Charles Philippo, l’Assassin des boulangères.

Sans titre6Le Petit Parisien, le 28 juillet 1911.

« C’est à Saint-Mihiel, non loin de la ville  où il accomplit son deuxième crime, que Philippo, surnommé l’ « assassin des boulangères », subira samedi matin le châtiment suprême.

Charles-Marie Philippo, qui n’a que vingt cinq ans, est coupable de deux assassinats et d’un grand nombre de vols chez les boulangères qui l’occupèrent.

Le 17 octobre 1909, Mme veuve Bernard, soixante et onze ans, était trouvée assassinée, chez son petit-fils, M. Baudin, boulanger à Labeycourt.

A l’aide d’un coutre de charrue, le criminel avait défoncé le crâne de sa victime qu’il avait surprise dans son lit. L’ayant tuée, il s’empara de tout l’argent qu’il put découvrir dans les meubles et disparut. Philippo car c’était lui l’auteur de ce forfait emporta ainsi une somme de 2.000 francs.

Arrêté à Saumur le 10 avril suivant, il comparut devant les assises à Saint-Mihiel, le 4 juillet 1910, et fut condamné à la peine capitale.

L’ instruction ouverte sur cette affaire avait révélé un autre crime Philippo avait, le 23 juin 1909, quatre mois avant, par conséquent, assassiné à Saint-Gérand-le-Puy (Allier), une autre boulangère, Mme Rochut.  Aux assises de l’Allier, où Philippo comparut ensuite pour ce crime, on hésita à prononcer à nouveau la peine capitale. On jugea la chose inutile, puisque l’assassin était déjà condamné à mort, et on le condamna simplement aux frais du procès.

Mécontent de cet arrêt, le ministère public fit appel et obtint gain de cause.

Philippo comparut donc pour la troisième fois devant les assises celles du Puy-de- Dôme et fut, le 30 mai dernier, à nouveau condamné à mort.

Transféré à la prison de Saint-Mihiel, Philippo simula, à diverses reprises, la folie et tenta même de tuer un de ses gardiens ».

 

Journal “Le Stéphanois” :

La Guillotine dans l’Est à St-Mihiel

Saint-Mihiel, 22juillet.

Charles Philippo, qui a été surnommé I’ « assassin des boulangères » a, ce matin, payé sa dette à la société.

Daviot, qui hier a subi la peine capitale à Vitry-le-François, avait assassiné une boulangère, Philippo en a assassiné deux. Le premier de ces crimes remonte au 23 juin 1909, époque à laquelle Philippo assassinait son ancienne patronne, Mme Ro-chul, demeurant à Saint-Géraudie Puy (Allier). Le second fut commis le 17 octobre de la même année. La victime fut Mme veuve Bernard, âgée de 21 a n s, demeurant à Mahoycourt. La malheureuse eut le crâne fracassé par un coutre de charrue .

Ce fut seulement au cours de l’instruction de son second forfait que Philippo avoua être l’auteur du premier crime, resté jusqu’alors mystérieux.

La cour d’assises de l’Allier, se trouvant en présence d’un homme déjà condamné à mort jugea inutile de prononcer contre lui à nouveau la peine capitale, mais le ministère public fit appel du jugoment et Philippo comparut une troisième fois devant les assises ; celle du Puy-de-Dôme.

Il fut alors condamné à mort. La sentence portait que l’exécution devait avoir lieu à Riom. Toutefois, Philippo fut extrait samedi dernier de la prison d’arrêt de Riom et amené à Saint-Mihiel.

Au moment de ce transfert, le condamné avait cru qu’on venait le chercher pour le conduire à l’échafaud et, comme il y avait une année qu’il attendait, il s’était écrié : « Ah ! A h ! Cette fois, ça y est ! Je vais enfin faire connaissance avec la veuve » ! Depuis, la crânerie de l’assassin avait considérablement molli et la peur du supplice en avait fait un être absolument déprimé.

Les préparatifs

La petite ville de Saint-Mihiel, si joli ment situé sur la Meuse, était hier matin très animée. Les hôtels ne suffisaient pas à contenir le surcroît de population que l’exécution avait attirée.

