Jeton de Pain Société Coopérative des Mineurs de Vicoigne
82 – Jean-Claude THIERRY – Collection privée
23mm. Cuivre, uniface, octogonal et percé. STE COOPERATIVE DES MINEURS DE VICOIGNE / 1K° / – / PAIN.
Ancienne Coopérative des ouvriers mineurs de la Compagnie des Mines de Vicoigne-Noeux-Drocourt à Noeux-les-Mines. Adresse : 421 rue Nationale 62290 Noeux-les-Mines. (source : Ministère de la Culture)
Raismes – La Société Coopérative des Ouvrier et Employés des Mines de Vicoigne est fondée en 1912. Son Siège Social est basé Coron du Chantier, 200. En 1930, elle compte 457 Sociétaires, son chiffre d’affaires est de 1.451.887 francs, la nature de ses marchandises : Epicerie, Pain, mercerie, vêtements, articles de ménage.
Origine de la Compagnie de Vicoigne
Lors de la fièvre de recherches de houille en 1837, deux Sociétés dites de l’Escaut et de Cambrai se sont formées à Cambrai pour explorer diverses localités du Nord et du Pas-de-Calais.
Dès le commencement de 1838, elles installent plusieurs sondages à Vicoigne, hameau de Raismes, près de la limite septentrionale de la concession d’Anzin, et y découvrent la houille. Elles ouvrent immédiatement des fosses et demandent une concession. À côté d’elles, et en concurrence, viennent s’établir deux Compagnies, celles d’Hasnon et de Bruille, qui ont déjà exécuté de nombreuses recherches sur d’autres points, et dont la dernière, possède déjà deux concessions, Bruille et Château-l’Abbaye, octroyées en 1832 et 1836, et où elles ont dépensé des sommes importantes sans résultats. Une cinquième Société, dite de Vervins, vient aussi s’établir à Vicoigne.
Toutes ces Sociétés se disputent le terrain peu étendu à concéder, et l’administration est fort embarrassée pour démêler les titres de chacune d’elles et y donner satisfaction. Elle invite les quatre Sociétés de l’Escaut, Cambrai, Hasnon et Bruille à se mettre d’accord pour constituer entre elles une Compagnie d’exploitation, à laquelle a été accordée, par ordonnance royale du 12 septembre 1841, une concession de 1 320 hectares. À cette date il existe déjà à Vicoigne, quatre fosses en activité.
Leur production qui n’est en 1841, que de 11 826 tonnes, s’élève à 42 754 tonnes en 1842. Cette faible quantité suffit cependant pour faire baisser le prix de la houille maigre, à 75 centimes l’hectolitre comble, c’est-à-dire 6,25 francs la tonne. La Compagnie d’Anzin qui fournit seule cette sorte de houille a adopté ce dernier prix pensant que l’exploitation de Vicoigne ne pourrait résister longtemps à vendre de la houille à ce taux. Mais le contraire a eu lieu : Anzin perd de l’argent, tandis que Vicoigne en gagne, peu à la vérité. Cette situation ne peut pas durer, et il y est mis fin par l’achat, fait en 1843, par la Compagnie d’Anzin, des propriétés de la Compagnie d’Hasnon, concession de ce nom et des intérêts qu’elle a dans Vicoigne.
Une convention intervient entre la Compagnie d’Anzin et la Compagnie de Vicoigne, par laquelle la première de ces Compagnies reste seule chargée, pendant 99 ans, de la vente des houilles maigres produites par les exploitations de Fresnes, Vieux-Condé et Vicoigne, et fixe la part pour laquelle chacune d’elles entrerait dans le chiffre de la vente, soit Vicoigne pour un tiers, Fresnes et Vieux-Condé pour deux tiers.
On dit que la convention ci-dessus vient d’être résiliée d’un commun accord, et qu’à partir du 1er janvier 1880, chacune des Compagnies d’Anzin et de Vicoigne, restera chargée de la vente des produits de ses exploitations, aux prix et conditions qu’elle jugera le plus convenable à ses intérêts. À la suite de la conclusion de ce traité, les prix des charbons maigres se relèvent, et leur prix n’est plus que de 10 % au-dessous du prix des charbons gras.
