COULEURS ET BANNIÈRE AUX RÉUNIONS SYNDICALES !

Nous aurions tendance à croire, et cela trop rapidement, que les compagnons boulangers arboraient leurs couleurs et bannières uniquement lors de la Saint-Honoré, de réceptions, de conduites et d’assemblées.

Un article de presse publié le 26 juin 1891 dans le journal Le Temps nous instruit avec surprise sur une tout autre occasion parisienne (extrait) :

« Le mouvement syndical. La grève des boulangers.

Ainsi que l’avaient annoncé ces jours-ci les délégués de l’alimentation, les boulangers ont décidé de faire grève dans la réunion qu’ils ont tenue ce matin au Tivoli-Vauxhall, rue de la Douane.

Comme la semaine dernière, les bannières des quatre groupes de la boulangerie ornaient la tribune.

En 1891, les quatre groupements d’ouvriers boulangers sont :

• La chambre syndicale des ouvriers de la Seine (siège à la Bourse du travail).

• La chambre syndicale des Viennois (fondée en 1877).

• L’union des travailleurs de Grenelle.

• La Chambre compagnonnique des boulangers du Devoir (dénomination à l’époque).

Sur l’estrade étaient installés les membres du syndicat des dames et les délégués des vingt et une corporations de l’alimentation, portant tous à la boutonnière les insignes de leur syndicat.

Il est dix heures lorsque les quatre à cinq mille assistants qui se pressent dans la salle réclament l’ouverture de la séance et la formation du bureau.

Ils nomment comme président M. Crepet, secrétaire de la chambre syndicale ouvrière de la boulangerie, et comme assesseurs M. Loze des boulangers et Laynaud, conseiller prud’homme boulanger.

Dès le début, un incident se produit. M. Crepet ayant invité les boulangers à adhérer plus spécialement au syndicat dont il est le secrétaire, le délégué de la société compagnonnique, un flot de longs rubans multicolores à la boutonnière, s’est précipité vers lui et lui a dit :

« Il y a quatre groupements ici qui ont pris l’engagement d’honneur de ne pas faire de propagande tant que les bureaux de placement ne seront pas à bas. Vous manquez à cet engagement, et je proteste au nom des 400 compagnons du Devoir qui sont ici. »

La séance est un instant fort troublée, mais le calme renaît lors de la lecture du procès-verbal de la précédente réunion et M. Crepet peut reprendre son discours… »

Extrait du livre « Le pain des Compagnons » L’histoires des compagnons boulangers et pâtissiers

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.