Coopérative de Thaon-les-Vosges

Les Jetons de Pain de la Coopérative de Thaon-les-Vosges Blanchisserie Teinturerie

11 – 11 a, b, c, d – Jean-Claude THIERRY. Collection privée. Agrandis 2 fois.

21 mm. Aluminium. Octogonal. Avers : *COOPERATIVE THAON ∆. Revers : 1 k PAIN.

19mm. Aluminium. Rond. Avers : * COOPERATIVE THAON ∆. Revers : 0 k 500 PAIN.

30 mm. Aluminium. Avers : ∆ COOPERATIVE THAON *. Revers : 2 k PAIN.

25 mm. Aluminum.Rond et lobé. Avers: ∆ COOPERATIVE THAON *. Revers : 1 k 500 PAIN. RéférenceR. Elie 20.3

Je présente ici différentes formes que nous rencontrons, mais nous connaissons d’autres jetons de Pain pour cette Coopérative de Thaon, dans différents modules pour les 0kg500, 1kg,1kg500 et 2 kg.

R. Elie a référencé le type rond et lobé des N° 20.1 a 20.5, les autres seraient inédits dans son ouvrage.

Thaon-les-Vosges est une ancienne commune française située dans le département des Vosges, en région Grand Est, devenue, le 1er janvier 2016, une commune déléguée de la commune nouvelle de Capavenir-Vosges. Ses habitants sont appelés les Thaonnais.

BTT – Blanchisserie et Teinturie de Thaon


Collection privée.Taille réelle.

69mm. Bronze. 1872 – 1972. Centenaire de la Blanchisserie et Teinturerie de Thaon. Arthus Bertrand. 1973. Avers : salle de machinerie en ouvrage. Revers : vue au dessus de l’usine et ses environs, légende BLANCHISSERIE & TEINTURERIE DE THAON. Exergue ; 1872 – 1972.

CPA – Collection privée. La coopérative – Rue de Lorraine.

BTT – Blanchisserie et Teinturie de Thaon  (Source : Les notes ci-dessous sont tirées des recherches de l’Abbé C. Olivier, Histoire de Thaon-les-Vosges, publié en 1904 en deux volumes (Sections 1-4). Afin de restituer au mieux le contenu de ses recherches et d’éviter une éventuelle altération, les textes ont été recopiés textuellement).

Développement industriel et communal. Conséquences économiques de l’annexion. Lorsqu’en1871, l’annexion de l’Alsace à l’Allemagne fut consommée, une pensée surgit dans l’esprit de tous les industriels et négociants s’occupant de la production et de la vente des tissus de coton : comment donner aux tissus de coton produits en France le finissage que les ateliers de Mulhouse, de Wesserling et de Rothau offraient avant la guerre à l’industrie française ?

Les droits d’entrée qui frappaient les produits étrangers et, par conséquent, la marchandise alsacienne à son arrivée en France, en rendent l’importation très onéreuse et pour certains articles presque impossible. De plus, un grand nombre d’industriels français qui, avant la guerre envoyaient leurs tissus en Alsace pour y être blanchis, apprêtés, teints et imprimé, se voyaient dès lors privés de leurs débouchés, dans l’impossibilité où ils se trouvaient de faire donner à leurs produits une manutention indispensable à leur vente.

Nécessité de la nouvelle industrie. D’un autre côté, le nombreux industriels cotonniers installés en Alsace songèrent à transporter en France tout ou partie de leurs usines.

Il ne restait alors en France d’autres blanchiments que ceux de Rouen et des environs de Paris qui ne pouvaient suffire au façonnage des tissus de coton de la France.

C’est en réalité une grosse infériorité pour l’industrie vosgienne.

M. Jules Favre, l’un des associés de la maisonCharles Laedericch, fils et Cº, conçut à ce moment le projet de créer dans lesVosges, sous le nom de Blanchisserie et Teinturerie de Thaon, une grande usine de blanchiment, teinture et impressions sur tissus de coton qui remplacerait enFrance ces industries demeurées en Alsace et permettrait aux tissus vosgiens de se faire manutentionner sur notre territoire.

Les avantages qu’on devait retirer d’une semblable création étaient si évidents, qu’en peu de temps les capitaux nécessaires furent réunis.

Comité des fondateurs. Un comité des fondateurs fut constitué comprenant de nombreux filateurs et tisseurs desVosges et façonniers d’Alsace.

MM.

Ivan Koechlin, propriétaire à Thaon,

Edouard gros, manufacturier à Wesserling,

Christophe Dieterlen, manufacturier à Rothau,

Armand Lederlin, manufacturier à Rothau,

Christian Kiener, manufacturier à Epinal,

Lucien Lemant, manufacturier à Blamont,

Ch. Henri Schupp, manufacturier à Epinal,

Ch. Joseph Galtier, banquier à Epinal,

Nicolas Claude, député, manufacturier à Saulxures,

Jules Favre, manufacturier à Epinal,

Nicolas Géliot, ancien député, manufacturier à Plainfaing.

Conseil d’administration. Voici maintenant la composition du comité d’administration:

MM.

