Franc-Maçonnerie 1/3

Pour certains, la franc-maçonnerie et les compagnonnages seraient intimement liés par des liens de parenté, de descendances, de cousinages, jusqu’à se poser la question : Peut-on parler de racines multiples convergeant vers les structures sociales existantes, pour se singulariser chacune de leur côté dans des formes spécifiques ?

Bien que distincts, compagnonnages et franc-maçonnerie entretiennent des rapports bien réels : celui des influences réciproques dès le XVIIIe siècle, et celui de l’enracinement dans des substrats communs et similaires (1.)

Le compagnonnage et la franc-maçonnerie sont deux institutions indépendantes et distinctes mais les seules de nos jours à avoir en commun le concept initiatique, en dehors des religions qui préconisent la reconnaissance par l’être humain d’un principe supérieur dont dépend sa destinée, attitude intellectuelle et morale qui diffère des concepts des deux institutions précitées.

L’un des premiers grands spécialistes du monde compagnonnique, Roger Lecotté (2), a démontré, archives à l’appui, qu’il n’y a aucun lien originel entre les deux institutions :

(1) MATHONIÈRE (Jean-Michel), Le Serpent Compatissant, La Nef de Salomon, Paris, 2001.

(2) Conservateur à la Bibliothèque Nationale, responsable du fond maçonnique et à partir de 1968, conservateur du musée du Compagnonnage de Tours (1899-1991).

« Les Constitutions d’Anderson (1), charte de fondation (1723) de la franc-maçonnerie anglaise, mère de toutes les autres, ont puisé toutes leurs légendes dans trois documents principaux très connus, dits Old Charges (vieilles règles) des guildes anglaises des tailleurs de pierre : le Regius Poem (XIVe siècle, qui cite Euclide et le patronage des quatre Couronnés), le manuscrit Coke (début XVe siècle, qui évoque Adam, Jubal, Nemrod, Abraham et aussi Charles le Chauve de France (823-877) qui aurait été reçu maître maçon, le manuscrit Watson (XVe siècle qui reprend en gros le précédent.)

En somme, ces manuscrits racontent l’histoire légendaire de la géométrie et de l’architecture et sont foncièrement différents des rituels des compagnons tailleurs de pierre, basés sur d’autres personnages bibliques, la passion du Christ et le patronage de l’Ascension… Mais surtout, ces Old Charges émanent de corporations sédentaires anglaises et non du compagnonnage itinérant du Tour de France.

En dehors de ces Old Charges de Londres, d’autres documents émanant de grandes loges opératives de tailleurs de pierre ont parfois été évoqués pour leur origine maçonnique, comme ceux de la Grande Loge d’Écosse (minutes de Mary’s Chapel de 1598 et Register House de 1696, à Édimbourg). Et puis il y a la Bauhutte ou fédération des loges du Saint-Empire romain germanique, comme celle de Strasbourg (1275 avancé, 1397 assuré), de Ratisbonne (1555) et de quelques autres…

Mais, encore une fois, il s’agit là de corporations étrangères et non du compagnonnage français qui existe pourtant bien, selon le probe historien Martin Saint Léon (2), à partir du XIIIe siècle et qui émerge d’ailleurs dans un acte de 1420.

Il convient donc, une fois pour toutes, de parler désormais des origines corporatives (et non compagnonnique) de la franc-maçonnerie. La France et le compagnonnage du Tour de France n’y sont pour rien, c’est sans appel… »

Sans appel en effet… Aux fervents d’une maçonnerie issue des compagnonnages du Tour de France de présenter des arguments.

Il existe une autre tendance prétendant que les compagnonnages du Tour de France sont issus de la maçonnerie… Là encore ce sont des croyances sans fondement. En effet, au XVIIIe siècle, la position de la franc-maçonnerie à l’égard du compagnonnage est très claire. Ainsi, le Grand Orient de France décrète le 27 décembre 1773 :

Les loges ne pourront admettre au nombre de leurs membres, dans la classe des citoyens que l’on nomme artisans, que les seuls maîtres desdits arts et leurs luffetons (fils), à l’exclusion de leurs compagnons et apprentis.

(1) James Anderson (vers 1678–1739), pasteur écossais presbytérien et franc-maçon joua un rôle capital dans la naissance de la franc-maçonnerie moderne, dite « spéculative », en particulier par sa contribution à l’ouvrage connu sous le nom de Constitutions d’Anderson.

