GIRERD Augustin Fernand Georges, Angoumois l’ami du progrès.

Augustin Fernand Georges GIRERD est né le 22  juin 1862 à  Cognac, fils majeur de Germain GIRERD, boulanger, âgé de 26 ans et d’Anne Célestine ROBIN, son épouse âgée de 24 ans, domiciliée à Royan.

Augustin GIRERD épouse la profession de son père et l’on peut facilement supposer que c’est au coté de celui-ci qu’il apprend le métier de boulanger.

En 1882, il effectue très certainement son temps sous les drapeaux qui est, à cette époque, d’une durée de cinq ans, car nous le savons détenteur de la médaille militaire. Il n’a pas encore été possible à ce jour de connaitre ses états de service et ses affections lors de cette période au service de la France.

Titulaire de la Médaille militaire

Le 28 janvier 1888, Augustin GIRERD, à l’age de 26 ans, épouse à Cognac, Louise Anne PILAIN, fille du compagnon doleur du Devoir  Claude PILAIN(1*), Angoumois le soutien du tour de France.

Nous leurs connaissons à  ce jour quatre enfants : Georges Fernand, né le 29 septembre 1890 ; Gaston Désiré, né le  28 mai 1894 ; Marcel Emile né 16 janvier 1896 et Raymond Lucien né le18 janvier 1898.

Augustin GIRERD, lors de son mariage en 1888, exerce toujours la profession de boulanger, mais il vat rapidement l’abandonner, car deux ans plus tard, celui-ci est commis-négociant.

Augustin a deux passions : la poésie et la musique ; en 1891, il publie Bluettes poétiques (2* )et en 1892, nous le trouvons membre de la Société des auteurs et compositeurs de musique et de la Société des archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis . En 1893, auteur de Chants du coeur.

En 1894, il est employé de commerce, puis en 1896, directeur de la Fanfare de Saint Martin  et semble l’année suivante abandonner en partie le commerce pour se consacrer pleinement à la musique. Il est en effet enregistré  dans l’état civil de Cognac à la naissance de son quatrième fils, Professeur de musique. Il publie d’ailleurs deux livrets intitulés : Comment on apprend la musique aux enfants et Petit solfège, théorique et pratique (3*).

(1* ) Né le 6 aout 1828 à Cognac ( fils de Claude Pilain, tonnelier-doleur , né le 9 août 1801 à St Berain sur Dheure ;  marié le 19 octobre 1827 avec Jeanne RENARD. De nombreux tonneliers sont témoins lors de son  mariage, dont Antoine Joseph GILSON, compagnon Doleur du Devoir -reçu le 2 février 1824 à Cognac- Champagne le courageux. Certainement compagnon doleur du Devoir.  Petit fils de Claude PILAIN, boulanger, né à St Berain sur Dheure. Reçu compagnon doleur du Devoir à Cognac le 4 mars 1847 ; adhère à l’Union Compagnonnique de Cognac en 1890.

(2*) Préface d’Alfred Bodineau, à Cognac, chez S. Delnott.

(3*) A Cognac, Ed. Vincent

*Aucun de ces ouvrages n’ont été retrouvé a ce jour.

C’est à  Cognac, le 17 avril 1897, qu’Augustin GIRERD , âgé alors de 35 ans, directeur de la fanfare de Saint Martin et professeur de musique, est reçu compagnon boulanger du Devoir de l’Union Compagnonnique  sous le noble nom d’Angoumois l’ami du Progrès.

Il écrit à cette occasion une chanson publiée dans le journal L’Union Compagnonnique du 2 mai 1897 :

Frères chantons, chantons la liberté

Chanson composée et chantée par le Frère Girerd, Angoumois l’ami du progrès, un des nouveaux reçus à la réception de Cognac.

Hommage aux Pays de l’Union Compagnonnique de Cognac.

Puisqu’en ce jour au Temple de Lumière

Chers Compagnons, vous daignez m’accepter

Le coeur joyeux, le front haut, l’âme fière,

En cet instant pour vous je veux chanter,

La paix, l’amour et la fraternité.

A mes accents que votre voix réponde :

Frères chantons, chantons la liberté.

 

Je veux chanter du beau Compagnonnage,

Cette union qui bientôt grandira,

Car la concorde  au modeste apanage

Vers l’avenir toujours la guidera.

Aussi fuyons les vanités du monde !

Dans tous nos coeurs règne l’égalité.

A mes accents que votre voix réponde :

Frères chantons, chantons la liberté.

 

De Salomon, Maitre Jacques et Soubise,

Mes chers amis gardons bien le secret,

Discrétion telle est notre devise

Qu’il faut aimer sans le moindre regret.

