Louis Dequoy, Blois la Fraternité.

Louis DEQUOY, Blois la Fraternité, Compagnon boulanger du Devoir.

Louis DEQUOY a été reçu à Agen le jour de l’Assomption 1861, il est l’auteur du chansonnier, publié a Blois en 1886.

Blois la fraternité fut l’un des compagnons qui marquèrent particulièrement la cayenne de Blois à la fin du  19e siècle. Il effectua son tour de France en compagnie de Léon Bodin, Tourangeau la Fraternité (reçu à la Toussaint 1859 à Tours) et  font l’ascension de la Sainte Baume ensemble le 2 novembre 1862. Il fut Premier en ville dans les années 1880, il fut aussi le courageux promoteur de la société des anciens compagnons réunis de la ville de Blois, dont  il sera le secrétaire.

Louis Dequoy est né le 11 mai 1838 à Blois, fils de Jean Michel Dequoy, jardinier et de Marie Anne Barbary, son épouse. Il fut l’un des compagnons qui marquèrent particulièrement la Cayenne de Blois à la fin du XIXe siècle. Reçu à Agen à l’Assomption 1861, sous le nom de Blois la Fraternité. Il effectue son Tour de France en compagnie du compagnon Léon Bodin, Tourangeau La Fraternité, et ils font l’ascension de la Sainte-Baume ensemble le 2 novembre 1862. Il se marie le 27 octobre 1869 à Saint-Denis-sur-Loire (41) avec Adeline Julie Thebaud. Il fut Premier en ville dans les années 1880, il fut aussi le courageux promoteur de la société des anciens compagnons réunis de la ville de Blois, dont il sera le secrétaire.

Doté d’une grande ouverture d’esprit, il entretient de très bons rapports aussi bien avec la Fédération compagnonnique de tous les Devoirs Réunis, qu’avec le Ralliement des Compagnons du Devoir, quelques articles dans les différents journaux compagnonniques de l’époque en font foi.

Il parvient à faire de Blois un terrain neutre où pro-Ralliement et pro-Fédération mangent à la même table de banquet, comme ce fut le cas le 15 août 1886, où le compagnon Boudin, représentant le Ralliement, sera présent. Blois la Fraternité le relata en un petit article :
L’honorable compagnon du Ralliement n’a point cherché à exercer sur notre société aucune pression, il nous fit observer qu’il n’était pas venu de Tours pour nous exhorter à nous ranger sous la bannière du Ralliement, que tel n’était pas son mandat, mais puisqu’il avait le bonheur de ne compter dans nos rangs que des compagnons de Maître Jacques et de Soubise, il en était ravi et de plus, puisque nous nous trou- vions bien ainsi, il nous engageait à continuer notre ligne de conduite et à rester seuls…

La société des Anciens Devoirs Réunis de la ville de Blois avait fait appel au Devoir de Liberté pour venir augmenter leur groupe, mais seulement deux compagnons répondirent ; or l’un quitta la société et l’autre décéda. Il fut donc décidé à Blois de ne plus accepter de « Salomon » dans leur groupe, suite à une affaire qui eut lieu à Nantes où une société similaire d’anciens compagnons avait accepté des « cordonniers de l’Ère nouvelle », corps d’état non reconnu comme composante du Compagnonnage et qui avait adhéré dans sa totalité à la Fédération Compagnonnique.

Dequoy explique ainsi sa position : « La société de Blois ayant donc jugé prudent d’interdire l’entrée des compagnons de Salomon, pensant que la seule présence d’un seul de ces compagnons aurait pu troubler l’harmonie qui règne entre cinquante compagnons du Devoir… ».
Cette répulsion qu’ont les compagnons du Devoir à cette époque envers le Devoir de Liberté, a pour origine le fait qu’une majorité des sociétés se disant du Devoir de Liberté sont issues de scissions ou consti- tuées par des compagnons du Devoir faits renégats pour dissidence. C’est le cas des boulangers du Devoir de Liberté. Les compagnons des Devoirs réunis de la ville de Blois, ne pouvaient cependant pas rester plus longtemps le « cul entre deux chaises ». Une de ses composantes majoritaire décida de fonder une section du Ralliement des compagnons du Devoir, l’autre composante préféra la voie de la Fédération Compagnonnique. Treize compagnons boulangers suivirent cette dernière, Dequoy en tête, puis deux repasseront au Ralliement un peu plus tard.