La Compagnie de Vicoigne, qui exploite un gisement riche, régulier, dont les travaux sont neufs, exempts de charges, produit de la houille à bas prix, et réalise des bénéfices relativement importants, avec une extraction annuelle qui ne dépasse cependant pas 60 000 à 70 000 tonnes jusqu’en 1852. Ce sont ces bénéfices qui ont servi à faire face aux dépenses des premiers travaux de la Compagnie dans le Pas-de-Calais.
Après le rachat de la Compagnie d’Anzin des intérêts de la Compagnie d’Hasnon, après l’entente pour la vente des charbons en 1843, les quatre Sociétés propriétaires de la concession de Vicoigne arrêtent les statuts de la Compagnie d’exploitation.
Statuts
Le 30 novembre 1843, par devant Maître Dubois, notaire à Valenciennes, sont comparus Messieurs Ewbanck, Dubois et Dubois, agissant aux termes des pouvoirs qui leur ont été conférés par les actionnaires de la Société dite de Bruille ; MM. Béry, Boitelle et Soyer, agissant aux termes des pouvoirs qui leur ont été conférés par les actionnaires de la Société dite de Cambrai ; MM. Farez, Lobry et Casteleyn, agissant aux termes des pouvoirs qui leur ont été conférés par les actionnaires de la Société dite de l’Escaut. MM. Lebret et Dupont, agissant en leur qualité de représentants des administrateurs de la Compagnie d’Hasnon ; Lesquels ont dit :
Aux termes d’une ordonnance royale, en date du 12 septembre 1841, une concession de Mines de houille a été accordée sous le nom de concession de Vicoigne, aux représentants des quatre Compagnies réunies, dites de Bruille, de Campai, de l’Escaut et d’Hasnon.
Voulant remplir la mission qui leur a été conférée, les comparants ont arrêté les clauses et conditions suivantes, qui devront régir la Société déjà existante de fait entre les quatre Compagnies, par suite de l’ordonnance précitée. La Société prend la dénomination de Compagnie des mines de Vicoigne. Elle est constituée à compter du 1er octobre 1841. Elle durera jusqu’à l’épuisement des terrains à exploiter. L’apport social est fixé à 2 400 000 francs. Il pourra être porté à quatre millions. Il sera représenté par 4 000 actions. Le capital de 2 400 000 francs sera fourni dans le délai de trois mois par les quatre Compagnies, par portions égales. Les 4 000 actions seront attribuées par quart à chacune des quatre Compagnies, dites de Bruille, de Cambrai, de l’Escaut et d’Hasnon, Chacune de ces actions restera soumise à un versement de 400 francs. Les actions seront nominatives. Elles seront soumises au droit de retrait. Elles ne pourront être transportées que par acte sous seing privé ou notarié, dont un double devra être remis au conseil d’administration.
L’assemblée générale se réunit chaque année à Valenciennes, le dernier lundi d’octobre. Pour y être admis il faut être propriétaire de cinq actions donnant droit à une voix. L’assemblée générale entend les comptes annuels du conseil d’administration et les rapports du comité de surveillance. La Société sera gérée par un conseil d’administration composé de huit membres. Ils sont nommés en nombre égal par chacune des quatre Sociétés de Bruille, Cambrai, l’Escaut et Hasnon, dans la forme propre à chaque Société et conformément à ses statuts ou à sa constitution particulière.
Les Compagnies de Bruille, de Cambrai et de l’Escaut, arrêtent ainsi le mode de nomination des membres du Conseil qu’elles ont à désigner.
Pour la première fois, cette nomination sera faite par l’assemblée générale de chacune des dites trois Sociétés. Par la même délibération, chacune des Sociétés susdites nommera dans son sein, un comité électoral composé de huit actionnaires élus à vie, lesquels conjointement avec l’administrateur restant de la même Société, seront chargés de choisir un administrateur toutes les fois qu’il y aura lieu. En cas de décès d’un électeur, il sera procédé immédiatement à son remplacement par les électeurs restants. Nul ne pourra être administrateur s’il n’a la pleine propriété d’au moins dix actions. Les membres du conseil d’administration seront renouvelés par huitième chaque année. Tout membre sortant pourra toujours être réélu. Les pouvoirs du Conseil sont très étendus. Les fonctions d’administrateurs seront gratuites. Ils recevront seulement un jeton de présence de vingt francs et une indemnité de vingt francs lorsqu’ils demeureront à plus de douze kilomètres de Vicoigne.