Dans l’après-midi et malgré toutes les ruses qu’il employa pour passer inaperçu, M. Anatole Deibler fut l’objet de la curiosité générale. A 6 heures Monsieur de Paris s’est rendu au parquet où il confère avec M. Laroche, procureur de la République.

Durant toute la soirée, la foule occupa les cafés, où elle commentait les assassinats perpétrés par Philippo et supputait l ‘ attitude qu’il aurait devant la guillotine. A partir de minuit, les troupes, en grand nombre, se dirigent vers la prison.

A 1 heure et 1/2, arrive au galop le fourgon contenant les bois de justice.

A ce moment, le service d’ordre prend position, il est assuré par deux compagnies de chasseurs à pieds et deux escadrons de chasseurs à cheval. Ces troupes barrent l’extrémité de la rue du Palais-de Justice. La prison se trouve alors complètement isolée.

Dans un débit tout proche, un phonographe donne tour à tour la « Mattechiche » et la « Valse Brune ». Une centaine de personnes, hommes et femmes, se sont juchés sur les toits de deux maisons. Cependant, devant et tout près la porte de la prison, les aides du bourreau montent avec beaucoup de précautions l’instrument de supplice.

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La prison devant laquelle fut dressée la guillotine qui décapita Charles Philippo le 22 Juillet 1911 à Saint-Mihiel.

L’exécution

A 3 heures, les magistrats, l’avocat du condamné et le bourreau pénètrent dans la prison. Dans sa cellule, Philippo est étendu sur sa couchette. Il est éveillé et n’a, du reste, pas dormi de la nuit, se doutai que sa dernière heure était venue. Il se met sur son séant et écoute, les yeux agrandis par l’épouvante, les paroles traditionnelles que lui adresse le procureur de la République.

Son défenseur lui demande s’il a quelque chose à dire, mais il ne répond pas. Il refuse d’un geste le verre de rhum et la cigarette qu’on lui offre. L’aumônier de la prison, l’abbé Lombard, l’exhorte à avoir du courage et lui prodigue les secours de la religion.

Ensuite, les aides du bourreau, soucieux de faire vite, le conduisent au greffe pour la toilette suprême. Lorsque Philippo sent le froid des ciseaux sur sa nuque, il fait un dernier effort pour dire : « C’est malheureux de me couper le cou aujourd’hui, on aurait bien pu me le couper il y a un an ! »

Seize minutes après être entrés dans la prison, les magistrats en ressortent avec le condamné que les aides soulèvent presque de terre jusqu’à la guillotine. Philippo est aussitôt basculé et l’exécution a lieu avec une rapidité vraiment foudroyante. La décapitation s’est opérée avec une très faible effusion de sang, le corps était, peut-on dire, presque tout à fait exangué quand il fût précipité sur la planche.

Ajoutons que c’est seulement plusieurs minutes après, et seulement en voyant le fourgon filer vers le cimetière que la foule, complètement déçue, s’est rendu compte que la guillotine avait fonctionné.

Au cimetière, le cadavre sera inhumé auprès des restes d’un autre assassin, Leclerc, exécuté à St Mihiel il y a une dizaine d’années. »

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

Commentaires concernant : "Charles Philippo, l’Assassin des boulangères." (1)

  1. Boucherès Alain a écrit:

    Mon cher Picard!

    Mon Dieu, quelle cruauté! Tant pour ces 2 monstrueux assassinats, que par le rituel et les détails morbides de l’exécution capitale!!
    Et le plus stupide dans tout cela, se sont les badauds (hommes et femmes) qui se précipitaient pour pour assister à une telle horreur!
    Heureusement, de nos jours les bois de la Justice sont rangés!
    Dommage que les assassins de nos jours, n’en fassent pas autant!
    En tous cas, mon cher Picard, tu nous a offert un article fort original! C’est le moins que l’on puisse dire!
    Bonne continuation mon Frère en Devoir!
    Agenais la Tolérance.
    CB

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