(2) MARTIN-SAINT-LÉON (Étienne) : Histoire des corporations de métiers depuis leurs origines jusqu’à leur suppression en 1791, suivie d’une étude sur l’évolution de l’idée corporative au XIXe siècle et sur les syndicats professionnels (1897).

L’ouvrier n’a pas sa place dans les loges, qu’il soit sédentaire ou itinérant. Un franc-maçon, célèbre par la loi qui porte son nom, vient même s’illustrer dans la lutte contre les compagnonnages. C’est Isaac René le Chapelier, député du Tiers état, président de l’Assemblée en 1789 et vénérable de la loge La Parfaite Union à l’Orient de Rennes, initiateur de la loi relative aux assemblées d’ouvriers et d’artisans promulguée le 14 juin 1791, dont l’article 1 stipule :

L’anéantissement de toutes espèces de corporations du même état ou profession étant l’une des bases fondamentales de la constitution française, il est défendu de les rétablir de fait, sous quelque prétexte et quelque forme que ce soit.

En ce début de XXIe siècle, deux historiens des compagnonnages ont repris la lutte de Roger Lecotté, ce sont Laurent Bastard, directeur du musée du Compagnonnage – par de nombreuses conférences dans les milieux compagnonniques – et Jean-Michel Mathonnière par de nombreuses conférences également, mais plus particulièrement dans le milieu maçonnique.

Malgré leurs innombrables interventions, cette fausse vision du passé compagnonnique liée à la franc-maçonnerie persiste à leur grand désespoir. Rien ne s’ancre mieux dans les mémoires que les erreurs (de l’Histoire)…

Apprenti recevant la lumière, fin XIXe siècle.
Image extraite du catalogue de l’exposition
« La Franc-maçonnerie » présentée à la BnF en 2016.

 

POURQUOI CETTE ERREUR ANCRÉE DANS LES MÉMOIRES ?

Une symbolique ostentatoire identique

Outre l’attrait des compagnonnages post-révolutionnaires pour la franc-maçonnerie, entraînant de façon plus ou moins intense l’emprunt de certaines pratiques rituelles, ce qui prête à confusion entre les deux institutions et alimente l’argumentaire des partisans des liens originels, sont deux symboles ostentatoires identiques : trois points en triangle à la suite d’une initiale et une équerre et un compas entrelacés ou superposés.

Les trois points ∴

Nous les rencontrons dans tous les journaux compagnonniques, plus particulièrement de 1880 à 1939, sur les enseignes des établissements des sièges des sociétés compagnonniques, sur les cartes de visite des compagnons, sur les invitations aux assemblées, sur les invitations à la Saint-Honoré et autres fêtes compagnonniques, sur les règlements, et sur des documents à caractère rituélique, accompagnant abréviations et signatures.

Carte de visite compagnonnique de Louis Chevalier, Périgord la Justice, compagnon boulanger du Devoir, Premier en ville (en 1939), Président de la Chambre Compagnonnique de la 4e Cayenne du Tour de France, Bordeaux. Aux angles : Enfant de Maître Jacques.

 

Carte de visite compagnonnique d’Henri Dubois, Tourangeau l’Amour du Travail.

La première étude publiée à ce sujet au sein du Compagnonnage est celle de Georges Papineau, Blois l’Ami du Travail, dans son ouvrage intitulé La Sainte-Baume, haut lieu du Compagnonnage, édité par la Librairie du Compagnonnage en 1972.

Deux pages (26 et 27) lui sont consacrées. On y lit que :

Le chiffre trois est symbolique dans presque toutes les religions et sociétés initiatiques. Il n’appartient en propre à aucune d’elles.

Autrefois, les compagnons faisaient suivre toutes leurs abréviations des trois points disposés en triangle. L’habitude en était si bien prise que nous croyons qu’il en avait toujours été ainsi. Certains compagnons affirmant que ce signe était d’usage relativement récent, il fut décidé de l’abandonner.

Pour conforter ses propos, Blois l’Ami du Travail cite le livre de passage de la Sainte-Baume, ouvert le 14 septembre 1840 et fermé le 21 septembre 1921.

