François Magnant, Angoumois l’Exemple de la Justice.

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François MAGNANT naquit à Angoulême, le 8 novembre 1863, enfant naturel de Marguerite MAGNANT, couturière pour hommes (26 ans).  Son acte de naissance est rédigé en présence d’au moins un Compagnon boulanger du Devoir d’Angoulême, Pierre GADOUX, Angoumois Noble Coeur (né a Saint Coutant en 1827, reçu à Angoulême à Noël 1856 avant l’ouverture de cette Cayenne qui a lieu à Pâques 1858, domicilié 24 rue de Beaulieu) et François Noël Martin (né en 1810, domicilié au 2 place du Murier) signe le certificat de naissance avec trois points, probablement Angoumois Bon Accord reçu à Orléans à la Pâques 1830.Sans titre2

Nous n’avons pas d’information particulière sur sa jeunesse, mais nous savons qu’il l’a passé au côté des compagnons boulangers dès l’âge de 18 ans (1881).

François est bercé dans le compagnonnage de la boulangerie, sa mère est très proche des Compagnons boulangers du Devoir, les témoins de la naissance sont la pour le confirmer.

François MAGNANT qui signe aussi quelques fois Théophile MAGNANT, adhère à une loge maçonnique, et il se peut qu’il est été initié au rite Misraïm ,ce rite recrutant particulièrement chez les artisans, commerçants, etc. Constant BOUTIN, Saumur Plein d’Honneur appartenait à ce rite.

François MAGNANT est reçu à Saumur le jour de la Saint-Honoré 1891 à l’âge de 27 ans, sous le noble nom d’Angoumois l’Exemple de la Justice, a pour frère de réception Denis SUZERAT, Périgord la Franchise (25 ans).

À la fin de sa réception, des Compagnons de plusieurs corps d’État viennent se joindre aux Compagnons boulangers, parmi eux se trouve Auguste HUET, Auguste le Poitevin* Compagnon menuisier du Devoir, MONPOINT Compagnon doleur, GUIBERTEAU Compagnon couvreur, ANCELIN, Compagnon charpentier, un cordier, un cordonnier, et un bourrelier et en fin de banquet de réception, des Compagnons maréchaux de l’école de cavalerie, lesquels sont accompagnés d’un serrurier et d’un menuisier du Devoir de Liberté.

*Auguste le Poitevin, né le 23 juin 1857 reçu à Tours pour la fête de Pâques 1886.

Le jeune reçu, rouleur de la Cayenne de Saumur, est chargé de compléter le registre de réception de cette ville. Il signe l’enregistrement de la réception de l’Assomption de Troyes 1891 d’une façon particulière, d’une façon Maçonnique (en bas à gauche document).

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R.: +.: , signifie grade de Rose+Croix, grade du rite Misraïm, 7e (et dernier) du rite français et 18e (sur 33) du rite écossais. Il rajoute ce même jour, dans le haut de l’enregistrement de sa réception « Les vrais souvenirs du tour de France »

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Angoumois l’Exemple de la Justice reçoit de la Cayenne de Saumur cette même année, une écharpe d’honneur, il est le premier compagnon boulanger connu à ce jour à recevoir cette distinction.

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Il semble quitter Saumur en 1891, mais nous ignorons à ce jour où il séjourne entre son départ de cette ville, mais nous supposons un passage à Tours avant son arrive à Nantes le 2 février 1894, où il occupe la position de Rouleur a une période très difficile pour cette Cayenne, en effet celle-ci est divisée en deux parties, les Compagnons boulangers du Devoir dit « Restés fidèle au Devoir », et les Compagnons boulangers du Devoir dit « Les Amis de l’Union ». De plus cette année 1894 se déroule à Nantes le Congres de l’Union Compagnonnique.

Il y a de forte probabilité qu’il est été envoyé spécialement à Nantes pour gérer cette crise vu son expérience et son Age, 31 ans.

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Signature d’un article de François « Théophile » MAGNAN, publié en 1894 dans les pages du Ralliement. Nous observons les lettres V∴ M∴ Z∴ tri pointées, très certainement en rapport direct avec son appartenance à une loge maçonnique.

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Nous retrouvons une signature manuscrite similaire sur un document datant de 1894. : B∴D∴D∴ V∴M∴M∴Z∴

Il est marié à Eugénie DULAC, couturière et femme au foyer, nous ignorons la date et lieu du mariage.
Lors de son séjour à Nantes, il propose au tour de France un nouveau rituel de réception.

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Le rituel de réception d’Angoumois l’Exemple de la Justice (Archives CBPDD AOCDD de Bordeaux).

