La Boulangerie de Campagne 1887

Comme on a beaucoup parlé, tout récemment, des nouveaux systèmes de fours mobiles employés lors de l’essai de mobilisation de notre 17°  corps d’armée, nous croyons intéresser nos lecteurs en leur donnant les dessins des deux systèmes employés, le four Lespinasse modifié, et le four Locomobile Geneste et Herscher. Les fours, dit Lespinasse, du nom de leur inventeur, se composent de 202 pièces de tôle ; le four se monte sur le sol ; on creuse devant la porte du fourneau un trou d’un mètre carré où se place le brigadier chargé d’enfourner; la terre enlevée sert à recouvrir le four, dont les travées sont assujetties par dès chaînes et des vis à oreilles.  »

Nos gravures représentent le mode de transport -à dos de mulet d’un four démontable ; chaque mulet porte deux travées, de tôle et deux panneaux de sole en briques  réfractaires, encastrées dans de la tôle.

Le dessin suivant représente le mode d’assemblage des pièces du four Lespinasse.

Dans le principe, la voûte de ces fours de campagne était composée de simples travées en tôle, ayant l’aspect d’une carapace unie. Mais cette tôle assez mince, sous l’action de la chaleur, se gondolait, produisant ce qu’on appelle en terme technique un  capitonnement,  qui pouvait aller jusqu’à
mettre le four hors de service. Pour obvier à cet  inconvénient,-on a. surmonté la voûte
d’une sorte d’armature de fer en U qui, à l’aide de tirants boulonnés dans les travées de tôle, atténuent les effets du capitonnement.

Ces. fours ont l’inconvénient d’être d’un montage et d’un démontage très longs ; ils nécessitent l’emploi de 14 caisses pour transporter les pièces dont ils se composent. Les fours de ce modèle employés à l’armée du Rhin, en 1870, sont tombés au pouvoir de l’ennemi, dès le début des
opérations, par suite du manque de temps nécessaire pour les démonter.

Après la guerre, la maison Geneste et Herscher, qui fournissait ces appareils au ministère de la guerre, a inventé les fours roulants ou fours locomobiles, qui sont montés sur des chariots, pouvant suivre tous les mouvements, des troupes.

Le four locomobile, représenté par notre gravure de tête, se compose d’un grand fourgon en tôle peinte en gris, de trois mètres de long environ, monté sur quatre roues.

Il comporte en réalité deux fours superposés, pouvant cuire chacun 40 pains de  deux rations.

On fait couramment, à l’aide de cet appareil, douze fournées par journée de 24 heures en travaillant à brigades relevées, c’est-à-dire une brigade de jour et une de nuit. Chaque four roulant peut donc en moyenne fournir 2000 rations de 750 grammes par jour. Les brigades se composent  d’un brigadier, deux pétrisseurs et un servant. Les fours roulants doivent être attelés de quatre chevaux.

Il faut tenir compte du temps nécessaire pour la fabrication des levains, leur transport et leur fermentation, qui retarde considérablement la fabrication du pain, à ce point qu’il faut compter généralement 15 heures avant la cuisson des premiers pains, depuis l’arrivée à l’étape.

Pendant l’expérience de mobilisation du 17e corps, M. l’intendant Rossignol avait fait installer sur la place d’armes de Carcassonne la boulangerie de campagne qui comptait 18 fours roulants, dits Il locomobiles », et 8 fours ancien modèle, dits Lespinasse.. On sait que les résultats ont été des plus satisfaisants.

CHARLES DUPUIS.

Article communiqué par Monsieur Claude Gauduin que nous tenons à remercier ici.

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

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