Création de la Société des Meilleurs Ouvriers de France

La Société des Meilleurs Ouvriers de France a été créée à Clamart, (Hauts-de-Seine)

Le COET-MOF (Comité d’Organisation des Expositions du Travail et du concours – Meilleur Ouvrier de France) fêtera ses 100 ans le 6 mars prochain.

Fondée en 1923 cette association a pour mission de promouvoir les métiers, le savoir-faire français et les talents engagés dans la recherche de l’excellence. L’état lui a confié l’organisation matérielle de l’examen « UN DES MEILLEURS OUVRIERS DE France ». (Chronologie en annexe).

De gauche à droite : MIREY, charron – FAVRO, forgeron – HAAS, ferblantier – DELORME, charpentier – CHAUCHEYRAS, fondeur – PETIT, menuisier – CASTELAIN, dessinateur – FRANCOIS, charpentier – MADUREL, serrurier – A. VERGER, plombier – ZAJAC, ébéniste – REZETTE, verrier – FALIGANT, menuisier – FLOURET, charron.

C’est à l’initiative du Clamartois, René PETIT, menuisier-ébéniste MOF 1927, que la Société des Meilleurs Ouvriers de France est née à CLAMART, ou il s’est marié et a vécu.

Le superbe livre des Meilleurs Ouvriers de France édité en 1993 ne manque pas de faire référence à la création de la Société des MOF.

C’est à la suite du succès des premières Expositions du travail que fut créée, en 1929, La Société des Meilleurs Ouvriers de France, qui regroupe exclusivement des lauréats ayant reçu le diplôme de « Un des Meilleurs Ouvriers de France ».

Regrettant qu’après la remise de leur diplôme, les lauréats des Expositions rejoignent leurs ateliers et retombent dans l’anonymat et l’oubli sans avoir le moyen, ni de se connaitre mutuellement, ni de valoriser leur diplôme, René PETIT lança un appel dans la presse de l’époque, demandant aux lauréats de se regrouper.

Répondant à son appel, dix d’entre eux se réunirent à Clamart dans la salle du café de la Mairie, le 7 avril 1929. C’est là que naquit la volonté de constituer une Association.

CLAMART – Café de la Mairie et Kiosque – Collection CPA Jean-Claude THIERRY

CLAMART – la Mairie – Collection CPA Jean-Claude THIERRY

 Le café de la Mairie est situé à droite vers la flèche et la publicité « Oxygénée-Cusenier »

Un modeste comité fut même constitué avec F. FLOURET, président, L. DELOMBRE, trésorier, René PETIT, secrétaire et une prochaine réunion fut décidée en publiant une note dans divers journaux de l’époque (l’Œuvre, le Petit Parisien, l’Ami du Peuple, l’Intransigeant, le Journal, le Quotidien et le Petit Journal) libellé ainsi :

« Répondant à l’appel lancé par René PETIT dans la presse, un certain nombre de diplômés aux Expositions Nationales du Travail se sont réunis le 7 avril 1929 à CLAMART en vue de constituer une association légale régionale et nationale. Tous les lauréats des Expositions Nationales du Travail sont invités à adhérer à l’association en formation, etc ».

Le 26 mai, dans les locaux de la Chambre de Commerce de Paris, ce sont 20 lauréats qui, séduits par ce projet, décidèrent de convaincre Georges CASTELAIN d’accepter la présidence de ce groupement. Créateur d’impressions textiles, MOF 1927, Georges CASTELAIN apparaissait aux yeux de ses pairs comme un homme dynamique mais aussi rempli d’une grande sagesse et l’aura qu’il dégageait le désignait tout naturellement à ce poste.

Le 15 juin, dans un modeste appartement de la rue du Temple à Paris, le Comité de création de l’Association fut constitué et furent élus :

Président Georges CASTELAIN, de Paris

Vice-Président : René PETIT de Clamart, pour la région parisienne et Aristide COLOTTE de Nancy, pour la province

Secrétaire : Louis MADUREL de Paris

Trésorier : R. FALIGANT

R. Faligant

Ils affirmèrent leur désir d’union étroite sans aucune distinction de pensée ou de croyance et décidèrent, à l’instar des grandes Ecoles, d’inviter tous les lauréats des Expositions du Travail de 1924 à 1927 à rejoindre l’association en cours de fondation.

Le 14 septembre, les statuts furent déposés à la préfecture et le 29 septembre, le Journal Officiel les publiait.

Ainsi naquit une Société prestigieuse et exceptionnelle, régie par la loi de 1901, composée au départ d’une poignée de membres et qui en compte aujourd’hui de 1800 à 2000 MOF en activité, représentant une véritable élite du travail, groupant plus de 200 métiers. On peut dire que la Société des Meilleurs Ouvriers de France est au monde du travail ce que l’Académie Française est au monde de la culture.

Georges CASTELAIN, premier Président, définissait par ces mots l’éthique et les objectifs de l’association :

« Nous devons faire de notre association une grande famille et nous considérer entre nous comme des frères, issus du même père « Le Travail » et de la même mère « La France ». Comme de véritables frères, nous devons nous aider, nous protéger, nous soutenir dans toutes les circonstances de la vie ».

C’était le temps des pionniers, animés d’un feu sacré et poussés par la légitime fierté de faire reconnaitre à tous la qualité du travail des meilleurs artisans et ouvriers.

