A une jolie boulangère !

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Le thème de la jolie boulangère (ou de la pâtissière) qui fait tourner la tête de ses clients est récurrent dans la chanson (« Elle vendait des petits gâteaux ») ou le cinéma (« La Femme du boulanger », de Pagnol, en 1938). 

 

Celle qui suit, pleine de sous-entendus gentiment coquins, est attribuée au Duc de Nivernais, Louis Jules MANCINI-MAZARINI (1716-1798). Il fut ambassadeur, écrivain et académicien français (1742).

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Portrait du Duc de Nivernais, par Rémy-Fursy Descarsin ; Paris, galerie Renzo Calderan / Wikipédia

Elle a été reproduite dans un petit livre imprimé vers 1825, intitulé : Chansonnier de tous les états ou recueil de chansons tirées des meilleurs auteurs anciens et modernes. Plus de 70 métiers et emplois y ont leur chanson.

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Le Chansonnier de tous les états, publié à Paris vers 1825

Voici celle de la jolie boulangère, dont les petits pains au lait semblent avoir bouleversé le duc de Nivernais !

A UNE JOLIE BOULANGERE
Air connu

Gentille boulangère ;
Qui, des dons (de) Cérès,
Sais, d’une main légère,
Nous faire du pain frais ;
Des biens que tu nous livres
Peut-on se réjouir ?
Si ta main nous fait vivre,
Tes yeux nous font mourir.

De ta peau douce et fine
Qu’on aime la fraîcheur !
C’est la fleur de farine
Dans toute sa blancheur.
Qu’on aime la tournure
Des petits pains au lait,
Que la belle nature
A mis dans ton corset !

De tes pains, ma mignonne,
L’amour a toujours faim
Si tu ne les lui donnes,
Permets-en le larcin ;
Mais tu ne veux l’entendre,
Tu ris de ses « hélas ! »
Quand on vend du pain tendre,
Pourquoi ne l’être pas ?

D’une si bonne pâte
Ton coeur paraît pétri !
De mes maux, jeune Agathe,
Qu’il soit donc attendri.
Ne sois pas si sévère,
Ecoute enfin l’Amour,
Et permets-lui, ma chère,
D’aller cuire à ton four.

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La Belle Boulangère, peinture de Joseph Bail (1862-1921), vers 1890

Laurent Bastard

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