Paul Bezancon, maufacturier demeurant à Breuches,

Nicolas Claude, manufacturier à Saulxures,

Jacques-Christophe Dieterlen, manufacturier à Thaon,

Albert Esnault-Pelterie, négociant à Paris,

Jean-Jules Favre, manufacturier à Epinal,

Nicolas Géliot, manufacturier à Plainfaing.

Christian Kiener, manufacturier à Epinal,

Armand Lederlin, manufacturier à Thaon,

Lucien Lemant, manufacturier à Blâmont,

Félix-Charles Lévêque, manufacturier à Wesserling,

Charles-Henri Schupp, manufacturier à Epinal.

PremièreOrganisation. Une société par actions au capital de 3.500.000fr. était donc fondée grâce au concours de la plus grande partie des industriels des Vosges et des principales maisons de blanc et de doublures deParis, et, le 26 Février 1872, la société anonyme de Blanchisserie etTeinturerie de Thaon était constituée.

L’usine fut construite en 18 mois, à 9 kilomètres d’Epinal, sur une vaste propriété rurale traversée par la Moselle dont l’abondance et la pureté chimique de l’eau étaient indispensables à la nouvelle industrie,

La maison Gros-Roman-Marozeau et Cº, de Wesserling, consentit à fournir tous les éléments du blanchiment : la maison Steinheil-Dieterlen, de Rothau, fournit les éléments nécessaires à la teinturerie.

Mais ce n’était pas tout qu’avoir l’idée et l’argent, il fallait trouver des hommes doués d’assez de volonté, d’expérience et de savoir pour mener à bien une œuvre si importante.

Le choix de M. Jules Favre se porta immédiatement sur MM. Christophe Dieterlen et Armand Lederlin, le premier chef, et le second imprimeur de la maison Steinheil-Dieterlen, de Rothau.

Obstacles surmontées. C’était la première industrie de quelque importance introduite dans un pays voué jusqu’alors presque exclusivement à l’agriculture; aussi, tout fut-il à créer : voie de raccordement de 1.500 mètres pour relier l’usine à la ligne de Nancy à Gray ;chemins d’accès du village de Thaon à l’usine ; ponts sur de nombreux canaux d’irrigation ; passerelle, puis pont de 110 mètres de long sur 6 de large sur la Moselle, afin de permettre aux populations de la rive droite de venir travailler à Thaon et d’y apporter leur denrées ; poste, bureau télégraphique, cités ouvrières, usine à gaz, atelier de construction pour les machines spéciales à la nouvelle industrie et qui ne se trouvent pas dans le commerce, etc.

Pont sur la Moselle. Le premier soin fit de relier par une passerelle en bois les deux rives de la Moselle et defaciliter ainsi à la main-d’œuvre et aux matériaux provenant des communes de Girmont, Dogneville, Bayecourt, Villoncourt, Pallegney et Domèvre-sur-Durbion, l’accès au territoire de Thaon.

Jusqu’alors, il n’existait qu’un bac pour piétons entre Thaon et Girmont. Or, en 1865, les ingénieurs des Pont et Chaussées ayant proposé l’établissement d’un nouveau bac, le conseil municipal déclara remercier vivement les ingénieurs ; toutefois, ajouta-t-il, une passerelle ou un pont desservirait mieux les intérêts des communes.

Dans une nouvelle délibération du 14 Septembre1865, le Conseil se permet de faire remarquer aux ingénieurs que les bacs sont dangereux pour la sécurité publique et que bien des personnes hésitent à s’en servir, même par les eaux ordinaires. Aussi, afin de prouver son grand désir devoir aboutir le vœu précédant, le Conseil déclare que pour une passerelle i donnera 1.500 fr. de subvention, plus 500 fr. recueillis par voie de souscription dans la commune.

Mais, ajoute-t-il, s’il s’agissait d’un pont, nous offrons une subvention de 8.000 fr., et les habitants veulent bien doubler le montant de leur souscription qui atteindra 1.000 fr., soit au total 9.000 fr.

Le projet tombe encore à l’eau et les transactions entre Girmont et Thaon continuent à se faire par le bac jusqu’au jour où l’usine reprend elle-même le projet. C’est une passerelle qu’elle se propose de construire et, pour ce, elle fait appel à une subvention communale. Le conseil vote en effet, le 4 Août 1872, une somme de 2.000 fr. payable en quatre annuités.

Douze ans plus tard, la passerelle est devenue insuffisante; le Conseil d’administration de l’usine décide la construction d’un pont de pierres et la commune y contribue par un emprunt de 12.000 fr. (9 Juillet 1884)

Transformation du village. A peine les premiers travaux de l’usine étaient-ils commencés que les diverses communes du voisinage ressentaient les premiers bienfaits de la nouvelle entreprise. De toutes parts les ouvriers des différents corps d’état se présentaient en quête de pension et de logement.

Dès lors, les transactions commerciales devinrent de plus en plus vives dans les communes ; de petits magasins s’installèrent où fournissait à cette nuée de travailleurs tous les objets indispensables à l’existence. En même temps, les cultivateurs aménageaient leurs maisons pour louer, qui une chambre, qui deux, aux nouveaux venus. Le prix des loyers augmenta ; ce fut un premier bien-être pour la population.

