GALLE Félix, Dauphiné l’Assurance du Devoir et François, Dauphiné l’Enfant de la Victoire.
Cet article, contrairement à beaucoup d’autres de la rubrique « Portrait », ne vient pas nous relater les faits compagnonniques du ou des boulangers présents ; cela pour une simple raison, la période reculée (1850-1860) ne nous fournit pas suffisamment d’archives compagnonniques pour pouvoir nous permettre de présenter des actions individuelles, de plus l’absence de presse compagnonnique à cette époque nous pénalise fortement dans les recherches.
Nous allons donc nous contenter de retracer le parcours, que je me permets de qualifier « civil » de ces deux Compagnons boulangers du Devoir, mais qui ne manque pas d’intérêt, bien au contraire.
Avant toute chose, je tiens à réellement remercier Monsieur et Madame Montagne, descendants de Dauphiné l’Assurance du Devoir. Ils nous ont transmis la grande majorité des relevés d’états civils concernant leurs ancêtres. Merci de leur générosité, car sans leurs difficiles recherches, ces lignes n’auraient jamais été écrites. Qu’ils en soient triplement remerciés.
Cette nouvelle « Miette d’histoire » des Compagnons boulangers du Devoir, commence dans une petite commune de l’Isère de 1500 habitants, nommée Heyrieux.
François GALLE épouse le 9 juin 1825, dans cette commune Jeanne GILLET, il exerce la profession de cultivateur. De cette union naissent le 23 juillet 1829 : Félix, et le 26 février 1838, François (d’autres naissances ont eu lieu, mais nous nous contenterons de citer que celles qui concernent notre sujet, les Compagnons boulangers du Devoir)
Félix épouse la profession de boulanger, et comme beaucoup de jeune de son âge, rejoint la grande ville Lyon, plus riche en emplois…
C’est dans cette ville, où les Compagnons boulangers ont ouvert une Cayenne en 1824, qu’il adhère à la Société des compagnons boulangers du Devoir. Il y sera reçu à Pâques 1852, sous le noble nom de Dauphiné l’Assurance du Devoir.
François, de 9 ans plus jeune que son frère Félix épouse lui aussi la profession de boulanger, et rejoint Lyon où il est lui aussi reçu Compagnon boulanger du Devoir à l’Assomption 1858 sous le noble nom de Dauphiné l’Enfant de la Victoire.
Canne de Compagnon boulanger, ayant appartenu très certainement à Dauphiné l’Assurance du Devoir ou Dauphine l’Enfant de la Victoire (Coll.Montagne)
À ce jour, nous n’avons aucune information sur un tour de France qu’ils auraient réalisé. Il se peut qu’ils soient restés à Lyon. Le tour de France, dans certaine Cayenne à cette époque, n’étant absolument pas une priorité…
Félix GALLE, Dauphiné l’Assurance du Devoir, « garçon boulanger » habitant 15 rue de Grenoble à Lyon 3ᵉ épouse le 8 mai 1862 (Lyon 3ᵉ) Julie Françoise GRAND (Née en 1832 à Ville La Grand, logée 97 rue Vendôme (Lyon 3ᵉ). Figurent comme témoins à ce mariage :
– François MATHIEU « boulanger » 47 ans, logé bau 117 rue de la Guillotière,
– Antoine PLAçON « boulanger » 34 ans logé au 16 rue St Joseph.
– Jean FAVIER « employé »
– Jean GALLE frêre de Félix « cordonnier »
Ils habiteront ensuite 19 rue Confort à Lyon (2ᵉ) où selon le recensement de 1847 exerçaient déjà :
– un « boulanger » : Joseph GROS né en 1818 en Haute Loire
– un « gargotier » : Antoine MAJAY né en 1801 également recensé à cette adresse.
De cette union naissent quatre enfants ;
– Félix François Prosper né le 18 février 1863
– Félix François André né le 29 avril 1865-1935 (Arrière grand-père de Monsieur Dominique Montagne)
– Jeanne Florentine née le 24 décembre 1866 mariée en 1915 à Jean JERY, tailleur.