Le 12 mai 1886, Blois la Fraternité publiera un chansonnier dédié à tous les compagnons du Tour de France dont voici l’intéressant avant- propos :

En adressant à tous les compagnons du Tour de France ce petit recueil de chansons, je leur demande leur indulgence, car ce n’est que sur la sollicitation de quelques amis que je me suis décidé à le mettre à jour. Et puis, mes chers amis, la chanson n’est-elle pas une expansion de l’esprit et du cœur, et de plus une compagne consolatrice, elle nous fait oublier nos peines et nos sueurs, c’est elle qui vivifie le compagnonnage, ce qu’on peut dire on le chante. Est-il un Français, quel que soit son rang, son âge, sa profession, sa position pécuniaire, qui n’ait eu son moment de bonne humeur et fredonné soit le plus court, mais le plus gai des refrains ?

On a chanté la gloire des combats, l’amour, le bon vin, etc. …À nous mes amis de chanter l’amour du Tour de France, la gloire et les bien- faits du compagnonnage. Aujourd’hui, j’ose offrir à ma société ainsi qu’à toutes celles qui voudront bien me lire ces quelques refrains, que l’amour seul du Devoir m’a inspirés. Depuis que j’ai eu l’insigne honneur d’être reçu compagnon, j’ai, faisant mon Tour de France, visité bien des villes du Devoir, partout j’y ai trouvé bon accueil et joyeux entrain. Des doyens, des jeunes gens, maîtres et ouvriers, tous d’une gaieté franche toujours aimable et fraternelle.

C’est dans l’espoir de voir se perpétuer cette douce harmonie, que j’ai creusé mon faible cerveau et forcé pour ainsi dire mon esprit pour en- fanter ces quelques rimes que j’ai le plaisir d’adresser à mes frères du Tour de France.
Soyez surtout pénétrés, compagnons, qu’elles ont la plupart été compo- sées dans des jours de souffrance. Aussi ai-je cherché à tromper ces souffrances en m’adressant aux muses, qui ne furent points ingrates. C’est un baume efficace que je recommande à tous ceux qui souffrent. C’est pour cela, comme pour chasser l’humeur noire, et aussi pour entretenir la fraternité dans le compagnonnage, que j’envoie mes chansons sur le Tour de France. Elles suivront le sentier du Devoir, sentier que j’ai eu l’avantage de parcourir avechonneur au temps de mon jeune âge. Dans l’espoir de les voir bien accueillies je leur souhaite un bon voyage.

Pour donner plus d’entrain aux chanteurs et aux auditeurs, ainsi que pour encourager l’applaudissement, je me suis permis d’ajouter à mon chansonnier tous les refrains ou bans que j’ai pu recueillir ; quelques-uns dont je suis l’auteur sont signés de mon nom. Je joins aussi quelques charades, logogriphes, etc. … le tout compagnonnique.
C’est dans ces sentiments que j’ai toujours été, et c’est aussi dans les mêmes que votre ami et frère dans le Devoir veut finir.
Dequoy L. dit Blois la Fraternité
C. Boul. D.D. Rue Chemonton 14, Blois.