Un comité de surveillance de quatre membres, nommé, remplacé et renouvelé de la même manière que le conseil d’administration vérifiera et arrêtera les comptes et en fera rapport à l’assemblée générale. Les écritures seront arrêtées et l’inventaire dressé par les soins de l’administration le 31 juillet de chaque année. L’administration fixera le chiffre des dividendes. Il sera créé un fonds de réserve de 400 000 francs.
Chacune des quatre Sociétés de Bruille, de l’Escaut, de Cambrai et d’Hasnon, cette dernière remplacée par la Compagnie d’Anzin, reçoit 1 000 actions. L’appel de 600 francs fait sur chaque action est acquitté soit en espèces, soit en travaux exécutés, matériel, outillage, etc. Ainsi Hasnon, qui n’a exécuté que des travaux de sondages a dû apporter un capital en espèces important, tandis que la Compagnie de l’Escaut qui apporte dans la Société nouvelle deux fosses en exploitation et un outillage complet d’une valeur supérieure à 600 000 francs, reçoit au contraire un appoint en espèces. Quant aux Compagnies de Bruille et de Cambrai, leur apport consiste en une fosse et en un complément d’argent.
Exécution de sept sondages d’exploration
La première recherche de la Compagnie de Vicoigne, a eu lieu à Loos, à l’ouest de Lens, où elle a ouvert un sondage le 5 juillet 1850. Poussé avec vigueur, il atteint le terrain houiller à 133,18 mètres dans les premiers jours de septembre, et le 23 du même mois à 139,63 mètres, une couche de houille grasse de 50 centimètres d’épaisseur, inclinée à 23,5°, contenant 32 % de matières volatiles, et qui a été officiellement constatée par M. Dusouich.
La Compagnie porte ensuite ses explorations à sept kilomètres à l’ouest de Loos, le long de la route d’Arras à Béthune et ouvre en octobre 1850 trois sondages. Le premier à Nœux, no 196, atteint le terrain houiller à 144,17 mètres et traverse deux couches de houille : une de 27 centimètres à 145,92 mètres, l’autre de 61 centimètres à 149,62 mètres, contenant 19 % de matières volatiles. Le deuxième à Sains-en-Gohelle no 197 rencontre le terrain houiller à 145,96 mètres, une première couche de houille de 44 centimètres à 164,44 mètres, et une seconde de 53 centimètres à 169,69 mètres, renfermant 33 % de matières volatiles.
Le troisième au Faubourg de Béthune atteint le terrain houiller à 178,45 mètres, traverse une première couche de 35 centimètres à 178,50 mètres, une deuxième de 84 centimètres à 224,25 mètres, avec inclinaison de 35°, charbon maigre à 9 % de matières volatiles.
Un quatrième sondage est commencé les premiers jours de janvier 1851 à Hersin, no 199, à 1 000 mètres environ plus au sud que celui de Sains. Il rencontre le terrain houiller à 139,50 mètres et une couche de houille de 42 centimètres à 154,50 mètres. L’inclinaison est de 21° et le charbon contient 36 % de matières volatiles. Enfin deux autres sondages, demandés par M. Dusouich, pour déterminer la limite au Nord du bassin houiller, ont été exécutés en 1851C 9. L’un à Annequin, rencontre le terrain houiller à 154,45 mètres et une veinule de houille de 35 centimètres à 168,40 mètres, 13 % de matières volatiles ; l’autre à Douvrin, dans le voisinage d’Hesdigneul, atteint le terrain houiller à 177,01 mètres, puis une veinule irrégulière de 45 centimètres de charbon de même nature que celui traversé à Annequin.
Ces sept sondages ont exploré de la manière la plus complète la tranche du bassin houiller que la Compagnie de Vicoigne demande en concession. Ils ont été poussés avec une grande activité, ont tous fourni des résultats positifs, et témoignent d’une direction aussi sagace qu’intelligente, imprimée par M. de Bracquemont. (source Bassin Minier Nord Pas-de-Calais & wiki)
Fosse N°1 Boitelle ou fosse du Prussien À Raismes, rue Roger Salengro. 1839 – 1971
Ouverte par la Compagnie de Cambrai en 1839, près de la route de Valenciennes à Saint-Amand-les-Eaux. Elle tire probablement son nom du patronyme du président de la société, Casimir Joseph Boittelle. On atteint le houiller à 82 m et on y trouve un gisement anthraciteux qui fera la réputation des Mines de Vicoigne. Le puits, profond de 228 m, est remblayé en 1971 et le chevalet abattu. Le puits sera concentré sur la fosse no v4 pour servir à l’aérage. Les installations sont détruites lors de la guerre. Elles seront reconstruites spécifiquement afin de servir à l’aérage.