Pour la mise en marche de l’usine, la Direction fit venir d’Alsace ses chefs ouvriers. Plus de cent familles arrivant deWesserling, Rothau, Schirmeck, Mulhouse, Pfastadt, et autres localités industrielles répondirent à l’appel de la Direction, généreusement secondée dans la circonstance par la Société de protection des Alsaciens-Lorrains. Elles furent installées dans les logements qui avaient été préparés et servirent denoyau à la population ouvrière de Thaon.

Mais il s’en fallait de beaucoup que ce fût suffisant ; aussi les communes environnantes achevèrent-elles de fournir le contingent nécessaire.

Les habitants s’empressèrent d’autant plus d’accepter du travail à la Blanchisserie qu’ils trouvaient là un salaire rémunérateur, surtout pour les femmes et les jeunes filles jadis condamnées à peiner de longues heures pour gagner, par des travaux de broderie ou de feston, des salaires réellement dérisoires.

A peine l’usine en marche, ce fut entre Thaon et Epinal d’une part, entre Thaon et les communes environnantes d’autre part, un perpétuel va-et-vient. C’est ce qui explique l’extrême rapidité avec laquelleEpinal s’est étendu en longueur dans le sens de la Moselle et avec laquelle aussi la route nationale s’est garnie de maisons tout au long des communes d’Epinal, Golbey, Chavelot et Thaon.

Développement rapide de l’usine. Les difficultés qui durent être surmontées pour arriver à faire marcher l’Usine de Thaon sont incalculables et quand on considère les résultats obtenus dans un espace de temps relativement si court, on conçoit qu’il ait fallu au Conseil d’administration une entière confiance dans la réussite de son entreprise, à laDirection une volonté de fer et au personnel un dévouement absolu pour mener à bonne fin une œuvre pareille.

Pour donner une idée du développement successif de la Blanchisserie et de la Teinturerie, nous dirons qu’en 1875 elles occupaient492 ouvriers et qu’actuellement le nombre total est de 2000.

Au point de vue de sa production, rappelons que l’Usine a terminé et facturé en 1875, 317.000 pièces de tissus et payé 450.000fr. de salaires. En 1900, elle arrive à 1.474.000 pièces et 1.634.000 fr. de salaires et 1902-1903 à 1.702.792 pièces.

Six cents chevaux de force motrice étaient suffisants à l’origine, mais il en fallu successivement 750 en 1880 ; 1300 en1885 ; 2000 en 1890 ; 2500 en 1895 ; 3500 en 1900, dont 600 de force hydraulique, 2600 de force vapeur et 300 de force électrique.

Thaon est arrivé à blanchir et à apprêter le calicot et tous les tissus de coton façonnés avec la même perfection que Wesserling et que Thann dans le Haut-Rhin et à teindre et imprimer les doublures pour vêtements, pour ameublements, etc., avec la supériorité universellement reconnue des teintureries de Pfastadt et de Rothau.

Les tissus de coton des Vosges, de Normandie, d’Alsace, de Suisse et d’Angleterre y affluent pour y être transformés en toute la série des articles employés à la lingerie de blanc pour hommes et pour femmes et en toutes les doublures de vêtements et de meubles.

Exportation. Les articles d’exportation ont acquis à Thaon une énorme importance et les ateliers spéciaux qui ont été créés pour la seule exportation représentent près de 2.500.00francs de capitaux.

L’Algérie, le Sénégal, le Congo, et surtout l’Indo-Chine française de Madagascar procurent à Thaon de nouveaux éléments de prospérité et à l’industrie cotonnière de l’Est une source de travail et de gain extraordinaire.

Etat financier. Les chiffres suivants donneront plus qu’une longue dissertation une idée exacte de l’étonnante prospérité de l’Usine de Thaon.

Capital en actions… 3.500.000,fr

Coût total de l’Usine . . . 15.125.626,76 fr

Réserves … 2.050.228,48 fr

Dividende d’une action en 1878-1879 . . . 5 0/0

Dividende d’une action en 1901-1902 . . . 18 0/0

Installation générale. Les ateliers sont construits avec le plus grand soin, tant au point de vue de la simplification du travail qu’au point de vue hygiénique.

Ils diffèrent en ceci de la plupart des autres blanchisseries et teintureries qui, fondées dans des proportions très restreintes, e sont agrandies peu à peu par l’adjonction de nouveaux bâtiments et dont l’ensemble se ressent plutôt de nécessités momentanées que d’une idée générale et d’un plan nettement arrêté.

Construits en rez-de-chaussée de 5 mètres de hauteur, les ateliers sont parfaitement aérés et éclairés, chauffés à la vapeur en hiver, dallés en ciment sur toute leur étendue afin de faciliter l’écoulement des eaux et de vapeur, etc.

Voies de transport. On a vu quelles furent, au début, les influences de cette installation sur les communes rurales du voisinage.

Cette influence n’a fait que croître ; elle a motivé la construction du pont sur la Moselle et contribué pour une bonne part au choix du tracé adopté pour le Canal-de-l’Est. En effet, l’Usine a souscrit des parts de garantie pour la création de ce canal ; elle a alloué une forte subvention destinée à établir à 150 mètres de l’Usine un port de navigation intérieur où les bateaux, venant des divers bassins houillers, lui amènent chaque année des milliers de tonnes de charbon, sans compter les autres matériaux de grosse consommation.

Enfin, elle a provoqué la création d’une gare à trafic important et établi un raccordement entre la voie ferrée et le canal.

