Nantes, Employés du Chemin de Fer d’Orléans

131 – Jean-Claude THIERRY – Collection privée. Agrandi 2 fois.

27mm. Cuivre. Avers : EMPLOYES DU CHEMIN DE FER D’ORLEANS / * / dans un cercle perlé avec étoile à cinq branches ; BOULANGERIE * COOPERATIVE *.Revers : * NANTES * 1.k 500 / 174. Référence R. Elie : 10.2

131 a – Jean-Claude THIERRY – Collection privée. Agrandi 2 fois.

30mm. Cuivre. Avers : EMPLOYES DU CHEMIN DE FER D’ORLEANS / * / dans un cercle perlé avec étoile à cinq branches ; BOULANGERIE * COOPERATIVE *. Revers : * NANTES */  3.k / 270. Référence R. Elie : 10.3.

Jeton de nécessité, Nantes, Loire-Atlantique qui existe en 25mm pour 1 kg (R. Elie 10.1) ; une variante 10.4 avec un I frappé en creux sur le jeton de 3 kg dont le diamètre à été réduit en 27 mm.

CPA – Collection gares Sncf. La Gare d’Orléans à Nantes

Histoire de la Gare (source gares sncf) :

1851 : La Gare du Paris-Orléans

La Compagnie du Paris-Orléans retient pour l’emprise ferroviaire de sa gare-terminus un terrain près du château de Nantes, à l’Est de la ville. Située dans une zone inondable, la construction nécessite la création d’un canal secondaire pour assécher le terrain. Ce choix sera une erreur, tant la saignée ferroviaire créée d’Est en Ouest asphyxiera la circulation de la ville. En 1857, la prolongation des voies est décidée et trois voies perceront le pignon Ouest pour relier Nantes à Saint-Nazaire.

L’arrivée du Chemin de Fer à Nantes. La genèse de la ligne

En 1650, il faut plus d’une semaine pour rallier Nantes à cheval depuis Paris. Avec l’arrivée du chemin de fer en 1852, et son rattachement à la Compagnie Paris-Orléans, les 427 km séparant les deux villes sont avalés en moins de treize heures. Entre 1852 et 1901, Nantes est au coeur du développement d’un réseau ferré en étoile qui relie la ville aux gares de Tours, Saint-Nazaire ou Châteaubriant.

Les neuf gares de Nantes

La complexité du réseau au XIXe siècle et la diversité des commanditaires provoque la multiplication en 1886 des gares nantaises : pas moins de neuf gares sont bâties sur la commune. Les deux plus importantes, la gare Nantes-Orléans et la gare de Nantes-Etat, sont en concurrence directe. Nantes-Etat accueille les lignes vers la Vendée et Bordeaux. Les autres gares ont un rayonnement local ou sont affectées au trafic de marchandises (les gares de la Bourse, de Nantes-Legé, de Doulon, de Saint-de-Portricq, de Pont-Rousseau, ou les gares maritimes de Salorges et Chantenay.)

Nantes. La Gare de l’Etat.

 

Les jetons de la Boulangerie Coopérative de la Compagnie des Chemins de Fer d’Orléans à Nantes (Gildas Salaün) :

A Nantes et dans la région nazairienne, à Trignac en particulier, de nombreuses sociétés civiles de consommation, parfois pourvues d’un restaurant coopératif, furent organisées sous l’impulsion, notamment, des mouvements syndicalistes. L’objectif était d’apporter une aide, principalement alimentaire, aux ouvriers (en cas de maladie, blessure, chômage … des dispositions de soutien étaient également envisagées). Ainsi l’activité essentielle de ces organismes était d’acheter des denrées alimentaires en grandes quantités et de les revendre à des prix préférentiels à leurs sociétaires.

La Gare d’Orléans à Nantes

Pour limiter le recours à l’argent et soutenir la trésorerie de la société, les membres devaient acquérir d’avance des bons de papiers et des jetons portant une valeur (exprimée soit en quantité de denrées, soit en monnaie) échangeables uniquement dans l’organisme émetteur. De même, ces jetons et ces bons pouvaient être distribués aux personnes dans le besoin.