Il écrit :

« Dans ce livre que nous parcourons nous trouvons la preuve que ce signe fut introduit par quelques compagnons et qu’il fut adopté progressivement par la suite. Le premier signe que nous relevons est de Marcelin Beau, Joli Cœur de Saint-Emilion, compagnon tailleur de pierre du Devoir, le 5 septembre 1847. Le second est d’Alphonse Champeaux, Tourangeau Franc-Cœur, compagnon doleur du Devoir, le 7 juin 1850. Le troisième de Bordelais la Clef des Cœurs, compagnon passant charpentier le 4 octobre 1851 ; le même jour, Vendôme la Bonne Conduite, compagnon charpentier, apposait le quatrième. Le cinquième est de Rennais le Bien Zélé, compagnon bourrelier, le 1er avril 1852, puis deux autres en 1852.

Il est facile de se rendre compte que les trois points sont apparus vers 1845 seulement, et qu’ils ont été employés à titre personnel par quelques compagnons. Il est certain que leur généralisation n’est due qu’à ce goût du mystère à l’honneur au XIXe siècle. Le règlement de la société des compagnons boulangers du 7 mars 1852, stipule en son article 4 :

Il ne sera admis que des hommes professant la religion catholique et les protestants, soit luthériens soit calvinistes, tous autres seront refusés. Sur huit signataires, un seul a utilisé les trois points. Au risque de contrarier les chercheurs de mystère, nous affirmons que, malgré l’utilisation de ce signe à titre personnel, puis officieux et même officiel, comme il le fut pendant une cinquantaine d’années, le compagnonnage n’a jamais été, n’est et ne sera jamais une filiale d’aucune institution de quelque nature que ce soit ».

Malgré tout le respect que je dois à Blois l’Ami du Travail, son argumentaire est fondé uniquement sur le registre de la Sainte Baume, registre qui n’est pas représentatif de l’ensemble des compagnonnages du XIXe siècle. En effet celui-ci est interdit de signature aux compagnons boulangers, aux compagnons cordonniers, aux tisseurs-ferrandiniers, qui ne sont pas des compagnonnages reconnus par les différents Devoirs. De plus les compagnonnages du Devoir de Liberté (charpentiers, menuisiers, serruriers, tonneliers-foudriers, boulangers, tailleurs de pierre et autres) ne sont pas pris en compte étant donné qu’ils n’ont pas de tradition de passage à la Sainte-Baume dans leurs sociétés.

Blois l’Ami du Travail aurait dû étudier les trois points dans son propre corps d’état. Il se peut qu’il ait effectué cette recherche, mais les résultats étant loin d’être « politiquement corrects » au sein de l’Association Ouvrière des compagnons du Devoir, il eût mieux valu la passer sous silence.

Reprenons ce qu’il a écrit. Sur le caractère symbolique du chiffre trois, dans presque toutes les religions et les sociétés initiatiques, il n’y a rien à redire, on peut en effet remarquer que la nature se divise en trois règnes : animal, végétal et minéral. Le temps a pour mesure le passé, le présent et l’avenir. Toute chose à trois termes : la création, l’existence et la destruction. Les corps ont trois dimensions : longueur, largeur et hauteur. Une famille se compose d’un père, d’une mère et d’un enfant. Trois clous sur la croix de Jésus, le temple de Salomon avait trois portes. La Trinité chrétienne comprend le Père, le Fils, et le Saint-Esprit. Et le Compagnonnage n’a-t-il pas trois fondateurs légendaires ? On pourrait multiplier les exemples.

Sur l’abandon des trois points dans le Compagnonnage, il faut être beaucoup plus nuancé que Blois l’Ami du Travail et préciser : « de l’Association ouvrière des compagnons du Devoir ». En effet, aujourd’hui encore, une grande majorité des membres de l’Union Compagnonnique, de la Fédération Compagnonnique des métiers du bâtiment, de la Famille du cuir, continuent à utiliser les trois points en triangle, surtout dans leurs documents internes il est vrai.

Allons au cœur du problème. Si Blois l’Ami du Travail annonce au début de son texte que le chiffre trois est commun à de nombreuses religions et sociétés initiatiques, sans appartenir en propre à aucune d’elles, c’est pour d’emblée relativiser son utilisation sous forme des trois points disposés en triangle. Or la question n’est pas là. Le chiffre trois est effectivement très répandu. Ce qui l’est moins, ce sont les trois points en triangle.