Il ne semble pas que cette proposition ait été retenue… nous ne pouvons faire une réelle affirmation, en effet il faut rappeler qu’a cette période il n’y a pas une réception unique pour toutes les Cayennes comme c’est le cas aujourd’hui, il existait de nombreuses variantes selon les us et coutumes et voir même les traditions populaires régionales ou la Cayenne était implantée, donc, il se peut que ce passage ait été un jour mis en pratique… Aujourd’hui, il n’y a plus personne pour nous le dire… Les témoins de ces réceptions ayant rejoint le Maître Jacques Céleste depuis bien longtemps.Sans titre10

Les Compagnons boulangers du Devoir de Nantes font leur réception de la Saint-Honoré 1894 dans les locaux de la Loge Maçonnique « Libre Conscience » que nous connaissons pour avoir de bonne relation avec les Compagnons boulangers de la 14 eme Cayenne (locaux mis a disposition des Compagnons boulangers pour leurs réceptions, présence aux fêtes de la Saint-Honoré, aux enterrements). Cette loge crée en 1869, socialisante et farouchement anticléricale innovant dans le paysage de la Franc- maçonnerie nantaise en ouvrant ses portes aux gens peu fortunés…

Angoumois l’Exemple de la Justice sera présent cette dernière réception des Compagnons boulangers du Devoir dit « restés fidèles au Devoir » de la 14 eme Cayenne le jour de la Saint-Honoré 1895, a cette réception sont reçus, Jules FRANCHETEAU, Nantais le Soutien de la Canne ; Victor DELETANG, Saumur le Fidèle au Devoir ; BOUANCHAUD, Nantais le Victorieux.

A partir de cette date, Nantes devient un puissant bastion du Compagnonnage de la boulangerie de l’Union Compagnonnique.

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Le 3 septembre 1895 voit la naissance de Voltaire Vercingétorix Pythagore, le couple MAGNANT et domicilié rue de Couedic, dans le centre-ville de Nantes.
Adhérent au « Ralliement », il prend en fin d’année 1897, les fonctions de secrétaire du journal « L’Officiel du Ralliement » diffusé par la section de Nantes.
Il écrit quelques articles sur la fidélité au Devoir dans les deux organes : « l’Officiel du Ralliement » 24 octobre 1897-15 décembre 1897-1 février 1898-15 avril 1898-15 juin 1898- 15 juillet 1898-1 septembre 1898-15 octobre 1898-1 décembre 1898 et « Le Ralliement des Compagnons du Devoir »-22 novembre 1896 – 9 janvier 1898- Devoirants jusqu’au bout des ongles, il publie, entre mars et juillet 1897, dans le journal « Le Ralliement », une histoire satirique sur les compagnons boulangers « unionistes » de la Cayenne de Nantes, intitulée « Trois chiens blancs ».

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Le 19 juillet 1898 voit la naissance de Roger Rabelais, le couple et toujours domicilié à Nantes, mais la rue à ce jour n’est pas identifiée.

Le 20 décembre 1904, Angoumois l’Exemple de la Justice, Premier en ville de la Cayenne de La Rochelle, à la tete d’une délégation de Compagnons de La Rochelle, se rend à Niort afin d’ouvrir cette ville comme « ville de deuxième ordre », et mettre en place la nouvelle Mère, Madame Jean-Bart, restaurant de l’étoile, 28 rue Rabot a Niort.

En 1905, Angoumois l’Exemple de la Justice est domicilié à Laleu près de La Rochelle, son compte de la caisse de retraite du Ralliement y est transféré et cela jusqu’en 1910. Nous ne connaissons pas d’activités particulières d’Angoumois l’Exemple de la Justice à La Rochelle, mais plusieurs photographies nous démontrent qu’il est fidèle au Ralliement des Compagnons du Devoir de cette ville.

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Fête de la section du Ralliement, rue de l’Hôtel de Ville à La Rochelle. Date indéterminée (entre 1905 et 1907)

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Premier rang au centre, Jeremy TRESPEUCH, Saintonge l’Ami du Tour de France. Derrière lui, debout, François MAGNANT, Angoumois l’Exemple de la Justice, a la gauche de celui-ci Louis BALVET, Mâconnais le Soutien de la Canne.

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Fête de la section du Ralliement, le 9 mai 1910, rue de l’Hôtel de Ville à La Rochelle.

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François MAGNANT, Angoumois l’Exemple de la Justice

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Jeremy TRESPEUCH, Saintonge l’Ami du Tour de France, né le 30 juin 1861 à Saintes, reçu à La Rochelle à l’Assomption 1882, adhère à la caisse de retraite du Ralliement section de La Rochelle en 1902 ; suspensions des paiements de 1915 a 1916, retraite en 1920, membre honoraire du Ralliement, diplôme d’honneur des CBDD (Coll. Gilles Dutrion) ». Décède en 1941.