Ce système évitait que les dons d’argent ne soient utilisés pour autre chose que des produits alimentaires. Chaque ouvrier pouvait profiter des avantages de ces sociétés d’entraide. Pour cela, il devait s’acquitter d’une cotisation annuelle, et le plus souvent, un parrainage était indispensable. Mais dans le cas de grandes entreprises, l’adhésion à l’organisme coopératif était limitée à ses seuls salariés. C’était notamment le cas de la société des forges de Saint-Nazaire, des forges de Basse-Indre, mais aussi des Chemins de Fer d’Orléans.

Fondée en 1838, la Compagnie des Chemins de Fer d’Orléans est la plus ancienne de France. Mais ce n’est qu’après de nombreux prolongements successifs que le train fit sa première arrivée à Nantes en 1851. Par convention avec l’État la Compagnie des Chemins de Fer d’Orléans (appelée alors Paris – Orléans) fusionne avec les quatre autres grandes sociétés ferroviaires (Est, Nord, Paris – Lyon – Méditerranée et Midi) pour créer la SNCF le 1er janvier 1938.

Cette Compagnie des Chemins de Fer d’Orléans se dote d’une Boulangerie Coopérative, dont les statuts sont déposés le 22 février 1888. Son siège était situé à la gare d’Orléans à Nantes. En 1890, la Compagnie crée un syndicat de consommation des employés et ouvriers du chemin de fer d’Orléans à Nantes. C’est ce syndicat qui dirige la boulangerie coopérative. En 1893, la boulangerie coopérative construit un nouveau magasin après avoir sollicité une demande de prêt auprès de la Compagnie des Chemins de fer d’Orléans.

« Cette nouvelle société, fondée sous le patronage des principaux responsables des chemins de fer de Nantes, reçoit la caution morale des chefs de service de voie, d’exploitation et de réseau ». (R. Gautier).

En 1905, la boulangerie coopérative compte 1 100 adhérents. En 1910, 600 adhérents, son chiffre d’affaires annuel se maintient à 100 000 francs !

Cette coopérative est réservée aux employés et ouvriers du chemin de fer ainsi qu’aux agents retraités de la compagnie qui peuvent s’y procurer du pain, bien entendu, mais aussi de la braisette en échange de jetons métalliques. Ces jetons sont assez courants aujourd’hui encore et se rencontrent dans bien des collections de numismates. Il en existe en cuivre, et d’autres, plus rares, en zinc ou en fer. Mais pourquoi ces deux métaux ? Et quel en était leur usage exact ?

L’article 20 des statuts, dont nous donnons la transcription ci-après, est entièrement consacré à ces piécettes. Il nous apprend notamment que les jetons en cuivre servaient exclusivement à l’acquisition du pain, tandis que ceux en zinc ou en fer étaient échangeables contre de la « braisette », c’est-à-dire du charbon de bois.

Signalons enfin que « le règlement des marchandises est effectué, tous les mois, par une retenue sur salaire dans les différents services ou travaille l’adhérent, ce qui montre bien la cohésion entre la coopération et l’entreprise des chemins de fer » (R. Gautier).

Extrait des statuts Archives Départementales de Loire-Atlantique, 1 x 1798

Article 20 des statuts de la Boulangerie Coopérative des Chemins de Fer d’Orléans à Nantes et environs :  

            Le pain sera fourni à chaque Sociétaire à son domicile ou à la boulangerie, sur la présentation et en échange de jetons en cuivre portant son numéro de matricule.

            Chaque jeton correspondra à un poids déterminé, ce poids sera indiqué sur le jeton. Il en sera remis contre reçu à chaque Sociétaire, suivant sa demande.

            La braise sera livrée contre la remise des jetons en zinc, chacun de ces jetons portera le chiffre de la quantité à laquelle il donnera droit.

            Il est interdit aux Sociétaires de vendre céder ou donner, sous quelque prétexte que ce soit, des jetons qui leur seront délivrés, à peine d’exclusion, le poids ne sera pas exigible pour le pain de un kilo.

Nantes. Gare d’Orléans.

Nantes. La Gare d’Orléans

Nantes. La Gare d’Orléans et la Loire

Bibliographie :

  • Javayon Jacques, « Le chemin de fer à Nantes », Annales de Nantes et du Pays Nantais , n° 294, 4e trimestre 2004, pages 4 à 16.
  • Gautier, Les coopératives dans le mouvement ouvrier de la Basse Loire jusqu’aux années 60

 

Par Jean-Claude THIERRY

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