« Le pain dans la grande guerre » (5)

Les fours militaires portatifs 1812-1918.

Lors des campagnes militaires, l’une des difficultés majeures, qui doit être résolue de façon énergique et concrète, c’est la fabrication du pain pour les troupes. Nous avons découvert ensemble dans l’article intitule « La Grande Armée, les fours, le pain, 1812 », publie le 7 septembre 2012, jour anniversaire de la bataille de Borodino, l’attention que Napoléon portait a la construction des fours maçonnés pour ses soldats.

La construction de ces fours n’était pas des plus facile, cela nécessitait des matériaux de construction et des ouvriers qualifies pour réaliser les travaux ; d’ou le besoin de créer des fours que l’on puisse déplacer, suivant l’avance des troupes.

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1887 MOBILISATION 17EME CORPS

Un siècle plus tard, en 1914, nous rencontrons deux types de fours militaires pouvant être déplacés suivant les manouvres des troupes, ce sont les fours portatifs et les fours mobiles.

Le four portatif est un four que l’on monte et que l’on démonte à chaque déplacement, alors que le four mobile, comme son nom l’indique, se déplace dans son ensemble, sans démontage de sa structure principale. C’est le premier que nous allons présenter aujourd’hui.

Il semblerai que le four portatif est été une invention de Joachim Faiguet de Villeneuve, pour le service des armées, dont les Mémoires de l’académie des sciences de l’année 1761, font une mention honorable, mais selon les écrits ultérieurs, il semblerai que ce four ne fut jamais véritablement mis en service sur le terrain.

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« L’Illustration » (Coll. Bourcier)

Dans « Mémoire sur la construction des fours de campagne, par M. le lieutenant colonel du genie Finot ». (Mémorial de l’officier du génie, numéro 5, imprimerie Royale 1822- books.google.fr), en fin d’étude -page 243-, M. le colonel du génie, Ambroise Prost donne la description complète et méticuleuse d’un four portatif en fer qui a été construit au parc du génie du premier corps d’armée, en 1812, sous les directives du général Haxo. Certain passage sont assez technique, mais j’ai tenu a présenter ces écrits dans leurs présentations d’origines, cela pouvant instruire précisément des lecteurs amoureux Del ‘histoire des fours militaires :

« …Il se composait d’un grillage et d’une carcasse surbaissée ; le tout en fer plat.

Le grillage était forme :

-De deux courbes ou bandeaux de fer, forges de manière à décrire le contour de l’âtre du four.

-D’une bande de fer longitudinale placée sur le grand axe de cet âtre.

-De grandes bandes transversales, dont l’une était placée sur le petit axe, et les deux autres partageaient les intervalles entre ce dernier et les deux extrémités du grand axe.

-Ces bandes avaient 5 cm de largeur et 11 millimètres d’épaisseur ; elles étaient assemblées par échancrure et recouvrement, et portaient sur les courbes du contour, d’une manière qu’en soulevant ces dernières, ont soulevait tout le système.

Les assemblages étaient maintenus par des boulons a tète perdue d’un cote, et rives de l’autre. Le grillage formait en dessus un plan uni recouvert en lames de tôles de 0,55 m de longueur, sur 0,50 de largeur, et un demi-millimètre d’épaisseur, lesquelles, appliquées et rivées sur les bandes formaient l’âtre du four.

La carcasse était un système de trois bandes ou fermes transversales ployés suivant la surface de l’intrados du four, et répondant aux trois bandes transversales du grillage, et d’une quatrième bande répondant au grand axe.

Le fer de ces bandes n’avait que trois centimètres et demi de largeur, et huit millimètres d’épaisseur. Il était assemble et rive comme pour le grillage, mais de telle sorte que la ferme longitudinale, c’est-à-dire, la bande répondant au grand axe, revenait dans ses échancrures les fermes transversales et leur servait de support.

Les unes et les autres étaient terminées en forme de boulons qui entraient dans des trous fores exprès dans les courbes et bandes du grillage, a leurs points même de recouvrement.

Ces boulons dépassaient les courbes et étaient rives en dessous.

Les différentes pièces de la carcasse en dessus une surface unie, celle de l’extrados du four, sur laquelle étaient placées des lames de tôles rivées aux fermes et de mêmes dimensions que celles du grillage.

Deux ouras étaient pratiques vers le fond du four ; ils recevaient chacun un tuyau coude en tôle, qui reportait la sortie de la fumée presque au dessus du petit axe.

Cette disposition empêchait une trop prompte et trop grande perte de chaleur.

Pour mouvoir le four, on avait fixe aux courbes du grillage huit poignées en fer, pouvant chacune recevoir les deux mains, de manière que huit hommes suffisaient pour monter le four sur son haquet* et pour l’en descendre.

*Chariot long et étroit de transport attelé avec un cheval.

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Transport de la boulangerie de campagne, 3 eme regiment du train a Notre-Dame-d’Oe (37)

Les dimensions du four étaient réglées ainsi :

Longueur du grand axe 3 mètres.

Longueur du petit axe 2 mètres.