René PETIT est né le 3 octobre 1898 à Paris 15ème. Les listes électorales de 1926 et de 1931 indiquent qu’il habite au 8 rue Taboise à Clamart. Le recensement de la population de 1931 le fait toujours apparaître au 8 rue Taboise avec son épouse Jeanne (née en 1902 à Clamart) et leur fille Gilberte (née en 1924 à Clamart). Sa profession est alors « professeur d’ébénisterie ». Il s’est marié le 7 avril 1923 à Clamart.

La rue Taboise à Clamart

Vue actuelle de la rue Taboise – Clamart (photo Jean-Claude THIERRY)

Le Petit Parisien 01 janvier 1929

Les Meilleurs Ouvriers formeront-ils un groupement ?

« On sait que, chaque année, un jury spécial désigne, dans chacun des arts manuels, les meilleurs ouvriers de France.

Mais, une fois nantis des honorables témoignages de l’admiration nationale, et quand se sont, depuis quelque temps déjà, apaisés les échos des louanges officielles, certains de ces élus demeurent bien seuls, bien démunis. Alors, pour ceux-là, viennent des époques grises. L’enthousiasme fait place au découragement.

L’ouvrier d’élite peut, à ce moment, se laisser aller, être, comme le moins habile, le plus fruste de ses compagnons, soumis à des entrainements regrettables, connaître la gêne.

Cette appréhension a saisi l’un des meilleurs ouvriers, M. René Petit, champion de menuiserie au récent concours. M. Petit enseigne son art à l’école d’orientation professionnelle de la rue des Haies. Nous l’y trouvons dans une salle d’études où, vêtus de salopettes bleues, les élèves s’affairent devant les établis qui, là, tiennent lieu de pupitres.

Je voudrais, nous dit le, jeune professeur, rassembler mes compagnons de France en une association amicale dégagée, bien entendu, de toute inspiration politique et qui présenterait un double caractère.

Elle constituerait, d’abord, une sorte de « confrérie chevaleresque ». Son idéal serait fait de la dignité morale dont ne se doivent point départir ceux qui ont eu l’honneur d’être distingués comme les meilleurs. Ensuite, pour que, tout en se plaçant sur un plan différent de celui du syndicalisme, les ouvriers d’élite puissent tout de même jouir des avantages matériels de l’association, ils organiseraient entre eux toutes les formes du secours mutuels.

Ainsi nul d’entre nous ne serait désormais isolé.

Le groupement entretiendrait en chacun de ses adhérents la notion qu’un maître-ouvrier doit trouver, dans sa qualité officiellement consacrée, la précieuse matière d’un réconfort permanent. Assurés, en outre, de n’être à aucun moment privés d’aide morale ou matérielle les meilleurs ouvriers ne cesseraient jamais d’être eux-mêmes.

Cette belle idée paraît digne d’être encouragée.

Avant tout, cependant, il lui faut se préciser. Les intéressés doivent se compter, se retrouver. M. René Petit, 8, rue Taboise à Clamart (Seine), recevra, provisoirement, les adhésions, demandes de renseignements, etc ».

Remise d’une médaille d’honneur à Mr PETIT

Collection Jean-Claude THIERRY – Photo Meurisse (Agence Louis Meurisse)

Votre auteur, Clamartois de cœur est né au 3, rue Taboise, à faible distance de la demeure de René PETIT.

A l’occasion du proche centenaire, j’ai souhaité rendre ce double hommage à René PETIT et à CLAMART.

Annexe

Chronologie :

1913 – Lucien Klotz émet l’idée d’une exposition du travail

Face à la crise de l’apprentissage, Lucien Klotz, critique d’Art et homme politique français souhaite redorer le blason des métiers manuels et propose l’idée d’une exposition nationale du travail « à laquelle pourraient prendre part – sous réserve d’admission par un jury dûment désigné – tous les travailleurs désireux d’affronter le jugement des compétences et celui du grand public »

1922 – Soutien du ministère du commerce -Lucien Dior

Après avoir obtenu le soutien du gouvernement et de plusieurs confédérations de métier, Lucien Klotz parvient à obtenir l’accord de Lucien Dior, alors Ministre du Commerce « J’ai décidé de créer une  » exposition annuelle de l’apprentissage » au cours de laquelle sera proclamé dans chaque profession, le  » Premier Ouvrier de France  » »

1923 – Approbation du principe d’un Comité d’Organisation d’une exposition nationale par 120 présidents de chambres de commerce réunis sous la présidence de Monsieur Lucien Dior

1924 – Première exposition nationale du Travail rassemblant 200 exposants, sous l’égide des ministères du travail, de la culture et de la communication à l’Hôtel de ville de Paris du 18 au 24 novembre 1924 inaugurée par le Président de la République Gaston Doumergue.

1925 – 1ère cérémonie officielle de remise du titre de Meilleur Ouvrier de France

1927 – 2ème exposition nationale du travail – 373 lauréats (René PETIT récipiendaire)

1929 – 7 avril – A l’initiative de René PETIT, MOF Menuisier Ebénisterie 1927, regrettant qu’après la remise de leur diplôme, les lauréats des Expositions rejoignent leurs ateliers et retombent dans l’anonymat et l’oubli sans avoir le moyen, ni de se connaître mutuellement, ni de valoriser leur diplôme, lança un appel dans la presse de l’époque, demandant aux lauréats de se regrouper.

1929 – 29 septembre – Création de l’association loi 1901 appelée « Société des Meilleurs Ouvriers de France »

1931- 17 novembre – Paul DOUMER, Président de la République reçoit à l’Elysée la Société nationale des « Meilleurs Ouvriers de France »

MOF-01 – par Jean-Claude THIERRY.

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