Et ceux-là ne sont présents, à l’origine, que dans une seule société initiatique : la franc-maçonnerie. Il est frappant de constater que Blois l’Ami du Travail l’évoque en permanence sans jamais la citer. Il faudrait être bien stupide pour ne pas comprendre que c’est de la franc-maçonnerie qu’il s’agit, et d’elle seule, lorsqu’à la fin de son texte, il rappelle que le Compagnonnage ne sera jamais une filiale d’aucune institution de quelque nature que ce soit.

La fin est tout aussi transparente, lorsqu’il insiste sur l’indépendance des compagnons, leur tolérance envers des hommes de toutes opinions politiques, philosophiques et religieuses, mais aussi sur leur rejet de toute propagande ou noyautage au sein de leur institution.

J’ai envie de dire : bien sûr, tous les compagnons sont absolument d’accord avec cela mais quel est le rapport avec les trois points ? Le problème est bien là.

Une fois constaté que les trois points en triangle sont bien d’origine maçonnique (ils sont employés dès le milieu du XVIIIe siècle), il faut essayer de savoir quand et pourquoi ils sont passés dans le compagnonnage.

Ce qui est démontré : les trois points apparaissent dans le compagnonnage des boulangers avant 1845. Une Marque Secrète datée de 1829 le prouve : ils figurent dans le blason au centre et accompagnent toutes les signatures.

Les compagnons boulangers n’ont pas été les seuls à employer les trois points : Un acte de réception des compagnons cordonniers du Devoir, daté de 1808 et un autre des tanneurs- corroyeurs du Devoir daté de 1809, sont entièrement rédigés en initiales suivies des trois points.

< Document de compagnon cordonnier-bottier du Devoir, vers 1855.

Les trois points n’ont sûrement pas été introduits dans le Compagnonnage par quelques compagnons friands de mystère. Leur présence sur des documents imprimés est le résultat de l’attrait qu’a exercé la franc-maçonnerie sur l’ensemble du Compagnonnage à partir des années 1800, alors que les corporations d’avant la Révolution française de 1789 avaient été, elles, perméables au symbolisme religieux.

Bien entendu, les sociétés compagnonniques nées après la Révolution française ont été les plus attirées par le symbolisme maçonnique, c’est le cas des compagnons boulangers, des sabotiers, mais aussi des cordonniers, puis, un peu plus tard des tisseurs-ferrandiniers. Des compagnonnages où l’idéologie républicaine est en terrain fertile… Il était facile de découvrir ce symbolisme dans les livres sur la franc-maçonnerie imprimés (1) depuis près d’un siècle pour ensuite l’ajouter au fond déjà existant.

  1. ) Dès 1737, les premières divulgations ont circulé. Il y eut au moins une trentaine de livrets plus ou moins antimaçonniques prétendant révéler les secrets maçonniques jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, d’autres émanant de francs-maçons qui voulaient instruire leurs frères.
    Parmi les titres les plus connus :
  • La Tierce : Histoire, obligations et statuts de la très vénérable confraternité de la Maçonnerie (1742).
  • Léonard Gabanon : Catéchisme des francs-maçons (1744).
  • Le Parfait maçon ou les véritables secrets des quatre grades d’apprentis, compagnons, maîtres ordinaires et écossais de la franche-maçonnerie (1744).
  • Le Sceau rompu ou la loge ouverte aux profanes par un franc-maçon (1745).
  • Abbé Pérau : L’ordre des francs-maçons trahi et le secret des Mopses révélé (1745).
  • Couret de Villeneuve : Statuts des francs-maçons (1748).
  • Guillemain de Saint-Victor : Recueil précieux de la maçonnerie adonhiramite (1787).
  • Recueil des trois premiers grades de la Maçonnerie, apprenti, compagnon, maître (1788).

Parmi ceux qui semblent avoir directement influencé les rites compagnonniques figurent :

  • Le Régulateur du maçon, ou les trois premiers grades et les quatre ordres supérieurs (1801).
  • Courcelles : Traité des symboles (1806).
  • Thory : Histoire de la fondation du Grand Orient de France (1812).
  • Chappron : Nécessaire maçonnique (1817).
  • Bazot : Manuel du franc-maçon (1812, 1820, 1828) (Perdiguier le cite).
  • De L’Aulnaye : Tuileur des 33 degrés de l’Ecossisme (1813-1821).
  • J.-F. Vernhes : Le Parfait maçon ou Répertoire complet de la maçonnerie symbolique (1821).
  • Bésuchet : Précis historique de l’ordre de la Franc-maçonnerie (1829).
  • Vuillaume : Manuel maçonnique ou tuileur des divers rites (1820-1830).
  • F.T.-B. Clavel : Histoire pittoresque de la Franc-maçonnerie (1842), dont le frontis- pice inspira des lithographies compagnonniques.