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Germain VEDERE, Rochelais le Soutien du Devoir, né le 9 février 1872 à Saint Xandre (Fils du boulanger Germain Vedère, domicilié à Saint Xandre en 1872), reçu à la Toussaint 1888 à Saumur, PEV à La Rochelle en mai 1902; adhère au ralliement 1906, section La Rochelle. Témoin de mariage du Compagnon Louis BALVET, Mâconnais le Soutien de la Canne, le 25 janvier 1900 à La Rochelle. Décède le 19 novembre 1957.

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Louis BALVET, Mâconnais le Soutien de la Canne, né le 4 avril 1866 à Péronne, reçu à la Saint-Honoré 1884 à Chalon sur Saône ; Rouleur à La Rochelle en 1900 ~1910 ; marié à la Rochelle le 25 janvier 1900 avec Virginie MARIENNEAU, journalière, 32 ans.
Témoins: Germain VEDERE, Rochelais le Soutien du Devoir, Compagnon boulanger de La Rochelle et Antoine BENECHE, Agenais Rose d’Amour, reçu à Rochefort à Pâques 1869, également Compagnon boulanger de La Rochelle.

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Compagnon boulanger non identifié (a vérifier, peut être le C.Bompoint)

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Compagnon boulanger non identifié ( a vérifier peut être le C.Beneche)

Après 1910, Angoumois l’Exemple de la Justice monte sur Paris, et semble domicilié dans le IIIe arrondissement.
La « Grande guerre » éclate, et ses trois* fils sont mobilisés, Voltaire est incorporé au 156e régiment d’infanterie, nous ignorons l’affectation de Roger.
*Deux avec certitude, le troisième sous réserve d’identification.

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Le tribut va être lourd, deux fils tués, et le troisième blessé. Voltaire incorporé au 156e d’infanterie trouve la mort dans l’Aisne le 16 avril 1917. Roger sera blessé au combat.

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Le 1er octobre 1919 et en décembre de cette même année (numéro 401) le journal «Le Ralliement » publie deux articles enflammés d’Angoumois l’Exemple de la Justice.
Premier article :
« Aux C∴C∴ Du T∴D∴F∴
Si ce siècle voit enfin proclamer la suprématie du D.’. dans la classe ouvrière, si, bientôt la plus laborieuse partie du prolétariat, le compagnonnage, porte dans les corporations, le flambeau de la lumière, si même, nous avons d’ici peu des C.’.bouchers, des pâtissiers, des meuniers, des cuisiniers, et autres corps d’état de l’alimentation, nous le devrons incontestablement aux C.’.C.’. Boulangers. Ce sont eux, en effet qui ont le plus développé l’initiation depuis la fin de la guerre. Troyes a fait réception à l’Assomption, et va prochainement initier d’autres aspirants au grade de compagnon ; Paris pour la Toussaint, également se propose de présenter plus d’une douzaine de néophytes ; Bordeaux à le plus grand désir qu’il en soit de même. Les cay.’. des bords de la Charente vont se réveiller et celles des rives de la Loire le sont déjà. Les jeunes C. de leurs cay.’.mère, ne vont pas craindre de parcourir le tour de France, de cay.’. en cay.’., tous si remplis de distinction, ne craindront pas le ridicule car ils savent que c’est pour eux un apostolat, celui de faire triompher le D.’. quelque peu oublié, bien forcement, par ceux qui furent les soldats invincibles, qui pendant cinq longues années, tinrent en respect la barbarie et la dévastation.
En attendant, voici les jeunes C.’.C.’. de Troyes, ravissant de santé, de force, et de jeunesse, de véritables artistes dans leur profession, ils ont formulé le projet d’une sensationnelle randonnée dans les cay.’. et les corporations compagnonniques, persuadés, qu’ils recevront l’accueil qui est dû à tout C.’., munis d’un brevet qui permet d’ouvrir toute grande la porte de nos mères. Le voilà, le vrai compagnonnage, le D.’. si l’on peut dire par lequel nous serons sauvés de la vague de paresse, grâce à l’aide effective de ceux qui veulent bien cesser de n’être que sédentaires.
Angoumois l’exemple de la justice

C∴B∴D∴D∴E∴D∴M∴J∴ »

 

Second article :
« DU DEVOIR »

