Règlement de 1864

Règlement des Sociétaires boulangers de Saint-Étienne, 1864

Règlement des Sociétaires boulangers de Saint-Étienne ; 1864.

Armes de Saint-Étienne accosté d’une pelle à enfourner et d’un rouable.

 Ruban : Honneur Aux Enfants De La Veuve.

La Foi (une croix chrétienne flamboyante), la Charité ( une femme et trois enfants) et l’Espérance (une ancre de marine)

Deux sociétaires en gants blancs, revêtus de leurs Couleurs et munis de leurs cannes, celui de gauche faisant lire à voix haute le règlement à celui de droite.

(Musée du vieux Saint-Étienne ; photographie Lyonnaise la Franchise, compagnon tapissier du Devoir, 2017)

R∴Z∴H∴A∴E∴D∴L∴V∴G∴

Les Sociétaires boulangers de la ville de St Étienne étant réunis chez la Mère en conseil, ont délibéré entre-eux sur le présent règlement.

 

RÈGLEMENT

ARTICLE I

La société sera dirigée par un président un vice-président un secrétaire et deux commissaires.

ART II

Tout sociétaire qui refuserait d’être chef sera condamné à un franc d’amende.

ART III

Tout sociétaire et prétendant qui ne se découvrirait pas en entrant chez la Mère seront à l’amende de cinquante centimes.

ART  IV

Tout sociétaire et prétendant qui ne respecteront pas le Père ou la Mère paieront un franc d’amende.

ART V

Tout sociétaire et prétendant qui ne respecteront pas les emblèmes de la société paieront trois francs d’amendes et seront rappelés à l’ordre.

ART VI

Tout sociétaire et prétendant qui ne respecteront pas leurs chefs paieront un franc d’amende.

ART VII

Tout  sociétaire et prétendant qui ne se rendraient pas aux assemblées générales paieront une amende de cinquante centimes, les chefs paieront un franc au bénéfice de la caisse.

ART VIII

Tous chefs qui ne rempliront pas leurs fonctions honorablement et qui ne rendront pas les comptes exact seront à l’amende de trois francs et seront rappelés à l’ordre par la société.

ART IX

Tout  sociétaire et prétendant qui se rendrait chez la Mère sans cravate en manches de chemises ou avec leurs tabliers après six heures du soir seront à l’amende de cinquante centimes.

ART X

Tout sociétaire et prétendant qui se rendrait chez la Mère en étant en état d’ivresse, blasphèmerait ou parlerait grossièrement paieront un franc d’amende.

ART XI

Tout  sociétaire et prétendant qui sortiront de chez leurs maitres sans les prévenir  ainsi que la société paieront une amende de trois francs.

ART XII

Tout  sociétaire et prétendant qui refuseront de travailler et qui feront perdre une boutique paieront trois francs d’amendes.

ART XIII

Tout  sociétaire et prétendant étant déplacés et prenant pension chez la Mère seront placés à tour de roles et selon leurs capacités par les soins et la vigilance du Père et de la Mère.

ART XIV

Il est expressément défendu aux sociétaires et prétendants de chanter chez la Mère des chansons contre les différents corps d’état sous peine d’un franc d’amendes et seront rappelés à l’ordre par la société.

ART XV

Il est expressément défendu aux sociétaires et prétendants de chanter chez la Mère des chansons déshonnêtes politiques ou contre la religion sous peine d’une amende de trois francs.

ART XVI

Tout  sociétaire et prétendant qui troubleraient l’ordre et agiraient avec violence contre qui que ce soit chez la Mère paieront une amende de trois francs au bénéfice de la caisse.

ART XVII

Tout  sociétaire et prétendant qui se conduiront injustement envers la société ou envers leurs maitres seront rappelés à l’ordre.

ART XVIII

Il est expressément défendu aux sociétaires et prétendants de jouer de l’argent chez la Mère, les parties de cartes ou de billards ne peuvent excéder cinquante centimes en consommation sous peine d’une amende de trois francs.

ART XIX ( XVIIII dans le règlement)

Tout  sociétaire et prétendant qui resteraient trois mois sans payer leur semaine, sauf un cas légitime, seront rayés de la société.

ART XX

Tout  sociétaire et prétendant qui refuseraient de payer les amendes portées par les articles ci-dessus seront révoqués sans aucune réclamation.

ART XXI

Une assemblée générale sera convoquée le premier jeudi de chaque mois par trois membres de la societé, nul ne doit s’y refuser sous peine d’un franc.

ART XXII

Le Père ou la Mère qui renverront un homme de la société sans le consentement des chefs seront à l’amende de deux francs et rappelés à l’ordre.

ART XXIII

Tout sociétaire et prétendant qui seront après neuf heures du soir chez la Mère paieront une amende de cinquante centimes.

Vu et approuvé par nous Sociétaires.

Lavigne, Damé,Ningoz, Bajard, Carteron, Rasele, Lachan, Riffart, Thioulouse, Violet, Lacque, Siblie, Janin, Ronzy, Saby, Daubas, Linaud, Aubert, Berland, Jacqueton, Furnant, Roche, Peyrard, Niquet, Ferrier.

r∴   y∴

Sagesse Union Paix                                                                                                                                               

Potasson[1] 1864

Il est à noter que si certain sociétaires s’affirment Compagnons boulangers du Devoir de Liberté, ce n’est pas encore le cas à Saint-Étienne en 1864, les termes sociétaire et prétendant (pour aspirant ches les compagnons boulangers) sont utilisés dans l’ensemble du règlement; seconde remarque, les Sociétaires ne signent pas de leurs surnoms de compagnonnage, mais de leurs noms de famille.

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

[1] François Linossier dit Patasson, fils de Jean-Baptiste Linossier, armurier et d’Elisabeth Reymond, né à Saint-Étienne le 1er janvier 1819, mort dans cette même ville le 1er décembre 1871. Il fait son apprentissage de peintre à Saint-Étienne puis à Lyon avant de servir l’armée en Algérie. De retour à Saint-Étienne en 1848, il commande la Garde Nationale de Saint-Étienne, puis il peint de nombreuses enseignes et écrit des poèmes, des chansons et des pièces de théâtre dont une riche en satire Les mystères de Saint-Étienne qui fut interdite et lui a valu dix jours de prison.

Commentaires concernant : "Règlement de 1864" (1)

  1. Alain Boucherès a écrit:

    Bonjour,
    Ce règlement des Sociétaires dâtant de 1864, inconnu jusqu’à ce jour, est une pièce très importante pour l’histoire de notre DEVOIR! Elle vient corroborer la démonstration selon laquelle le DEVOIR ne nous a pas été transmit comme il nous a été enseigné durant de très longues années! Nos Anciens, tels que Blois l’Ami du Travail savaient-il??? Franchement, je ne me prononcerai pas! Bravo et merci à cette jeune fille d’avoir fait connaitre cette pièce, mais aussi au CREBESC d’avoir publié cette information si importante!
    Agenais la Tolérance.
    CB

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