Tourangeau Bon Accord, mort au Tonkin.

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Tourangeau Bon Accord, mort au Tonkin en 1885. (Guerre du Tonkin 1885)

Saint Honoré 1898 (extrait du compte-rendu publié dans le journal « Le Ralliement des Compagnons du Devoir), poème écrit par Gustave GIRAUDEAU, Tourangeau la Franche Union, à la mémoire de Tourangeau Bon Accord, Compagnon boulanger du Devoir, mort au combat au Tonkin, l’auteur a été témoin de la scène.

Il était né de la Touraine,

Et avait bien souvent pensé

Dans sa jeune ame clame et sereine,

A ces hommes tous d’honneur et de loyauté,

A ceux qui dans leur persévérance,

Dont leurs coeurs battent a l’unisson,

Portent avec fierté et confiance,

Le beau et digne nom de Compagnon.

La lutte pour la vie vint le surprendre,

Plein de courage et d’abnégation,

Quoique encore d’un age tendre,

Il embrassa notre dure profession.

Partant un jour sur le tour de France,

De Cayenne en Cayenne, pour s’acquérir un nom,

Il parcourut le nord et le midi, l’Artois et la Provence.

Et fut reçu un jour parmi les Compagnons.

Quand du grand temple il connut le mystère

Il aima avec passion ses brillants insignes

Et au milieu de vaillants frères

Il su toujours se rendre digne

De Sainte-Baume et de la grotte de Madeleine.

Il parcourut ses montagnes avec bonheur.

Plein d’à-propos et toujours sans gène,

Il alla chercher ses belles couleurs.

La patrie en danger jeta un cri d’alarme,

Ayant besoin de tous ses enfants,

Il vint se ranger sous les armes,

Et de ses bataillons grossir les rangs,

Sous le ciel du Tonkin.

Par un soleil torride et brulant,

S’avançaient nos braves fantassins,

De soif et de faim presque tous mourant.

Soudain, la voix du colonel

Crie : enfants au pas de gymnastique ;

Obéissant au commandant solennel,

Tous partent d’un élan héroïque.

Le signal de l’assaut est donné,

Nos soldats escalades la muraille,

Se souciant fort peu de la mort qui vient les faucher

Ils remportent une glorieuse bataille.

S’emparent de la ville, chassant toutes ces hordes,

Balayant les ministres et les mandarins,

Les fonctionnaires et leur triste cohorte,

Tous couverts de crimes et de nombreux larcins.

Tout a coup un cri retentit parmi ces braves,

L’on répète notre chef est prisonnier,

Qui donc de nous aura le courage

D’aller a l’ennemi le délivrer.

Un jeune homme, au pas de course s’élance ;

C’est un coeur généreux, c’est un héros,

Et bientôt, il réapparait avec assurance,

Porteur de son précieux fardeau.

On l’entoure avec joie et respect,

Officiers et soldats lui font une ovation,

Et bientôt partout l’on répète :

Honneur et gloire a ce hardi garçon.

Le commandant, de lui s’approchant

Décroche sa brillante croix d’honneur,

Et la mettant sur le coeur de cet enfant,

Embrasse avec effusion son sauveur.

Mais soudain on le voit chanceler,

Il tombe en murmurant :

Cette croix, je ne puis la porter,

Car la mort bientôt m’attend,

Une balle que j’ai reçue dans la mêlée

Me glace déjà le coeur,

Mais a ma  vieille mère déplorée,

Remettez cette croix d’honneur,

Et dites-lui qu’au milieu des hécatombes,

Son enfant pensait toujours a elle,

Maintenant je meurs, adieu, et dans la tombe,

Descendez ma dépouille mortelle.

L’on ouvre sa tunique

Et l’on voit sa main crispée de mourant

Serrer une couleur compagnonnique,

Emblème sacré des Devoirants.

C’était un enfant de la Touraine,

Qui même au milieu de la guerre,

Pensait constamment a la douce chaine

Qui unit tous les fils du grand mystère.

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Voici un très rare témoignage d’un Compagnon boulanger du Devoir, Emile  RIORTEAU, Poitevin l’Egalite, (reçu a Blois a Pâques 1880), servant la France au Tonkin à cette période, courrier adresse à Lucien BLANC, Provençal le résolu, Président de la Fédération Compagnonnique de tous les Devoirs réunis, et publié dans le journal « La Fédération Compagnonnique » numéro 99, 21 juin 1885 :

« Hanoi (Tonkin)   11 avril 1885

Monsieur et Cher C. : Blanc, Président de la Fédération.

J’ai l’honneur de vous accuser réception de 5 numéros de la Fédération et je vous en remercie beaucoup ainsi que notre F. : Durand.

Jusqu’a présent, je n’ai guère pu m’occuper de rechercher des CC. :, parmi les Français du Tonkin, mais je vais m’en occuper sérieusement maintenant que les graves affaires de l’évacuation de Lang-Son vont nous remettre en rapport avec l’armée de terre et j’espère faire rallier au sein de la fédération bien des esprits qui ne pourraient y penser en ce moment par les grandes fatigues que nous éprouvons ici.

Non seulement les balles font des ravages parmi nos rangs, mais aussi il vient de se présenter a Haiphong, le port d’arrive au Tonkin, une bien mauvaise maladie : la petite vérole qui a déjà fait certains ravages.

Soyez donc certain, cher C. : Blanc, que je ferai tout mon possible pour vous aider dans la noble tache que vous poursuivez afin de pouvoir voir un jour la Fédération Compagnonnique dans toute sa splendeur, et les CC. :groupes autour de sa bannière.

Puissent Salomon, maitre Jacques et Soubise inspirer les CC. : de tous les corps et tous rites qui croient bien faire en essayant de vouloir maintenir d’anciens préjuges.

Je vous remercie beaucoup aussi des voeux que vous faites pour ma campagne dont il y a la moitié de faite. J’espère que dans 14 mois, j’aurai le plaisir d’embrasser mes FF. : de Rochefort et pouvoir me délasser au sein du Compagnonnage des fatigues occasionnées par les nécessites du service.

Recevez donc, cher C. :Blanc, l’assurance de mon dévouement et l’éloge d’un très jeune C. :boulanger pour la peine que vous vous donnez pour la gloire de notre belle institution ».

Riorteau, dit Poitevin l’Egalité C. :B. :D. :D. : »

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Le soldat agonisant…(Monument aux morts de Ploumagoar)

Tourangeau Bon Accord

Nom de famille inconnu, pas de trace à ce jour dans les registres compagnonniques, a fait la Sainte-Baume.

Le service militaire étant de 5 années à cette époque, il a été incorporé  au plus tôt en 1880 au plus tard 1885, donc il est né entre 1860 et 1865.

A été reçu entre 1878 et 1884 (Age minimum chez les CBDD à cette époque pour être reçu étant de 18 ans).

Giraudeau Gustave, Tourangeau la Franche Union :

Né le 12 mars 1862, fils de Louis Giraudeau (maçon) et de Pinot Marie Rose

Très certainement incorporé dans l’infanterie de marine 2 eme et 3 eme régiment à Rochefort.(Régiment à la campagne du Tonkin, recrutent dans la Vienne (Chinon dont dépend Richelieu serait régis par la centre militaire de Châtellerault)

Reçu Compagnon boulanger du Devoir à Saumur  pour l’Assomption 1892.

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

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