Détail d’une lithographie des compagnons boulangers Gabriel Laroche, Périgord la Belle Conduite et Édouard Guyonnet, Poitevin l’Aimable Courageux, Orléans, vers 1855. Les trois assassins d’Hiram aux trois portes du temple de Salomon. Nous observons sur chaque linteau les initiales A∴ G∴ et H∴, initiales supposées des noms des assassins pouvant être Abiram, Giblim et Hoterfut.

(Il existe de nombreuses variantes sur les noms supposés des trois assassins d’Hiram, celle-ci est proposée par L. Bastard dans Images des Compagnons du Tour de France, pages 59-60 ; Éditions J. C. Godefroy ; 2010.)

La légende d’Hiram s’est constituée dans la franc-maçonnerie vers 1750 et n’a été intégrée par plusieurs compagnonnages qu’au cours du XIXe siècle.

Voici les deux principales représentations des trois points, transmises par écrit pour la première fois (catéchismes des compagnons boulangers), oralement pour la seconde :

  • Les trois portes du temple de Salomon, auxquelles Hiram, architecte du Temple trouva ses trois assassins, le dernier portant le coup mortel.
  • Trois coups de poignard reçus par Maître Jacques lors de son assassinat.

 

 

 

« Scène dans une architecture » (meurtre d’Hiram) par le peintre Paul Dangmann (1899 – 1974).

 

 

 

 

 

 

 

 

L’assassinat de l’architecte par trois ouvriers maçons, armés d’une hache et d’un marteau de tailleur de pierre.

Vitrail de la cathédrale Saints-Michel-et- Gudule, Bruxelles. Cliché coll. privée.

 

 

 

 

< Détail d’une lithographie des compagnons boulangers éditée à Saumur, vers 1855.

 

L’assassinat du maître est présent dans les deux cas…comme sont présents les trois clous lors de la crucifixion du Christ. Il existe au sujet du nombre de coups de poignard que reçut Maître Jacques une variante, cinq coups, qui symbolisent également le Christ sur la croix, les cinq coups étant les cinq plaies.

Sur le tableau-règlement des compagnons boulangers de Fontenay-le-Comte, les trois points sont étrangement disposés à l’envers, deux au sommet et un à la base.

 

 

 

< Tableau-règlement de compagnons boulangers de Fontenay-le-Comte (Musée Vendéen, Fontenay-le Comte).

 

 

 

Le règlement des compagnons boulangers du Devoir daté de 1861 nous éclaire sur cette exception : l’an du S … (trois points à l’envers) signifie qu’on honore le maître, les trois points placés, signifiant son lit de mort. Ce lit de mort est la croix du Christ, les points à l’envers, les clous du supplice.

Au congrès des compagnons boulangers à Troyes en 1939, sur les douze signatures des délégués et représentants de la société, six comportent les trois points. Mais nous remarquons leur abandon en 1964 sur le livre de comptes-rendus de la cayenne de Paris.

Par contre, ils sont encore utilisés de nos jours sur les documents rituels, ainsi que sur les cachets des cayennes. Les trois points sont également gravés sur les cachets des nouvelles cayennes des compagnons boulangers-pâtissiers de l’Association Ouvrière des compagnons du Devoir (Bruxelles, Rennes, Lausanne), et de la Société des compagnons boulangers et pâtissiers restés fidèles au Devoir.

Les trois points n’ont donc pas été employés par les compagnons boulangers seulement dans la deuxième moitié du XIXe siècle, mais pendant toute leur histoire, de leur naissance à nos jours.

 

Congrès de Troyes, 1939. Les délégués des différentes cayennes des compagnons boulangers du Devoir accompagnent couramment leurs signatures d’une triponctuation.

Nous relevons les signatures de : Jean Pebayle, Bordelais l’Enfant Chéri ; Gaston Duhameau, Blois l’Ami des Compagnons ; Fernand Péarron, Blois Plein d’Honneur ; René Herbellot, Tourangeau Bel Exemple ; René Deux, Parisien la Franchise et René Édeline, Tourangeau la Franchise.

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D. Extrait du livre  LE PAIN DES COMPAGNONS

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