Fosse N° 2 Évrard – À Raismes, rue de Wallers. 1839 – 1980
Foncée en 1839 par la Compagnie de l’Escaut à 200 m de la limite Sud de la concession, les travaux commencent la même année que ceux de la fosse no 1, elle rencontre le terrain houiller à 102 m. La profondeur est de 260 m en 1888. La relative proximité des quatre fosses entraîne rapidement l’arrêt de l’extraction par la fosse no 2 qui sert à l’aérage. L’extraction est arrêtée vers 1888 pour être concentré sur la fosse no 4, puis sur la fosse no 3.
Fosse N°3 À Raismes, rue du Mont des Ermites. 1839 – 1980
Raismes – Mines de Vicoigne – La Fosse N° 3 Ewebank sinistrée.
Fosse N° 4 Le Bret ou fosse du Mont des Ermites
À Raismes, rue du Mont des Ermites, à l’est de la Voie ferrée – 1839 ?
Elle est encore appelée fosse du Mont des Ermites. Elle est foncée en 1839 à 700 m au Nord-Est de la fosse n° 3 par la Compagnie de l’Escaut et atteint le houiller à 92 m de profondeur. C’est sur la fosse no 4 que sera concentrée la presque totalité de l’extraction de la Compagnie de Vicoigne jusqu’en 1914. Entièrement détruite, la fosse ne servira plus qu’à l’aérage de la fosse no 3 après la guerre.
Vicoigne – La Route de Saint-Amand
Compagnie des Mines de Vicoigne & de Noeux – Charbons pour Usines – E. Alaux – 1869
Plaque en bronze – 1929. A son Directeur Général :
Eugène Barthélémy 1901-1929 – Compagnie des Mines de Vicoigne, Nœux et Drocourt.
Nœux-les-Mines – Mines de Vicoigne – 1ère Guerre Mondiale 1 franc 15-9-1915
1912
Jacques Louis Adrien Aubé De Bracquemont – Administrateur et Ancien Ingénieur en Chef
Des Mines de Vicoigne-Noeux (Pas-de-Calais) – Chevalier de la Légion d’Honneur
Décédé à l’âge de 69 ans le 19 octobre 1884
Paris, 19 boulevard Malesherbes – Château de Meurival, Meurival (Aisne)
Jacques Louis Adrien Aubé De Bracquemont est un Ingénieur Civil des Mines, diplômé de l’Ecole des Mineurs de Saint-Etienne (Loire). Il est considéré comme le Fondateur des Mines de Noeux, où une fosse porte son nom (fosse 1/1 bis des Mines de Vicoigne-Noeux-Drocourt). C’est la première fosse en activité pour la Compagnie de Noeux-Vicoigne-Drocourt sur la concession de Nœux-les-Mines appelée aussi fosse Aubé de Bracquemont, alors Directeur de la Compagnie de Vicoigne.
En effet, c’est la Compagnie de Vicoigne qui a effectué les sondages et a déposé la demande en concession. La fosse se trouve juste à côté des grands bureaux de la compagnie.
Il accepta alors la direction des mines de Bruille, peu de temps après réunies à celles de Vicoigne au sein de la même compagnie. Ces mines, sans grande importance, ne produisaient guère annuellement que 50.000 à 60.000 tonnes de charbon maigre, qui ne s’écoulait que difficilement et à bas prix. Cependant, grâce à la bonne direction de Bracquemont, aux améliorations techniques apportées par lui, les mines de Vicoigne réalisèrent des bénéfices assez considérables qui, sagement réservés, devaient permettre la constitution de l’exploitation de Noeux.
(Sources : René Samuel-Lajeunesse, Grands Mineurs français).
Par Jean-Claude THIERRY
Félicitations pour cet article très intéressant et complet qui cite ses sources. Bien documenté et agréable à lire, il fourmille de détails sur cette compagnie.
Bravo
ST