Alors, au loin si quelque orage gronde

Pour effrayer  la grande humanité

A mes accents que votre voix réponde :

Frères chantons, chantons la liberté.

 

Et maintenant que la lumière est faite

Choquons le verre et tendons nous la main :

Gais Compagnons profitons de la fête

Car le travail nous appelle demain.

Voici deja poindre l’aurore blonde

A l’horizon plein de vive clarté.

A mes accents que votre voix réponde :

Frères chantons, chantons la liberté.

 

F. Girerd, Angoumois l’Ami du Progrès.

C.B.D.D., poète-chansonnier, membre de l’Athénée  des Troubadours de Toulouse, membre des auteurs compositeurs de musique.

Un diplôme de l’Athénée  des Troubadours de Toulouse (1894)

Une médaille de l’Athénée des Troubadours de Toulouse (1892).

La meme année , il écrit une chanson dédiée au compagnon boulanger du Devoir Eugene REGNIER, Rochefortin l’ami des Compagnons, puis une petite pièce de théâtre prônant les valeurs de l’Union Compagnonnique:

Deux amis du Compagnonnage

(Publié dans le journal L’Union Compagnonnique du 18 juillet 1897)

Bluette compagnonnique

A mon ami E. Régnier, C.B.D.D.

Deux amis du Compagnonnage,

Par un matin de gai printemps

L’âme en paix, comme au Moyen-âge,

Par les chemins allaient chantant,

Sur leur vieux luth en noir d’ébène,

Ils chantaient, ces bons compagnons;

L’écho redisait à la plaine :

Chantez en choeur, braves lurons !

 

Sur la route poudreuse et belle

Passaient fillettes et garçons,

L’un disait à sa jouvencelle :

Ecoutons ces deux compagnons,

Car ils vont chantant l’espérance,

L’espoir et la fraternité ;

Chers Compagnons du Tour de France

Chantez en choeur, la liberté.

 

Les tout petits gars du village

Pressaient le pas, le livre en main ;

Ils souriaient à leur passage,

S’inquietant peu du chemin.

Car leur bonne chanson française,

Qu’égayait un refrain nouveau,

Mettait l’âme et l’esprit à l’aise,

En ce moment de renouveau.

 

Pour l’Union Compagnonnique,

C’était deux fervents chroniqueurs.

Leur chant avait un air mystique ;

Leurs voix touchaient le fond des choeurs.

Car ils célèbraient l’alliance

De leurs frères les Compagnons.

Gais enfants du beau Tour de France,

Chantez tous en choeur leurs chansons.

 

Cognac, le 18juin 1897.

F.Girerd, Angoumois l’ami du progrès

C.B.D.D.

Ode Triomphale

En l’honneur de l’Union Compagnonnique

Par F\Girerd, C\boulanger

(Publié dans le journal L’Union Compagnonnique du 5 décembre 1897)

La scène représente les ruines du Temple de Salomon ; de tous côtés des travailleurs sont occupés de sa reconstruction, parmi lesquels des Compagnons Unis.

Personnages :
Compagnons de l’Union Compagnonnique.
Ouvriers nons compagnons.
Groupe de jeunes gens et de jeunes filles.
Groupe d’apprentis.

Un vieux compagnon non adhérent à l’Union Compagnonnique.
La cérémonie commence par des sons de cloches (entendus à l’orchestre) appelant les ouvriers au travail (le rideau se lève dès les premières mesures).
Ils se mettent tous a l’ouvrage, quand soudain un bruit de trompette retentit, une fanfare joyeuse vient s’y mêler ; surpris les ouvriers s’arrêtent de travailler, l’orchestre joue quelques mesures de marche et les travailleurs se mettent à chanter.

Choeur des travailleurs

Gais travailleurs, fils de la France
Du Roi Salomon ses enfants;
Le coeur joyeux, pleins d’espérance;
Chantons les hymnes triomphants.
Avec les compas et l’équerre;
Unis par la fraternité;
Créons le Temple de Lumière;
Pour le bien de l’Humanité.
Aux Compagnons gloire immortelle;
Honneur et gloire à leurs travaux;
Qui sous la pioche et la truelle;
Font naitre des destins nouveaux.

L’orchestre continue par une marche triomphale, pendant que les ouvriers vont se remettre au travail ; à ce moment passe un groupe de jeunes gens et de jeunes filles qui s’arrêtent devant les travailleurs.

Choeur des jeunes gens

Les Compagnons sont à l’ouvrage
Chantons gaiement, chantons pour eux
La chanson du Compagnonnage;
Qui fait battre le choeur des vieux.