Nous rappellerons pour mémoire combien l’on fut heureux, au moment du sinistre de Bouzey, de pouvoir utiliser pour les besoins du public le raccordement particulier de la voie ferrée avec le Canal-de-l’Est.

Mais cette influence ne devait pas s’arrêter là ; elle devait solliciter l’éclosion de toutes les usines que nous voyons massées à Thaon même, à Igney, à Nomexy, à Vincey, à Golbey, usines où l’on s’occupe exclusivement du travail du coton.

Achat des usines normandes. Le 31 Octobre 1903, le Conseil d’administration réunissait en Assemblée générale extraordinaire les actionnaires de la Blanchisserie et teinturerie de Thaon et proposait d’élever le capital à 4.000.000 de francs, au moyen d’une émission de 200 actions nouvelles au taux de 10.500 fr., prix auquel les actions de Thaon se négociaient couramment.

Cet appel de fonds destiné à payer l’acquisition des Blanchisseries et Teintureries normandes, comprenant les établissements de Gisors, Notre-Dame-de-Bondeville et Darnétal, fut approuvé par l’Assemblée générale des actionnaires et c’est ainsi que laSociété Thaonnaise, en devenant propriétaire de ces usines, supprima une sérieuse concurrence

Œuvres sociales d’utilité économique

Société coopérative de Consommation. Lors de la fondation de la Blanchisserie. Thaon était absolument dépourvu de ressources. Il s’y trouvait un seul boulanger, deux cabarets et un débit de tabac ; les habitants étaient tributaires d’Epinal et de Châtel pour la viande, l’épicerie, la mercerie, etc.

Cette situation motiva la création d’une Société coopérative de Consommation, qui est constituée par actions et à capital variable et se trouve administrée par les ouvriers. Le Directeur de l’Usine y remplit les fonctions de Commissaire des Comptes.

Au début, le nombre des adhérents était de 58, bientôt ceux-ci affluèrent, la prospérité de la société s’affirma et en 1892elle faisait pour 144.253,25 fr. d’affaires qui donnèrent un bénéfice net de21.415,35 fr., soit 14,88 fr. p. 0/0 du chiffre des ventes et 472,50 fr. p. 0/0du capital engagé.

Cette première société procure à ses adhérents et au public des denrées de première qualité à des prix modérés. Elle fabrique elle-même son pain et, par des marchés avec les bouchers de la localité, elle arrive à se procurer de la viande à des conditions aussi avantageuses que si elle avait créé elle-même une boucherie.

Au cours de l’année 1902, la Société coopérative de consommation qui comptait 262 adhérents, acheta 69.843 kg. De viande de boucherie.

Les Sociétaires ont adopté le principe de la mutualité en créant, en 1886, un fonds de prévoyance destiné à venir en aide à ceux qui sont momentanément dans la gêne.

Tous les six mois on met à leur disposition la part qui leur revient sur les bénéfices réalisés, part qu’ils sont libres de retirer ou de laisser en dépôt à 5 % d’intérêt annuel.

Plus d’un ouvrier a pu de la sorte s’amasser un petit pécule qui lui a permis dans la suite d’acquérir un lopin de terre sur lequel, grâce aux prêts hypothécaires de la Société de secours mutuels dont il va être parlé, il a construit sa modeste maison.

Société de secours mutuels. Le 15 Décembre 1872, une Société de secours mutuels était fondée, obligatoire celle-là, pour tout le personnel de l’usine. Elle avait pour but :

D’accorder aux sociétaires malades une indemnité de chômage égale à la moitié du salaire,

De leur donner gratuitement les secours médicaux et pharmaceutiques,

D’accorder à la famille de chaque sociétaire décédé un secours pour les frais de sépulture,

D’accorder aux sociétaires mariés un secours pour chaque naissance,

D’accorder un secours aux familles des réservistes et des territoriaux appelés sous les drapeaux,

D’accorder une gratification d’entrée en ménage aux jeunes filles se mariant durant leur présence à l’Usine.

La Société comprend tous les ouvriers, les ouvrières et contremaîtres, à l’exception des femmes mariées ; elle n’admet pas d’ouvriers âgés de plus de 40 ans.

A côté de la Caisse de secours, a été créée une Caisse de famille qui, moyennant une cotisation fixe de 0 fr. 40 par quinzaine, assure, aux familles des cotisants les secours médicaux et pharmaceutiques.

Le 21 Avril 1877, une cotisation spéciale et supplémentaire de 0 fr. 05 par quinzaine était instituée pour la création d’un fonds de retraite à servir aux vieillards faisant partie de la Caisse de secours comme membres sociétaires.

La Société est administrée par un Comité composé comme suit :

Le Chef d’Usine et 7 employés supérieurs désignés par lui (Le comité d’administration de la Société de secours mutuels est actuellement composé de MM. Armand Lederlin, président, Ed. Diehl, vice-président, Paul Lederlin, Secrétaire, Banzet, secrétaire-adjoint, Winkler, trésorier, Ch. Montavon, trésorier-adjoint, Henry Lederlin, membre, HenriDelahaye, membre.),

Un certain nombre de membres délégués et élus parles ouvriers des ateliers et dont le nombre croît au fur et à mesure du développement de l’Usine.

