Chansons de Métiers – Les boulangers 1910

Paul Marie Eugène Olivier, « Les Chansons de Métiers » en 1910.


L’auteur passe en revue les chansons de beaucoup de métiers ; dans ce chansonnier, mais il présente et décrit aussi chacun d’eux à sa façon.
Des chants donc et aussi une description d’époque des boulangers en 1910 qui nous intéressent ici :

« Ah! l’éternelle pâleur du garçon boulanger ! Son air résigné, lamentable, lorsqu’à la tombée du jour, avant de s’atteler à la besogne, il prend l’air sur le pas de la boutique !
Forçats du pain, se couchant quand les autres ouvriers se lèvent, travaillant quand ils se reposent, irrémissibles sans-culottes, auxquels une ordonnance royale de 1579 ordonnait d’être toujours en chemise, Sans haut-de-chausses et en bonnet, afin d’être toujours en état de travailler.
Leur nom lui-même est sinistre, – geindre – que Ménage faisait dériver du latin gener (gendre), sous prétexte que la plupart des garçons boulangers deviennent gendres de leurs patrons, mais qui tire plus vraisemblablement son origine du cri plaintif et douloureux que leur arrache l’effort, en pétrissant la pâte.
Dur travail, en effet, que celui du pétrissage, d’abord, la frase, ou brassage de la farine, additionnée de levain, puis le pâtonnage, le battage de la pâte, collée au fond du pétrin et qu’il faut laisser retomber avec force et marteler longuement, pour l’imbiber d’air élastique et la rendre plus légère.
Ensuite, c’est l’enfournage des pâtons, sur la sole du four et la surveillance de la cuisson par des températures de 300 degrés. Exposés à des coups d’air perpétuels tandis qu’ils ont le corps ruisselant de sueur, les geindres sont toujours enroués.
Ils n’aiment que la salade et les mets très épicés. Ils ont le caractère morose et irritable. Lorsqu’ils se réunissent entre eux, ils chantent diverses chansons, parmi lesquelles la Boulangère. Mais c’est d’un ton lent et monotone qui ressemble plutôt à une plainte qu’à un chant.
Jamais ils ne chantent pendant la durée du travail. Cette action aurait pour effet d’attirer les mites dans la farine, ou de rendre le pain indigeste.
Si les boulangers ne chantent que peu ou point, les grillons, heureusement, sont là pour les suppléer.
– Signe particulier : le boulanger est à peu près le seul qui ne se plaigne pas que le pain augmente.»

 

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S’il est fréquent de trouver des paroles d’anciennes chansons, il est beaucoup plus rare d’en retrouver la mélodie
C’est donc un document assez rare cette partition.
Juste dommage qu’ici, il s’agisse des amours d’un jeune boulanger et non plus particulièrement du pain … mais bon, apparemment cette chanson était chantée au cours de réunions de boulangers, un peu comme les chansons de marins à l’époque.

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Daniel Michaux, Artisan boulanger Pâtissier au Portugal.

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