Les jeunes filles (tenant des fleurs à la main)

Pour l’Union Compagnonnique
Tressons nos couronnes de fleurs ;
Dont le secret doux et mystique
Parfois fait soupirer nos coeurs.
Gloire à toi, Temple de Justice;
Temple de paix, de Liberté
Que le grand Devoir s’accomplisse
Sur l’autel de l’égalité.
(Ils s’éloignent)

(Un ouvrier quitte son travail et chacun s’arrête pour l’écouter chanter) :

Voici la fin de la journée
Qui déjà s’avance à grands pas;
La tache n’est point terminée
Et la cloche sonne là-bas ;
Mais demain à l’aurore blonde;
Nous viendrons sans rémission
Bâtir à la face du monde
Le beau Temple de l’Union !

Tous les travailleurs ensemble

Bâtir à la face du monde

Le beau Temple de l’Union

(L’orchestre continue la phrase jusqu’a l’arrivée du groupe d’apprentis)

Groupe d’apprentis

Salut a toi mère chérie
Qui protège les travailleurs ;
France éternelle soit bénie
Nous venons te chanter en choeur.

À vous les Compagnons sincères
De qui nous sommes les enfants;
Assez de pleurs, assez de guerres
L’Union vous rend triomphants.

Construisez, bâttissez sans cesse
Le Temple de la vérité ;
L’école est pour nous la sagesse
Le Devoir pour vous la Bonté.

Honneur aux vieux Compagnonnages,

Jacques, Soubise et Salomon ;

Car l’Union prudente et sage

Un jour nous feras Compagnons.

(A ce moment arrive un vieux compagnon portant la canne et ses couleurs, il chante) :

Quel est ce chant profane que je viens d’entendre

Enfants que parlez vous du nom de Compagnon ?

Un apprenti (lui montrant le Temple)

Compagnon qui passez, tachez de le comprendre

Et regardez la-bas l’oeuvre de Salomon.

Le vieux Compagnon :

Sacrilège ! Que vois-je ! Ont rebatit le Temple.

Manes de mes aieux, ô sortez du tombeau !

L’apprenti :

Père, ne pleurez pas ! C’est l’éternel exemple

De la Fraternité, du Bien, du Vrai, du Beau !

(Aussitôt l’orchestre joue en phrase mélancolique et un Compagnon  de l’Union Compagnonnique s’avance vers lui) :

Le Compagnon Uni :

Tope frère ! et dit moi qu’es-tu ?

Le vieux Compagnon :

Un Compagnon plein de vertu,

Un doux vieillard aux cheveux blancs !

Le Compagnon Uni :

C’est bien mon frère, je comprends.

Le vieux Compagnon :

Frère ! Jamais un enfant de Soubise

Ne permettra qu’un autre le lui dise !

Le Compagnon Uni :

Ecoute moi ! Je suis un travailleur

Dont le Devoir est gravé dans le coeur.

Le vieux Compagnon :

Jamais, c’est faux, tu mens, le Devoir est sincère,

Je ne te connais pas ! En arrière faux frère !

Le Compagnon Uni :

En arrière ! Jamais ! Moi, je te tends la main

Car sais tu si ce jour aura un lendemain !

Le vieux Compagnon :

Demain est l’avenir, je suis vieux- il m’importe,

Et je ne connais pas de secte de ta sorte !

Le Compagnon Uni :

La secte de ma sorte  est fille du progrès :

Amour, Fraternité, voila seuls mes secrets.

Le vieux Compagnon :

Hélas ! Je voudrais que s’entrouve ma tombe

Sous le poids des erreurs, je sent que je succombe !

A ce moment, l’orchestre joue une mélodie douce et caressante, et le groupe d’apprentis s’avance au près du vieux Compagnon .

Noble vieillard aux cheveux blancs

Plein de bonté, plein de courage

Regarde tes petits-enfants.

Unis par le Compagnonnage.

Viens parmis nous le coeur joyeux

Et nous bénirons ta viellesse

Le vieux compagnon n’est heureux

Qu’auprès de la folle jeunesse !

Les Compagnons de l’Union

Au Temple de Fraternité

Allons, Compagnons à l’ouvrage,

Travaillons pour l’humanite,

L’Union donne le courage

Jeunes et vieux soyons unis,

Que le noir préjugé périsse ;

La vérité nous réunit

Sous son aile libératrice.

(Groupe de jeunes gens et de jeunes filles portant des fleurs à la main)

Nous revenons de la plaine enbaumée

Cueillir des fleurs pour les bons Compagnons

Que leur haleine douce et parfumée

Se mèle enfain à vos belles chansons.

Tous en choeur

Salut ! Salut ! Gloire éternelle !

A l’union des travailleurs ;

Et que vers ta lyre immortelle

Poete s’éleve nos coeurs,

Gloire a toi, Liberté chérie.

Clairons, sonnez le chant de paix,

A tes pieds ma noble Patrie,

Nous sommes unis à jamais.

