Le congrès de Nîmes de 1946

LE CONGRÈS DE NÎMES DE 1946,
ADHÉSION À L’ASSOCIATION OUVRIÈRE DES COMPAGNONS DU DEVOIR.

Congrès de Nîmes, 5 et 6 août 1946. Au centre, Jean-Baptiste Brô, Quercy le Franc Courageux, Premier en ville de la Cayenne de Nîmes, encadré à gauche par Georges Papineau, Blois l’Ami du Travail et à droite par Fernand Péarron, Blois Plein d’Honneur, suivi de Louis Chevalier, Périgord la Justice de la Cayenne de Bordeaux.

Congrès de Nîmes, 5 et 6 août 1946, photographie prise très probablement avant le dépôt d’une gerbe de fleurs sur la sépulture de Baptiste Avrillon, Vivarais la Franchise, Premier en ville entre les deux guerres.

Une grande ouverture fut effectuée en 1939, la mise en place du titre de compagnon pâtissier du Devoir…

L’invasion allemande fit tout arrêter. Les compagnons boulangers conservèrent une activité minimum, mais localement efficace, il est vrai, sans jeunes sur le Tour de France…

En 1945, l’avenir est sombre… Désaffection de la mutualité face aux assurances sociales, suppression du placement grâce auquel, jusqu’ici, le recrutement était assuré, absence totale de cours professionnels, aucun compagnon n’ayant les connaissances théoriques nécessaires, et la plupart y étant farouchement opposés, estimant que le métier devait s’apprendre sur le tas.

Ce qui était le plus grave, l’indifférence croissante des compagnons dont la situation avait évolué et qui oubliaient trop ce qu’ils devaient parfois au Compagnonnage, ce qui est malheureusement toujours d’actualité de nos jours…

La situation était grave, et c’est dans cette atmosphère que s’ouvrit le 4ᵉ congrès quinquennal du 2 août 1946 qui était prévu par le congrès de Troyes pour l’année 1944.

« Dans une salle grande comme une chambre à coucher, cinq délégués et trois ou quatre auditeurs avaient pris place. Au bureau, pour la séance d’ouverture, le compagnon Péarron, Président général, assisté du compagnon Brô, P.E.V. de Nîmes, et Papineau, secrétaire général.

Tous les délégués étaient présents sauf ceux de la ville de Troyes.
Pour Blois : Péarron Fernand, Blois Plein d’Honneur.
Pour Bordeaux : Chevalier Louis, Périgord la Justice.
Pour Nîmes : Fayard Paul, Champagne l’Ami de la Gaité.
Pour Paris : Michel André, Normand l’Ami des Arts.
Pour Tours : Fardeau Jean, Tourangeau le Décidé de Bien Faire.

À 8 heures 30, le compagnon Péarron se lève, frappe trois coups et déclare ouvert le quatrième congrès quinquennal. Il fait d’abord l’appel des noms de compagnons morts au champ d’honneur : Blondeau 1 et Duval 2 :

  1. Roger Blondeau, Blois Cœur Humain, reçu à Blois à l’Assomption 1933, incorporé à la déclaration de guerre au 113e Régiment d’Infanterie, mort en camp de prisonniers le 17 octobre 1939 à Badelsheim.
  2. Gabriel Duval, Champagne la Fermeté, reçu à Troyes à la Saint-Honoré 1938, mort le 17 juin 1945 à Epinay-sur-Auge ; Hôpital complémentaire du Perray.

Concluant :

“A ces Frères victimes de l’âge ou de la maladie, à nos jeunes tombés en pleine santé pour défendre leur pays, adressons notre souvenir ému, et recueillons-nous une minute… ”.

La parole est ensuite donnée au compagnon Brô, qui, très ému, souhaite la bienvenue aux délégués. Le compagnon Péarron reprend la parole et prononce le discours d’ouverture :

“ Je voudrais que ce congrès s’inspire d’une ambiance toute nouvelle et c’est pourquoi je vous demande de le placer sous le signe « en avant », en avant pour opérer les réformes nécessaires, en avant pour abolir la routine, en avant pour aller vers un avenir compagnonnique plus conforme au temps moderne, en avant, enfin, pour que le compagnonnage continue sa tâche sociale qui fit de lui à travers les siècles le pionnier de l’émancipation ouvrière par la qualité professionnelle ”.

Le bureau du congrès est ensuite formé, Président Jean-Baptiste Brô, Quercy le Franc-Cœur, secrétaires André Michel, Normand l’Ami des Arts et Georges Papineau, Blois l’Ami du Travail.

Le discours du compagnon Péarron présente la directive principale de ce congrès, dont le sujet principal est l’adhésion des compagnons boulangers à la jeune Association Ouvrière des compagnons du Devoir, laquelle, créée à Lyon en 1941, en zone libre seulement, avait besoin de l’accord des corps d’état pour devenir une réalité nationale.

Il appelait les compagnons boulangers à la lutte « pour », et non à la lutte « contre », à un moment où allait se jouer leur avenir.

Dans toutes les corporations, les compagnons sont divisés à ce sujet. Les compagnons boulangers n’échappent pas à cette ambiance générale et un vote de principe avant tout débat donne trois voix pour et deux voix contre, Bordeaux et Tours.

Nous lisons à la lecture du procès-verbal :

« La minorité explique son vote. Le secrétaire général donne alors détails et explications.
Plusieurs heures sont consacrées à combler une lacune qui faillit mettre le compagnonnage contre l’association ouvrière : le manque d’information.
Le secrétaire général présente les « figures » de la Grande Règle.
Enfin, le vote définitif consacre l’unanimité des compagnons boulangers et leur confiance à l’avenir sous l’égide de la nouvelle organisation. »

Il ne faut pas perdre de vue qu’un grand travail de sensibilisation avait été effectué, en particulier par le compagnon tailleur de pierre de Bordeaux, Charles Mahourat sur de nombreuses villes de la zone libre.

À l’issue de cette assemblée, une motion de confiance est adressée au conseil du compagnonnage que préside le compagnon tailleur de pierre, Jean Bernard, la Fidélité d’Argenteuil.

L’adhésion des compagnons boulangers du Devoir sera présentée et votée aux assises des compagnons du Devoir la même année.

Ce congrès apporta aussi une réforme profonde de la mutualité, et décida de la réception comme Mère générale des compagnons boulangers du Devoir de Madame Cailleaux, Mère de la Cayenne de Blois.

Pour terminer ce congrès de l’avenir, les compagnons boulangers, n’oubliant pas leur passé, allèrent déposer une plaque de marbre sur la tombe du compagnon Avrillon Baptiste, Vivarais la Franchise, ancien P.E.V. (reçu à Nîmes à l’Assomption 1894), compagnon des plus actifs entre les deux guerres, comme le fut son épouse qui, pendant cette période difficile, fit office de Mère. »

 

Extrait du livre « Le pain des Compagnons » L’histoires des compagnons boulangers et pâtissiers

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

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