Hauteur de la chapelle 0,40 m.

Fleche de la courbe intérieur 0,13 m.

Largeur de l’embouchure 0,35m

Sa profondeur 0,40m

Sa hauteur 0,28m

La capacité du four était de 140 rations ordinaires ; son poids total de 440 kilogrammes.

Pour transporter cet appareil, on avait fixe sur les brancards d’une prolonge dont les roues de devant tournaient sous le train, un châssis en bois, de 0,10 de grosseur, auquel on avait pratique toute les échancrures nécessaires pour recevoir les parties saillantes du dessous du grillage. Le four se plaçait sur ce grillage ; puis on le recouvrait, pour le préserver de la rouille, d’une espèce de couvercle fait de bois léger et de volige, reposât sur des montants en bois qui s’engageaient dans de faux ranchers adaptes aux cotes extérieurs de pièces longitudinales du châssis. Ces faux ranchers étaient en fer et en forme de douille ; on avait ménage sur les faces latérales de chaque montant, des coulisses verticales dans lesquelles on faisait glisser des panneaux mobiles pour achever d’abriter le four.

L’extrados de la voute devant être essentiellement recouvert de terre, il était a craindre que le ramollissement des fers, résultant de la chaleur, ne fit ployer et affaisser tout le système, et ne le mit hors d’usage.

Pour prévenir cet inconvénient, on avait adpaté au point milieu des fermes de la carcasse, des anneaux en fers dont les pitons traversaient l’épaisseurs de ces fermes, et étaient rives en dessous a tète perdue.

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Nous observons sur cette carte postale la façade de pierre et briques, et la couverture de sable au sommet (Coll. Bourcier)

Au-dessus de chaque fermes, se plaçait une pièce de bois horizontale supporte par deux poteaux verticaux place a droite et a gauche du four sur un cours de semelles. La pièce horizontale était percée d’un trou correspondant a l’anneau de la ferme en fer, et par ce trou passait une tringle recourbée qui, s’accrochant a l’anneau, était bandée par le haut au moyen d’un écrou a main reposant sur la pièce de bois : de cette manière, tout affaissement de la voute devenait impossible.

On plaçait toutes les pièces de bois sous les brancards du haquet, entre les éparts et l’essieu du derrière.

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Four portatif (sans sa couverture de terre de 30 à 40 centimètres) (Coll. Bourcier) 

Pour mettre le four en exercice, on préparait par terre un emplacement sec et de niveau. On enlevait le couvercle, les panneaux mobiles, ainsi que les montants verticaux qui les soutenaient, et l’on descendait le four sur le terrain préparé ; on plaçait de suite les tuyaux des ouras, puis les poteaux verticaux avec les pièces de bois horizontales de support de la voute ; on accrochait et l’on bandait les tringles verticales en serrant les écrous ; on recouvrait enfin toute la convexité du four d’une couche de terre meuble de 25 a 30 centimètres d’épaisseur.

Une excavation en rampe était creusée en même temps devant la bouche du four, ouïr baisser le boulanger a son niveau, et l’on procédait au chauffage comme pour les fours en maçonnerie. Ce chauffage demandait seulement un peu plus de soin pour repartir la chaleur uniformément.

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Le boulanger dans la fosse

La tôle faisant ici le double office de conducteur de chaleur et de soutiens des terres, communiquaient cette chaleur à ces dernières, lesquelles la rendaient ensuite à l’intérieur pour la cuisson du pain.

Il fallait ordinairement quatre heures pour chauffer le four une première fois. Lorsque les terres de dessus étaient sèches et sablonneuses, il ne fallait que trois heures ; mais il en fallait souvent six, lorsque ces terres étaient grasses. Toutefois, on ne faisait jamais attendre le boulanger, la pate exigeant encore plus de temps pour être levée suffisamment.

On laissait le pain dans le four environ une heure et demi, et l’on mettait communément deux heures d’intervalle entre les fournées ; mais on aurait pu s’arranger de manière a réduire cet intervalle de moitie. Toutefois on ne mettait guère que vingt quatre-heures pour cuire six fournées faisant huit cent quarante rations entières, qui à raison d’une demi distribution, suffisaient aux troupes du parc pour quatre jours.

La marche du four était coordonne a celle du parc de la manière suivante ; aussitôt que la boulangerie était arrive avec le pain qu’elle venait de confectionner, et qui était dans un caisson a ces destines, on distribuait le pain pour quatre jours. A la place de ce pain, on mettait dans le caisson de la farine pour six fournée, prise au parc ou trouvée sur les lieux, et la boulangerie restait encore deux jours avec le parc. Le soir du deuxième jour, elle faisait station, établissait le four, et vingt quatre heures après elle se mettait en marche avec du pain pour quatre jours. Elle rejoignait ordinairement le parc dans la quatrième journée, et souvent dans la nuit qui précédait.

Le baquet a levain, le pétrin, la chaudière et son trépied, étaient aussi transportes sur le haquet en arrière du four.