Les revenus de la Société se composent:

Du produit des cotisations, soit 1% du salaire,

Des cotisations des membres honoraires, 30 fr. par personne et par an,

Des cotisations des membres de la Caisse des Familles,

Des subventions accordées par la Direction,

Des intérêts des capitaux placés,

De la cotisation spéciale de 0.05 par quinzaine pour secours aux vieillards et aux veuves.

Le sociétaire malade reçoit gratuitement :

Les soins du médecin,

Les médicaments,

Un secours en argent égal à la moitié de son salaire moyen pendant les trois derniers mois de travail et dont le maximum est de 2,50 par jour.

Grâce aux subventions patronales et aux cotisations de membres honoraires la Société fut bientôt à la tête d’excédents considérables dont une partie fut utilisée en prêts hypothécaires aux sociétaires désireux de se construire une maison sur un terrain acquis et payé préalablement.

De 1881, date du premier prêt, au 31 Décembre 1902, le Comité avait prêté sur l’hypothèque une somme de 443.753 fr. à 122 sociétaires.Sur cette somme il a été remboursé, de 1881 au 31 Décembre 1902, 148.353 fr. Il reste donc dû au 31 Décembre 1902, 295.400 fr.

La Caisse de secours place ainsi très avantageusement et très utilement ses fonds disponibles, et les revenus qu’elle en tire lui permettent d’allouer à ses membres devenus infirmes ou invalides, ainsi qu’à leurs veuve un secours de 10 fr. par mois (Nombre de veuves, de vieillards ou d’infirmes secourus par la caisse de Secours: 10 hommes, 37veuves & 1 fils soit 48 au total, nombre de veuves, de vieillards ou d’infirmes secourus par la Blanchisserie: 42 hommes, 40 femmes soit au total 82)

CPA – Collection privée.Sortie des Ouvriers.

Caisse de Retraites. Une clause de l’article 59 des statuts de la Blanchisserie et Teinturerie de Thaon allouait à un compte de prévoyance une part de 5% à prendre sur les bénéfices nets. Dès1880, cette part de 5% apportait audit compte une somme de 10.637 fr. et l’accumulation des parts bénéficiaires n’a fait que s’accroître depuis cette époque.

Ces fonds accumulés ont été réunis en un fonds de prévoyance par lequel on alimente toutes œuvres créées en faveur des ouvriers, œuvres qu’il serait trop long d’énumérer ici. Nous citerons seulement la création d’un hôpital dispensaire, d’un lavoir avec eau chaude, d’un séchoir, etc.

De plus, une partie des revenus de ce fonds est employée à donner aux veuves et aux ouvriers devenus infirmes ou invalides un secours de 20 à 30 fr. par mois qui leur est une précieuse ressource sur les vieux jours.

Caisse d’Epargne pour les ouvriers de l’Usine. En1875, M. Armand Lederlin créait une Caisse d’Epargne pour ses ouvriers aux quels il bonifiait 5% d’intérêt par an. Les dépôts étaient limités à 1000 fr. parunité.

Dans la suite, M. Lederlin sollicitait la création d’une succursale de la Caisse d’Epargne d’Epinal qui, installée en 1879, se complétait par la création d’une Caisse d’Epargne scolaire et postale.

Cet appel devait porter ses fruits.

Au 1er Décembre1892, le total des dépôts effectués tant dans les caisses de l’Usine qu’à la Caisse d’Epargne de la Commune se montait à 2.074.075 fr. 95.

Secours médicaux et pharmaceutiques. Pendant les premières années qui suivirent sa fondation, l’établissement de Thaon eut recours pour les soins médicaux et pour les fournitures pharmaceutiques aux médecins et pharmaciens des villes voisines.

Comme médecins, nous voyons successivement MM. Les docteurs De Langenhagen, Gaulard, Lahalle, tous fixés à Epinal, venir régulièrement donner leurs soins aux ouvriers de l’usine.

Les autres habitants de la Commune trouvaient déjà dans ces déplacements un avantage particulier, celui de pouvoir profiter des visites fréquentes des médecins sans avoir à payer des frais spéciaux.

Le premier médecin attiré à l’Usine a été M. Fissinger, il est entré le 30 Juin 1880 et a quitté le 28 Février 1887.

Le second, M. Bornèque, est entré le 1er Mars 1887 et a quitté le 1er Juin 1893.

Le troisième, M. Galmard, est entré le 1er Juin 1893 et se trouve encore en fonction.

A partir du 16 janvier 1903, il y a eu deux docteurs qui sont MM. Galmard et Houillon.

Peu après l’arrivé de M. le Docteur Fissinger, la ville ayant pris un développement suffisant, un pharmacien, M. Ehrwein vint s’y installer en 1880.

Ce n’était pas tout d’avoir doté l’Usine d’un médecin, il fallait encore gérer et organiser une Caisse de secours. Cette caisse fut fondée, comme on l’a vu, en 1872 et n’a pas cessé de fonctionner depuis. Rappelons ici que l’établissement fournit gratuitement les soins médicaux et que la caisse de Secours pourvoit à la fourniture des médicaments, non seulement aux membres participants de la Caisse, mais à toute leur famille et aux indemnités de chômage qui sont de la moitié du salaire.