Félix GALLE tient à Lyon un bar à vins, à cette époque, ces commerçants achetaient la totalité de leurs vins à l’année. Et c’est donc à la fin de l’année 1868, que Dauphiné l’Assurance du Devoir mène les pourparlers pour acheter son vin, mais juste avant de faire la transaction, sa caisse est dérobée ! Traumatisé, Dauphiné l’assurance du Devoir ne s’en remettra pas et décédera quelque temps après le 5 janvier 1869 à son domicile. Nous ignorons le lieu d’inhumation. faute de registre de convois funéraires à l’époque.
L’un des deux témoins de son décès est boulanger Antoine PLASSON 41 ans (déjà témoin au mariage), nous n’avons aucune information sur son appartenance au Compagnonnage du Devoir.
C’est aussi que deux mois après son décès que naît une petite fille :
– Marie Felicie, enfant posthume née le 19 février 1869 qui ne connaîtra donc jamais son papa… Ont témoigné lors de la déclaration de naissance : Claude Marine ALLOUING, 32 ans boulangère, 24 rue de la Charité à Lyon et Jean GALLE cordonnier, 97 grand rue de la Guillottière frêre de Félix et François. À ce jour, pas d’acte de mariage ni de décès trouvé pour Marie Félicie.
Il n’est pas surprenant de voir ce Compagnon boulanger reconverti dans la restauration/ bar à vin. En effet, à cette époque, le métier de boulanger est un métier tueur d’homme, et de nombreux ouvriers, quand ils pouvaient se le permettre, quittaient la profession et s’installaient dans les commerces : auberge, café, bar à vins, etc… et bien souvent ces établissements, quand le compagnon était en règle, étaient choisis comme siège de la Société, comme mère et bureau de placement…
Selon la mémoire familiale, c’est après le décès de son époux que Madame Galle aurait été choisie comme Mère des Compagnons boulangers du Devoir de la ville de Lyon.
Le 1er mai 1873, Julie Françoise GALLE (Née GRAND), « maîtresse d’hôtel » selon l’état civil, logée toujours à Lyon au 19 rue Confort, se remarie avec son beau-frère François GALLE, Dauphiné l’Enfant de la Victoire, boulanger à Lyon.
Sont témoins de ce mariage :
– Pierre CONNIER, Manceau le Bien Aimé, Compagnon boulanger du Devoir, âgé de 26 ans, (date de réception inconnue).
– Jean PERNET, Dauphine la Pensée, Compagnon boulanger du Devoir, âgé de 24 ans, reçu à l’Assomption 1869 à Lyon
– Alphonse JAILLET, Dauphiné Sans Reproche, Compagnon boulanger du Devoir, âgé de 26 ans, reçu à Lyon à la Saint-Honoré 1866.
– Luc LANÇON 27 ans, boulanger, pas de trace dans les archives compagnonniques, mais très certainement Compagnon également.
Nous ne connaissons pas d’enfant à cette union, Julie avait déjà 40 ans…
Le 19 rue Confort, domicile de Julie Françoise GALLE
(Photographie au début du 20e siècle, restaurant « Au grand U » à l’angle de la rue Confort, et de la rue de la République)
Il n’est pas certain que ce restaurant soit celui de François-Félix et Julie, l’entrée des appartements est un peu plus loin à droite en entrant dans la rue Confort.
Le 11 décembre 1882, la mort vient à nouveau frapper la famille GALLE, quatre ans à peine après son mariage, Dauphiné l’Enfant de la Victoire décède à l’âge de 44 ans.
Julie Françoise GALLE, depuis son premier mariage jusqu’au décès de son second mari, a toujours résidé au 19 rue Confort, mais ensuite une vie bien assombrie par le deuil, elle décédera le 7 janvier 1915, à une nouvelle adresse à Lyon au 16 rue Pierre Corneille où elle vivait avec sa fille Jeanne Florentine (qui s’est mariée quelques mois après le décès de sa mère). Julie Françoise a été inhumée à l’ancien cimetière de la Guillotière. La concession n’a pas pu être retrouvée : non perpétuelle (quinquennale à cette époque) elle a été réaffectée postérieurement, les restes étant incinérés.
Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.