« J’ai assez souvent l’occasion de voyager, notamment dans les Charentes et le Bordelais, dans ces contrées, le Devoir possède beaucoup de partisans, mais aussi des détracteurs. Si je n’ai pas fait la dernière guerre, des miens y sont restes et l’ont faite pour moi. Je n’ignore nullement les pertes causées par elle dans le compagnonnage, dont les rangs sont très éclaircis ; il faut pouvoir combler le vide et resserrer les liens qui unissent les compagnons du Devoir. Le titre que les Compagnons boulangers de la Cayenne de Saumur m’on décerne me donne, je pense, quelque autorité a écrire dans ces colonnes. Il y en a beaucoup de morts depuis ; je n’en connais plus qu’un c’est Tourangeau l’humanité ; il a fait comme moi, il a blanchi, et la soixantaine le serre de près. Il y a loin depuis que nous avons fait notre tour de France. Ce n’est pas d’hier que les Compagnons m’ont fait promettre fidélité au Devoir et à ses immortels principes. Quelques instants après, des Compagnons de plusieurs corps d’État, notamment Huet, Compagnon menuisier du Devoir, Monpoint Compagnon Doleur, Guiberteau Compagnon couvreur, Ancelin Compagnon Charpentier, un cordier, un cordonnier, et un bourrelier me firent faire la même promesse. Au dessert, étaient venus se joindre à nous des maréchaux de l’école de cavalerie, lesquels étaient accompagnés d’un serrurier et d’un menuisier de Salomon. Vous voyez qu’a cette réception, faite un jour de fête de saint Honore, il y avait des Compagnons représentant tous les Devoirs, et cela se passait au lendemain de la fondation du Ralliement. Tous les compagnons présents avaient fait leur tour de France ; ils pouvaient en parler savamment, ainsi que de leur devoir et de leurs corporations respectives. Envieux de m’instruire, j’ai bien examiné la tache que ses compagnons de Maître Jacques et du père Soubise et de Salomon m’avaient Tracée pour l’avenir et que je m’efforcerai de terminer.
Et depuis cette date, pour moi inoubliable, j’ai cherche l’avis de chacun, qu’il soit Pays ou Coterie, de quelque rite il soit enfant ; j’ai demandé leur avis sur le Devoir, sur l’orientation qu’il conviendrait de donner à l’instruction des jeunes compagnons et à leur vie compagnonnique, remplie d’expérience par de longs travaux ; presque tous m’a tenu le même langage depuis 1881 jusqu’à nos jours. Avant de me répondre tous m’on pose la même question : Qu’y a-t-il d’exact dans les propos qu’on murmure autour de nous ? osons dire les mots qui inquiètent la pensée et qui brulent les lèvres : est-il vrai que le Devoir a fait faillite ? Est-il vrai qu’il a vécu ? Ces deux questions ne m’ont pas pris au dépourvu. Que de fois, pendant les années de mon tour de France et celles qui se sont écoulées depuis, alors que nous battions l’estrade, de Cayenne à Cayenne, que celles-ci végètent ou meurent, que nous avons étayent de nos mains propres, nous les vieux, mais malgré cela toujours actifs, toujours réguliers, toujours payants, ne demandant rien en retour a notre société, que de la Fraternité.

Je réplique aux compagnons. Que de fois je me suis pose la même interrogation et demande si nous avions vu clairs, si nous avons bien réclamé, forgeons un Devoir qui convient à un compagnonnage moderne.
Eh bien ! dans mon âme et conscience de Compagnon, et permettez-moi de la dire avec un certain orgueil, dans cette âme de vieux travailleur qui a vécu 40 ans au milieu de Compagnons et d’aspirants, au milieu de sociétaires bienfaisants et d’affiliés, qui a pris part ou assiste à toutes nos grandes assemblées de Compagnons de tous Devoirs, a cote de ceux qui ne demandent que la fraternité, dans un compagnonnage uni, pour arriver à notre but, qui est la fin du paupérisme pour le Compagnon, qui n’a plus ni la force, ni l’âge, ni l’énergie au travail.
Sans remonter des siècles, n’oubliez pas ce qu’a fait le Devoir, ne lui montrez pas votre mépris, rappelez-vous ce qu’il a accompli de progrès depuis 1878 jusqu’en 1912.

Eh non, il n’a pas fait faillite, ce Devoir vénère, et je dis à ceux qui se chargent de l’avenir du compagnonnage de continuer l’oeuvre entreprise ayez bien conscience de vos responsabilités vis-à-vis des vieux Compagnons, qui, par milliers vous écoutent et attendent que votre travail ait atteint son entier développement.
Je vous dois donc l’exposent consciencieuses des raisons qui font inébranlables la foi que je garde en la vitalité du devoir d’un Compagnon, qui a côté de bien d’autres, a parcouru plus de 12000 kilomètres sur les divers points du tour de France. J’affirme que le compagnonnage devra être demain ce qu’il a été depuis plus de trente ans, a quelque chose près, et que ceux qui disent qu’il a fait faillite demandes aux renégats ambitieux à qui est la faute, a celui espérant découvrir l’étoile symbolique dans l’incendie de ce qu’ils avaient adoré –ou de jeunes compagnons très intelligents, très travailleurs sans aucun doute, mais a l’âge des expériences et non de l’expérience- maintenant par conséquent des hauteurs de vue et de la philosophie qui confèrent l’autorité, et on ose prononcer cet injuste arrêt ; a eux se sont joints des compagnons issus de toutes les corporations. Et parce que le Compagnonnage n’a pas été en mesure de leur donner tout avantage qu’ils attendaient de lui.

