Reconnaissances 3ème partie

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Le 24 janvier 1847 a lieu une Assemblée générale de tous les corps d’état du Devoir, où les compagnons boulangers sont sévèrement mis à l’épreuve, il leur est demandé l’inacceptable pour l’époque, ne plus arborer en public cannes et brillantes couleurs sur la poitrine, cela pour une période de quatre mois environ.

Les compagnons boulangers acceptent avec amertume cette dure condition, qui provoque un effet secondaire dangereux pour l’avenir de leur société comme le relate ce brouillon de courrier, daté du 17 février 1847, adresser à l’intention des différents corps d’état du devoir :

«Les Pays,
Vous nous excuserez de l’importunité que nous vous faisons de vous écrire aussi souvent, mais ce n’est que des circonstances imprévus nous y obligent, ainsi nous vous disons que lorsque l’on nous dicta la marche que nous devions suivre d’après l’assemblée tenue les 24 janvier dernier, assemblée générale du 24 janvier 1847, où les CBDD invitèrent les 28 corps d’état du devoir à les reconnaître, et obtinrent un refus, et que nous avons promis de suivre et que nous faisons un devoir sacré de ne pas nous en écarte, mais lorsque l’on nous dicta la marche que nous devions suivre, l’on nous dit que ce n’était que pour trois à quatre mois, alors voyant le terme arriver, et que les circonstances imprévues qui sont survenue entre les corps d’état, empêche que nos affaires ne se terminent pas aussitôt qu’on la crut le jour de l’assemblée du 24 janvier.

Nous vous adressons cette lettre pour vous faire une demande à laquelle espérons que les corps respectables à qui nous nous adressons, nous refuserons pas la faveur que nous leur demandons, lorsqu’ils en connaitrons le sujet, et le préjudice que se portera à notre société, si l’on nous refuse la chose que nous demandons.
Les pays, voila la faveur que nous venons vous demander, vous n’ignorez pas que tous les ans, le 16 mai, nous célébrons notre fête patronale, et nous venons vous supplier de nous accorder la faveur de pouvoir célèbre notre fête comme nous la célébrons tous les ans, avec tous nos insignes, et nous vous promettons qu’à partir du lendemain de notre fête, que nous rentrerons dans le néant, et que nous continuons de marcher, comme nous le faisons depuis le 24 janvier, jusqu’au jour que vous aurez décidé, si nous méritons d’occuper une place parmi les compagnons du devoir ou si nous resterons toujours errants et abandonnés.

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Ainsi les Pays voilà, ce qui nous oblige à faire cette demande, vous n’étant sans doute pas sans avoir entendu dire que dans notre corps d’État, il existe une société adverse à la nôtre, et que comme nous, cette société célèbre la fête patronale du corps d’État, et que chaque société invite les maitres qui occupent des ouvriers de leur société pour assister à la messe et au bal de chaque société donne, alors depuis quelques jours nous recevons des lettres du tour de France qui nous disent que cette société adverse ayant eu connaissance que nous ne célèbrerons pas notre fête cette année, c’est parce que nous ne nous pouvons plus tenir sur le tour de France et que nous sommes sur le point de quitter toutes nos villes de réceptions, alors les patrons qui nous occupent pourraient se laisser influencer par la malveillance de cette société adverse, et dans la crainte de se voir manquer d’ouvriers, lorsque nous sortirons de boutique au lieu d’en prendre de notre société, ils en prendraient de l’autre société.

Ainsi les Pays, nous vous prions d’avoir de l’indulgence pour notre position, et nous espérons que vous nous refuserez pas cette faveur, nous attendons votre réponse dans une assemblée générale, à laquelle nous invitons les vingt-huit corps d’État qui sortent du Devoir, ou nous espérons que les corps respectables que nous invitons nous ferons l’honneur de s’y rendre, cette assemblée aura lieu le…de ce mois chez Monsieur…
Recevez le respect que les ouvriers boulangers vous doivent, et qui se font l’honneur de vous présenter. »

Nous observons que ce courrier est signé « les ouvriers boulangers », bien que s’affirmant quotidiennement compagnon du Devoir, les rédacteurs de cette demande ont jugé utile de courber le dos, et faire preuve de modestie, afin de ne pas offusquer, contrarier, les différents corps d’état du Devoir à qui elle est adressée.

Nous retrouverons Borgne Charles, Languedoc le triomphant, cette fois-ci « exclu à six mois pour avoir chanté des chansons insultantes contre les autres corporations et s’être promené en ville d’Alais revêtu de ses couleurs, malgré l’engagement des boulangers à ne plus porter de couleurs pendant un temps défini par les autres corps d’état ».

A suivre…

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Laurent Bourcier, Picard la Fidélité.C.P.R.F.A.D.

 

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