Un visiteur de l’exposition « Le Pain dans la Grande Guerre » est passé dernièrement au musée du Compagnonnage pour y montrer l’un des objets de sa collection. Il s’agit d’une petite boîte en os, à fond de bois, à trois pieds.
L’objet mesure 5,5 cm de hauteur, 5 de longueur et 4 de largeur. Joliment travaillé à la pointe d’un couteau, il pourrait s’agir d’un porte-allumettes ou pyrophore, sur lequel on grattait les anciennes allumettes pour qu’elles s’enflamment.
C’est l’inscription qui justifie sa présence ici. En effet, d’un côté figure le monogramme de celui qui a sculpté l’objet (deux M entrelacés) et de l’autre, entre les dates 1914 et 1916, on lit « LA LIBERTE OU DU PAIN ». Etonnante inscription, qui rappelle celle des Sans-culottes de 1793, mais qui était alors « La liberté et du pain ». Or, ici, c’est bien « ou » et non « et ».
On peut imaginer que ce porte-allumettes est l’œuvre d’un Poilu prisonnier en Allemagne ou ailleurs, dès 1914, et qu’il a été fait en 1916. Et si le prisonnier demandait la liberté ou le pain, c’est qu’il était résigné : faute d’une libération improbable, qu’au moins on lui donne de quoi manger !
En effet, comme l’exposition le montre, le sort des prisonniers alliés en Allemagne n’était guère enviable : les Allemands étaient affamés à cause du blocus et l’alimentation des prisonniers n’était pas prioritaire.
Merci à Monsieur N.R. qui a eu la gentillesse de nous laisser photographier cet objet et de le mettre en ligne sur le CREBESC.
Laurent Bastard