Ce n’est pas parce que nous n’avons pas le spectacle de longues randonnées à travers les routes de France qu’il faut jeter nos couleurs et nos cannes au feu, et si les premières ne flottent plus au vent depuis plus de dix ans, à qui en ait la faute ? Est-ce une raison pour ne plus en porter ?
Comment ne pas juger avec sévérité une pareille reconnaissance des lois fondamentales du Compagnonnage en général. Que ce soit Salomon, le Père Soubise ou Maître Jacques, ses fondateurs nous ont donné des règles harmoniques dans chacun de leurs Devoirs, c’est une injure au Compagnonnage de ne pas concevoir la particularité de chacun et leur enchainement joint a cela leur intervention successive dans le monde du travail. Si le Compagnonnage n’a pas sa prépondérance dans le prolétariat actuel, à qui est la faute ? De 1875 à 1878, les tailleurs de pierre Étrangers, les Passants Compagnons tailleurs de pierre et les Compagnons violets également tailleurs de pierre étaient les maitres dans le bâtiment.
 

L’entrepreneur, Monsieur Blanloeil qui à lui seul avait l’entreprise des casernes, était chaque jour en contact avec les rouleurs de ces trois sociétés. Il n’était fait aucune embauche et n’était paye aucun salaire sans, au préalable, avoir consulte les rouleurs ; c’était l’image frappante de la construction de la cathédrale de Tours : tout était discipline dans le travail. À chaque Ascension, c’était une manifestation compagnonnique de plus de mille ouvriers. Chaque société avait son banquet, son bal, mais toutes fraternisaient ; il en était de même à chaque fois qu’il y avait une réception de compagnons.
À cette époque, les Compagnons Cordonniers du Devoir et ceux de l’ère Nouvelle obtenaient les salaires qu’ils désiraient chez leurs patrons, sans grève, sans discussion bruyante ; dix ans après survint la division ; est-ce les purs qui l’ont faite, puisque le même Devoir était la même reconnaissance qui les liait étroitement ; les serruriers des deux devoirs firent la Saint-Pierre en commun pendant plusieurs années ; qui les divisai un beau jour ? Est-ce encore les purs ? La petite ville d’Angoulême en a entendu de ces paroles faisant appel à la fraternité ; puis d’un seul coup tout était brise.
Qui a tué le Devoir chez les boulangers à Nantes ? Qui l’a affaibli à Orléans ? Est-ce aussi les purs ? C’est pour éviter un gigantesque désastre que le ralliement s’est fondé en 1880, et si le Devoir reste inerte, est-ce sa faute ?
Quand les Compagnons dépouilleront les formidables dossiers de son travail, ils y découvriront des actes magnifiques dignes d’inspirer nos législateurs. Non, le Devoir n’a pas fait faillite ; qu’il suffise à ceux qui prétendent en diriger les destinées à mettre de l’accord entre leurs paroles et leurs actes »
Angoumois l’exemple de la justice

 C∴B∴D∴D∴E∴ de M∴ J∴ 

*Le paupérisme est l’existence permanente d’indigence, de grande pauvreté touchant une partie de la société, un groupe, une catégorie, une classe sociale. Cet état est envisagé en tant que phénomène social. Il sert à qualifier une politique ou un modèle de société dont la conséquence est le maintien dans la pauvreté des personnes les plus défavorisées.

À Pâques 1920, Angoumois l’Exemple de la Justice et son fils Roger quittent Paris en direction de Troyes, afin de faire recevoir ce dernier par cette Cayenne. Mais malheureusement pour lui, arrivé en retard, Roger MAGNANT ne peut être reçu. Pour la Saint-Honoré 1920, un second voyage et effectué, et c’est sous le noble nom de Nantais Bon Accord, que Roger est reçu Compagnon boulanger du Devoir, par le 16e Cayenne du tour de France, malgré qu’il n’en soit pas membre.

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Saint-Honoré Troyes 1920, François MAGNANT Angoumois l’Exemple de la Justice au second rang, au centre portant son écharpe d’honneur, son fils Roger, Nantais Bon Accord qui est reçu ce jour-là, probablement second rang premier en partant de la gauche.
Photographie prise devant le siège des Compagnons boulangers rue Juvénal des Ursins.