Bureau de bienfaisance. Quoique ne dépendant pas de l’Usine, il faut mentionner ici le Bureau de bienfaisance de la commune, aux libéralités duquel ont droit tous les Thaonnais nécessiteux. Nous avons vu M. Léger Jean maire, ancien curé de Thaon, le gratifier d’un don de 500 fr. dont les rentes doivent être affectés au soulagement des pauvres ; signalons encore le don généreux de8.000 fr. fait en 1847 par M. Dominique Marchal.

Le Bureau de bienfaisance possède encore quelques autres revenus et reçoit fréquemment des dons importants à l’occasion d’événements de famille.

CPA – Collection privée. Sortie des Ouvriers de la Blanchisserie etTeinturerie.

 Œuvres sociales d’utilité matérielle. Habitations ouvrières. La Blanchisserie a compris que le facteur le plus important dans un établissement façonnier est représenté par la main-d’œuvre, laquelle doit être obtenue dans de bonnes conditions.

Ce but ne peut-être atteint que par la stabilité du personnel et par des institutions qui procurent à bon marché tout ce qui est nécessaire à l’existence matérielle et intellectuelle de l’ouvrier.

Or tout ce qui peut l’attacher à une industrie a été réalisé à Thaon.

La Blanchisserie adopte, en effet, pour ses habitations ouvrières le type de deux maisons mitoyennes à rez-de-chaussée.

Elle a fait construire deux variantes:

Maison en profondeur. Au rez-de-chaussée, une cuisine à l’entrée et deux pièces ; dans les combles, une chambre avec un grenier. Chaque logement a une cave et un grenier ; les waters-closets sont dans le jardin.

Le prix de revient de la maison est de 6.400 fr. pour deux logements. Le loyer mensuel est de 20 fr. par maison, soit 10 fr. par logement, c’est-à-dire 2 fr. 50 par chambre.  

Un autre modèle ayant deux pièces de profondeur. Chaque logement comprend au rez-de-chaussée une cuisine, à l’entrée avec trois pièces ; au dessus une mansarde et des greniers, puis une cave et un jardin où sont installés des waters-closets.

Le prix de revient de la maison est 7.600 fr. pour deux logements ; le loyer mensuel est fixé à 24 fr. par maison, soit 12 fr. par logement, c’est-à-dire 2 fr. 40 par chambre. Chacun de ces logements a son entrée complètement indépendante et se trouve pourvu de lumière électrique et de distribution d’eau.

Cité Ouvrière – cité Foch & la Marseille.

Soins hygiéniques. En même temps qu’elle tenait à fournir son personnel de logements salubres, la Direction de l’Usine mettait gratuitement à la disposition de ses ouvriers, tant à l’usine qu’à leur domicile, des bains chauds, des douches et des bains de vapeur.

Elle organisait également un vaste réfectoire afin de permettre aux ouvriers des villages voisins de prendre leur repas de midi dans un local aéré et bien chauffé en hiver et pourvu du mobilier nécessaire.

Lutte contre l’alcoolisme. La Blanchisserie de Thaon n’a pour ainsi dire pas d’ivrognes parmi ses ouvriers, mais elle a des alcooliques, c’est-à-dire que beaucoup d’ouvriers boivent chaque matin un petit verre d’eau-de-vie.

Afin de lutter contre cette habitude néfaste, M.Lederlin a installé aux deux entrées de l’usine des kiosques où il fait vendre tous les matins, de 5 à 6 heures, du café chaud sucré et du thé à raison de 0fr. 05 le verre.

Ceux qui veulent y ajouter du lait en trouvent à discrétion et gratuitement.

De plus, il a installé un comptoir pour la vente du café chaud, de 11 h. ½ à 12 h. ½, dans la grande salle du réfectoire où les ouvriers des villages environnants prennent leur repas de midi.

Il y a ajouté tout récemment une vente de vin et de bouillon chaud à 0 fr. 05 la portion, pendant l’heure du repas.

Il a été servi ainsi pendant l’année 1902: 229.653 verres de café, 16.972 verres de thé, 106.525 verres de vin.

Lorsque la Société que dirige M. Lederlin vend des terrains à bâtir, il est formellement stipulé dans l’acte de vente qu’il ne pourra jamais être créé de débits, cabarets, estaminets, guinguettes, etc.,dans les immeubles construits sur ces terrains.

Lutte contre l’anémie de la jeunesse. Dans le but de procurer aux jeunes ouvriers et ouvrières, pendant la période critique de la croissance, de 13 à 16 ans révolus, l’appoint nécessaire d’alimentation, le Directeur leur fait distribuer à tous gratuitement, chaque jour à midi, un sandwich composé de 40 grammes de viande cuite et de 140 grammes de pain.

Il a été ainsi distribué en 1902: 37.500 sandwichs.

Société de distribution d’eau et de lumière électrique. Cette Société a été constituée par actions en 1901, sur les bases suivantes:

L’intérêt garanti des capitaux y engagés ne pourra être supérieure à 3%.

S’il y échet, le surplus des bénéfices sera partagé en deux parts égales entre les actionnaires et la Commune.

L’intérêt de 3% précité est garanti par la commune qui peut à tout instant user du droit de rachat.

