place Guilleminot, à Plaisance-Paris.

Bien que la ville ne soit pas précisée, après une rapide recherche, il s’avère qu’il n’y a jamais eu de rue Nazareth à Blois, mais qu’une rue portant ce nom se situe à Paris. De plus, cette adresse n’est pas très loin du domicile de Limousin Bon Courage au 10, rue des Capucines.

Il existe une variante, toujours signée de son auteur Limousin Bon Courage, mais le lieu d’impression a changé, c’est le lithographe Brioude à Blois.

Nous pouvons émettre l’hypothèse qu’à la suite de cette initiative de la chambre administrative de Paris, Blois Fondation ait réclamé le pouvoir et la responsabilité d’impression et de « distribution » de ce document.

Mais aussi très certainement pour faciliter les choses, les Marques secrètes étant imprimées à Blois, il était logique d’y faire aussi imprimer les levés d’acquit, et ainsi répondre aisément aux demandes des Cayennes, l’ensemble des documents de réception étant ainsi centralisé à Blois.

Une troisième version existe, sans aucune signature, ni lieu d’impression. Il se peut que cette suppression date des années 1880. Peut-être une décision prise, après la radiation de Limousin Bon Courage, par la Fédération compagnonnique de tous les Devoirs Réunis, mais cela n’est qu’une faible hypothèse…

Malheureusement, il n’y a pas suffisamment de levés d’acquit à notre disposition à ce jour pour pouvoir l’affirmer (analyses comparatives de dates et d’impressions).

 

Extrait du livre « Le Pain des Compagnons » L’histoire des compagnons boulangers et pâtissiers

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

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