Au retour de cette réception, le 27 mai 1920, en Assemblée générale des Compagnons boulangers de la Cayenne de Paris, il est décidé et sanctionné par l’Assemblée générale du 22 juillet 1920 de radier MAGNANT pour abus de pouvoir.
Cette décision prise va avoir pour conséquence un fait très important, une scission en 1922 au sein du Compagnonnage des boulangers du Devoir, qui donne naissance aux « Compagnons boulangers et assimilés restés fidèles au Devoir » dit « Les Enfants de la Vérité ».
Puis un autre événement précipitera très certainement aussi les choses (extrait du courrier date du 18 juin 1922 adressé au « Ralliement ») et en particulier l’engagement de MAGNANT dans la réalisation de cette scission :

« …l’on vous a écrit en temps et lieu cet acte si inqualifiable commis par les charpentiers Indiens le 24 septembre 1920, Salle du Trocadéro à Paris. Un jeune Compagnon boulanger appartenant au Ralliement de Troyes et venant de cette Cayenne amène par deux compagnons maréchaux, deux doleurs, deux tisseurs et un tailleur de pierre passant. Ils lui ont enlève sa canne et ses couleurs et on refuse de lui répondre quand il posait des questions prouvant qu’il était bien Compagnon. Si ce n’eut été par respect pour la nombreuse assistance, les CC. : Présents appartenant au Devoir auraient provoqué un scandale… »

L’on devine facilement que ce jeune compagnon boulanger était le fils de MAGNANT, Angoumois l’Exemple de la Justice. L’humiliation de son fils devant une assemblée de Compagnons, c’en est trop, il décide donc de s’engager entièrement dans la fondation des «Enfants de la Vérité », composée en particulier de vieux de la vieille, attachés aux « valeurs du Compagnonnage ».

Cette société « Les Enfants de la Vérité » est un passage de l’Histoire des Compagnons boulangers qui a été très longtemps occulté, par les Compagnons boulangers eux-mêmes, le Compagnon Georges PAPINEAU, Blois l’Ami du Travail dans son ouvrage sur l’histoire des Compagnons boulangers ne parle que de troubles…

Le premier et unique historien à avoir abordé le sujet est Laurent BASTARD, Conservateur du Musée du Compagnonnage de Tours, étude publiée dans « Fragments d’histoire du Compagnonnage »

Bien que la période d’entre deux guerres lie MAGNANT, Angoumois l’Exemple de la Justice à la fondation des « Enfant de la Vérité », l’histoire de cette scission sera présente prochainement dans un article ultérieur du CREBESC, car elle est très importante et particulière.

En très court résume, cette scission s’appuie sur des événements du Congrès de 1911 à Paris où étaient représentent les Cayenne de Troyes, Tours, Blois, Paris, et Dijon, et c’est cette dernière Cayenne qui serait à l’origine entre autres, de la scission des Enfants de la Vérité. Les Compagnons scissionnaires reprochant au Compagnon POULET, Mâconnais l’Ami du Progrès principalement, PEV de la Cayenne de Paris, Cayenne organisatrice, d’avoir laissé pénétré un profane, le sieur MENAULT, dit Bourguignon, délègue au placement de du 18e Cayenne.

En effet, ce boulanger, selon les scissionnaires n’aurait jamais été reçu et aurait participé à toutes les assemblées de ce congrès. Puis seconde chose, l’interdiction faite au délègue du Cayenne de Rochefort à siéger à ce congrès, délègue qui est ni plus ni moins que François MAGNANT Angoumois l’Exemple de la Justice, qui devait présenter et défendre la proposition faite par ce Cayenne d’intégrer aux Compagnons boulangers d’autres métiers de l’alimentation !

Un autre point important, après guerre, parmi toutes les Cayennes des CBDD sur le tour de France, seul le Syndicat des Compagnons boulangers du Devoir et stagiaires de Paris a des rapports particuliers et préférentiels avec les syndicats ouvriers. “Les Enfants de la Vérité” reprocheront aux compagnons en place de cette ville, leur préférence envers le syndicalisme politisé, la lutte des classes, délaissant rites et traditions, union des « rouges et des jaunes ».
Les « Enfants de la Vérité » affirment que leur premier congrès à Nevers les 1.2 et 3 mai 1921, les Compagnons doleurs du Devoir les reconnaisse comme « leurs enfants », alors que les Compagnons boulangers ont toujours été reconnu comme « fondés par eux-mêmes » (à ce jour aucun document n’a été découvert à ce sujet dans les archives des Compagnons tonneliers doleurs du Devoir).