Postes et télégraphes. Jadis, en 1872, Thaon n’avait ni bureau de poste ni bureau de télégraphe. L’Usine de Blanchiment demanda d’abord la création d’un bureau de poste en 1872. Elle sollicita ensuite l’établissement d’un bureau télégraphique pour son compte et à ses frais personnels, bureau dont elle avait toute la charge, mais dont pouvaient néanmoins profiter les habitants de la commune.

En 1874, le bureau fut converti en bureau de plein exercice.

Enfin, en 1899,l’Usine demanda la création d’un fil et d’une cabine téléphoniques à ses frais et à son usage personnel. En même temps, une cabine téléphonique publique était installée à Thaon. Une Caisse d’épargne postale fonctionne également.

Oeuvres sociales d’utilité morale. Nécessité de ces œuvres. Maintenant que nous avons examiné quelle fut l’importance de la création de la Blanchisserie pour le bien-être matériel et économique de Thaon et des communes voisines, il nous reste à examiner son influence dans ses œuvres d’utilité morale.

En effet, la vie des agglomérations humaines, tout comme celle des individus, comporte le développement du bien-être économique et moral qui joue pour elles le même rôle que le développement physique chez les êtres organisés et le développement intellectuel chez l’individu.

Ce n’est pas un maigre éloge à faire que de reconnaître ici la constante sollicitude, l’incessant souci qu’apportèrent au développement social de la commune ceux qui en avaient la direction. Un de leurs premiers soins fut de tenir la main à ce que l’instruction obligatoire devint une réalité et prit des proportions en rapport avec l’accroissement de la population.

Cette question primordiale devrait donc avant tout autre prendre place ici ; mais vu son importance et son caractère d’intérêt plutôt communal, nous avons jugé bon de lui donner plus loin un chapitre spécial, consacrant celui-ci à l’historique des sociétés patriotiques ou d’agrément patronnées par l’Usine.

La Concordia. La plus ancienne et la plus importante de ces sociétés est la Concordia.

Jadis, en 1863, M. Edouard Diehl avait créé à Rothau une société chorale qui avait donné d’excellents résultats. Lorsqu’après la guerre M. Diehl quitta Rothau pour venir à Thaon, quelques membres de l’ancienne société qui avaient émigré avec lui, le prièrent de reprendre cette œuvre. Il s’y prêta de grand cœur et voulut bien accepter la présidence. La Concordia était fondée.

Actuellement, cette société offre deux concerts annuels aux familles des membres actifs et honoraires des différentes sociétés Thaonnaises ; elle prête aussi son concours gracieux à toutes les cérémonies.

La Concordia prend part aux concours organisés en France, et les années où les concours font défaut, elle fait généralement une excursion dans la montagne. C’est ainsi qu’elle a successivement visité le Ballon de Giromagny, la Schlucht, le Honeck, Gérardmer, Bussang, le Drumont, le Lac Blanc, Le Valtin, Le Rudlin, etc.

L’Harmonie. Cette société qui comptait en 1900, 59 musiciens, 12 tambours et 24 clairons, a été fondée en1880. M. Armand Lederlin en est le Président.

Les nombreux prix qu’elle n’a cessé de remporter dans les concours auxquels elle a pris part la font apprécier aujourd’hui comme la meilleur société de musique de la région.

Source : Histoire de Thaon – Blanchisserie et Teinturie de Thaon.

La construction de la Rotonde en 1913, durera plusieurs années (par tranches)

 

L’ensemble bâti dit la Rotonde inscrit sur l’inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 19 décembre1986, est un édifice imposant en forme de croix de Lorraine (vue du ciel) qui fut construit à partir de 1910 par la Blanchisserie et Teinturerie de Thaon-les-Vosges (BTT) comme foyer patronal pour les habitants de la ville.Elle est l’œuvre mi-régionaliste, mi-moderne de l’architecte Desclers, avec des extensions par l’architecte Albert Hébrard en 1920.

Devenue salle municipale en 1980, la Rotonde abrite un théâtre (décoré par Loÿs Prat) de plus de 1000 places dont la scène a été construite sur le modèle de celle du théâtre du Châtelet ; elle accueille aujourd’hui de nombreux salons, congrès, séminaires, expositions et spectacles.Grâce à une coopération active entre les villes de Thaon et d’Épinal, laRotonde fait l’objet d’un ambitieux projet culturel pour devenir un pôle culturel de la Lorraine du Sud sous le nom de Scène Vosges.

Ce théâtre fait partie d’un syndicat mixte à vocation culturelle qui l’associe à deux autres lieux de diffusion, de création: l’auditorium de la Louviére, le théâtre d’Épinal. Le théâtre de la Rotonde a pour but de devenir une scène conventionnée. Des travaux de réhabilitation on tété effectués de juin 2007 à août 200819 et le premier spectacle dans le théâtre rénové a eu lieu le 17 janvier 2009. La salle de théâtre contient maintenant 864 places dont 14 destinées aux handicapés.

 

La Rotonde fut bâtie autour d’un axe central comprenant la salle ronde (d’où le nom »Rotonde »), prolongée par une salle de théâtre de près de 1500places, elle-même prolongée par une salle de sport polyvalente mais essentiellement  de gymnastique.

Sur l’aile gauche, coté BTT, les bains douches (ouverts à toutes les familles de l’usine)ainsi que des salles de soins et de suivi médical. 