(A cet instant, le Temple s’éclaire, tous les regards se tournent vers lui et les Compagnons , dans une phrase enthousiaste, chantent) :

Compagnons, unis à Jamais !!

Rideau

(L’orchestre continue par  une marche stridente et saccadée)

 

Augustin GIRERD , Angoumois l’ami du progrès, publiera également une comédie intitulée Un Monsieur qui l’est et ne l’est pas (ouvrage non retrouvé à ce jour).

Nous pouvons trouver étrange de nos jours qu’un musicien – commerçant ayant abandonner le métier de boulanger de puis près de dix ans, soit reçu compagnon .

Il est nécéssaire pour mieux apprehender cette situation de se plonger dans le contexte de l’époque..

L’Union Compagnonnique  en cette fin de siècle n’a pas pour priorité la formation de la jeunesse par le biais du tour de France comme cela est le cas aujourd’hui, mais celle de construire une puissante société de secours mutuels.

Pour cela, elle vat faire appel a des hommes deja fortement engagés dans le mutualisme, c’est surement le cas d’Augustin GIRERD, car nous le trouvons en 1898, délégué des sapeurs pompiers de Cognac au 6e congrès national des sociétés de secours mutuels tenu à Reims, puis en  1901 secrétaire des Sauveteurs médaillés de Cognac, il participe et intervient a de nombreuses reprises au 7e congrès des sociétés de secours mutuels, tenu à Limoges.

En 1899, Augustin GIRERD, Angoumois l’ami du progrès, représente Cognac au Congrès de l’Union Compagnonnique de Toulouse et en 1905, est Roleur  de l’Union Compagnonnique de la ville de Cognac.

En 1908, en tant que secrétaire général de la société des sauveteurs médaillés de Cognac, Augustin GIRERD, Angoumois l’ami du progrès reçoit du Ministèere du travail, la  médaille d’argent de la Mutualité (journal officiel de la République française. Lois et décrets – 1908/01/30 (Année 40, N°29).

Médaille d’argent de la Mutualité

Le 12 novembre 1913, l’industriel en verrerie Claude BOUCHER, inventeur de la mécanisation de la fabrication des bouteilles, installé à Cognac décède. Ce jour même, Augustin GIRERD rend hommage à Claude BOUCHER sous forme de poème accompagné de photographies représentant Claude BOUCHER et son usine *.

A la mémoire de M. C. Boucher, chevalier de la légion d’honneur A toi dont le labeur égalait la pensée Toi qui savait aimer cette foule oppressée des (…) travailleurs du verre éblouissant ! Toi qui sus apporter aux souffrances humaines Jusque dans les climats des régions lointaines, Le souffle du (…) mais le souffle (…) Contemplant les creusets, tu méditais sans cesse, A faire un jour jaillir de la grande fournaise Ton rêve caressé, ton doux rève d’enfant; Et comme un geyser dans ton éclatant génie, Après avoir heurté les rochers de ta vie, Apparaît en nos yeux dans un vol triomphant ! Les poêtes aimés, les fils de la science, Peintres remplis d’espoirs, sculpteurs de patience, Tous ont pris en ton coeur un genre bienfaisant. Et c’est ton coeur hélas ! Coeur de la souffrance, qui vient de s’endormir sous le beau ciel de France Où scientillent parfois des étoiles d’argent. Dors en paix, ton sommeil est une apothéose Si l’homme disparaît, ton âme grandiose (…) bien des ans sur le front tant aimé. Plus tard les vieux diront à leur progéniture : Enfants ! Regardez bien cette noble figure de notre cher patron, par nous tant adoré. Verrerie Saint Jacques 12 9bre 1913 F. Girerd, poète chansonnier (signature triponctuée).

Trois ans plus tard, à Cognac le 12 mars 1916, décède à  l’age de 54 ans, Augustin  GIRERD, Angoumois l’ami du progrès. Nous ignorons à ce jour la cause de sa disparition.

* Cette oeuvre est présentée au Musee des Arts et d’Histoire de Cognac dans un cadre décoré de morceaux de faïence.

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

Commentaires concernant : "GIRERD Augustin Fernand Georges, Angoumois l’ami du progrès." (1)

  1. Laurent Bourcier a écrit:

    Chers lecteurs,
    Une petite et nouvelle information; en 1881, lors de la reouverture de la ville de deuxieme ordre Cognac, nous avons comme signataire de la convocation à l’assemblée de réouverture un F. Girerd, aspirant boulanger du Devoir, secretaire de la societe des compagnons boulangers du Devoir de Cognac. Il est possible qu’Augustin Fernand Girerd et notre signataire ne fasse qu’un.
    Bien a vous tous.
    Picard la fidelite.

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