Epreuve sur carton – Compagnon sur le Départ
Le Timbre
Ce timbre ayant déjà été présenté dans un article précédent, nous présentons et traiterons ici, de l’épreuve sur carton, les maquettes, les épreuves d’Artistes.
Pour mémoire : description : 74e Congrès de la Fédération française des associations philatéliques, à Tours. Descriptif : « Illustration de la statue Compagnon sur le départ avec sa malle à quatre nœuds, réalisée par Jean Bourreau et conservée au musée du Compagnonnage de Tours (Indre-et-Loire) ».
Description synthétique du visuel du timbre : Tours, ville d’Art et d’Histoire, cité gallo-romaine puis Capitale du Royaume de France, a su conserver et valoriser son patrimoine tout en se tournant vers l’avenir. La Loire et le pont Wilson sont un symbole de la ville : construit en pierres entre 1765 et 1779, touché par des destructions partielles successives (en 1789, 1940, 1944, 1978) il fut rebâti à l’identique.
La Touraine est également le berceau du compagnonnage : très nombreux encore aujourd’hui, les Compagnons de nombreux métiers ont participé à la création du musée du compagnonnage.
Une des pièces du musée, une statuette en acier, cuivre et laiton, réalisée par le compagnon Maréchal-ferrant du Devoir Jean Bourreau, illustre le timbre en complément du Pont Wilson.
Cette œuvre d’une hauteur de 45 cm, nommée Compagnon du XIXe siècle en route pour le tour de France, entre dans la catégorie des chefs-d’œuvre dits de loisir et évoque avec réalisme le jeune compagnon du XIXe siècle effectuant son tour de France.
Maquettes de timbres
Les maquettes se situent généralement en tête du processus de fabrication du timbre, suivies de près par les tirages d’épreuves.
Les maquettes se présentent généralement comme des dessins à l’encre de Chine ou au crayon. Certaines maquettes napoléoniennes de timbres d’effets de commerces viennent d’être redécouvertes en 2003, dans la succession Barre. La plus élaborée est éloignée du type définitivement adopté et prévoyait la présence d’une couronne au-dessus du médaillon. Par ailleurs, elle laissait trop peu de place aux légendes et à la valeur faciale. La seconde maquette, bien que moins précise, est une esquisse très proche du type finalement adopté, avec ses légendes et les espaces réservés aux mentions chiffrées. En outre des esquisses au crayon sur le même document montrent que Barre avait aussi envisagé un format horizontal (dont l’aboutissement existe au Musée de la Poste, sous la forme d’une maquette en couleurs).
Vers la fin du XIXe siècle on en a vu aussi apparaître sous forme de photos sur collodion, généralement collées sur des supports de carton. Quelques-unes de ces maquettes sont illustrées au catalogue Yvert Fiscal 2004 (Cf. Effets de Commerce, p.75, 2e col. et 77, 1re col.). On rencontre encore, à l’époque moderne, des maquettes coloriées, comme celle des timbres fiscaux d’Anciens Combattants provenant de la succession Daussy, avec la mention “adopté” du 14 avril 1934. On peut y observer que le sigle d’une association d’anciens combattants mentionnée par l’artiste y a été rayé, alors que l’on a laissé subsister le faisceau, ancien symbole républicain, mais surtout devenu depuis les années 1920, le symbole du fascisme italien hostile à la France. Enfin, on a pu rencontrer, ces 10 dernières années, des maquettes élaborées à l’ordinateur. De toutes ces maquettes, il faut rapprocher certains ordres de fabrication illustrés de timbres collés préexistants, et modifiés à la main, pour indiquer les transformations souhaitées
Epreuves d’artistes
Les épreuves d’artistes constituent le témoignage des différentes étapes de l’action du graveur en vue d’enfanter le timbre, à partir de sa maquette.
Ces épreuves sont généralement réalisées, elles, à partir des premiers clichés métalliques préfigurant le timbre. Mais certaines sont réalisées à des dimensions plus grandes que celles adoptées : il s’agît d’épreuves initiales gravées sur buis, bois particulièrement dur, et donc réalisées plus facilement, et dont les dessins ont ensuite été transférés sur un coin métallique, à l’échelle plus réduite du futur timbre.