Sur l’aile droite, coté canal, au rez-de-chaussée, une salle de loisirs pour cadres et certains agents de maîtrise, à l’étage une salle spéciale ingénieurs et cadre supérieurs(actuellement salle Roland Etienne).

Dans les sous-sols, une salle de gym, une salle de tir, une salle de musique pour « l’harmonie » et les sociétés de chant « la Concordia » et « la Cécilia »   

Si aujourd’hui la BTT est en grande partie en friches, la Rotonde, elle, a été entièrement rénovée.

La Blanchisserie Teinturerie de Thaon au milieu du siècle dernier.
La plus grande Blanchisserie Teinturerie d’Europe avec plus de 3000 ouvriers.
Aujourd’hui.
Thaon-les-Vosges, souvenirs : Les derniers jours de l’occupation

Vosges Matin 24.09.12

Du 14 septembre 1944 jusqu’au 24 septembre, jour de libération de la ville, dix journées palpitantes entre espoir et déception, à revivre intensément.

Destruction, à la libération, de l’atelier teinture de la BTT de Thaon par un obus tiré d’une automitrailleuse.

Le 14 septembre 1944, une voiture blindée de l’arméePatch venant d’Épinal en reconnaissance arrive à Chavelot et aperçoit des Allemands montant vers la côte de Chavelot côté Thaon. Une rafale est tirée des deux côtés alors que deux civils voyant le sigle américain sur un véhicule sortent avec un drapeau bleu blanc rouge. Ils sont en plein sur la trajectoire des tirs. Bilan : un mort (Paul-André Mathieu) et un blessé grave, son papa(Joseph-Eugène Mathieu).

Destruction à la libération de l’atelier teinture de la BTT par un obus

 

Le 18 septembre, à 1 h 35 du matin, les ponts minés par les Allemands en fuite sautent l’un après l’autre. Cela commence par le pont du Canal de l’écluse 20 puis le 19 Igney et les 20 et 21 Chavelot ainsi que le pont qui enjambe le canal vers Girmont, la passerelle de l’Eau-Blanche puis le pont surplombant le canal de l’usine et enfin le pont de Girmont sur laMoselle.

Le 19 septembre : le capitaine Aron de la 2 e D.-B.se trouve en position délicate. Il commande en adjoint le groupe du 2 e Génie divisionnaire et sa section est en arrêt obligatoire entre Châtel et Moriville côté forêt de Fraize et le ravitaillement ne suit plus. Il attend des munitions, de l’essence et tout ce qui est utile à ses troupes. Le capitaine demande à une automitrailleuse d’aller en avant-garde à Thaon via Igney. Celle-ci se fait tirer dessus à hauteur de la Héronnière par des Allemands repliés en défense sur la route entre Vaxoncourt et Girmont.

Le 21 septembre : une autre automitrailleuse s’infiltre jusque dans Thaon-les-Vosges s’arrêtant à la hauteur des Ets Gérard-Faintrenie face à la boulangerie Seigner. Les gens sortent de partout avec des drapeaux français et alliés croyant à la libération. Il faut déchanter. Les soldats demandent s’il y a des Allemands et à la réponse négative demandent où ils peuvent rencontrer le maire M. Ehrwein et recommandent de ranger les drapeaux en promettant de revenir bientôt.

« Une jeep de l’arméeLeclerc de la 2ème D lors du feu à la Boulangerie Seigner le 24 septembre1944 »

 

Le 24 septembre à 9 h du matin : enfin, un très gros détachement (jeeps, automitrailleuses, tracks et chars légers) arrive par le nord venant de Nomexy. La 2 e D.-B. fait son entrée triomphale dans Thaon. Aux renseignements, les Allemands en petits groupes sont vers le canal de l’Est ,ils se replient par le Cours (place Jules-Ferry) vers la BTT. Quelques coups de mitrailleuses sur la BTT font quelques morts et blessés dans les rangs desAllemands qui se rendent très vite. Un bâtiment est en feu et va vite s’effondrer dans une gerbe d’étincelles. C’est fini. Tout Thaon est dans la rue principale.On rit, on chante, on danse… quelle joie. Ce jour restera inoubliable. Un avion Pipet-bule sillonne le ciel en tournant sur la ville, c’est un avion blindé de reconnaissance qui renseigne l’armée sur la fuite des Allemands en débâcle qui se replient vers Rambervillers.

Il est 14 h et nous voyons les gars de l’armée regagner leurs véhicules, ils retournent vers Nomexy. Bien vite ils nous rassurent : ils sont rappelés pour passer la Moselle à Châtel où un pont Bellay a été lancé sur la rivière, en vue d’aller sur Rambervillers et Baccarat puis Strasbourg alors que les blindés de l’armée Patton dévalent la rue de la gare pour prendre la relève. C’est fin, nous ne reverrons plus d’Allemands à Thaon.

Ce dimanche 24 septembre fut merveilleux.

Bibliographie :

« La Blanchisserie et Teinturerie de Thaon 1872-1914 » par Claude Ferry paru auxPresses universitaires à Nancy en 1992.

«LaBlanchisserie et Teinturerie de Thaon » dans l’Illustration Economique et Financière paru en 1926.

Par Jean-Claude THIERRY

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