Voici quelques passages se rapportant à la radiation d’Angoumois l’Exemple de la Justice et la fondation des Compagnons boulangers et assimilés restés fidèles au Devoir extraits du
compte rendu du Congrès fédéral inter compagnonnique des C. du Tour de France de tous Devoirs des 2, 3 & 4 novembre 1922 publié par Le compagnonnage (décembre 1922).

Lors de la première journée, le Compagnon boulanger du Devoir Hubert PAPIN, Saintonge le Bien Aimé, secrétaire adjoint de la fédération présente un ordre du jour au nom des Compagnons boulangers de Paris, abordant le sujet de cette scission :

« Les CC Boulangers du Devoir de la Ville de Paris décident que leurs délégués ne prendront part aux discussions et travaux du Congrès que si ce dernier décide à l’unanimité, sans aucune abstention, qu’en aucun cas et pour aucune circonstance, les membres de la Société des C\ Boulangers et assimilés, dont le siège central est actuellement 10, rue Fontaine-du-Temple, Paris (3e), ne pourront entrer à la Fédération générale du C., même en passant par une autre société, serait-ce même le Ralliement.

« Cette soi-disant Société de CC Boulangers et qui prétend avoir plusieurs succursales sur le Tour de France, ayant été fondée par l’ex-C\Magnan, exclu à vie de la Société des CC Boulangers du Devoir de la Ville de Paris, 12e Cayenne du Tour de France, Chambre directrice. Motifs de l’exclusion : Abus de confiance en matière purement compagnonnique. »

Ernest BOYER, Tourangeau le Bien Aimé, Compagnon maréchal ferrant du Devoir, président de la Fédération inter compagnonnique lors de ce congrès, donne lecture d’un article du journal « l’Intransigeant » publié le 2 novembre 1922, inspiré par Angoumois l’Exemple de la Justice (Gallica):463

Les Compagnons cités :

– Vendéen la chaine d’alliance : TRICHEREAU Alexandre, né en 1862 à Triaize, reçu à Nantes à la Saint-Honoré 1882.

– Comtois Bon Courage : LASERRE Jean, né en 1835 dans l’Ariège, reçu à Orléans à la Toussaint 1858.

– Angevin l’Ami des Coeurs : GRELOT, né vers 1832.

– Saumur Bon Accord, VIAU.

En réaction à cet article lors de ce congrès :

«  LECTURE DE L’ORDRE DU JOUR par BOYER Abel

Adressé au journal l’Intransigeant en réponse à son article de la veille sur l’article inspiré par Magnan.

Les C\ de tous devoirs et rites réunis en Congrès rue des 4-Fils, au siège de la Fédération Mutualiste de la Seine, regrettent que l’un des rédacteurs de l’Intransigeant se soit égaré rue des Fontaines-du-Temple pour trouver le Compagnonnage.

Le Congrès fait savoir que les véritables C\ Boulangers du Devoir ont leur siège, 16, rue Charlot, et que c’est cette Société qui possède les 17 sections sur le T\ de F\ Quant au milieu de la rue Fontaines-du-Temple, il n’est composé que par des hommes mis en dehors du CLe Congrès met la presse en garde contre leurs agissements. Cet ordre du jour à l’Intransigeant est accepté pour lui être adressé.

(…)

Revenons à François MAGNANT, Angoumois l’Exemple de la Justice et à son fils Roger, Nantais Bon Accord.
Lors des premières démarches qui ont pour but la centralisation des sociétés de Compagnons boulangers du Devoir a travers la France(1922-1924) Fernand PEARRON, Blois Plein d’Honneur, président national de la société des Compagnons boulangers du Devoir, rencontre Angoumois l’Exemple de la Justice, alors président des « Enfants de la Vérité » à leur siège à Paris ( arron ayant des liens privilégient avec MAGNANT, leur appartenance tous les deux a la franc-maçonnerie), il apparaîtrait que ce serait l’une des raisons pour laquelle le Cayenne de Blois a été très tardif à adhérer à cette centralisation. Une centralisation au bénéfice de la Cayenne de Paris au caractère syndical, ce qui n’était pas le gout de toutes les Cayennes.

Cette rencontre est la dernière trace à ce jour de l’activité de François MAGNANT, Angoumois l’Exemple de la Justice.

À Troyes en 1925, Mlle Armance HIDELBERGER (née en 1907 à Pont-à-Mousson, mineure de 18 ans), compagne de Roger MAGNANT, Nantais Bon Accord (Second en ville de la Cayenne de Troyes, Saint Honoré 1925-Toussaint 1926) donne naissance à un fils nommé René. Le 10 avril 1926, le couple s’unit par les liens du mariage à Loches sur Ource.

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Mairie et Eglise ou se sont mariés Mlle Armance HIDELBERGER et Roger MAGNANT, Nantais Bon Accord le 10 avril 1926.

