Frise-Poulet est un surnom donné au XIXe siècle à divers jeunes personnages. En 1847 G. de LA LANDELLE en fait un matelot un peu tête brûlée mais bon coeur. En 1907, il est le héros d’ un film : c’est un enfant terrible qui fait des farces à tout le monde.

Et en 1873, il s’agit d’un enfant un peu niais et surtout très paresseux, qui, voulant s’émanciper dans la capitale, commet bévue sur bévue à cause de sa naïveté. Il ne peut rester chez aucun employeur. Surtout lorsqu’il est embauché par un pâtissier… Voici une sélection de l’image n° 1075 imprimée par Pellerin à Epinal, intitulée « Les Aventures de Frise-Poulet ».

Frise-Poulet était bien le petit garçon le plus paresseux de la terre. Le maître dut le chasser de l’école et le papa de Frise-Poulet lui administra une sérieuse correction. Blessé dans son amour propre, notre jeune vaurien résolut de quitter la maison paternelle et d’aller à Paris.

Et le voilà sur la grand’route sans un sou dans sa poche.

Il passa la nuit sur un banc, et fit des rêves de fortune. Brisé de fatigue, il mourait de faim et de soif quand tout-à-coup il rencontra un pâtissier qui lui offrit une place, qu’il s’empressa d’accepter.

Son patron lui remit une corbeille de gâteaux : « Ils coûtent deux sous la pièce, lui dit-il, va et tâche de ne pas en rapporter un seul ».

Notre ami se mit en route et commença par goûter sa marchandise. Comme il la trouva bonne il mangea un second gâteau, puis un troisième.

Au jardin public il fit la connaissance de petits gamins. Il leur offrit des gâteaux que ces Messieurs acceptèrent sans cérémonie.

Il rentra ensuite à la maison et mangea le dernier gâteau pour obéir à son maître qui lui avait dit de n’en pas rapporter un seul.

Le pâtissier était enchanté de le voir revenir avec son panier vide. Mais quand il demanda son argent : « Je n’en ai point, dit Frise-Poulet ».

Et il expliqua comment il avait placé sa marchandise. Le maître furieux le chassa à coups de pieds.

Aujourd’hui il est vidangeur et trouve que tout n’est pas rose dans la vie. Voilà où conduit la paresse.

Laurent Bastard.