( Carte postale Coll Eudes Leynaud )
Les mariés choisissent le moment où tous les esprits sont aux chansons pour gagner furtivement le lit qu’on leur a préparé dans une pièce isolée. Leur absence n’est remarquée que longtemps après, lorsque la noce est rassasiée de chants, comme elle l’était auparavant de viandes.
Un seul cri s’échappe alors de toutes les bouches : la trempée ! la trempée !
Et l’on prépare la trempée. Celui qui a eu le bonheur aux Isolées de trouver l’épousée, s’en va, une pleine jatte de vin à la main, quêtant le sucre que chaque grand garçon donne à sa générosité, puis, le sucre fondu, on jette dans le vin deux tranches de pain, et, musique en tête, toute la noce se rend à la chambre, des mariés.
Mais la porte est fermée et ne s’ouvrira que lorsque auront cessé les airs gais de la musette et les gaies chansons des grands garçons.
La mariée porte la première ses lèvres à la trempée, la première, elle prend sa part du pain qu’on lui offre. Ils boivent tour à tour jusqu’à la dernière goutte et, à chaque reprise, un des grands garçons leur passe sous le nez, pour leur essuyer les lèvres, une aile de volaille, un pieumas.
Puis, celui qui a apporté la trempée, si son monsieur n’est à la noce, prend sur ses deux bras la jeune femme, qui, jusqu’ici, ne s’est point déshabillée, la fait danser quelque temps et la remet auprès de son mari de la manière dont il l’y a prise.
Texte tiré de « Revue de folklore français » 1933