Jean AICARD Né à Toulon, le 4 février 1848. Mort le 13 mai 1921. Poète, romancier et auteur dramatique, Jean Aicard, profondément marqué par son enfance méridionale, se fit dans ses vers le chantre de la Provence.
Inspiré par Lamartine qu’il fréquenta adolescent, il lui dédia une ode qui fut couronnée par l’Académie française.
Auteur de pièces de théâtre (Pygmalion, Othello ou le More de Venise, Le Père Lebonnard), il écrivit aussi des romans dont le plus célèbre, Maurin des Maures (1908)
À lire et à écouter ci-dessous, conté par Auguste Vertu.
— Que fais-tu là, boulanger ?
— Je fais du pain, pour manger.
Tu vois je pétris la pâte.
Le monde a faim ; je me hâte.
— Mais tu gémis, boulanger
— Je gémis… sans m’affliger :
Je geins, en brassant la pâte.
Le monde a faim ; je me hâte.
— Qu’as-tu fait là, boulanger ?
— J’ai, pour faire un pain léger,
Mis du levain dans la pâte.
Le monde a faim ; je me hâte.
— Que dis-tu donc, boulanger ?
— J’ai mes pelles à charger,
Quand J’aurai coupé ma pâte
Le monde a faim ; je me hâte
— Et puis après, boulanger ?
— Dans mon four, je vais ranger
Tous mes pains de bonne pâte.
Le monde a faim ; je me hâte.
— N’as-tu pas chaud, boulanger ?
— Si ; mais pour m’encourager,
La chaleur dore ma pâte
Que je retire en grand-hâte.
— Merci, brave boulanger
Le monde pourra manger !
Jean Aicard.
Jean Aicard fait ses études à Mâcon, où il fréquente Lamartine, puis au lycée de Nîmes, puis en droit à Aix-en-Provence. Venu à Paris en 1867, il y publie un premier recueil, les Jeunes Croyances, où il rend hommage à Lamartine.
En 1869, il collabore au deuxième recueil du Parnasse contemporain.
En 1870, une pièce en un acte est produite au théâtre de Marseille. Pendant la guerre, il reste à Toulon dans sa famille. Après la guerre, il assiste aux dîners des Vilains Bonshommes et participe à la création de la revue La Renaissance littéraire et artistique.
En 1874, il publie Poèmes de Provence, qui font de lui le poète de cette région.
En 1876, il collabore au troisième recueil du Parnasse contemporain.
En 1894, il devient président de la Société des Gens de Lettres.
En 1909, il entre à l’Académie française au fauteuil de François Coppée.
En 1920, il est élu maire de Solliès-ville en 1920.
Jean Aicard meurt le 13 mai 1921 à Paris.
Portrait au fusain par Félix Régamey (1878).
Si l’on en croit Léon Daudet, Aicard possédait un tel talent pour réciter des vers qu’il transformait alors chaque poésie, même médiocre, en un chef-d’œuvre fugitif. Rimbaud n’avait pas dû être sensible à son charme, car on connaît l’épisode dans lequel il ponctuait du mot de Cambronne chaque vers d’un poème que récitait Jean Aicard. C’est cependant à ce poète qu’il a dédié « Les effarés », à lire ici.
Laurent Bonneau, Normand la Fidélité, C.B.R.F.A.D.
Cher M. Auguste Vertu,
Je me suis réjoui de trouver le texte de Récitation que j’ai apprise en 1948, l’année durant laquelle j’ai réussi mon Certificat d’Études Primaires Élémentaires Indochinois sous le Gouvernement Provisoire de la Cochinchine Française.
Je suis autochtone de la Cochinchine appelé aussi Kampuchea Krom (Cambodge d’en Bas) et avait fréquenté l’école primaire à la section franco-khmère. J’ai appris ce texte par cœur en leçon de « Récitation » et après 67 ans je cherche à reconstituer la collection de souvenirs de ma jeunesse.
Je vous remercie infiniment de cette adéquate collection et j’ai une immense plaisir d’honorer l’auteur qui est un Savant Académicien, M. Jean Aicard, alors qu’on l’ignore quand on était jeune à l’école.
Avec mes salutations distinguées,
Vien Thach