Nantais Bon Accord n’effectue donc pas de tour de France, mais cela n’est pas une exception à l’époque, nombreux sont les ouvriers sédentaires qui sont reçus Compagnon boulanger du Devoir, cela dû à un besoin pressant de regarnir les rangs suite à l’énorme saignée de la Grande guerre (à ce jour 35 décès de Compagnons boulangers du devoir ont été identifies, et nous savons que la Cayenne de Paris a perdu 14 aspirants boulangers).
Le recensement de 1931 de Loches-sur-Ource nous informe que le couple MAGNANT et leur fils René sont résident dans cette ville où Nantais bon accord est ouvrier boulanger. 

En 1926, une amnistie des scissionnaires « Les Enfants de la Vérité » est prononcée, une communication par voie de presse à travers le journal « le Ralliement »-mai 1926- a lieu :

« Amnistie conditionnelle chez les CC∴ Boulangers de Paris »

« Plusieurs CC Boulangers qui avaient quitte la société pour suivre des scissionnistes, reconnaissant qu’ils se sont égarés, ont demandé à la réintégrer. En tenant compte que la faute commise par ces PP est d’autant plus grave que les uns l’ont faite sciemment et les autres inconsciemment, le président général à demande à la dernière assemblée :

1 – D’admettre le principe d’une amnistie conditionnelle qui s’étendra a tous les CC Boulanger, radie ou exclus par la cay de Paris depuis le 1er janvier 1914, quels que soient les motifs.

2 – De nommer une Commission qui devra examiner impartialement tous les cas qui lui seront soumis.

3 – Établir par cette commission un rapport sur la question qui sera présentée à la prochaine A trimestrielle.

Après une très large discussion, cette proposition a été vote à l’unanimité. »

Après la Seconde Guerre mondiale, 25 ans après la scission des Enfants de la Vérité, MAGNANT réapparaît dans la presse, il aura laissé des souvenirs derrière lui… :

« Le Centre », 15 janvier 1948 :

« …on voyait encore, il y a peu d’années chez la mère des compagnons à Orléans, 46 rue Sainte-Catherine, un tableau célèbre dans les milieux du compagnonnage. Ce tableau édité par A. Perdigier lui-même, sous le signe de la paix et de l’amitié, était signe Magnan Angoumois l’Exemple de la Justice, boulanger sur le tour de France, au centre était représenté Maître Jacques, trois petites scènes à droite, trois autres à gauche lui tenaient compagnie… »Sans titre28

Son fils, Roger Rabelais MAGNAN, Nantais Bon Accord décède à Loches-sur-Ource le 19 février 1973.

Afin de compléter cette biographie, voici ci-dessous les articles de François MAGNANT, Angoumois l’Exemple de la Justice, relevés dans la presse compagnonnique de 1896 a 1898 :

Le Ralliement du 8 novembre 1896, numéro 315:

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Le Ralliement: 9 janvier 1898, numero 343:

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Sont identifiés sur la photographie du 9 mai 1910 à La Rochelle :

Sans titre31Louis BARTHES, Plein d’Honneur le Languedocien, Compagnon cordier du Devoir, né le 04 juillet 1868 à Marseillan – HERAULT, reçu le 1 novembre 1886 à Nantes. Domicilié à Tours Place Gaston-Pailhou. Décédé en 1942.

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Jules GOYON, Compagnon couvreur du Devoir, Tourangeau la Belle Conduite, le Soutien des Bons Drilles (né le 5 avril 1841 à Joué-lès-Tours ; reçu à Nantes à l’Ascension 1860 ; obsèques civiles le 1 mars 1913 ; oncle d’Alphonse LEJAULT, Compagnon couvreur du Devoir, Tourangeau l’Enfant du Génie (né le 27 mai 1870 à Joué-lès-Tours ; reçu à Nantes à la Toussaint 1888 ; membre du Ralliement des Compagnons du Devoir, Section de Tours. Fait Chevalier de l’ordre de Maitre Jacques et Soubise à Tours le 13 aout 1905 ; mobilisé de 1914 à 1918 ; retraite en 1926 ; Légion d’Honneur en 1934.

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Jean GERMAIN, Jean le Rochelais, Compagnon menuisier du Devoir, revêtu de sa couleur de Capitaine, reçu le 26 juillet a Lyon (né le 30 aout 1871 à La Rochelle) Membre de la section du Ralliement de La Rochelle. Chevalier de l’Ordre de Jacques et Soubise (1906), accession au grade de Capitaine à Paris le 26 juillet 1901. Retraite en 1927, domicilié à La Rochelle, 3 rue Bujaud.

Laurent Bourcier, Picard la Fidélité, C.P.R.F.A.D.

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