Toutes ces épreuves ont été frappées au coup par coup sur les papiers carton les plus divers. Elles se rencontrent donc, le plus souvent, au centre de petits feuillets de tailles variables (cf., par exemple les épreuves du type Mouchon dans le Catalogue Dallay 2007 de France). Malheureusement certaines d’entre elles ont été découpées au plus près du cadre, et ressemblent de ce fait à des essais. C’est ainsi que, dans la collection Chalmandrier de timbres fiscaux, constituée en double par cet ancien directeur de l’Atelier du Timbre, celui-ci s’est ingénié à découper les épreuves pour les faire tenir dans les mêmes cadres que les timbres-types ou les essais !
Il existe par exception certaines épreuves collectives où les timbres ont été imprimés par trois, quatre, cinq ou plus (cf., par exemple les épreuves collectives du type Merson dans le Catalogue Dallay 2007 de France),. Mais certaines épreuves collectives existent aussi avec plusieurs variantes du même timbre, pour permettre des comparaisons et des choix. Il en est ainsi de l’épreuve collective des premiers timbres de Copies, où le mot “Copies” est présenté en différents caractères, et dont les valeurs faciales ne sont pas celles des timbres de copies, mais celles des timbres de Dimension.
Parmi toutes les épreuves, il en est qui ont été frappées à des stades intermédiaires de la gravure. Elles sont dites « épreuves d’état », et sont particulièrement rares. Quant à celles correspondant à des types ou textes non retenus, elles sont particulièrement recherchées, en raison notamment de leur intérêt pour l’histoire de l’émission, ou parfois même de l’histoire générale.
Des épreuves normales, ou épreuves d’artiste que l’on vient de décrire, doivent être distinguées, en France et à Monaco les « Epreuves de luxe »: Celles-ci, loin de constituer un stade préparatoire de la réalisation d’un timbre-poste, sont en réalité des tirages réalisés après coup, et parfois avec une empreinte non originale, pour être offertes à diverses personnalités de la haute administration. Les épreuves de luxe sont certes rares, puisque tirées à quelques centaines d’exemplaires, mais beaucoup moins rares que les épreuves d’artistes qui ont réellement servi à préparer le timbre et dont les tirages sont de quelques unités seulement
Essais des timbres imprimés en feuilles
Ils se présentent généralement sur du papier non gommé (ou exceptionnellement sur du carton), et sont le plus souvent non dentelés, même lorsqu’ils se rapportent à de futurs timbres dentelés.
On peut distinguer parmi les essais ceux visant à empêcher l’imitation des futurs timbres. Ce sont les essais de fonds de sécurité, de barres de sécurité verticales ou horizontales ou de burelages.
Il existe aussi, pour les timbres les plus anciens, des essais de dentelures, comme celui du 10c de quittances noir de Oudiné, obtenu à partir de la première machine à denteler (Ravasse), ainsi que des essais des diverses légendes ou chiffres de la valeur.
Il existe enfin des essais de couleurs, généralement effectués à partir des timbres de la valeur la plus courante de chaque série, celle destinée aux plus grands tirages et donc destinée à encourir la plus grande usure. Il faut en effet en tenir compte dans le choix des couleurs de leur capacité de résistance. C’est ainsi qu’au milieu du XIXe siècle les couleurs les plus résistantes, le noir et le bleu, avaient été attribuées aux timbres des valeurs les plus répandues, qu’il s’agisse des timbres fiscaux ou postaux (C’est pourquoi les épreuves et essais des premiers timbres fiscaux réalisés à la Monnaie l’ont été en noir ou bleu, bien qu’en définitive la couleur finalement retenue pour les Napoléon III ait finalement tiré sur le marron et le gris).
Il faut savoir interpréter les essais : du fait de la réalisation systématique des essais de couleur sur la valeur la plus courante, il est arrivé que certains tirages préliminaires de cette valeur aient, en réalité, servi pour tester les couleurs destinées à d’autres timbres, aux valeurs faciales plus élevées
Philatélie – 13 – Jean-Claude THIERRY