Dans le journal du Ralliement, en 1886, il y eut un échange d’honneur assez amusant entre Dequoy et un autre poète chansonnier boulanger, Joguet, Rochelais le Courageux. Voici ce que ce dernier fit insérer dans le journal La Fédération Compagnonnique du 15 août 1886 :
À mon ami Dequoy; Ami Dequoy, c’est en lisant le Ralliement;
Que je viens d’apprendre ton titre de chansonnier
Si je ne suis le premier, que je ne sois le dernier Pour venir t’offrir un sincère compliment.
La poésie, ingrat travail, mais brillant art, Qu’avec le temps comme poète tu jugeras,
Quand contre toi, la médisance tu entendras, Tu feras le sourd, disant tout bas :
c’est ma part. Oui ! Cette peu encourageante critique, Pleine d’amertume pour le débutant,
Souvent arrête son ardeur frénétique Au lieu de lui dire courage, en avant.
Si ton travail te donne assez de loisir, Et que toi-même y trouve un doux plaisir,
Continue, chante-nous cette fraternité, Si méconnue aujourd’hui, par l’activité.
Fais lui voir en ce jour que jadis nos aïeux Étaient plus philanthropes, et surtout plus vertueux.
Sacrifiant tout, plaisir, travail et même argent, Pas un à l’arrivant n’était indifférent.
Reproche-lui, qu’un C∴ inconnu aujourd’hui Pour se reposer arrivant chez la Mère,
Par le chômage couvert de misère ; On fait nullement, ou peu attention à lui.
Autrefois, tu le sais, ah ! c’était autre chose, Pour lui toutes les bourses se déliaient,
Des ateliers, les portes aussi s’ouvraient Ce qui avait été noir était rose.
C’était le vieux temps, dirait-on actuellement, À cela nous sommes forcés d’en convenir.
Mais aussi, ce que l’on ne peut pas contredire, Qu’il était bien le meilleur assurément.
Dedans tes chants, dis-lui qu’il se gare De cette sinistre coopération
Qu’ambitionne partout la fédération, Qu’elle se groupe contre cette bagarre.
En chantant, innovateur, joyeux barde, Apprends donc à cette bouillante jeunesse
Que tu as encore des heures de liesse Malgré qu’apparaît le gris de la barbe.
Dis-lui surtout que du beau mot compagnon, La signification est simple et claire,
Mais encore que l’initié doit la taire, S’il veut rester digne de ce brillant nom.
Un grand pas de géant vient de se produire Grâce au Ralliement, nous pouvons bien le dire,
Tous les corps du Devoir, se tendent la main. Prélude de reconnaissance demain.
Je souhaite à tes chansons prospérité, Mon vieil ami Blois la Fraternité,
Veuille en même temps recevoir les adieux, De celui qui est Rochelais le Courageux.

Dequoy lui répondit par le biais du même journal le 19 juin 1887 :

C’est un petit honneur que d’être chansonnier Et passer ses loisirs à écrire et rimer.
Le maigre rimailleur et l’élégant poète Ne sauraient résider en la même planète.
Pourtant si par hasard le divin Apollon Me prête son génie en guidant mon crayon,
J’en profite et dès lors je mets tout mon savoir, Pour créer quelques chants en l’honneur du Devoir.
C’est un travail ingrat et souvent incompris, Mais il sait me charmer et je le trouve exquis,
Frère ami Rochelais, je ne te connais pas, Reçois mon doux merci, tes vers sont pleins d’appas.
Ta muse gracieuse a dans le Ralliement, Su par tes jolis vers, flatter un Devoirant.
Elle va droit au Cœur et rend l’âme joyeuse. Tu sais du beau Devoir nous montrer le prestige,
En peindre les abus que ta muse fustige. Ayons dans l’avenir certaine confiance,
Et espérons revoir fleurir le tour de France, Tu dis que la jeunesse… hélas, ne chante plus,
Je m’en aperçois trop et j’en reste confus, Car maints compagnons, je le dis à regret,
Préfèrent de nos jours, la dive à un sonnet. Tu voudrais l’union dans tous les corps d’état,
Je la désire aussi sans luttes ni combats, C’est là mon plus doux rêve et je serais heureux,
Si le même Devoir unissait nos neveux. La Fédération veut la fraternité ;
Aussi le Ralliement la veut de son côté. Il est dans les deux camps de zélés compagnons
Qui soutiendront toujours leurs D∴ et leurs noms. Pour moi, mon cher ami, tant que l’astre divin,
Dorera les moissons, mûrira le raisin, Tant que la gente ailée dans les champs, dans les airs,
Chantera les grandeurs du Dieu de l’Univers, Comme toi, Rochelais, mon bonheur, mon espoir,
C’est de rester fidèle à mon Devoir. Sur ce, cher Compagnon, reçois avec bonté
Un doux baiser de Paix et de Fraternité. Ton ami et frère dans le Devoir de M∴ J∴
Dequoy L. C∴ Boul∴ D∴ D∴ Rue Chemonton, 14, Blois.

