La chapelle funéraire des Ribot

LA CHAPELLE FUNÉRAIRE DES RIBOT, MEUNIERS A BALLAN (37)

Dans le cimetière de Ballan-Miré (Indre-et-Loire) se trouve une chapelle funéraire remarquable par son décor sculpté. C’est celle des RIBOT, meuniers du Grand Moulin de Ballan, sur le Cher.

Edifiée au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, cette chapelle comporte en son fronton une sculpture sur pierre calcaire particulièrement soignée et riche de détails. L’ornementation funéraire n’était heureusement pas encore standardisée comme elle le sera après la dernière guerre.

Le médaillon central représente la roue à aubes du Grand Moulin, sortant de sa façade, dont on distingue bien les pierres de taille, les contreforts latéraux et les trois ouvertures au-dessus, et une quatrième un peu décalée et plus basse, sur la droite. Sous la roue, le sculpteur a figuré les remous de la rivière canalisée. La sculpture est précise ; la perspective bien rendue, jusqu’à l’arrière-voussure qui surmonte la roue. Un arbre est enfin visible sur le côté droit.

Détail de la sculpture : la façade du moulin sur le Cher.

Le médaillon est entouré de végétaux assemblés en palmes, emblématiques de l’environnement d’un moulin. A droite, on distingue la plante qui pousse au bord des cours d’eau : la massette, sorte de roseau, parmi ses feuilles lancéolées. Un autre végétal à grosses graines reste indéterminé.

Détail de la sculpture : les plantes de la rivière.

A gauche, le sculpteur a associé deux végétaux dont les graines devaient être broyées par le Grand Moulin de Ballan. Il s’agit du blé en épis et de l’œillette.

Détail de la sculpture : épis de blé, fleur et capsules de pavot.

La graine d’œillette est issue de deux variétés : le pavot œillette ordinaire ou pavot à capsules déhiscentes, à grandes fleurs violacées, et le pavot aveugle, ou œillette fermée, à fleurs bleues. Ce sont des variétés du fameux papaver somniferum, dont l’incision des capsules produit un latex qui, transformé, donne l’opium et ses dérivés. Fleur et capsules sont bien visibles sur la sculpture.

L’huile produite par les minuscules graines d’œillette, dont la culture était autrefois très répandue dans la France du nord, est une huile destinée à la consommation, mais qu’on emploie aussi dans la fabrication des produits de beauté. On l’utilise aussi comme huile siccative pour les vernis et peintures.

Les graines de pavot sont aussi employées en boulangerie et en pâtisserie (sur et dans des pains, brioches, bagels, biscuits, crackers…).

Variétés d’oeillette, gravures extraites de : L. MALPEAUX : Les Plantes oléagineuses ; Paris, Hachette, 1943.

 

LES RIBOT, UNE FAMILLE DE MEUNIERS

Le Grand Moulin de Ballan aurait été construit en 1520 et ses bâtiments anciens sont classés à l’inventaire des monuments historiques depuis 2005. Mais il n’a pas toujours été propriété de la famille RIBOT, qui n’en prend possession qu’au cours du premiers tiers du XIXe siècle.

Le premier meunier de cette famille a été René RIBOT, issu d’une famille de cultivateurs, né à Fondettes (37) le 3 germinal an IV (23 mars 1796). Il se maria à Saint-Genouph (37) le 21 décembre 1815 avec Jeanne DESOMBRE, née sur cette commune le 15 pluviôse an VII (3 février 1799). A une date indéterminée (mais avant 1836 puisqu’il figure comme meunier sur l’état de recensement), il s’établit à Ballan et exploita le Grand Moulin. René RIBOT décéda à Ballan le 6 juin 1842, âgé de 46 ans, propriétaire meunier.

Son fils Jean RIBOT lui succéda comme minotier. Né à Ballan le 23 août 1828, il se maria à La Riche (37) le 18 juillet 1853 avec Emilie Martine MAZERY, née à La Riche le 20 octobre 1834. Il décéda à Ballan le 22 avril 1902, âgé de 73 ans. Sa veuve décéda également à Ballan le 15 janvier 1905.

Leur fils Silvain Louis Emile RIBOT reprit l’exploitation du Grand Moulin. Il était né à Ballan le 8 avril 1857 et déclara le décès de ses parents en 1902 et 1905.
Il se maria avec Eugénie Angélique MARCHAND, née vers 1860.

Enfin, le fils de ces derniers, Jean Louis RIBOT, né à Ballan le 28 juin 1882, fut également minotier. Marié à Chahaignes (72) le 4 juin 1912 avec Louise Yvonne MARTIN, il décéda à Ballan le 29 avril 1961.

Le Grand Moulin de Ballan, carte postale, vers 1900. On remarquera que sa façade a été exactement reproduite sur le fronton de la chapelle funéraire.

Le Grand Moulin est toujours en place depuis bientôt 500 ans sur les bords du Cher. Depuis 1981 il est propriété d’une société par actions simplifiée dirigée par la société C2 Développement située à Ancenis (44).

 

Le Grand Moulin de Ballan ; carte postale, vers 1900.

 

 

Commentaires concernant : "La chapelle funéraire des Ribot" (1)

  1. Leynaud a écrit:

    Bonjour à tous ,
    Bonjour Mr Bastard et merci pour l’enrichissement de ce site par vos connaissances et votre savoir…
    Je viens juste vous proposer une plante pour identifier ces grappes en boules qui sont au milieu de la gerbe de plantes énumérées dans votre exposé.
    Chez moi, en Gironde et en bord de cours d’eau ou de milieux humides, poussent les herbes de vipère appelées aussi Gouet.
    Les tubercules de gouet ont été consommés comme féculent sous forme de pain ou de gâteaux, notamment en période de disette. Toxiques à l’état frais, ils doivent être épluchés et bouillis à plusieurs eaux de nombreuses fois pour que les composés toxiques solubles soient éliminés.
    En Angleterre on utilise parfois cette farine de tubercules pour confectionner le saloop. En Turquie la farine salehp sert à réaliser une boisson.
    Attention, ne jamais manger ces belles baies…
    Elles sont très toxiques et sont surnommées les baies du diable…
    Cordialement votre
    Eudes

Envoyer un commentaire concernant : "La chapelle funéraire des Ribot"