Quant a l’emplacement à choisir, pour chaque station, il n’y avait d’autre condition à satisfaire que de se mettre à porte d’un local couvert et un peu chaud pour travailler la pate et la faire lever.

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Cette notice est termine par les observations suivantes :

« M. le lieutenant général du génie Haxo, a qui l’on doit l’idée de cette boulangerie portative (1) pense qu’on pourrait donner aux fours en fer la forme cylindrique ; ils acquerraient ainsi de la capacité sans un trop grand allongement des axes, et par conséquent sans devenir beaucoup plus embarrassants a transporter. Les différentes pièces seraient en outre plus faciles à faire et à placer.

Les feuilles de tôles n’étant assujetties qu’à une seule courbure, seraient mois sujet à se bosseler et à se déranger par l’effet de la chaleur. Tout le système serait plus solide, et peut être aussi pourrait-on parvenir a démonter le four après chaque station, et le transporter par pièces séparées ; ce qui serait une amélioration importante.

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Transport du four portatif démonté a dos de mulet. (Coll. Bourcier)

Si de semblables fours étaient accompagnes de moulins portatifs , on pourrait en généraliser l’usage et l’appliquer a tout un corps d’armée : on résoudrait ainsi l’une des principales difficultés qu’on rencontre a la guerre , celle de faire subsister les troupes en marche dans les contrées éloignées des magasins et des manutentions.

  • Annotation dans le « Bulletin des Sciences militaires » année 1824:

Comme il y a déjà eu beaucoup de projets de boulangerie portatives plus ou moins exécutables, fait soit par des officiers du génie, soir par des commissaires des guerres, ou des employés des subsistances, et dont plusieurs même ont été adresses au comite du génie , nous sommes donc loin de pouvoir assurer avec l’auteur de ces observations, que l’idée première des fours portatifs de campagne soit due a M. le général Haxo ; mais nous ne savons pas qu’il est été exécute des fours portatifs , et qu’on s’en soit réellement servi, avant celui qui fut construit en 1812 par ses ordres et d’après ses instructions. Si ce général n’a pas la priorité d’invention, il a du moins le grand mérite d’avoir le premier fait mettre a exécution cette heureuse invention.

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Dans l’ouvrage « Meules a grains, actes du colloques international de la Ferté sous Jouarre » 16-19 mai 2002), nous lisons ceci :

« Le 24 décembre 1839, le général Regniat est le rapporteur d’un projet d’adoption des fours de campagne en tôle et des fours permanents de l’invention de Lespinasse, garde principal du génie.

Le four de campagne en tôle sera compare au four de campagne en fer du général Haxo, employé au parc du génie du 1 er corps de la grande armée pendant la campagne de 1812 et au four en feuille de tôle portatif de l’invention de M r l’intendant militaire Dufour expérimente a Metz par ordre du Ministre de la guerre en 1831 ».

Nous observons que la concurrence est la, le four en fer du général Haxo contre le four de feuille de tôle de l’intendant militaire Dufour.

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Fours portatif français a M’Jara –Maroc- Il semblerai que les fours ait été abandonne perceptivement….

Pour revenir au montage de ces fours, nous lisons dans le bulletin de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale 1838, (vol.37) ceci :

« La préparation du terrain et le montage du four est de 45 minutes, le montage du four seul est de 15 minutes, il faut prévoir une petite fosse devant le four, qui servira au boulanger chargé de la cuisson du pain. Une fois le four installé, il repose sur 8 poutrelles, il sera recouvert d’une épaisseur de terre de 30 à 35 cm. L’âtre est formé de briques ou de terre glaise.
Pour le mettre en route, il faut faire une première chauffe (1 heure avec 90 kg de bois), puis une deuxième (40 minutes avec 60 kg de bois). Le temps de cuisson des miches est de 45 minutes comme dans les autres fours. La consommation de bois par fournée est de 25 kg ».

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Il semblerais que lors du conflit 1914 1918, le modelé Four Métallique Godelle 1890, est été le plus rependu
Il pouvait cuire  200 rations soit 610 kg, il était transportable à dos de mulet.

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Une équipe de boulangers en 1914, nous remarquons l’age des ces hommes…les jeunes hommes de la France sont au front… leurs pères font leurs pains…

Apres la guerre 1914 1918, ces fours portatifs seront abandonne au profits des fours roulants, pour la raisons principale, la traction hippomobile est progressivement abandonnée au profit de l’automobile, les guerres seront désormais des guerres de mouvements très rapide dut a cette mécanisation, les fours devront donc être désormais absolument mobile, afin de suivre au plus près les troupes de combat.

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Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

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Commentaires concernant : "« Le pain dans la grande guerre » (5)" (2)

  1. rivet fernande a écrit:

    mon grand-père a été boulanger de 1915à1919 . J’ai quelques cartes de ses affectations : Le Touquet, Lyon (800 boulangers) Milan, les fours installés à 100m de la Scala. Pourquoi des boulangers à Milan de1918 à janvier 1919 (dernière date de la carte en ma possession)
    Merci pour vos renseignements sur ce site

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