Après une longue période d’absence dans la presse compagnon- nique, il réapparaît à propos d’un sujet inhabituel dans le numéro 35 de L’Union Compagnonnique d’avril 1895. Blois La Fraternité y fait appel aux instances du Tour de France pour refaire frapper sa « pièce »25 de voyage avec les tampons des villes où il est passé lors de son Tour de France, l’original ayant été perdu. Il demande donc qu’une nou- velle pièce de voyage, vierge, parcoure le Tour de France par le service postal au départ d’Agen, sa ville de réception, en passant par Toulouse, Montpellier, Nîmes, Marseille, Toulon, Lyon, Chalon-sur-Saône, Dijon, Troyes, Paris, Orléans, Blois et Tours. Il se permet même de demander à chaque cayenne de bien vouloir assumer les frais d’envoi !

Cette annonce nous permet de constater que Blois la Fraternité avait effectué dans sa jeunesse un véritable Tour de France digne de ce nom, et que s’il ne mentionne pas les cayennes de la côte atlantique, c’est sûrement parce qu’il ne les a pas visitées en tant que compagnon reçu mais seulement comme aspirant ou en indépendant.

Voici une chanson écrite par Le bien aimé de Saint Georges de Reintembault. Étant donné son impossibilité de répondre positive- ment à l’invitation de participer au banquet d’Assomption des compagnons boulangers du Devoir de la ville de Blois, il écrivit ces vers et les fit parvenir à son ami Louis Dequoy, Blois la Fraternité, compagnon boulanger du Devoir. Celui-ci les lut, à la demande de l’auteur, lors du banquet, puis les fit parvenir au compagnon Boudin afin de les publier dans le journal des compagnons restés fidèles au Devoir, Le Ralliement numéro 191.

Extrait du livre « Le pain des Compagnons » L’histoires des compagnons boulangers et pâtissiers

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

Commentaires concernant : "Louis Dequoy, Blois la Fraternité." (3)

  1. murat georges a écrit:

    je faisais une saison à Arcachon, j’ai connu le pays Contraire alors Aspirant, il pratiquait se genre de coupe avec un tube et 1/4 de lame de rasoir, il y avait aussi le compagnon Marcel Larcher Landais la Fraternité, très bonne époque et ambiance très fraternelle. Pays Murat Quercy A.P.R.F.A.D.

  2. Aprés la lecture du travail de Mr Laurent Bastard, je réitère une fois de plus mon admiration face à un écrit aussi beau, plein de respect et analysé avec une trés grande finesse! Mon Dieu que c’est beau, de métriser parfaitement la langue française!!!!
    Merci Mr Bastard!

    Pour ce qui concerne la coupe du pain avant sa mise au four, effectivement il existe plusieurs façon de procéder:
    La simple lame de rasoir;
    La lame à boule;
    Mais aussi les deux réunis. (j’ai ainsi découvert cette méthode en faisant mon TDF) que j’ai définitivement adopté par la suite.
    Puis la lame de rasoir coupée en deux (pratique bordelaise) laissant penser que les boulangers bordelais sont radins…
    Il y a également, une autre façon (encore plus économique) c’est de couper la lame de rasoir en 4 et l’introduire dans un tube métallique (en général une boite de comprimés pharmaceutique) replié en deux! Méthode lyonnaise.

    Existe t-il d’autres façon de couper en France?

    En Turquie, et dans les pays du Magreb c’est en général des lames de rasoir.
    En slovaquie, c’est tout simplement le couteau de cuisine (mais tous les pains ne sont pas coupés).

    Sais-ton comment était coupé le pain au 18 et 19° siècle en France ?

    Et en Russie, pays grand consommateur de pain, comment le pain est-il coupé?

    • Laurent Bonneau a écrit:

      Il y a également, la lame dite marseillaise comme la lyonnaise mais avec du métal fin replié. Comment on coupait et on coupe le pain à l’enfournement en France et ailleurs, fera un sujet intéressant ici…

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